sommaire
Cambodge : des thèmes im- portants dont on ne parle pas Pendant mon engagement de trois mois à Lighthouse, il est devenu clair que les filles cambodgiennes ne sont souvent pas averties de ce qui leur arrive à la puberté. El- les ont honte quand elles voient leurs premières règles et sont fréquemment effrayées parce qu’elles n’y sont pas du tout préparées. Mon désir était d’informer les jeunes de Lighthouse et de parler sans rien cacher. En collaboration avec d’autres volontaires ainsi que Somaly, la femme de Lukas Bernhardt qui dirige le projet, je me suis mise aux préparatifs. Il était important pour nous de pouvoir impli- quer une Cambodgienne, ce que nous avons fait grâce à Somaly qui savait exactement comment nous pouvions aborder un sujet aussi sensible dans une telle culture. On en parle pour trouver des solutions Nous avons préparé les étudiantes au sujet avec des ex- plications sur ce qui se passe dans le corps sur le plan biologique pendant la puberté. Un théâtre très animé a donné lieu à une franche hilarité. Une des volontaires re- présentait une fille dont les règles arrivent et qui ne sait pas que faire. Avec des clins d’œil nous lui avons donné des conseils « avisés », comme de manger beaucoup de verdure, de mettre des maxi-langes ou encore mieux, de faire le poirier ! Malheureusement, cela ne l’avançait pas beaucoup et elle désespérait toujours plus. Nous en avons ensuite parlé avec les jeunes femmes et expliqué les pos- sibilités de soulager les douleurs des règles au moyen de coussinets chauffants ou de tisanes. Nous avons aussi présenté les articles hygiéniques. Nous avons malheu- reusement dû constater que malgré la disponibilité de ces produits modernes quelques étudiantes recouraient quand même à des lambeaux de tissu. En effet, les arti- cles connus en Europe sont relativement chers, trop chers pour beaucoup. Nous nous sommes donc concentrées en premier lieu sur une hygiène adaptée, comme le lavage des mains, l’utilisation de tissus propres etc. Cela a amené à un échange franc et décontracté sur des thèmes con- cernant les femmes du monde entier. J’ai moi-même pris conscience que nous autres Européens avons souvent le sentiment d’avoir la solution idéale prête pour tous. Pour- tant en fin de compte j’ai quand même eu en moi un léger doute : peut-être sont-elles mieux servies avec les moyens à leur disposition. En effet, pour beaucoup de nos pro- duits, l’hygiène est finalement l’essentiel, ce qui ne peut malheureusement pas toujours être assuré au Cambodge. Pris sur le vif
ÉDITORIAL
DES FEMMES QUI S’ENGAGENT
« Il les créa homme et femme…» Genèse 5.2 Selon la Bible, hommes et femmes ont exacte- ment la même valeur aux yeux de Dieu. Alors pourquoi consacrer un numéro du Allons spé- cifiquement aux femmes ? Parce que dans nos sociétés et en particulier dans les pays d’engagement de SAM global, elles n’ont sou- vent pas la même position, et surtout pas la même importance. Pourtant, « la femme n’existe pas sans l’homme, et l’homme n’existe pas sans la femme » (1Co 11.11) et cette complémentarité est nécessaire pour la vie, mais aussi dans nos projets. Nous connaissons tous des femmes admirables. Les articles qui suivent vous en présentent quel- ques-unes. Elles se nomment Odette, Bintou ou Minea, on les appelle parfois « Maman », « Tante » ou « Amma ». Elles ont subi ou subissent encore bien plus de tempêtes que nous pouvons imagi- ner : excision, violence, injustice, indifférence… uniquement parce qu’elles sont nées femmes. Mais elles ne se sont pas laissé abattre, et avec la certitude d’être aimées de Dieu, elles transmet- tent cet amour qui dépasse tout à d’autres, sans distinction de sexe, en aidant, soutenant, encou- rageant, en se battant et en changeant les vies autour d’elles. Nos collaborateurs/trices sur le terrain viennent d’un contexte différent, mais se trouvent main- tenant plongé(e)s dans tous ces drames. Com- ment trouver sa place malgré les différences et s’impliquer de manière adaptée pour soulager les souffrances et rendre à chacun et à chacune son honneur et sa dignité ? Alors comme le dit Martha en page 8 : « Peu im- porte que je sois homme ou femme : je crois que si je sais exactement que je suis à la place que Dieu a voulue pour moi, j’oublie la liste des avan- tages et inconvénients. »
Madeleine DERIAZ assistante francophonie
Xenia Krähenbühl a fait un court terme à Lighthouse Battambang, Cambodge
3/2020
02
Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online