FNH N° 1104

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 13 AVRIL 2023

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quelque chose de concret. Or, je défie quiconque de me donner le sens de la «taxe sur la valeur ajoutée» ? Une contribution au service de la nation ? D’accord, mais cela est valable pour tous les autres impôts (IR, IS, …). La vraie question est : qu’est-ce qui distingue la TVA des autres taxes et impôts ? A-t-elle une raison qui lui est propre ? Une finalité ? Une légitimité ? Ou encore une crédibilité ? Le fait est que pour beaucoup de Marocains, il faut payer la TVA car il faut payer la TVA. Une tautologie qui n’a pas ou plus lieu d’être. On me dira que la réponse est contenue dans le sens même des mots. Autrement dit, j’ai créé une valeur ajoutée, et par conséquent je paye la TVA en

guise de merci à l’Etat pour m’avoir offert les moyens de la créer, ou du moins, pour ne pas m’en avoir empêché. N’est-ce pas la même réponse que pour l’IS ou encore l’IR ? Car au fond, cette valeur ajou- tée issue du dur labeur des travailleurs et entrepreneurs, et tant convoitée par l’Etat, est triplement taxée dans les faits. Imaginons un entrepreneur qui travaille d’arrache-pied pour gagner son pain, et voit son dur labeur gratifié d’une rentrée d’argent de 100 DH. L’Etat, et ce pour le bien de cet entrepreneur et celui de la communauté, vient lui prendre 20% de TVA, soit 20 DH. Dans un second temps, il vient lui prendre 20% d’IS des 80 DH restants, soit encore 16 DH. Enfin, quand notre vail-

lant entrepreneur croit finale- ment apercevoir le bout du tunnel, l’Etat vient à nouveau lui prendre 15% sur les divi- dendes, sur les 64 DH res- tants, soit 9,6 DH. Ainsi, des 100 DH gagnés initialement, le pauvre bougre ne touchera que 54,4 DH. Et je ne compte même pas les autres dépenses qu’il devra supporter : l’IR, la charge patronale, le loyer du bureau, les factures, la traite de crédit, … Je sais, l’exemple est simplifié à l’extrême, car il faudra inté- grer les charges dans l’équa- tion pour calculer l’IS…. Mais vous voyez où je veux en venir. Par conséquent, soit notre entrepreneur est très poli, et accepte de remercier l’Etat trois fois. Soit, tous les impôts et taxes sont des TVA, et donc

TVA ne veut plus rien dire. Espérons donc que la pro- chaine Loi de Finances soit l’occasion de repenser en profondeur, non seulement notre architecture fiscale, mais avant tout le sens même que nous devons donner à chaque taxe et impôt. Il en va de la crédibilité et de la légitimité de ces derniers. Mais je ne me fais pas trop d’illusions à ce propos. En attendant, beaucoup de Marocains continueront de voir la TVA et ses acolytes comme une contrainte avec laquelle il faut composer ou contourner pour certains, don- nant ainsi raison au grand éco- nomiste John Maynard Keynes pour qui : «éviter de payer des impôts est la seule recherche intellectuelle gratifiante». ◆

éviter de payer des impôts est la seule recherche intellectuelle gratifiante.

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