FNH N° 1104

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 13 AVRIL 2023

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Bank Al-Maghrib

◆ Soutenabilité du Dirham, rémunération de l’épargne, ancrage des anticipations d’inflation…, plusieurs éléments plaident en faveur de la poursuite du tour de vis monétaire de BAM en 2023. Des raisons pour maintenir le resserrement monétaire A près la 3 ème hausse du taux directeur opérée en mars par Bank Al-Maghrib, beaucoup se sont Par Y. Seddik

suggère que, indépendam- ment des impacts limités à court terme qui pourraient être associés à un resserre- ment de la politique moné- taire, la poussée inflationniste actuelle constitue un risque pour la croissance potentielle de l’économie marocaine. D’autant qu’elle est nourrie par des chocs d’offre. Consciente de ce risque, les récents communiqués de la Banque centrale ont minimi- sé l’importance de l’arbitrage entre taux d’intérêt et crois- sance, tout en signalant qu’un resserrement de la politique monétaire est nécessaire pour prévenir l’enclenchement de spirales inflationnistes auto- entretenues et renforcer davantage l’ancrage des anti- cipations d’inflation. «Si le taux de croissance de l’IPC reste obstinément élevé et ne parvient pas à converger vers les projections de BAM, de nouvelles hausses de taux d’intérêt pourraient se profi-

demeure convaincu de la pour- suite du durcissement moné- taire en 2023, sur la base des dernières projections écono- miques et du discours du gou- verneur de Bank Al-Maghrib. Les raisons évoquées par AGR sont d’abord la détermination affichée par BAM de vouloir éviter un cycle inflationniste long qui mettrait en péril les perspectives de croissance de l’économie marocaine sur le long terme. Avec la per- sistance de l’inflation et une croissance acceptable du PIB autour des 3% en 2023, la poursuite du relèvement du taux directeur est loin d’être un scénario «désastreux» pour l’économie. Soutenabilité du Dirham En tant qu’importateur net de produits énergétiques libellés en Dollar, et dans la pers- pective de la hausse du ser- vice de la dette extérieure, la soutenabilité du Dirham devient aujourd’hui un sujet de vigilance. Ainsi, BAM ne peut se permettre un décalage significatif entre sa politique monétaire et celle des grandes Banques centrales à l’interna- tional. Autre élément mis en avant par AGR : les dernières prévi- sions de l’inflation au Maroc, qui projettent un niveau supé- rieur à 4,5% durant la période 2023-2024, portent la problé- matique de la rémunération de l’épargne au-devant de la scène. Ainsi, un taux directeur de 3% n’est toujours pas suf- fisant pour rétablir les taux de rendement réels en territoire positif. ◆

ler à l’horizon», avait expliqué à ce sujet la Banque mon- diale en février dernier. Pour elle, «à l’avenir, la réponse de politique monétaire opti- male aux chocs pourrait être un nouveau resserrement si l’inflation élevée s’avère per- sistante et si les pressions sur les prix continuent de se diffuser dans l’ensemble de l’économie, menaçant ainsi l’ancrage solide des anticipa- tions d’inflation obtenu ces dernières années» . Un avis qui n’est pourtant pas partagé par le HCP, pour qui le levier monétaire ne résoudra pas la problématique de l’inflation. Un taux directeur à 4,5% en 2023 ? Récemment, Fitch Solutions a estimé que le taux directeur de BAM atteindra 4,5% en 2023, soit 150 pbs de plus que le niveau actuel. «En effet, nous avons récemment révisé à la hausse notre prévision de taux directeur fin 2023 de 4% à 4,50 % suite à une augmentation significative de l'inflation. Nous pensons que des taux d'intérêt plus élevés compenseront en partie l'augmentation prévue des dépenses d'in- vestissement du gouver- nement, ce qui nous incite à réviser à la baisse nos prévisions de contribution des investissements au PIB en 2023 de 1,3 pp à 1,0 pp. Néanmoins, cela marquerait une améliora- tion par rapport à -0,6 pp en 2022». De son côté, le bureau de recherche Attijari Global Research (AGR)

demandés jusqu’où ce relè- vement peut-il aller, craignant ses effets sur l’économie nationale. Sans se pencher sur la question de l’efficacité de la politique restrictive sur l’inflation, plusieurs observa- teurs et institutions internatio- nales estiment que la Banque centrale va prolonger son dur- cissement monétaire pour au moins ancrer les anticipations d’inflation des agents écono- miques. Bien que la littérature ne soit pas totalement fixée sur la rela- tion de causalité entre infla- tion et activité économique, la plupart des études constatent qu’au-delà d’un certain seuil et lorsqu’elle s’installe, l’infla- tion a un impact négatif sur la croissance soutenue. Ceci

La poursuite du relève- ment du taux directeur est loin d’être un scénario «désastreux» pour l’écono- mie.

Pour la Banque mondiale, la

réponse de politique monétaire optimale aux chocs actuels pourrait être un nouveau resserre- ment.

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