FNH N° 1104

JEUDI 13 AVRIL 2023 / FINANCES NEWS HEBDO

www.fnh.ma

21 FOCUS

TAXE CARBONE

rappelé que «décarboner, c’est parvenir à réduire tous les intrants qui sont liés à la production industrielle et recycler ceux qui sont utilisés» . Ensuite, il a indi- qué qu’ «aujourd’hui, tous les grands industriels (mines, ONCF, sidérurgie, ciment, etc.) utilisent les énergies renou- velables». Et que «c’est une opportu- nité non seulement pour l’industrie, mais aussi pour l’ensemble de notre pays. Le Maroc se doit de devenir un pays importateur de matière grise et exporta- teur d’énergie verte. Nous avons tout en main pour devenir encore plus compéti- tifs à ce niveau sur le plan international». Même son de cloche pour Réda Hamdoune, président de la Commission développement durable de la CGEM, pour qui «le développement durable n’est plus une chimère. Il nous permettra de poser le socle d’un avenir vert pour les générations futures». Hassan Sentissi El Idrissi, président de l’ASMEX, a avancé, de son côté, que «la taxe carbone concerne avant et après tout l’export. L’introduction d’une taxe carbone est un atout considérable pour le Maroc, puisqu’elle offrira une ouver- ture de choix pour les entreprises du Royaume qui pourront compétir serei- nement en Europe où, désormais, une sorte de «pass vert» est exigé pour les produits non européens». Dans la même veine, Omar Sajid, vice- président de l’AMITH, souligne que «le secteur du textile doit continuer à créer de la valeur. La taxe carbone est une démarche supplémentaire dans cette dynamique» . Pour sa part, Omar Alaoui Mhamdi, Directeur général adjoint de TAQA Maroc, précise que «même si le prix du CO2 par kilowatt/heure fixé dans le cadre de la taxe carbone peut paraitre élevé, le Royaume possède différents atouts qui lui permettront de transfor- mer toutes les contraintes en opportu- nités. Nous avons une irradiation solaire de très haut niveau, un éolien offshore et onshore de qualité, ainsi que d’im- menses atouts et compétences dans le domaine des énergies renouvelables» . Ismail Akalay, le Directeur général de Sonasid, est lui déjà prêt avant même l’entrée en vigueur de cette taxe car- bone. «Sonasid exporte aujourd’hui vers l’Europe. Nous fournissons par exemple la fibre d’acier destinée à la construction du métro de Paris, de même que nous exportons nos produits vers le Canada

Vue de l'assistance.

et vers d’autres pays. Nous avons éga- lement monté un centre de recherche à Jorf Lasfar, destiné au développement de nouveaux produits, mais aussi à l’élaboration de solutions idoines en matière de raccordement et d’utilisation de l’énergie verte», a-t-il révélé. Abdelilah Chouar, président du Comité développement durable au sein de l’As- sociation professionnelle des cimentiers (APC), a appris à l’assistance que «bien qu’ils soient nommément cités parmi les secteurs concernés, les cimentiers marocains ne se sentent pas directe- ment interpellés par le MACF, puisqu’ils sont pratiquement tous filiales de mul- tinationales installées en Europe et qu’aucun d’eux n’exporte vers le Vieux continent. Ceci étant, le secteur du ciment est très énergivore. C’est égale- ment un gros émetteur de CO2, et tout cela exige donc, de sa part, de fournir davantage d’efforts pour instaurer une neutralité carbone au sein de son acti- vité» . En tous cas, pour Hicham Seffa, pré- sident du Directoire de la BMCI, «la taxe carbone contribuera fortement à l’accé- lération et à l’émergence d’une industrie nationale verte et décarbonée. Inspirons- nous de l’équipe marocaine du football qui a travaillé avec audace pour réaliser de grandes choses. Nous en sommes capables, il faut juste y croire et adopter la ‘niya’» . Pour Ahmed Rahhou, pré- sident du Conseil de la concurrence, qui a prononcé le mot de clôture du Ftour- débat, «le Maroc a toujours agi dans le sillage d’une vision claire portée dans le développement durable par Sa Majesté en personne. Grâce à une telle vision, le Royaume ne doit jamais vivre sa transi- tion énergétique et écologique comme

une contrainte, mais plutôt comme une opportunité de choix» .

… mais également quelques contraintes

Pour ce faire, il faut surmonter quelques contraintes. En plus du coût élevé des facteurs de production comme l’énergie et le transport, Mezzour en a identifié trois. La première contrainte consiste à comprendre, d’abord, ce qui se passe : «les donneurs d’ordre, les clients, les financeurs, tous sont désormais ins- crits dans cette puissante dynamique de transformation. C’est d’ailleurs parce que le Maroc se transforme sans cesse qu’il est en train de gagner, massivement, de nouvelles parts de marché» , a-t-il relevé. La seconde contrainte se trouve au niveau des «pouvoirs publics qui ont peur» ! « Nous sommes aujourd’hui radi- calement en train de changer d’échelle, et cela a une facture psychologique et technique pour les pouvoirs publics. Très conservateurs, les pouvoirs publics com- mencent enfin aujourd’hui à formuler des propositions. Et c’est une excellente chose !» , a-t-il précisé. «La troisième contrainte est liée à notre manque d’ambition. Cette carence d’am- bition est une maladie absolue qui nous gangrène. Avec toutes les cartes que nous avons aujourd’hui en main, nous n’avons plus le droit de ne pas croire en notre pays et de ne pas lui permettre de changer radicalement dans les cinq (5) prochaines années» , a-t-il déclaré. Et de conclure que «notre pays est un véri- table TGV qui est en train d’accomplir de nombreuses choses, et nous devons en être extrêmement fiers. Nous devons être ambitieux et croire profondément en notre capacité à changer» . ◆

Le Maroc se doit de deve- nir un pays importateur de matière grise et exportateur d’énergie verte.

Made with FlippingBook flipbook maker