FNH N° 1104

JEUDI 13 AVRIL 2023 / FINANCES NEWS HEBDO

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23 FOCUS

TAXE CARBONE

Ahmed Rahhou, président du Conseil de la concurrence

Ismail Akalay, Directeur général de Sonasid

L’acier figure parmi les cinq produits concernés par la taxe carbone qui sera appliquée aux frontières de l’Union européenne. A ce jour, nous avons très peu exporté vers l'Europe. En revanche, avec les nouveaux produits que Sonasid est en train de développer, le marché européen est désormais important pour nous. Du coup, nous sommes aujourd'hui tout à fait prêts à pouvoir nous dispenser de cette taxe parce que nous produisons de l’acier à plus de 85% d’énergies renouvelables. De surcroît, une certification est en cours afin que nous puissions être, d’ici l’année pro-

La décarbonation n’est pas gra- tuite, elle coûte de l’argent. La taxe car- bone est une contrainte. Il existe deux démarches dans ce

chaine, capables de présenter un certificat audité qui prouve que nous faisons une économie de carbone de 250.000 tonnes par an, ce qui va par conséquent nous permettre d’être exonérés de cette taxe. ◆

domaine : l’une, protectrice et adoptée par les Européens, consiste à fermer des marchés et, l’autre, incitative, s’ap- puie sur les subventions, et est choisie par les Etats-Unis. Le Maroc est contraint par les deux démarches. Mais l’opportunité pour le Royaume, c’est qu’il est en voie d’être un producteur d’énergie pour les autres. Nous avons des champs solaires et des éoliennes qui sont parmi les meilleurs du monde. Il faut positionner notre stra- tégie énergétique nationale pour être un acteur majeur au niveau régional dans le domaine de la production de l’élec- tricité propre. Le financement existe, mais le vrai enjeu est de chercher un mix plus pertinent comprenant le gaz et les énergies renouvelables. Il faut par ailleurs réduire la part du charbon et des autres énergies fossiles. Il faut aussi se préparer à la transition vers la voiture électrique et penser à déve- lopper l’hydrogène vert. Notre produc- tion d’électricité doit être multipliée par deux, voire trois ou quatre pour pouvoir exporter. C’est un travail qui implique les autorités publiques pour mettre en place le cadre réglementaire, ce qui a commencé il y a quelques années déjà, et aussi les acteurs du secteur privé. ◆

Omar Alaoui M’hamdi, Directeur général adjoint de Taqa Morocco

La taxe carbone ne constitue aucunement une contrainte pour le Maroc. Le Royaume dispose d’atouts majeurs pour décarboner le mix énergétique. Taqa Morocco a récemment publié une stratégie de décarbonation, avec pour objectif de réduire son empreinte carbone de 25% à l’horizon 2030. Nous comptons y parvenir à travers l’inves- tissement dans les énergies renouvelables. Et pour cela, nous avons un programme ambitieux de plus de 1.000 mégawatts installés dans le pays, car

nous croyons en la capacité du Maroc, surtout qu’il a des atouts climatiques, mais également géographiques. En plus, nous sommes proches d’un marché majeur qui est l’Europe et sommes capables de devenir des exportateurs d’énergies décarbonées, ce qui va constituer une source de devises pour le Royaume. ◆

Omar Sajid, vice-président de l’Association marocaine des industries du textile et de l'habillement

La taxe carbone est clairement une opportunité pour le secteur, parce qu'il s’agit d’une barrière non tarifaire qui mise sur notre principal marché, à savoir l’Union européenne. Vu la position géographique du Maroc, cette mesure ne peut être qu’une opportunité. Dans le secteur du textile, ce n’est plus un luxe, tout le monde est en train de s’y inscrire. Actuellement, le ministère de tutelle ainsi que l’AMITH préparent la mise en œuvre des mécanismes pour sensibiliser ces industriels à aller de l’avant et saisir cette opportunité. ◆

Hassan Sentissi El Idrissi, président de l’Asmex

La décarbonation est le nouveau défi de nos industries nationales. Le Maroc sera directement impliqué par ce nouveau mécanisme, d’autant que l’UE constitue le premier marché pour nos exportations, avec plus de 63% des échanges com- merciaux. Cet enjeu est placé au cœur de la transition énergétique voulue par le Royaume. En outre, le nouveau modèle de développement l’a inscrit comme un levier important de croissance pour notre économie. Il faut ajouter d’autres fac- teurs déterminants dans la compétitivité, comme l’optimisation et la rationalisation des coûts énergétiques. Par ailleurs, notre pays offre un contexte favorable aux industriels pour réussir cette transition. Le Maroc a adopté en 2009, sous les hautes orientations royales, une stratégie énergétique basée essentiellement sur les énergies renouvelables, le dévelop- pement de l’efficacité énergétique et le renforcement de l’intégration régionale. La clé de réussite réside dans le niveau d’engagement et de prise de conscience des pouvoirs publics et des exportateurs, qui auront beaucoup à gagner après la mise en œuvre de cette taxe. La taxe carbone représente, à mon sens, une opportunité pour renforcer notre compétitivité et faire du Royaume une destination de production industrielle neutre en carbone. Voire même, devenir un acteur exportateur et pourvoyeur en éner- gies propres aux pays industrialisés. Bien au-delà des contraintes que cette taxe engendrerait pour notre industrie et pour nos exportations, elle pourrait aussi être une opportunité pour renforcer la compétitivité du «Made in Morocco» et l’accroissement de nos exportations. ◆

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