FNH N° 1077

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SOCIÉTÉ

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 22 SEPTEMBRE 2022

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en tant que matière dopante. Quelles sont vos conclusions ? Dr F. A. : Le «Maâjoune» est un élec- tuaire pâteux traditionnel marocain dont la composition est très variable selon la région. Sa consommation est à la fois fréquente et banalisée par méconnaissance des risques toxiques en cas d’abus. Initialement préparée à base de résine de chanvre indien, elle peut contenir un certain nombre de plantes comme le pavot, datura stramonium, jus- quiame, belladone, noix de mus- cade, cardamone, maniguette, cubèbe … Le cannabis est une substance de la catégorie S8 des cannabi- noides figurant sur la liste des inter- dictions de l’année 2022. Son principe actif est le THC (∆9-tétrahydrocanna- binol), en général consommé pour son effet euphorisant et apaisant. Mais ses effets indésirables sont consi- dérables, pouvant comporter des risques fâcheux pour la santé du spor- tif, à savoir l’incoordination motrice, la confusion mentale, la dépendance psychique, les troubles neurologiques, respiratoires, cardiaques et biolo- giques. Malheureusement, de nos jours, ce mélange est susceptible de contenir d’autres composants pure- ment chimiques beaucoup plus nocifs pour la santé tels que les diluants, les psychotropes et les stimulants. F.N.H. : Les produits dopants sont commercialisés dans les salles de culturisme de manière très courante. Quels sont vos efforts dans ce sens ? Dr F. A. : Cette question est primor- diale. Et pour cause, l’article 43 de la loi 97-12 fait des salles de sport une partie intégrante des cibles de l’AMAD. Dans ce sens, l’Agence est en préparation d’un projet pilote, avant de l’élargir à plus grande échelle. A cet effet, l’AMAD mènera des cam- pagnes de sensibilisation sur les dan- gers et risques liés à la consommation des compléments alimentaires, ainsi qu’une approche axée sur la prio- rité à l’alimentation saine. Il est très important que les sportifs, mêmes amateurs, sachent qu’il faut être très vigilants quant à la consommation de compléments alimentaires qui peuvent présenter des risques. ◆

Il n’y a pas de statistiques fiables sur le dopage au Maroc pour établir un état des lieux.

reste encore à étudier. Il n’y a pas de statistiques fiables pour pouvoir établir l’état des lieux. Mais en se basant sur les référentiels internationaux relatifs à l’évaluation des risques de dopage par discipline sportive, l’AMAD établit un programme national intelligent et effi- cace pour évaluer le degré de ce fléau dans notre pays. Pour illustrer ce qui vient d’être annon- cé, l’AMAD a effectué au cours de l’année 2021, 666 contrôles avec une moyenne mensuelle de 55,5 au niveau de 25 fédérations sportives nationales. Il ressort des résultats d’analyses du laboratoire que 8 cas de sportifs sont positifs à des substances interdites, soit un taux de positivité de 1,2%. Ce taux reste élevé par rapport à la moyenne internationale. Cependant, il se traduit par deux hypothèses : soit le programme établi par l’AMAD est très performant en matière d’évalua- tion des risques permettant d’atteindre les foyers potentiels de dopage, soit la prévalence des pratiques dopantes au Maroc est inquiétante. F.N.H. : Quelles sont les actions à renforcer pour une meilleure efficacité ? Dr F. A. : Les actions que nous allons mener touchent différents volets, entre autres le renforcement du programme national de contrôle du dopage, des enquêtes et investigations sur les

violations antidopage, notamment la détermination de la provenance et la circulation des substances interdites. Notre finalité est de faire également un focus particulier sur l’éducation, qui est le fondement de tout programme antidopage afin de prévenir le dopage non intentionnel ou involontaire et de protéger nos sportifs. Cela se traduirait par la densification de notre réseau d’éducateurs, ce qui nous permettra d’augmenter le nombre de séances de sensibilisation au profit des sportifs ainsi que leur personnel d’encadrement (personnel médical, coachs, person- nel…). Nous continuerons aussi à enca- drer les événements sportifs, avec le précieux support des fédérations spor- tives ainsi que d’autres partenaires. Par ailleurs, en collaboration avec le ministère chargé du sport, qui nous est d’un grand appui et une précieuse aide, nous allons aussi organiser des séances d’éducation au profit des spor- tifs en milieu scolaire et leur entourage. Nous voulons vulgariser la lutte contre le dopage et conduites dopantes sur tout le Royaume. Nous prévoyons d’at- teindre les différentes régions et d’aller vers les gens en organisant une cam- pagne pour faire passer des messages percutants contre ce fléau. F.N.H. : Vous avez réalisé il y a quelques années une vaste recherche sur le «Maâjoune»,

L’AMAD a effectué au cours de

l’année 2021, 666 contrôles

avec une moyenne

mensuelle de 55,5 au niveau de 25 fédérations sportives nationales.

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