FNH N° 1077

F OCUS AGRICOLE

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JEUDI 22 SEPTEMBRE 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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Dialogue social

◆ Des syndicalistes estiment que la hausse est insuffisante pour amortir l’inflation. ◆ Pour les exploitants, elle devrait alourdir les charges et rendre leurs produits moins compétitifs, notamment à l’export. Scepticisme autour de l’augmentation du Smag

«Pour les autres filières comme la céréaliculture, les travailleurs agricoles sont payés au gré des sai- sons et la rémunération diffère selon les tâches et le niveau de qualifi- cation. Le plus souvent, ils ne sont pas déclarés

ou le transport». Du côté des exploitants, la hausse du Smag devrait impacter davantage la com- pétitivité du secteur, qui est très fragile. «Nous passons par un cycle très compliqué, marqué notamment par une séche- resse sévère, une hausse sans précédent des intrants, sans oublier un environnement géostratégique international très compliqué. La concur- rence acharnée à l’export réduit sensiblement nos marges de manœuvre pour préserver nos parts de marché à l’étranger. Du coup, la hausse du Smag devait alourdir davantage le coût de production et impacter notre compétitivité», souligne- t-on auprès de l’Association des producteurs et expor- tateurs de fruits et légumes (Apefel). ◆

La hausse du Smag devrait améliorer l’attractivité du sec- teur agricole pour les travailleurs qui l’ont boudé pour d’autres activités.

et ne bénéficient pas de pro- tection sociale ni d’assurance maladie. Dans ces conditions, comment peut-on imposer le respect du Smag ?» , s’inter- roge-t-il. Et de poursuivre que «la hausse décrétée devrait amé- liorer l’attractivité du secteur agricole pour les travailleurs. Ces dernières années, les exploitations trouvaient des difficultés pour recruter, parti- culièrement les ouvriers quali- fiés qui optaient pour d’autres activités plus rémunératrices, comme le BTP, le commerce

notamment la vulnérabilité de l’agriculture nationale se tra- duisant par une forte fluctua- tion des récoltes. La plupart des agriculteurs travaillent dans l’informel. Le nombre des exploitations organisées et respectant le code du tra- vail est faible. «Généralement, ce sont les activités à forte valeur ajou- tée tournées vers l’export qui observent la réglementation. Il s’agit par exemple de la filière des fruits et légumes ou des grands groupes agri- coles qui disposent de toute la chaîne de valeur, depuis la production agricole dans les champs, jusqu’à l’expor- tation ou la commercialisation au niveau local, en passant par la transformation dans les usines», explique Hassan Naciri, délégué au Syndicat des travailleurs agricoles affi- liés à l’Union marocaine du travail (UMT).

L e Salaire minimum agricole garanti (Smag) a été aug- menté suite à un accord entre le patronat, les centrales syndi- cales et le gouvernement. Il est passé de 76,7 à 84,37 DH/jour, soit une hausse de près de 10%. Il est prévu de l’aligner au Smig à l’horizon 2028. C’est l’équivalent d’un salaire mensuel de près de 2.200 DH. Interrogés à ce sujet, de nom- breux syndicalistes estiment que cette augmentation reste insuffisante pour faire face au renchérissement du coût de la vie, qui n’a cessé de pro- gresser significativement ces derniers temps. Ils déplorent qu’en dépit de cette hausse, une partie des exploitants ne pourra pas le respecter. Et ce, pour différentes raisons, Par C. Jaidani

Pour cer- taines filières, les travail- leurs sont payés au gré des saisons et la rému- nération diffère selon les tâches et le niveau de qualification.

Si le mode de rémunération moderne (salaire journalier ou mensuel) est répandu, les autres modes traditionnels persistent, notamment dans certaines filières comme l’élevage. Ces modes tiennent compte des récoltes et du rendement. Ils sont basés sur un régime participatif. Le propriétaire terrien s’associe à un autre exploitant non propriétaire selon des règles bien définies, prenant en considération les charges engagées et la nature de l’acti- vité investie. Dans ces conditions, il est difficile d’appli- quer le Smag. C’est le cas des régimes «Khamsa» (1/5), «Roubouâ» (1/4) et «Talta» (1/3) qui existent au Maroc depuis très longtemps, à l’époque où l’essentiel de la pro- duction était vivrière et non marchande. Persistance du mode de rémunération traditionnel

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