Les femmes au pouvoir –
Des femmes qui m’impressionnent Bintou S. a 39 ans et travaille depuis 2011 comme con- seillère VIH pour le CHRS ici à Macenta. Elle est elle-mê- me séropositive, infectée par une transfusion de sang après un accouchement. Depuis douze ans maintenant elle est en traitement chez nous. Comme elle suit strictement le programme, le virus n’est pas décelable pour le moment, et tous ses enfants sont séronégatifs. Ce qui m’impressionne tout spécialement c’est la manière dont Bintou utilise sa propre expérience de la maladie dans son travail. En Guinée, le sida est encore stigmatisé ; malgré cela elle communique son statut de malade à de nombreux pa- tients et les encourage ainsi à accepter la maladie et à participer activement à leur traitement.
ou quand-même au foyer ?
Il y a des exceptions, mais si peu Mais oui, les exceptions existent. Des exceptions qui, espérons-le, apportent des changements et donnent déjà un bon exemple. Là où il y a de la solidarité et de l’entraide, dans les relations, dans la famille, dans l’amitié et au travail. Il y a des hommes qui s’occupent de leurs enfants, il y a des hommes qui aident aussi à la maison. Il y a des femmes qui disent ce qu’elles pensent, il y a des femmes qui peuvent appliquer leur éducation durement gagnée à une profession. Il y a des femmes qui choisissent leurs propres vêtements et portent ce qu’elles veulent. Et pourtant, elles res- tent fidèles à leur tradition et à leur culture. Malheu- reusement, rares encore sont celles qui osent dire ce qu’elles pensent ouvertement, et malheureusement trop peu d’hommes soutiennent leurs femmes dans ce domaine. Une réponse individuelle Tout cela me montre une fois de plus combien nous sommes privilégiés. Comme notre vie est belle, sim- ple et indépendante. Et combien de fois nous consi- dérons notre liberté comme acquise. Comme il est facile de décider de nos vies par nous-mêmes. Parfois, je me demande : est-ce que nous voyons tout com- me « normal » dans « notre » monde ? Souvent, nous avons des décisions difficiles à prendre, simplement parce que nous avons généralement plusieurs op- tions possibles. Chaque femme, tout comme chaque homme, devrait avoir le droit de prendre ses propres décisions dans la vie et être autorisée à exprimer son opinion, pour trouver une solution ensemble. Et cela montre aussi combien la question du foyer, du pou- voir et du genre est triviale, parce qu’il n’y a pas de réponse. Chacun réussit à sa manière sur son propre parcours individuel, pour autant toutefois qu’il puisse le parcourir volontairement.
Pourquoi ne pas passer du foyer au pouvoir ? Ou du pouvoir au foyer ? Ou mieux encore : le pouvoir au foyer ? A quoi riment ces questions ? Et l’égalité, dans tout ça ? Malheureusement, je n’ai pas de réponse à ces questions, mais j’ai des réflexions à faire. Des pensées qui ont pris encore plus de poids ici en Guinée. Je peux imaginer que je ne suis pas la seule à me préoccuper de ce genre de choses. En Europe, nous vivons dans un monde où l’égalité est plutôt une question secondaire. Chaque femme ose et peut aus- si suivre son propre chemin. Une femme a le droit de réussir tant sur le plan privé que professionnel, de prendre ses propres décisions, de gérer sa famil- le et sa carrière en même temps. Il en va de même pour les hommes : ils réussissent dans leur carrière, aident au ménage, s’occupent des enfants. Et puis il y a les célibataires, femmes et hommes. Chacun suit sa propre voie, qui est enrichissante pour lui ou pour elle. Des questions comme « Tu fais le ménage ? Que veux-tu dire, tu occupes un poste de direction ? Tu es autorisée à porter les vêtements que tu veux ? Tu n’es pas encore mariée ? Tu n’as pas encore d’enfants ? A presque 30 ans ? » sont également posées en Suisse, mais plutôt rarement. Ici, en Guinée, elles sont mon- naie courante. Des femmes célibataires dans la ving- taine, des hommes qui aident au ménage, pas encore d’enfants à 30 ans, tout cela est inimaginable ici. Fascinant et choquant Pour moi, c’est encore à la fois fascinant et choquant chaque jour. Les femmes sont là pour s’occuper des enfants, faire le ménage, faire les courses, aller tra- vailler et, surtout, pour ne pas se plaindre ni même tomber malade. C’est bien différent de ce qui se passe en Europe : des travaux ménagers avec un enfant sur le dos. Travailler dans les champs. Faire ses achats au marché, qui se trouve à 30 minutes de marche. Laver les vêtements à la main. Tirer l’eau au puits. Et la cui- sine. Cuisiner pendant des heures sur un feu ouvert pour toute la famille. S’occuper des enfants en passant. Les petites filles doivent aider à la lessive avant la ren- trée scolaire, les garçons doivent aller aux champs. Les hommes vont travailler et gagner leur vie. La mesure dans laquelle l’argent durement gagné est également partagé avec la famille est encore une autre question.
David Leuenberger a dirigé jusqu’en été 2020 le projet ProESPOIR en Guinée
Des femmes qui m’impressionnent DonaMaria et sonmari Raimondo habitent au bord du fleuve Ana- pu en Amazonie, très loin de la civilisation : le voyage jusqu’à la ville la plus proche dure 15 heures avec le bateau ! Dona Maria est une femme qui m’impressionne. Voilà 27 ans, elle a reçu une Bi- ble de nos collaborateurs Heinrich et Elsbeth Aeberhard. Plus tard, elle a décidé de suivre Jésus et a ensuite commencé des réunions chez elle. Ses fils et par la suite son mari sont également devenus chrétiens, ainsi que d’autres personnes de son entourage. Elle a suivi les cours de ProRIBEIRINHO pour les pasteurs laïcs et dirige la petite église «Vida Nova » depuis sa fondation. De sa propre initia- tive Dona Maria a aussi commencé à visiter les riverains d’un autre petit fleuve secondaire pour leur apporter la Bonne Nouvelle. Elle est également la force vive de sa petite ferme agricole : avec sa famille, elle cultive ses champs, transforme le manioc et exploite un poulailler et un rucher. C’est une femme aimable et accueillan- te, elle se tient aux côtés des personnes de son entourage en les conseillant et les aidant dans les situations difficiles et elle est un magnifique exemple pour beaucoup !
Christina Amann a travaillé comme collaboratrice court terme à ProESPOIR, Macenta, de 2019 à 2020
Beatrice Ritzmann, responsable pour le Brésil
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