FNH N° 1077

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 22 SEPTEMBRE 2022

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ont été inaccessibles à lui seul; la société permet par le biais de l’éducation de transformer un être asocial en être social. L’émancipation est garantie par l’éduca- tion qui permet à des individus de basse classe sociale de grimper les échelons de la société. La femme trouve également

dans l’éducation un moyen de se libérer du conditionnement imposé par la société; elle lui permet de s’émanciper et de devenir les égales des hommes. En d’autres mots, grâce à l’édu- cation, l’homme peut sortir

Il faut doter le système éducatif d’une infrastructure adaptée et des ressources, outils et moyens de bord suffisants pour amélio- rer la qualité de l’enseignement.

de «l’état de tutelle», de se libérer du joug de la doxa et de toute autorité qui serait illégitime. L’éducation, depuis l’aube de l’histoire, cherche à émanciper l’homme, à l’affranchir de sa condition sociale, comme elle permet d’émanciper la femme, et, in fine, former des individus qui pourront être utiles à la société et à l’économie. Certains penseurs soulignent que l’édu- cation nationale, au lieu d’aider à l’éman- cipation, uniformise les études et les programmes, et par conséquent, la diver- sité et la liberté disparaissent. Mettre le système éducatif au diapason des attentes de la communauté est un objec- tif de taille; il va falloir jouer notamment sur le volet pédagogique et d’assurance qualité. Et pour ce faire, la fédération des efforts de toutes les parties prenantes est requise afin d’envisager les problèmes musclés de l’éducation dans un dessein partagé de tous. L’émancipation repose sur une refonte des méthodes pédagogiques et éduca- tives. Centrer l’éducation sur le dévelop- pement du savoir, savoir-être et savoir- faire, développer l’approche critique, émanciper la femme, diversifier l’éduca- tion, œuvrer à son inclusion et à la diver- sité, repenser le rôle des tuteurs, se baser sur la culture, le civisme et la morale, former des individus utiles à l’économie et à la société, responsabiliser les indivi- dus du danger de la pollution, sensibiliser les jeunes à tout type d’addiction, repen- ser le rôle de la technologie, favoriser la créativité, tels sont les ingrédients d’un modèle d’éducation émancipateur, inclu- sif et pérenne. F.N.H. : Quels sont aujourd’hui les défis dans le domaine de l’éduca- tion au Maroc ? A. Z. M : L’éducation, et plus précisément l’enseignement au Maroc est un défi de taille. Le relever n’est pas un choix, mais

une obligation. La refonte du système de l’éducation nationale est une priorité stratégique pour le pays, les discours royaux attestent qu’il s’agit d’une cause nationale. Les réformes dans ce domaine s’enchainent, mais avec peu de résultats palpables. Selon le rapport de la Banque mondiale en 2017, le système éducatif marocain est des plus inégalitaires au monde. Malgré les efforts déployés pour l’améliorer, il demeure défaillant et fragile. Il faut peut-être attendre pour voir le lien établi entre la dernière réforme de 2019 (l’approbation de la loi cadre 51-19) et des résultats concrets ! Quant à l’ensei- gnement supérieur, les négociations sont en cours entre les parties prenantes du domaine notamment les syndicats et le ministère de l’Enseignement supérieur. Les maux dont souffre l’enseignement ne sont pas d’ordre conjoncturel, mais plutôt structurel, des mesures de fond s’im- posent. Le sillon des inégalités sociales se creuse davantage, avec, d’une part, des établissements privés, donc payants, qui assurent un certain niveau de qualité pour les riches et la classe moyenne. Et, d’autre part, des structures publiques qui souffrent d’une insuffisance en termes de ressources et moyens de bord, et le taux de déperdition dépasse 50% avant le bac. Par contre, le taux de réussite du baccalauréat s’est nettement accru, ne serait-ce que dans l’année 2022 où il a franchi les 89%, tandis qu’en 2008 ce taux ne dépassait guère la barre de 43%. Les familles marocaines s’inquiètent pour le futur de leurs enfants. Ecole privée ou publique ? Langue arabe, française ou anglaise ? Ecole marocaine ou missions

françaises, belges (réseau de l’enseigne- ment français, AEFE, OSUI) ou écoles britanniques ? Etudes supérieures dans des universités et écoles privées ou publiques ou carrément études à l’étranger ? Ce sont autant de questions qui taraudent l’esprit des familles maro- caines. Ce questionnement témoigne d’une crise de confiance dans le sys- tème éducatif national. Cependant, une prise de conscience émerge. La crise sanitaire a levé le voile sur les écueils du système. Le mode à distance n’a pas trouvé son chemin vers le suc- cès. L’enseignement a fait face à des contraintes incommensurables : manque flagrant d’équipements informatiques qui s’ajoute au manque d’infrastructures et de ressources, problème ou absence de connectivité, absence des mesures communes d’enseignement et d’éva- luation, difficulté pédagogique, manque d’habillage juridique, etc. F.N.H. : Selon vous, quelles sont les stratégies à mettre en place pour améliorer la qualité des apprentissages ? A. Z. M : En premier plan, il est recon- nu que la réforme de l’enseignement constitue le fait déclencheur de toutes réformes. Cette réforme du domaine a été initiée dans le cadre de l’appro- bation de la loi cadre, « un moment historique qui marque le décollage réel de l’école marocaine », comme l’indique l’ex-ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Ensei- gnement supérieur et de la Recherche scientifique, Saïd Amzazi.

La refonte du système de l’éducation nationale est une priorité stratégique pour le pays; les discours royaux attestent qu’il s’agit d’une cause natio- nale.

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