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chez-moi

LE FOYER,MON

LE FOYER – MON CHEZ-MOI

LE CŒUR OU LE CHAPEAU ?

Romains 16.5), et cette terre qui n’est pas notre maison (Hé- breux 11.13). Ces deux conceptions ne sont pas faciles à ré- concilier, pas plus que le proverbe et la chanson que j’ai ci- tés, mais elles correspondent à l’expérience d’un engagement à l’étranger. La première concerne le rôle de la maison dans la transmis- sion de la Parole de Dieu et de ses valeurs d’une génération à l’autre. Ce qui est enseigné à la maison, les priorités de Dieu, deviennent les priorités du cœur dans sa maison, avec sa fa- mille ou dans le voisinage où des liens d’amour sont tissés en partageant le repas et la nourriture spirituelle (Actes 2.46). En outre, il est plus facile de présenter l’Évangile à des non-

Un proverbe anglais dit : « Là où est le cœur, là est la mai- son ». Une chanson populaire affirme quant à elle que « Je suis chez moi là où j’enlève mon chapeau », deux défini- tions très différentes du chez-soi. La première évoque le bonheur ou la nostalgie quand on est proche ou éloigné de personnes ou d’endroits qu’on aime, alors que la seconde parle de savoir s’adapter aux circons- tances qui sont les nôtres et se sentir chez soi n’importe où. Le cœur ou le chapeau ? Les migrants et les personnes servant à l’étranger ressentent

enfuie peu après chez notre grand- père, me laissant seule avec mes demi-sœurs. En grandissant, je vi- vais dans la peur constante de me faire maltraiter par mon beau-père. Presque chaque jour, il me battait, me fouettait et me tirait les che- veux. Le fardeau psychique était parfois si lourd que je ne pouvais presque pas aller à l’école – j’au- rais voulu ne pas être née. Je n’ai pas osé en parler à qui que ce soit, car j’avais peur de mon beau-père. Quand la famille allait à un ma- riage ou dans n’importe quel autre endroit, je devais rester pour garder la maison. Parfois je ne pouvais pas aller à l’école, je devais travailler et gagner de l’argent pour ma famille, mes frères et mes sœurs. Comme sa propre fille En 2009, ma cousine Somaly est de- venue cuisinière à Lighthouse Battam- bang. Elle a fait la connaissance du di- recteur Lukas, s’est éprise de lui et ils se sont mariés en 2010. La même année, Somaly et Lukas ont décidé de s’occu- per de moi et de ma situation. Je suis venue à Lighthouse Battambang pour habiter avec eux, et plus tard déména-

L’amour de ma cousine a radica- lement changé ma vie. Après une enfance difficile, je me suis réfu- giée à Lighthouse Battambang et j’y ai trouvé un chez-moi. Avant de venir à Lighthouse Battam- bang, je vivais avec ma mère. J’étais le cinquième enfant et la fille aînée de la famille. Mon père est mort lorsque j’avais deux ans. Ma mère s’est remariée trois ans plus tard et a eu trois autres enfants. J’ai donc cinq frères, une sœur biologique et trois demi-sœurs. J’étais chargée de m’occuper des trois fillettes. Ma mère et mon beau-père partaient parfois travailler en Thaïlande et nous confiaient à mes grands-parents pen- dant ce temps. Les coups, la peur et le silence Trois de mes frères et moi avons été choisis par un foyer d’enfants pour y loger et fréquenter l’école. Mais le jour où ils sont venus nous chercher, j’ai refusé de les accompagner parce que j’avais trop peur. Ma cousine Somaly est donc partie à ma place. Je suis res- tée à la maison et ma petite sœur s’est

une tension constante entre là où se trouve leur cœur et leur chapeau. Ils ne veulent pas renier leur identité et leur origine, ni ceux qui les aiment et se sont engagés envers eux. Mais pour pouvoir vivre pleinement dans un nouveau lieu, il faut s’investir et aimer les gens et leur culture. La nou- velle demeure doit devenir un nou- veau chez-soi.

croyants chez-soi, et de leur présen- ter le besoin de pardon et de trans- formation. La deuxième conception im- plique que quand nous parta- geons l’Évangile, nous évoquons une autre maison, avec la nostalgie d’un lieu que nous n’avons jamais

Ainsi le cœur et le chapeau sont à la maison.

Chanthy avec des étudiantes de Lighthouse Pursat

ger dans leur maison. Depuis lors, je fais partie de leur famille et ils prennent soin de moi comme de leur propre fille. Ils m’ont parlé du Dieu créateur et j’ai ap- pris beaucoup de choses de la Bible. Par le témoignage d’amour de mes « nou- veaux parents », j’ai décidé de croire en Jésus Christ. En plus, j’ai pu terminer la douzième classe. Depuis, je travaille pour Lighthouse Pursat et subviens à mes besoins. Rien de cela n’aurait été possible sans Lukas, Somaly et Dieu. J’en suis heureuse et reconnaissante !

vu, où Dieu nous a déjà préparé une place (Jean 14.1-3). Mais pour transmettre efficacement la Parole vivante de Dieu, nous ne pouvons pas être de ces gens ennuyeux qui ne parlent que d’un autre endroit (le ciel) tellement mieux que le monde actuel. Même si cette demeure terrestre est provi- soire, elle doit être notre maison. Nous devons investir du temps, de l’engagement et de l’amour dans la culture et les personnes qui nous entourent. En faisant cela, notre lumière brillera devant les hommes qui glorifieront notre Père qui est dans les cieux (Matthieu 5.16). Même s’il est plus difficile pour les migrants et ceux qui tra- vaillent à l’étranger de déterminer où ils sont chez eux, ces deux conceptions bibliques de la maison soulignent le fait que tous les chrétiens sont ambassadeurs de Dieu, même ceux qui n’ont jamais quitté leur chez-soi.

Celui qui regrette constamment ses origines et les considère comme meilleures est ennuyeux. Il se détruit intérieurement tant qu’il n’ouvre pas les yeux sur la beauté de l’environne- ment et des personnes autour de lui. La solution que beau- coup ont trouvée, c’est de jouir de l’endroit où l’on se trouve, de ce qu’il offre de meilleur, tout en maintenant la commu- nication avec ceux qu’on aime. Ainsi le cœur et le chapeau sont à la maison. La maison d’un point de vue biblique La Bible mentionne deux conceptions de la maison, le lieu où l’on adore Dieu et grandit dans la foi (Deutéronome 6.4-9,

Chanthy K. Co-direction de Lighthouse Pursat

Mark et Suzana Greenwood ont travaillé de 1993 à 2014 avec la BMS World Mission au Brésil. Mark est pasteur et Suzana infirmière. Ils ont un fils de 23 ans et une fille de 21 ans. Durant leur temps à Fortaleza, Ceará, puis à Rio de Janeiro, ils se sont engagés dans le partage de l’Évangile, le déve-

loppement communautaire chrétien et la formation de collaborateurs interculturels brésiliens. Depuis leur démé- nagement en Grande Bretagne en 2015, Mark travaille à la base de la BMS. Il est entre autres responsable d’un couple, qui travaille en Guinée avec SAM global.

De gauche à droite : Chanthorn (23), Chanthy (25), Devy (21)

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