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SAM ALLONS

01 | 2021

Des étrangers dans ma patrie De la moquerie à l’amour p. 4

Quitter sa patrie… arriver à la maison Tout quitter et faire confiance p. 11

Le long chemin Interview d’un réfugié p. 18

À LA MAISON

ÉDITORIAL

SOMMAIRE 02 Éditorial Christophe Reifsteck

PRIS SUR LE VIF

Christophe Reifsteck Responsable du département Europe francophone

13 « Notre chez-nous » Des enfants nous disent…

L’amour de la Patrie

Où est ma patrie ? En 2020, avec la crise covid et à l’heure des confinements, beaucoup de nos collaborateurs ont été contraints au re- tour dans leur patrie. D’autre part pour la plupart d’entre nous, ici dans notre Europe individualiste, c’est un temps où l’on (re)découvre l’importance de la famille et de son chez-soi ! Bon an, mal an, c’est l’occasion donc de res- serrer les liens familiaux... mais que dire pour ceux qui considéraient la famille déjà comme un « confinement » ? En cette période si particulière, c’est l’occasion pour SAM global de se pencher sur ces notions et valeurs que repré- sentent la patrie, la famille, son « chez-soi » et de demander à nos collaborateurs et à leurs enfants comment ils vivent et comprennent ces choses : que pensent par exemple des enfants qui grandissent dans la patrie d’adoption de leurs parents et qui se sentent différents et peut-être étrangers lorsqu’ils découvrent leur pays d’origine. Il y a aussi ce- lui qui était chez lui, bien intégré et qui se retrouve « ex- patrié » dans son propre pays, rejeté et discriminé par sa famille et dans son village à cause de sa foi nouvelle en Jésus. Ou comment encore un nomade, sdf de nature, se sent chez lui ? Dans ce ALLONS, nous vous proposons un tour d’hori- zon de ces notions et valeurs qui souvent diffèrent selon le contexte culturel et géographique de chaque personne et pourtant se ressemblent tellement et se rejoignent fina- lement toutes autour de la famille et des amitiés. « ...C’est pourquoi je me mets à genoux devant Dieu le Père, de qui toute famille (patria en grec) reçoit son nom (son identité) dans les cieux et sur la terre. Éph 3.15 » Nouveau design du ALLONS Notre équipe de communication et en particulier Luisa Vonarburg, responsable du FOCUS et du ALLONS, nous proposent un design renouvelé et plus moderne de nos ma- gazines (notre site WEB suivra d’ici peu). Nous nous ré- jouissons de la nouvelle apparence de notre journal fran- cophone et espérons que cela va vous plaire.

03 Pris sur le vif Paul Verlaine

14 Retour au pays

Familles Keller & Leuenberger

L’amour de la Patrie est le premier amour Et le dernier amour après l’amour de Dieu. C’est un feu qui s’allume alors que luit le jour Où notre regard luit comme un céleste feu ;

04 Des étrangers dans ma patrie Somaly B.

16 En fuite

Rahel Strahm avec Mirjam

C’est le jour baptismal aux paupières divines De l’enfant, la rumeur de l’aurore aux oreilles Frais écloses, c’est l’air emplissant les poitrines En fleur, l’air printanier rempli d’odeurs vermeilles.

05 Question de définition Helen M.

17 Est-ce qu’il existe une « patrie » ? Susanne Gisler

L’enfant grandit, il sent la terre sous ses pas Qui le porte, le berce, et, bonne, le nourrit, Et douce, désaltère encore ses repas D’une liqueur, délice et gloire de l’esprit.

06 Le foyer, mon chez-moi Chanthy K.

18 Le long chemin P.H.

Puis l’enfant se fait homme ou devient jeune fille Et cependant que croît sa chair pleine de grâce, Son âme se répand par-delà la famille Et cherche une âme sœur, une chair qu’il enlace ;

07 Le cœur ou le chapeau ? Mark Greenwood

19 #be sent

Postes vacants chez SAM global

Et quand il a trouvé cette âme et cette chair, Il naît d’autres enfants encore, fleurs de fleurs Qui germeront aussi le jardin jeune et cher [...]

08 Homebase

22 Pouls financier Peter Röthlisberger

Beatrice Ritzmann & Jürg Pfister

Extrait du poème de Paul Verlaine, 1844-1896

11 Quitter sa patrie… arriver à la maison Naemi S.

Page titre : Samuel T. travaille depuis juin 2019 dans le projet ProVIDA au Brésil.

Je vous souhaite une excellente lecture

12 Recette de cuisine Gitte D.

Christophe Reifsteck

Pour des raisons de sécurité, nous ne mentionnons pas les noms de fa- mille de nos collaborateurs à l’étranger.

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Cambodgienne de naissance, Somaly a grandi avec une religion différente de la nôtre. Par l’intermédiaire de collaborateurs interculturels, les habitants locaux ont été confrontés au christianisme. Cependant, ces étrangers n’étaient pas appréciés et on se moquait de leur religion. Une rencontre a changé cela. Soma- ly raconte ce qui s’est passé dans sa vie et comment cela s’est produit : DES ÉTRANGERS DANS MA PATRIE Question de définition la vie en liberté dans la nature et le soin des animaux sont des choses na- turelles. Même si c’est très dur, c’est là qu’ils se sentent bien. Pour eux, les frontières entre les pays n’existent pas, c’est le bien-être des troupeaux qui dé- termine leur vie. Dans l’environnement moderne d’une ville, ils sont souvent perdus et dépassés. Nombre d’entre eux n’ont pas eu la possibilité d’aller à l’école et ne savent ni lire ni écrire. De plus, on les trompe souvent en raison de leur ignorance. Chez les sédentari- sés, le lien avec la terre peut être leur pa- trie. Cela se remarque par exemple très fort chez les Kotokos du Nord-Came- roun. Un Kotoko n’oublie jamais d’où il vient. Quand on se renseigne auprès d’un chef sur le nombre d’habitants, il compte aussi ceux qui vivent dans un autre endroit, mais qui ont leur famille d’origine au village. Rencontre personnelle Lorsque j’ai rejoint une famille chrétienne, leur manière de se comporter et leurs attitudes étaient complètement oppo- sées à ce que je pensais et à ce que j’avais entendu dire par les gens auparavant. Cette famille aidait d’autres personnes et nous a appris à aimer, honorer et respecter nos parents et nos voisins de tout notre cœur. Surtout, ils ne s’étaient pas Ce que la patrie est pour moi, et quand je me sens « à la maison », n’est pas si facile à dire. Les as- pects qui me transmettent ce sen- timent sont très multiples. Par exemple quand je me sens com- prise et intégrée dans de bonnes relations. Ou dans des situations précises, avec des odeurs spéci- fiques, des bruits, un paysage na- turel dégagé. En tout cas c’est tou- jours, et souvent inconsciemment, associé à de beaux souvenirs. J’ai déjà vécu à beaucoup d’endroits – mais où est ma patrie ? En Suisse, au Cameroun ou au Tchad ? Une patrie qui ne dépend pas des frontières Pour la plupart des nomades, la pa- trie est sans doute l’appartenance à la famille élargie/tribu. On s’efforce de contribuer à l’honneur de la famille et on en est fier. Le pire qui puisse arriver est d’être sans famille. Chez les nomades et semi-nomades, QUESTION DE DÉFINITION

éloignés de la foi, comme je l’avais supposé aupara- vant. Ils voulaient la vérité et ne vivaient pas dans des illusions. La vie a changé Je suis heureuse d’avoir pu faire cette expérience avec des chrétiens, car c’est moi qui les détestais et les ignorais. Mais ensuite, Dieu m’a choisie pour re- connaître et accepter Jé-

« Dans le passé, je n’aimais pas le christianisme car on disait que celui qui croyait en Jésus ne devait pas res- pecter ou honorer ses pa- rents. Même s’ils mou- raient, le chrétien ne devait ni pleurer, ni rendre un der- nier hommage aux morts. Les chrétiens auraient affir- mé que les autres dieux se- raient des dieux ratés qui ne pouvaient pas du tout

Pour moi, cela dépend beaucoup de mes relations. Plus elles sont intenses et étroites, plus le sentiment de patrie est fort. Il peut ainsi arriver que la nos- talgie de la Suisse s’installe en Afrique et la nostalgie du Cameroun en Suisse. Après de nombreuses années d’enga- gement je suis contente de ne pas trop souffrir du mal du pays. Cependant, WhatsApp favorise la nostalgie, car on a plus souvent l’impression de manquer quelque chose. Autrefois, lorsque je ve- nais en séjour en Suisse seulement tous les trois ans, je ne pouvais pas imaginer y vivre après ma retraite. Cela a chan- gé depuis lors. Quelquefois je me demande si j’aspire à plus de confort. En tout cas, la vie pratique en Suisse me semble beau- coup plus simple. Selon l’endroit, vivre en Afrique peut être pénible, le climat est souvent pesant et rien ne va de soi, contrairement à ce que je vois ici. Plus je passe de temps dans mon lieu d’origine pour des vacances ou un sé- jour au pays, plus je retrouve le senti- ment que la Suisse est de nouveau ma patrie.

De nombreux Africains qui vivent dans une autre région en raison de leur tra- vail construisent une maison à l’en- droit où ils ont grandi pour pouvoir s’y retirer à leur vieillesse. Jusque-là, ce sont des membres de leur famille qui y habitent. Cependant, beaucoup n’at- teignent même pas l’âge de la retraite, ou alors ils se sont si bien habitués à la vie citadine qu’ils ne retournent au vil- lage que pour des visites.

Somaly avec Nica, Molyna, Rudolf et le fils d’une amie.

sus-Christ comme mon Sauveur. Alors que je pensais du mal des chrétiens, Il a changé mon point de vue par l’inter- médiaire de Ses disciples. Ma vie Lui appartient maintenant, et je parle constamment aux autres de mon Dieu. Il ne suffit pas d’entendre la Bonne Nouvelle, il faut la connaître et la garder à l’esprit. Car si nous sommes des disciples de Jésus, nous ne devons pas seulement proclamer ou prêcher l’Évan- gile, mais nous devons aussi montrer aux autres comment on peut vivre avec Dieu. »

vous sauver, que seul Jésus-Christ était vraiment capable de le faire. Dans le village, on parlait beaucoup négativement des chrétiens, ce qui m’a fait penser qu’ils n’étaient pas des gens de bien. C’est pourquoi je ne voulais pas les connaître ni leur parler. Je vivais avec mes grands-parents dans un village où il y avait une famille chrétienne, mais personne ne les aimait ni ne tra- vaillait avec eux. Tous les villageois se moquaient d’eux et les discriminaient parce qu’ils croyaient et adoraient le dieu des étrangers et non nos dieux et la religion des ancêtres. Je ne voulais pas les regarder ni leur parler, même quand je pas- sais devant leur maison.

Helen M. Travail médical Tchad

Somaly B. Responsable de Lighthouse Cambodge

Images 1 et 3 : les nomades (Arabes) Image 2 : les Kotokos sédentaires

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chez-moi

LE FOYER,MON

LE FOYER – MON CHEZ-MOI

LE CŒUR OU LE CHAPEAU ?

Romains 16.5), et cette terre qui n’est pas notre maison (Hé- breux 11.13). Ces deux conceptions ne sont pas faciles à ré- concilier, pas plus que le proverbe et la chanson que j’ai ci- tés, mais elles correspondent à l’expérience d’un engagement à l’étranger. La première concerne le rôle de la maison dans la transmis- sion de la Parole de Dieu et de ses valeurs d’une génération à l’autre. Ce qui est enseigné à la maison, les priorités de Dieu, deviennent les priorités du cœur dans sa maison, avec sa fa- mille ou dans le voisinage où des liens d’amour sont tissés en partageant le repas et la nourriture spirituelle (Actes 2.46). En outre, il est plus facile de présenter l’Évangile à des non-

Un proverbe anglais dit : « Là où est le cœur, là est la mai- son ». Une chanson populaire affirme quant à elle que « Je suis chez moi là où j’enlève mon chapeau », deux défini- tions très différentes du chez-soi. La première évoque le bonheur ou la nostalgie quand on est proche ou éloigné de personnes ou d’endroits qu’on aime, alors que la seconde parle de savoir s’adapter aux circons- tances qui sont les nôtres et se sentir chez soi n’importe où. Le cœur ou le chapeau ? Les migrants et les personnes servant à l’étranger ressentent

enfuie peu après chez notre grand- père, me laissant seule avec mes demi-sœurs. En grandissant, je vi- vais dans la peur constante de me faire maltraiter par mon beau-père. Presque chaque jour, il me battait, me fouettait et me tirait les che- veux. Le fardeau psychique était parfois si lourd que je ne pouvais presque pas aller à l’école – j’au- rais voulu ne pas être née. Je n’ai pas osé en parler à qui que ce soit, car j’avais peur de mon beau-père. Quand la famille allait à un ma- riage ou dans n’importe quel autre endroit, je devais rester pour garder la maison. Parfois je ne pouvais pas aller à l’école, je devais travailler et gagner de l’argent pour ma famille, mes frères et mes sœurs. Comme sa propre fille En 2009, ma cousine Somaly est de- venue cuisinière à Lighthouse Battam- bang. Elle a fait la connaissance du di- recteur Lukas, s’est éprise de lui et ils se sont mariés en 2010. La même année, Somaly et Lukas ont décidé de s’occu- per de moi et de ma situation. Je suis venue à Lighthouse Battambang pour habiter avec eux, et plus tard déména-

L’amour de ma cousine a radica- lement changé ma vie. Après une enfance difficile, je me suis réfu- giée à Lighthouse Battambang et j’y ai trouvé un chez-moi. Avant de venir à Lighthouse Battam- bang, je vivais avec ma mère. J’étais le cinquième enfant et la fille aînée de la famille. Mon père est mort lorsque j’avais deux ans. Ma mère s’est remariée trois ans plus tard et a eu trois autres enfants. J’ai donc cinq frères, une sœur biologique et trois demi-sœurs. J’étais chargée de m’occuper des trois fillettes. Ma mère et mon beau-père partaient parfois travailler en Thaïlande et nous confiaient à mes grands-parents pen- dant ce temps. Les coups, la peur et le silence Trois de mes frères et moi avons été choisis par un foyer d’enfants pour y loger et fréquenter l’école. Mais le jour où ils sont venus nous chercher, j’ai refusé de les accompagner parce que j’avais trop peur. Ma cousine Somaly est donc partie à ma place. Je suis res- tée à la maison et ma petite sœur s’est

une tension constante entre là où se trouve leur cœur et leur chapeau. Ils ne veulent pas renier leur identité et leur origine, ni ceux qui les aiment et se sont engagés envers eux. Mais pour pouvoir vivre pleinement dans un nouveau lieu, il faut s’investir et aimer les gens et leur culture. La nou- velle demeure doit devenir un nou- veau chez-soi.

croyants chez-soi, et de leur présen- ter le besoin de pardon et de trans- formation. La deuxième conception im- plique que quand nous parta- geons l’Évangile, nous évoquons une autre maison, avec la nostalgie d’un lieu que nous n’avons jamais

Ainsi le cœur et le chapeau sont à la maison.

Chanthy avec des étudiantes de Lighthouse Pursat

ger dans leur maison. Depuis lors, je fais partie de leur famille et ils prennent soin de moi comme de leur propre fille. Ils m’ont parlé du Dieu créateur et j’ai ap- pris beaucoup de choses de la Bible. Par le témoignage d’amour de mes « nou- veaux parents », j’ai décidé de croire en Jésus Christ. En plus, j’ai pu terminer la douzième classe. Depuis, je travaille pour Lighthouse Pursat et subviens à mes besoins. Rien de cela n’aurait été possible sans Lukas, Somaly et Dieu. J’en suis heureuse et reconnaissante !

vu, où Dieu nous a déjà préparé une place (Jean 14.1-3). Mais pour transmettre efficacement la Parole vivante de Dieu, nous ne pouvons pas être de ces gens ennuyeux qui ne parlent que d’un autre endroit (le ciel) tellement mieux que le monde actuel. Même si cette demeure terrestre est provi- soire, elle doit être notre maison. Nous devons investir du temps, de l’engagement et de l’amour dans la culture et les personnes qui nous entourent. En faisant cela, notre lumière brillera devant les hommes qui glorifieront notre Père qui est dans les cieux (Matthieu 5.16). Même s’il est plus difficile pour les migrants et ceux qui tra- vaillent à l’étranger de déterminer où ils sont chez eux, ces deux conceptions bibliques de la maison soulignent le fait que tous les chrétiens sont ambassadeurs de Dieu, même ceux qui n’ont jamais quitté leur chez-soi.

Celui qui regrette constamment ses origines et les considère comme meilleures est ennuyeux. Il se détruit intérieurement tant qu’il n’ouvre pas les yeux sur la beauté de l’environne- ment et des personnes autour de lui. La solution que beau- coup ont trouvée, c’est de jouir de l’endroit où l’on se trouve, de ce qu’il offre de meilleur, tout en maintenant la commu- nication avec ceux qu’on aime. Ainsi le cœur et le chapeau sont à la maison. La maison d’un point de vue biblique La Bible mentionne deux conceptions de la maison, le lieu où l’on adore Dieu et grandit dans la foi (Deutéronome 6.4-9,

Chanthy K. Co-direction de Lighthouse Pursat

Mark et Suzana Greenwood ont travaillé de 1993 à 2014 avec la BMS World Mission au Brésil. Mark est pasteur et Suzana infirmière. Ils ont un fils de 23 ans et une fille de 21 ans. Durant leur temps à Fortaleza, Ceará, puis à Rio de Janeiro, ils se sont engagés dans le partage de l’Évangile, le déve-

loppement communautaire chrétien et la formation de collaborateurs interculturels brésiliens. Depuis leur démé- nagement en Grande Bretagne en 2015, Mark travaille à la base de la BMS. Il est entre autres responsable d’un couple, qui travaille en Guinée avec SAM global.

De gauche à droite : Chanthorn (23), Chanthy (25), Devy (21)

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HOME Base

HOMEBASE

Les collaborateurs de la base au pays à la fête de SAM global 2020. Manquent : David Keller, Hanni Hartmann et Madeleine Deriaz

La base au pays, une base administrative Nous sommes la base parce que nous sommes un centre né- vralgique pour beaucoup de choses. A la base en Suisse, nous nous occupons des questions, requêtes et sujets (administra- tifs) les plus divers. Cela leur permet d’avoir le champ libre pour leurs véritables activités dans leur pays d’engagement. Dès le processus de candidature, ils font connaissance avec l’équipe de la base et en cas d’engagement, ils savent à quelle personne s’adresser en fonction de la demande. Ils doivent par exemple être sûrs que les charges sociales seront calcu- lées correctement et automatiquement lors du versement

« Homebase » exprime ce que nous aimerions être pour nos collaborateurs à l’étranger : une base sûre, un endroit vers lequel ils peuvent toujours revenir. De la même manière que nous trouvons un port sûr au- près de Dieu, que nous osons en tout temps venir vers Lui avec toutes nos requêtes et que nous faisons par- tie de la grande famille. Chez nous, les collaborateurs ne reçoivent pas seulement un soutien pratique, mais la base au pays représente pour eux un morceau de leur patrie. Lorsque les collaborateurs de

malheureusement le cas actuellement de la plupart des jeunes. De plus, nous sommes convaincus que le fait de dé- couvrir ce que signifie être un enfant de Dieu représente une force immense. Ceci inclut la perspective d’une patrie au ciel qui donne de l’espoir et qu’on ne peut pas nous enlever. A comme Apprentissage Nous investissons dans la formation et la formation continue de nos collabora- teurs et aimerions pouvoir en faire da- vantage encore, non seulement du point de vue spirituel, mais également pra- tique. Pour nous, un travail de bonne qualité est important. Nos responsables sur le terrain sont par exemple entraî- nés à bien penser les projets, à réfléchir aux activités nécessaires pour atteindre les résultats escomptés et à viser un im- pact qui soit durable. S comme Soutien Pour ce modèle de gestion de projet par cycles ainsi que pour l’évaluation et la résolution de problèmes, les respon- sables de pays en Suisse désirent four- nir à ceux de l’étranger le meilleur sou- tien possible. À la base au pays, nous sommes égale- ment la base administrative qui four- nit le soutien nécessaire pour les ques- tions d’assurances sociale et maladie,

les finances, la recherche de fonds et la communication, ceci afin de leur lais- ser le temps pour leur propre travail. E comme Encouragement La plus grande lutte dans un pays d’en- gagement est celle contre le découra- gement. Le climat est astreignant et la misère et les souffrances sur place re- présentent de grands défis. Il s’agit de gérer des déceptions avec certains col- laborateurs, des revers dans le travail, des interruptions en raison de grèves, d’épidémies et de remous politiques. De plus il n’est pas facile de vivre loin de sa famille et de ses amis. À la base au pays, nous voulons relever le défi d’encourager nos collaborateurs, afin qu’ils puissent travailler avec foi, une perspective et un espoir et obtenir ain- si les effets escomptés. Mon désir en tant que directeur de SAM global est d’avoir des collaborateurs encouragés et satisfaits – et à la base au pays nous voulons y contribuer fortement, avec l’aide de Dieu !

Dans son article, Beatrice Ritz- mann a mis l’accent sur le mot « HOME » (maison). Dans le mien, je vais donc le mettre sur la BASE . Ces quatre lettres repré- sentent : B comme BeSENT BeSENT – être envoyé – au service de Sa Majesté ! C’est Dieu Lui-même qui nous confie une mission et la capacité de la mener à bien. L’une de nos tâches consiste à le rappeler sans cesse à nos collaborateurs. Notre article de but précise : L’asso- ciation s’engage pour la coopération par l’échange de personnes et apporte un soutien matériel dans les domaines de la formation de base et profession- nelle, de la santé et de l’amélioration des conditions de vie. Elle le fait avec la motivation de transmettre la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ d’une manière holistique. L’association effectue éga- lement un travail de sensibilisation en Suisse et dans d’autres pays européens. Ce que nous accomplissons, nous le faisons avec le désir que la vie des gens soit transformée par l’expérimentation de l’amour de Dieu et la formation. Nous souhaitons qu’ils reconnaissent qu’il vaut la peine de vivre dans le pays dans lequel ils habitent et n’aient plus envie de quitter leur patrie, ce qui est

du salaire mensuel. Par ailleurs, il est important que les dons arrivent sur le bon compte. Bien que nous exécutions de nom- breuses tâches administra- tive à la base au pays, il reste encore beaucoup de choses que les nouveaux collaborateurs doivent ef- fectuer eux-mêmes durant

l’étranger sont en séjour au pays, ce sont la salutation chaleureuse le matin ou les questions posées lors de la pause-café qui leur font ressentir combien nous nous réjouissons de leurs visites ! Pour nous, il est toujours intéressant qu’ils nous parlent personnelle- ment lors de la rencontre

leur préparation pour un engagement. Nous les soutenons alors par des conseils, des listes et des notices en leur facili- tant les préparatifs pour leur engagement. Qu’une personne soit sur le point de partir, en cours d’engagement, en séjour au pays ou de retour de façon définitive, nous à la base au pays, nous aimerions être un lieu où elle peut ressentir la « patrie » à l’intérieur de la famille de SAM global.

hebdomadaire de ce qu’ils ont vécu et nous donnent des nouvelles de situations pour lesquelles nous avons longtemps prié. De telles rencontres renforcent les liens entre ceux qui travaillent au loin et nous qui sommes au pays. Autrement, ces liens sont surtout maintenus par écrit ou par contacts té- léphoniques. Des rencontres compréhensives « Être la patrie » signifie cependant aussi que nous aime- rions être un lieu où ils peuvent ressentir de la compréhen- sion pour les situations vécues et les sentiments qui en ré- sultent. Plusieurs d’entre nous ont vécu des choses semblables et peuvent très bien comprendre les émotions et réactions, et offrir une oreille attentive et compréhensive. Les débriefings permettent également de revenir sur des expériences diffi- ciles, douloureuses, pénibles.

¹ Base au pays, siège à Winterthour ² Rencontre hebdomadaire de prière et d’échanges avec tous les collaborateurs présents

Jürg Pfister Directeur de SAM global

Beatrice Ritzmann Responsable du personnel

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QUITTER SA PATRIE… ARRIVER À LA MAISON

plus jamais. Seulement, les choses se sont passées autrement. Pour moi, partir en janvier 2016 n’était donc pas seulement quitter la maison et laisser tomber des choses familières, mais aussi revenir dans un endroit connu. J’ai rejoint une équipe que je connaissais déjà partiellement, j’étais passablement familiarisée avec la ville et ses environs et je pouvais parler deux ou trois phrases dans la langue locale. Je rencontrais sans cesse des visages familiers. Cela m’a permis de démar- rer plus facilement et je me suis rapidement sentie à l’aise avec le pays, les gens et la culture. Une décision de grande portée Avant la fin des deux ans, j’ai dû décider si je voulais rester plus longtemps ou rentrer en Suisse. L’équipe était devenue de plus en plus comme une famille, j’aimais beaucoup le tra- vail à l’école maternelle qui commençait tout juste à se déve- lopper. J’aimais les enfants de mon voisinage et j’ai pu nouer des amitiés avec des femmes du quartier. La décision de res- ter deux ans de plus n’a donc pas été très difficile à prendre. Entre-temps, j’ai déjà vécu cinq ans en Guinée. Malgré tous les défis et les revers, je crois toujours que c’est ma place pour le moment. J’ai en effet quitté mon pays d’origine, la Suisse, mais la Guinée est également devenue un (mon) foyer. Et quand on me demande si je resterais pour toujours, la ré- ponse guinéenne s’avère utile : « C’est Dieu qui connaît. »

Naemi Schelling vit en Guinée depuis cinq ans. En- seignante en maternelle, elle a laissé beaucoup de choses derrière elle et a ouvert son cœur à la nou- veauté. Lorsque j’ai effectué un court terme en 2012 avec Ac- tionVIVRE Nord en Guinée, je n’ai cessé de me demander si je pourrais m’imaginer vivre et travailler dans un pays du tiers monde pendant une période plus longue. C’est à ce mo- ment que j’ai lu le passage de Genèse 12.1 où Dieu appelle Abraham à aller dans un autre pays. Mon commentaire de lecture de la Bible disait : « Abraham s’est mis en route et a quitté la sécurité de son foyer et de sa résidence perma- nente. Il a entendu l’appel de Dieu et l’a suivi. » Par ce ver- set, Dieu m’a parlé d’une manière si claire que je suis partie quatre ans plus tard. Tout a un prix Mais ce n’était pas aussi simple que cela. Je m’étais bien ins- tallée en Suisse. Je vivais dans une colocation où je me sen- tais à l’aise et j’avais une place d’enseignante de maternelle, que j’aimais vraiment. Je participais également à un groupe de maison où j’apprenais beaucoup et où il y avait une bonne camaraderie. J’aimais passer du temps avec mes amies. J’ai versé quelques larmes en laissant mon travail, quittant la co- location et partant loin de ma famille et mes amis, mais je savais que c’était une bonne décision. J’ai donc commencé à me préparer à un engagement plus long. Je voulais partir pour deux ans, tout en pouvant m’imagi- ner rester plus longtemps. Ce que je ne savais pas à l’époque, pendant mon court terme, c’est que je repartirais avec SAM global pour la Guinée et que j’entrerais en plus dans le même projet. Je me souviens encore du jour où j’ai dit au revoir à mes étudiants d’anglais lors de mon premier départ en 2012 et où ils m’ont dit en riant : « Alors on se revoit dans deux ans. » Mais nous pensions tous que nous ne nous reverrions

Naemi S. Enseignante à l’école maternelle ActionVIVRE Nord

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RECETTE DE CUISINE

« NOTRE CHEZ-NOUS » Pour nous les adultes, le concept de « chez-soi » est facile à déterminer – en tout cas c’est ce que nous pen- sons. Mais comment les plus petits voient-ils leur patrie ? Nous avons posé cette question à trois enfants de nos collaborateurs et avons reçu les descriptions et le dessin ci-après. Merci à eux !

SAUCE ARACHIDE Une recette de Gitte D., ProTIM 2-2-2 Conakry

Le riz est la nourriture de base en Guinée. On le mange avec diverses sauces selon les jours : des sauces aux feuilles de patates douces ou de manioc, des soupes agrémentées de viande, de poisson, de poulet ou de boulettes de pois- son. Et de la sauce arachide. Mon mari et moi préférons les autres préparations, mais notre fils Marc aime la sauce arachide. Comme c’est celle qui est la plus facile à réaliser aussi en Europe, je désire transcrire la recette ici. La cuisine n’est pas vraiment mon fort, c’est pourquoi je suis très reconnaissante que nous ayons une aide de mé- nage qui nous régale de délicieux menus guinéens. Au dé- but, elle utilisait notre cuisinière à gaz, mais maintenant elle cuisine de nouveau selon l’habitude guinéenne : dehors sur un foyer de charbon. Ainsi, nous avons moins d’odeurs de nourriture dans la maison, et c’est même meilleur mar- ché ! Pendant la saison des pluies, le foyer se trouve sous l’avant-toit de la terrasse. Quand je me mets moi-même au fourneau, nous mangeons plutôt des nouilles ou un soufflé, car même ici on peut maintenant se permettre d’acheter de temps en temps du fromage. Après tout, on a aussi besoin quelquefois d’un menu de la patrie. 

Préparation 1. Couper la viande en cubes et la rôtir dans l’huile, hacher les oignons, les ajouter et les faire revenir brièvement. 2. Ajouter la sauce tomate et les tomates coupées fin. 3. Couper grossièrement le chou et les pommes de terre pelées et les verser dans la marmite avec les aubergines. 4. Assaisonner le tout avec du bouillon, du sel, du poivre, puis couvrir à peine avec de l’eau. 5. Ajouter les piments entiers et faire bouillir. Lorsque tout est tendre (après environ 20 minutes) ajouter la pâte d’arachide pour lier la sauce. À manger avec du riz, évidemment. Bon appétit !

Ingrédients pour 4 personnes 500g viande de bœuf huile à rôtir 2 oignons 2cs sauce tomate 2 tomates 1/2 chou blanc 5 pommes de terre 2 jakatus (aubergines amères)

Un manguier avec un feu de cuisine. Le soleil brille et la femme est allée chercher du riz dans la case.

Dessiné par Céline V. (8 ans), Guinée.

« Mon chez-moi est près de ma famille, là où je peux me détendre et où mes amis sont dans les parages. Dieu est aus- si comme un chez-moi car Il est partout et m’accueille partout. »

« Quand je pense à mon chez moi, c’est à notre maison que je pense en pre- mier. Ce qui fait mon chez-moi, c’est ma famille et mes amis, qui vivent avec moi et avec qui je passe du temps. À la maison je me sens bien telle que je suis, parfois joyeuse, parfois énervée. Je peux prendre ce chez-moi avec moi en voyage, car quand je suis avec ma fa- mille dans un lieu de vacances, cela se transforme en un petit chez-moi tem- poraire. Un moment de pays natal que je peux ressentir partout, c’est quand je parle avec Dieu et ainsi aussi jeter un regard sur la patrie céleste. »

Simon Esenwein (14 ans)

1-2 piments chili, à volonté 1 cube de bouillon de bœuf 4cs pâte d’arachide (ou beurre) sel et poivre à volonté riz pour 4 personnes

Dessins de Robert Steiner

Leonie Esenwein (17 ans)

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RETOUR AU PAYS

m’occupant des affaires de la famille et de la répartition de ce que nous ne pren- drions pas avec nous. Des adieux différents Au Cambodge, nous avions vécu plu- sieurs changements et avions dû sou- vent prendre congé de personnes qui nous étaient devenues chères. Cette fois, c’était nous qui étions ceux qui quittaient leurs amis. Faire connaître notre décision aux amis et collabora- teurs locaux et internationaux a été le début d’une démarche douloureuse de réflexion et d’au revoir. Durant ce temps, nous avons pris conscience tout à nouveau combien Dieu nous avait ri- chement bénis. D’avoir pu participer à l’œuvre de Dieu au Cambodge nous a rendus très reconnaissants. En raison de la crise du coronavirus, le temps des adieux a ensuite tiré en longueur. Nous avons pu rencontrer encore une fois nos amis et connaissances, et visiter pour la dernière fois nos sites préférés. La « phase de replantation » Une plante transplantée d’un pot dans un autre est une image qui illustre bien cette transition. Les racines doivent être soigneusement sorties de terre. Pendant le transport, la plante est fragile, les racines sont dénudées. Notre « phase de déplantation et replantation » a né- cessité temps et patience. Ce qui était « étranger » au début est devenu familier petit à petit. L’école est devenue le nou- veau quotidien des enfants, le « long » trajet de David pour aller au travail

est maintenant normal. L’énorme choix dans les magasins ne nous submerge plus autant. La circulation bien réglée est même reposante.

« La transition est une douche écossaise de sentiments – un œil pleure, l’autre rit. » Anne-Eva Kel- ler 1 raconte comment l’amour et la fidélité de Jésus ont aidé sa famille à surmonter toutes les difficultés, et comment Il leur a donné espé- rance et courage pour voir clair dans tous les défis. Une fois la décision prise de repartir en Suisse, nous nous sommes réunis en famille et avons commencé de rê- ver à l’avenir. Pour nous, il était clair que nous ne « retournions » pas en Suisse, mais que nous « déménagions » en Suisse. Notre mandat ne se terminait pas avec cette décision, Dieu prépare- rait de nouvelles tâches pour nous. En parallèle à la joie anticipée, un senti- ment de malaise s’est étendu sur nous. La peur et le souci de l’inconnu nous pe- saient. Le Cambodge était devenu notre patrie, ici nous nous sentions chez nous et c’était là qu’habitaient nos amis. De- vions-nous maintenant laisser tout cela derrière nous ? Pour nous, il était im- portant de préparer aussi nos enfants le mieux possible à cette démarche. Le temps intermédiaire Il nous restait à peine dix mois pour achever notre séjour de 14 ans au Cam- bodge. David a utilisé ce temps pour remettre le B4T (business for transfor- mation) « eggscellent » dans les mains des collaborateurs locaux. Organiser, structurer et déléguer étaient à l’ordre du jour. Je l’ai soutenu de mon mieux,

David et Drusilla avec leurs quatre enfants, de retour en Suisse.

fants et travaillé sur des documents que nous avons reçus de SAM global. En- semble, nous nous sommes réjouis du fromage, de la saucisse et du chocolat, et nous avons dressé la liste de ce qui nous manquerait de la Guinée. À l’hô- pital, mon ancien lieu de travail, nous avons également annoncé notre départ de manière anticipée. Mais la situation s’est compliquée Le départ s’est avéré plus chaotique que prévu : en raison de la pandémie de coronavirus, l’aéroport a été fermé et pendant des semaines, on ne savait pas quand et comment nous pourrions partir. À cause de la covid-19, la grande fête d’adieu que nous avions prévue n’a également pas pu avoir lieu. En tant que parents, nous nous sommes souvent de- mandé si ces circonstances allaient rendre impossible une bonne tran- sition pour nos enfants. Par mi- racle, nous avons finalement pu prendre un vol, un mois plus tard que prévu. Découvrir son pays Depuis, nous avons passé nos premiers mois en Suisse. Nos enfants ont com- mencé avec succès à l’école de Scha- fisheim et nous sommes très recon-

naissants de voir qu’ils ont été bien accueillis. I l y a beaucoup de nouvelles choses à découvrir et à apprendre pour eux, mais jusqu’à présent, le po- sitif l’emporte sur le négatif. Pour ma femme Drusilla et moi, c’est une période émotionnelle et difficile. Nous sommes très reconnaissants du « temps d’atter- rissage » que SAM global nous offre pour être à disposition de nos enfants. Le processus d’installation n’en est bien sûr qu’à sa phase initiale, mais nous sommes convaincus que dans les mois (ou peut-être les années) à venir, la Suisse deviendra à nouveau (ou pour la première fois) notre patrie.

Nous avons passé dix ans en fa- mille, à travailler avec SAM glo- bal à Macenta (Guinée, Afrique). Lorsque nous sommes partis pour ce pays, il était déjà clair que nous ne pourrions pas y rester pour toujours. Nous sommes rentrés en Suisse le 13 juillet 2020. Un retour à la maison ? Lorsque nous sommes repartis en Gui- née pour la dernière fois en août 2018, nous savions déjà que j’aurais un em- ploi à l’hôpital cantonal d’Aarau à par- tir d’octobre 2020. Mais l’expression « retour chez nous » ne convient pas à notre famille. Après dix ans à l’étran- ger, la Guinée est devenue notre pays. Nous nous y sommes sentis à l’aise, nous avons appris à connaître le mode de vie guinéen et à l’apprécier de nom- breuses façons. Pour nos quatre en- fants, dont le plus jeune va sur ses quatre ans, la Guinée est de toute fa- çon le seul foyer qu’ils connaissent. En conséquence, en famille, nous avons davantage parlé du fait que nous al- lions entamer une nouvelle phase de vie dans un nouveau pays. Dès l’été 2018, nous avons pu assister à une semaine de « débriefing familial », qui s’est avé- rée être une bonne préparation pour nous. Nous avons de plus en plus sou- vent discuté du changement avec les en-

Nous nous réjouissons de voir venir les changements de saisons, ce que nos enfants n’ont encore jamais vécu. Des rencontres avec des personnes sympa- thiques de notre nouvel entourage nous encouragent et nous donnent l’espoir que ce qui est « étranger » pourra aus- si devenir un jour notre patrie. 1 Anne-Eva Keller est l’épouse de David Keller, responsable pour les pays asiatiques chez SAM global

Anne-Eva Keller Eggscellent, de re- tour du Cambodge

David Leuenberger Responsable de ProESPOIR, Guinée depuis la Suisse

Une dernière photo avant le départ de la famille Keller. Après 14 ans, ils (re)partent en Suisse.

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EN FUITE fuite

EST-CE QU’IL EXISTE UNE « PATRIE » ?

De retour… arrivée ? Lors du retour définitif en Suisse quand j’avais 16 ans, les failles dans mon concept de la patrie se sont encore appro- fondies. Le sentiment d’être sans domicile fixe, sans appar- tenance et celui d’étrangeté se sont installés dans mon âme d’une manière très consciente et confuse. La question souvent posée : « Tu viens d’où ? » déclenchait beaucoup de choses en moi, parce qu’en fin de compte, avec elle se posait aussi le problème de l’identité et des racines. Il ne semblait pas y avoir de bonne réponse pour faire comprendre la richesse et la complexité de mes origines.

En tant qu’« Enfant de Troisième Culture (ETC 1 ) » , j’ai gran- di avec le sentiment que la patrie est un concept relatif. Qu’il n’en existe pas pour moi car la mienne est soumise à des chan- gements constants. La patrie est un concept que chaque personne ap- préhende à sa propre ma- nière : un échantillon de tissu coloré, tissé des di-

Pas d’endroit fixe Cette petite histoire de fuite ne sau- rait être comparée à celles que j’entends de la part de migrants ici, mais l’expé- rience me le montre : il en faut beau- coup pour quitter sa patrie. Les per- sonnes qui connaissent Dieu comme leur Père sont à la maison là où se trouve le Père céleste et où se trouvent les « frères et sœurs ». Là où la volon- té de Dieu est comprise et accomplie (d’après Günther Beck, DMG). Cela me motive à montrer la patrie en Dieu aux personnes qui ont dû quitter leur patrie terrestre et à nouer des liens de famille avec elles.

minée leur prend beaucoup de liberté. En Érythrée, tous les élèves doivent ser- vir sous les drapeaux dès la 8 ème année, avec au programme du travail scolaire et des exercices militaires. » Miriam est venue en Suisse à l’âge de 12 ans et a été naturalisée depuis. Elle avait huit ans lorsqu’elle a quitté sa patrie en Érythrée – quatre ans de fuite. Elle ajoute : « En- fant, je me suis enfuie avec ma mère. Je comprenais pourquoi elle voulait partir. Elle a fait en sorte que je puisse gran- dir en sécurité et que j’aie une perspec- tive d’avenir. Nous ne sommes pas par- ties en raison de la guerre, mais à cause de fortes entraves à notre liberté, sous une dictature. » La fuite… si simple ? Je me souviens de l’année 2 000, en Guinée, quand toute l’équipe de SAM global à Macenta a dû fuir vers le nord du pays suite à une attaque de rebelles. Nous ne le voulions pas, mais on nous a demandé de partir et de nous mettre en sécurité. Nous avons attendu et prié. Après un certain temps, nous en avons eu la certitude : « Nous devions, pro- visoirement du moins, quitter Macen- ta, notre chez-nous. »

Selon le HCR, 79,5 millions de personnes étaient des réfugiés dans le monde à fin 2019, soit 1% de la population mondiale ! Un peu moins de la moitié de ces ré- fugiés sont des enfants de moins de 18 ans. 47,7 millions sont des personnes déplacées, 4,3 millions des requérants d’asile 1 . La plupart des réfugiés que je connais en Suisse ne voulaient pas du tout quit- ter leur patrie. Une femme m’a racon- té qu’après son arrivée en Suisse, elle a pleuré chaque jour pendant des se- maines et qu’elle a fait une dépression en raison de la nostalgie de son pays. De nombreux migrants ont dû quit- ter très rapidement leur patrie en rai- son de dangers imminents, sans pou- voir faire leurs adieux. Ils en souffrent énormément. La question du pourquoi Mais pourquoi donc tant de personnes quittent-elles leur patrie ? J’entends des gens parler des raisons de leur fuite, de guerres, de persécutions et d’emprison- nement pour des motifs politiques ou religieux. Le manque de perspectives d’avenir en fait également partie. Mi- riam S. de Zurich m’a raconté pour- quoi selon elle les gens fuient leur pa- trie. Elle a 20 ans, est en formation en soins infirmiers et rédige dans ce cadre un travail qui traite de la vie durant la fuite. Miriam dit : « Je pense que les gens fuient parce qu’ils veulent la liber- té et la paix. Ils aimeraient pouvoir dé- cider eux-mêmes ce qu’ils veulent ap- prendre, croire et faire comme travail, et cela sans restriction. Le service mili- taire auquel les pères et frères peuvent être astreints pour une durée indéter-

Photo d’enfance d’années lointaines : Susanne en 1985.

Nous sommes à la maison là où nous sommes ensemble, en famille.

verses influences de notre enfance, géographiques, cultu- relles, sociologiques ou spirituelles. La particularité du sen- timent d’appartenance d’un ETC repose sur le fait qu’il est souvent défini davantage par une affiliation personnelle que par une situation géographique. C’est ce qui en fait quelque chose de précieux et de fragile tout à la fois : la famille et les amis dans le pays d’engagement deviennent la « patrie mo- bile » - un endroit de sécurité et d’appartenance malgré les changements de lieux. Cela, je crois, donne aux ETC le don de pouvoir s’installer dans différents endroits du monde et de se sentir relativement rapidement chez eux. La grande question Quand nous sommes revenus dans le village indien après un an de séjour au pays, ma sœur a demandé à ma mère : « Où sommes-nous à la maison ? » Un silence a suivi. Ma mère nous a retourné la question. Après un moment, ma sœur a conclu : « Nous sommes à la maison là où nous sommes en- semble, en famille. » Lorsque j’ai été scolarisée à 7 ans dans un internat très loin de mes parents, ma compréhension du concept de patrie en a pâti. J’ai réalisé avec la clarté d’un enfant que la patrie est liée au mal du pays : aspiration à l’acceptation, la protection et une profonde sécurité. À 9 ans, j’ai mis en œuvre ce désir en souhaitant qu’on me donne le nom indien de « Coikwá ». Cela veut dire « ciel ». L’attribution de nom était un rituel très important dans le village indien dans lequel mes parents travaillaient. À l’époque, je ne m’imaginais pas encore com- bien le thème de la patrie allait imprégner ma vie, mes déci- sions et mes relations.

En tant qu’adulte, je me suis mise à la recherche d’une ré- ponse intérieure satisfaisante à la question de ma patrie. Le voyage m’a ramené à mon nom indien. J’ai réalisé que la pa- trie n’est pas seulement l’origine et le souvenir, mais signi- fie également le futur, l’espoir et le but. Bien que je n’aie pas trouvé d’endroit précis que je puisse définir comme ma pa- trie, j’ai pu découvrir un secret bien plus important. On lit dans le Psaume 91.9 : « Parce que toi tu as mis l’Eternel, mon refuge, le Très-Haut, pour ta demeure… » (version Darby). Cette demeure (patrie) divine promet un sentiment d’appar- tenance globale, qui n’est pas lié à un endroit précis et qui ré- siste à tous les changements. Le réaliser me rend plus légère et m’ancre profondément dans mon être ETC.

1 https://www.unhcr.org/dach/ch-fr/en- bref/statistique, au 04.11.2020

Rahel Strahm Responsable de ProCONNECT Suisse

1 Un enfant qui grandit dans une culture différente de celle de ses parents.

Susanne Gisler Fille de Helene et Fredy Franz, elle a grandi au Brésil

L’an 2 000 : l’équipe fuit de Macenta à Kankan

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long

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LE

CHEMIN

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malheureusement plus le droit de ren- trer au Cameroun.

soucis, exprimer mes craintes et expli- quer mes rêves.

P.H.* a fui en Suisse il y a trois ans. Il a dû laisser sa femme et ses enfants au Cameroun. Durant l’in- terview, il raconte pourquoi cette fuite et comment il se sent réelle- ment en Suisse. Pourquoi as-tu quitté ta patrie ? Je suis venu en Suisse pour dénoncer l’injustice du gouvernement camerou- nais auprès de l’ONU. J’ai pu racon- ter et prouver comment les minorités souffrent tous les jours de la part du ré- gime en place. Après cette conférence, il m’a été interdit par le gouvernement de retourner au Cameroun. Je suis resté bloqué en Suisse, loin de ma famille et de mes trois enfants mineurs. Depuis, je me trouve dans le labyrinthe de la pro- cédure d’asile. Quand tu penses à ta patrie, qu’est-ce qui te passe par la tête ? Je suis complètement bouleversé. Ma patrie me manque et en même temps, j’ai peur et je suis triste quand j’ima- gine mon retour.

Ces engagements sont possibles même pendant la pandémie. On y va :

Que te manque-t-il ici ? Les odeurs de notre nourriture, les ha- bits colorés et, plus que tout, la liber- té intérieure. Comment vis-tu cette situation ? C’était très dur de traverser seul cette situation. Quand on se sent si perdu, on aimerait avoir des amis près de soi, on a besoin d’attention et on aimerait être écouté. Le manque est immense ! Où as-tu pu trouver de l’aide dans un pays dans lequel tu ne connaissais per- sonne ? Je n’ai trouvé que du rejet dans les yeux des gens. Je me suis donc fermé et j’ai cherché une solution par moi-même. Les questions qui tournaient sans cesse dans ma tête étaient les suivantes : « Où suis-je ? » « Que dois-je faire ? » « Comment m’occuper de ma famille ? » « Comment continuer ? » Qu’est-ce qui t’a aidé à retrouver un « chez-toi » ? Lorsque j’ai compris que seul Dieu peut redonner un « chez-soi », cela a rame- né de l’ordre dans ma vie. Quand les cultures, les couleurs de peau ou les lan- gues sont si différentes, on trouve dans une communauté spirituelle une unité. En dehors, j’ai perçu les gens différents et distancés ; mais dans une famille spi- rituelle c’est différent. Il y règne là tout d’abord l’amour.

Co-responsable de l’adminis- tration (h/f) au Cambodge (long terme) Ordinateurs, e-mails et chiffres : c’est le monde des employés de commerce, et c’est ce qui vous attend dans le projet Lighthouse au Cambodge, dans un bureau ouvert avec une température de 30°C. Vous cherchez un travail dans lequel vous pourrez utiliser vos talents et compétences ? Comme co-res- ponsable de l’administration, vous jouerez le rôle de pivot. Vos principales tâches com- prendront l’aide administrative du chef de projet et le soutien professionnel et person- nel de la comptable locale. Vous serez éga- lement responsable de tâches générales de secrétariat. Si vous aimeriez sortir de votre zone de confort habituelle et vous développer davantage, postulez dès maintenant comme co-responsable de l’administration.

Qu’est-ce que cela a produit en toi ? Au fur et à mesure, j’ai compris qu’il fal- lait tout remettre à Dieu et faire seule-

Aide-enseignant/e en Guinée (court terme) Tu es étudiant/e ou tu viens d’obtenir ton bac, tu aimes le travail avec les enfants, tu cherches un emploi qui donne du sens et tu souhaites t’investir à l’étranger en tant qu’aide enseignant/e pour quelques mois ? Au sein du projet ProTIM 2-2-2 Kissidougou en Guinée, tu travailleras en étroite collaboration avec les familles de nos collaborateurs et tu les aideras à enseigner leurs enfants et encourager leur développement à l’aide de matériel d’enseignement à distance. Un pays d’engagement chaud et ensoleillé t’attend, dans lequel tu découvriras une nouvelle culture et des choses passionnantes. Intéressé/e ? Prends contact avec nous et commence ton aventure !

P.H. avec son groupe de maison en Suisse.

ment Sa volonté. Je ne sais pas ce qu’Il va faire de cela, mais il y a une chose dont je suis sûr : Sa volonté va s’ac- complir ! Lentement, je sens de nou- veau cette paix, je peux interagir avec les gens tels qu’ils sont et leur souhai- ter la bénédiction et la paix. Comment vois-tu le futur ? Je ne me sens pas encore à la maison en Suisse, mais cela progresse toujours plus avec l’amélioration de ma relation avec Dieu et avec mes frères et sœurs. Je sais que je ne suis plus tout seul, je sais que je suis une créature aimée de Dieu. Je sais qu’Il ne s’occupe pas seu- lement de moi, mais également de ma famille. Maintenant je n’en doute pas : Dieu m’a amené ici pour que je vive à nouveau dans Sa patrie et pour renou- veler notre relation.

Responsable de projet adjoint (h/f) au Népal (long terme)

Le besoin d’action coule dans vos veines ? Vous aimeriez concevoir des stratégies de projets, gérer une entreprise locale et contri- buer au développement de la formation pro- fessionnelle duale ? Alors ce poste est fait pour vous ! Dans cette fonction d’adjoint, vous serez responsable de l’administration et de la gestion du personnel. Vous dirige- rez aussi le département « formation et per- fectionnement en gestion d’entreprises ». Pour ce faire, vous avez déjà suivi une for- mation professionnelle et obtenu un di- plôme. Nous examinerons volontiers même les candidatures de personnes n’ayant en- core jamais occupé ce genre de poste. Dé- veloppez vos points forts dans un environ- nement interculturel où vous contribuerez à apporter aux gens une nouvelle perspec- tive. Postulez maintenant en tant que res- ponsable de projet adjoint

Pourquoi es-tu triste ?

Ouvrier/ère en Guinée (court ou long terme) Si l’habileté manuelle et la flexibilité font partie de tes dons et que tu aimerais avoir un aperçu du travail interculturel, alors ce poste pourrait te plaire ! En tant qu’ouvrier/ère qualifié/e, tu soutiendras nos équipes dans les écoles professionnelles par la formation d’ap- prentis locaux, et tu apporteras ton savoir-faire avec des idées créa- tives dans des cours théoriques et pratiques. Durant ton séjour, tu auras amplement le temps d’interagir avec les habitants de ton nou- veau pays et d’autres endroits du monde. Intéressé/e ? Alors postule dès maintenant comme ouvrier/ère chez nous !

En raison de mon engage- ment pour les droits huma i n s , je n’ai

Es-tu « arrivé » ?

Au début, c’est avec beau- coup de scepticisme

* Nom connu de la rédaction.

que j’ai fréquenté une communauté. J’ai lentement testé

P.H. est un activiste pour les droits de l’homme au Cameroun. Il est en train de publier son premier ouvrage : « Das Labyrinth » (en allemand), sur le thème de l’intégration.

comment les gens vivaient ensemble. J’ai pu de plus en plus parler de ma situation, partager mes

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