WEB_Allons_4-2020

4/2020 A M S g l o b a l l l Aons SERVE AND MULTIPLY

Passionnés

Pris sur le vif

Passionnés

ÉDITORIAL

Neuf mois en Guinée

Bonjour ! Me revoilà en Suisse, après neuf mois passés en Guinée. Pendant ce temps, j’ai pu faire de nombreu- ses découvertes et de nouvelles expériences. Vivre une saison sèche et une saison des pluies. Découvrir un peu le système scolaire guinéen. Conduire sur des routes non goudronnées et pleines de trous. Partager mon lit avec une souris, jusqu’à ce que je réussisse à la tuer. Il m’a fallu un peu de temps pour m’adapter à une nou- velle manière de vivre les relations. Puis, je suis allée ré- gulièrement saluer les familles : arriver, m’asseoir, pren- dre des nouvelles de la santé de chacun et au bout d’un moment, repartir. A force d’apporter mon aide pour les travaux des champs, j’ai appris à planter des arachides, du maïs, du riz, à labourer, désherber. Faire les courses était aussi quelque chose de nouveau : sans supermar- ché, et parfois sans comprendre la langue des vendeurs. Coronavirus : partir ou rester ? Le moment le plus dur de mon séjour a été lié à la situ- ation de la covid-19. Soudainement, puisque les compa- gnies aériennes allaient cesser leurs activités et qu’on ne savait pas comment le virus évoluerait en Guinée, on m’a demandé de quitter le pays et de retourner en Suisse. Comme je n’étais pas du tout préparée à ce départ, j’étais vraiment triste et énervée de devoir tout quitter, alors que je devais normalement avoir encore plusieurs mois à vivre en Guinée. Finalement, par la grâce de Dieu, j’ai pu rester, et j’en suis vraiment reconnaissante. Ouvrir les yeux Mon séjour en Guinée m’a ouvert les yeux. J’ai quitté l’un des pays les plus riches du monde pour m’installer dans l’un des plus pauvres. Je suis reconnaissante d’avoir grandi dans un lieu où l’école est gratuite et obligatoire, et l’éducation largement mise en avant. Un pays où des infrastructures existent pour aider les plus faibles et dé- munis dans leur insécurité financière. Ce séjour m’a aussi permis de prendre conscience de ma responsabilité in- dividuelle par rapport à ceux qui sont dans le besoin, en Suisse mais aussi ailleurs dans le monde, et de réfléchir à l’aide que je peux apporter personnellement. Je remercie Dieu pour la Guinée et pour tout ce qu’Il y accomplit. Que Sa grâce et Son amour accompagnent chaque personne de ce pays, qu’Il transforme les cœurs, afin que tous mar- chent dans la vérité et la justice.

« Com-passionné » Elie le grand prophète était passionné pour Dieu, pour Sa parole. Il brûlait de voir la justice de Dieu être rétablie en Israël. Le verset suivant le souli- gne fort bien : « J’ai été saisi d’une extrême jalou- sie pour l’Eternel, le Dieu des armées ; car les fils d’Israël ont abandonné ton alliance » (1Rois 19.10 BBA). Quand on partage la Bonne Nouvelle sans passion, c’est comme partager un bon repas mais qui manquerait de sel et d’épices. La bonne saveur de l’Evangile se rencontre dans des cœurs brûlants. A propos de repas et de saveur nous voyons dans l’exemple de Jésus aussi une « com-passion » pour les pauvres, les laissés-pour-compte. Il brûlait de transmettre Son message mais Ses paroles étaient aussi accompagnés d’actes pratiques car Son cœur était profondément touché par le besoin des gens, par leur situation. A diverses occasions et pour di- verses raisons, il nous est dit que Jésus était ému de compassion. En voici un exemple : Matthieu 15.32 « Mais Jésus ayant appelé à lui ses disciples, leur dit : je suis ému de compassion envers cette foule ; car il y a déjà trois jours qu’ils restent auprès de moi, et ils n’ont rien à manger » (Mt 15.32). Dans le véri- table amour se conjuguent toujours la passion et la compassion. Jésus en est le meilleur exemple et c’est aussi ce que SAM global poursuit avec ses pro- jets et ses collaborateurs. Au travers des différents articles vous allez découvrir des gens passionnés et compassionnés. Il me reste plus qu’à vous souhai- ter une lecture (com)passionnée !

Sommaire

PRIS SUR LE VIF 02 éDITORIAL 03

ORGANISATION MISSIONNAIRE OU HUMANITAIRE ? 04 OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE (ODD) 05 MAIS QU’EN DIT LA BIBLE ? 06 L’ARTICLE DE BUT, LA GRANDE QUESTION 07 L’AMOUR OUVRE LES PORTES ET LES CŒURS 08 VOILÀ POUR QUOI MON CŒUR BRÛLE 10 RESTÉS PAR PASSION12 UNE RECETTE DE… 14 UNE FERME AVICOLE AU CAMBODGE 15 LE TEST DE VOCATION DE SAM GLOBAL 16 À LA MAISON EN SUISSE… VRAIMENT ? 17 JE N’AVAIS JAMAIS ENCORE AUTANT AIMÉ DES GENS 18 COUP D’ŒIL DANS LA BASE AU PAYS 19 INFOS EN VRAC 20 AU GRÉ DES ÉVÉNEMENTS 21 POULS FINANCIER 22 Impressum 23

Christophe REIFSTECK responsable dép. Europe Francophone

Juliane Crausaz, ancienne court-terme à ProTIM 2-2-2 Kissidougou, Guinée

Note sur la page de titre de ce numéro du Allons « passionnés » : la photomontre notre collaboratrice Helen.

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Objectifs de Développement Durable

Sommes-nous

une organisation

missionnaire ou

une organisation

Points forts de SAM global Objectifs de Développement Durable

Quelques projets

humanitaire ?

Deux dimensions Pour SAM global, la question de savoir si nous voulons ou non participer aux ODD ne se pose même pas : ils cor- respondent en grande partie à notre ADN. L’ONU, les politiciens ainsi que l’économie, qui devrait faire sa part (majeure) pour atteindre les objectifs de développement, visent en majorité une solution « technique » : énergies renouvelables, croissance économi- que, lois et normes sont censées ré- soudre le problème. Mais beaucoup de ces défis ont aussi une dimension spiri- tuelle : pauvreté spirituelle, addictions et dépressions, soif de sens et d’accep- tation, peur des esprits, conception di- vergente de l’équité… Un changement authentique Je suis convaincu que l’humanité n’ar- rivera pas à sauver le monde par ses propres forces, par le savoir-faire, la technique et la science uniquement. Une approche globale est nécessaire, abordant l’être humain selon ses be- soins spirituels, psychiques et physi- ques. Les objectifs globaux de dévelop- pement ne pourront manifester un ef- fet durableque si les humains changent de comportement et commencent à remettre en question leurs croyan- ces, leurs valeurs et leurs systèmes. Si « développement » ne signifie pas « toujours plus », si quelqu’un peut se satisfaire d’« assez » oumême renoncer pour le bien d’autrui, alors nous pour- rons expérimenter une vraie durabilité.

Amélioration des conditions de vie Objectif 1 : Pas de pauvreté Objectif 2 : Faim « zéro » Objectif 5 : Egalité entre les sexes Objectif 6 : Eau propre et assainissement Objectif 8 : Travail décent et croissance économique Formation médicale et sensibilisation Objectif 3 : Une vie en bonne santé pour tous les êtres humains Education de base et professionnelle Objectif 4 : Education inclusive, égale en droits et de qualité Formation théologique et pratique Objectif 16 : Paix, justice et institutions efficaces Sensibilisation en Occident Objectif 16 : Paix, justice et institutions efficaces

ProAGRO ProTIM 2-2-2 ActionVIVRE ProSERTÃO Lighthouse ProUDYAMI

Les Objectifs de Développement Du- rable, nommés ODD, sont une sorte de plan d’action pour mettre fin à la pauvreté, protéger la terre et amélio- rer les conditions de vie de tous les êtres humains d’ici à 2030. Les 17 ob- jectifs principaux et 169 secondaires de ce programme ont été signés en 2015 par tous les états membres de l’ONU. SAM global contribue aussi à atteindre ces objectifs Depuis sa fondation il y a plus de 130 ans, SAM global se donne à fond pour atteindre les ODD. La pauvreté a été combattue d’emblée (ODD 1), et les premiers collaborateurs ont commencé très tôt à offrir de l’aide médicale aux malades (ODD 3). On a fondé des éco- les et formé ultérieurement des artisans (ODD 4). Nous avons contribué à l’ODD 16 : paix, justice et institutions efficaces, en transmettant les valeurs chrétiennes et par la formation théologique ainsi qu’en soutenant des églises. Les ODD dans la Bible Certains des ODD reflètent des prin- cipes bibliques. La pauvreté est juste- ment mentionnée plusieurs fois dans l’Ancien Testament. Il faut prendre soin des pauvres et des affamés (ODD 2). Jé- sus a guéri des malades d’une manière exemplaire. Il a abordé la question de l’égalité des sexes (ODD 5) de façon très provocatrice pour l’époque. La lutte contre les inégalités (ODD 10) était ré- solue de manière impressionnante par le Jubilé tous les 50 ans.

Sommes-nous une organisation missionnaire ?

Les deux. Non, plutôt : ni l’une ni l’autre ! Ou encore : cela dépend de la façon dont on com- prend et interprète ces termes. Sommes-nous une organisation humanitaire ? Selon Wikipedia, une organisation humanitaire est une œuvre dans laquelle on apporte de l’ai- de. En règle générale, celle-ci est offerte à des êtres humains. Bien sûr, SAM global fournit une aide aux personnes et dans ce sens, nous som- mes bien une organisation humanitaire. Et pour- tant non, nous ne sommes pas simplement une organisation d’aide, ceci pour deux raisons : 1. Nous ne fournissons pas simplement de l’aide, mais faisons de la coopération au dé- veloppement. La coopération, c’est-à-dire la participation des personnes concernées aux processus de décision et de mise en œuvre, est aujourd’hui considérée comme une con- dition préalable fondamentale pour un tra- vail de développement efficace. C’est pour- quoi on parle aujourd’hui de coopération au développement (CD) plutôt que d’aide au développement, et c’est quelque chose qui me réjouit. 2. Quand on pense aux organisations huma- nitaires, on pense généralement en premier lieu à la dimension matérielle. Cependant, l’expérience montre que les problèmes ma- tériels ne peuvent souvent pas être résolus de manière durable avec un soutien maté- riel uniquement. Nous aimerions rencontrer les gens dans leur globalité et aborder les problèmes à différents niveaux. L’une des clés à cela est l’éducation. Cela signifie aus- si que nous voulons interpeler les gens sur leur conception du monde, leurs croyances religieuses ou leurs traditions afin de nous attaquer aux causes des difficultés. Cela in- clut par exemple aussi la lutte contre le fa- talisme. Un développement véritablement durable n’est possible qu’en assumant une responsabilité personnelle.

Le but principal d’une organisation missionnaire consiste à envoyer des missionnaires et à faire du travail missionnaire. Ces mots évoquent chez certaines personnes des associations négatives telles que la manipula- tion ou l’instrumentalisation à des fins religieuses. Ce n’est pas ce que nous vivons chez SAM global. Nous sommes ouverts à chacun et nous voulons provoquer un changement durable grâce à la coopération au développement professionnel. Ce que les personnes pensent de la foi chrétienne n’est pas significatif, dans le sens où nous voulons servir tout le monde avec le même engagement et le même amour. Quelle est notre motivation ?

ProESPOIR ProRIBEIRINHO SOLE Angola ProSALAAM ProRADJA’ ActionVIVRE ProTIM 2-2-2 ProSALAAM CCS ProEQUIPE HFCI

Qu’est-ce qui nous motive ? Notre article de but l’exprime ainsi :

« Elle (c’est-à-dire l’association SAM global) le fait avec la motivation de transmettre la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ d’une manière holistique (qui prend en compte toutes les parties de la personne : corps, âme et es- prit) et ses besoins. » Jésus a servi les gens en allant à leur rencontre sans préjugés et avec un amour inconditionnel. Il les a guéris et libérés, les a nourris et les a aussi enseignés. Finalement, Il est mort pour eux et a ainsi rendu possible l’accès à la réconciliation avec Dieu. C’est l’essence même de la Bonne Nouvelle ! Cette possibilité est offerte à tous, riches ou pauvres, hom- mes ou femmes, universitaires ou analphabètes, Africains, Asiatiques, Latinos ou Européens. En Christ, ces différences n’existent plus (voir Ga- lates 3.26-29) ; devant Lui, nous avons tous la même valeur. Jésus avait tous les hommes à cœur. Il a abordé les gens avec amour et les a servis de manière holistique, ce qui a changé des vies ! C’est pour cela que mon cœur brûle : « Serve And Multiply » (servir et multiplier), en suivant Son exemple et Son attitude, afin que tous les hommes puis- sent faire l’expérience de cet amour de Dieu qui change la vie d’une manière très pratique et qu’ils puissent connaître la réconciliation avec Lui et avec les humains.

ProSALAAM ProTIM 2-2-2 ActionVIVRE Chine

ProCONNECT Communication Evénements de SAM global

« Nous pouvons être la première généra- tion qui aura réussi à mettre fin à la pau- vreté, tout comme nous sommes peut- être la dernière génération à avoir encore une chance de sauver la planète. Le mon- de sera meilleur en 2030 si nous attei- gnons nos objectifs. » Source : Nations Unies

Jürg Pfister, directeur de SAM global

Andreas Zurbrügg, gestion de la qualité et des risques

04

Mais qu’en dit

L’ARTICLE DE but, la grande question

la Bible ?

aspects du mandat de SAM global, afin de pouvoir dura- blement changer la vie des êtres humains dans nos pays d’engagement. Et la certification ? Le comité a décidé de ne pas céder. Que se passera-t-il ? Dieu accordera-t-il un miracle ? En convainquant les responsables de Zewo ? Ou en rempla- çant de manière miraculeuse le financement supprimé ? Nous étions curieux de voir la suite… Le miracle s’est alors produit Quelque chose d’exceptionnel est arrivé. Pouvoir certifier SAM global semblait tellement important pour les res- ponsables de Zewo qu’ils ont activement cherché une so- lution. Ils nous ont soumis une version légèrement modi- fiée de l’article relatif au but, utilisant les termes existants mais simplement réorganisés ! Nous avons encore pris du temps ensemble pour discuter et prier, ressentant de plus en plus de paix. Nous avons peu à peu compris que nous étions effectivement témoins d’un miracle : le « nouvel » article correspond à ce qui nous tient vraiment à cœur et mentionne explicitement « Jésus Christ » Et c’est cela l’essentiel ! Il fallait franchir un dernier obstacle : 2/3 des membres de SAM global devaient approuver le changement de l’article relatif au but, ce qui a été fait en très peu de temps. Pour nous au comité, c’était une con- firmation évidente du chemin emprunté ! Nous pouvons avoir confiance Je constate rétrospectivement que Dieu a utilisé ce pro- cessus pour remettre l’accent sur la motivation de notre travail : le partage holistique de la Bonne Nouvelle de Jé- sus Christ. Cette motivation est ancrée de façon renouve- lée dans nos cœurs. Personnellement, j’ai pris à nouveau conscience que SAM global appartient à Dieu et que je peux avoir toute confiance qu’Il pourvoira toujours aux besoins, quelle que soient la voie et la méthode. N’est-ce pas encourageant ?

Pour SAM global, il est très important que notre travail change durablement certaines choses. Nous mettons un ac- cent important sur le professionnalisme et collaborons de- puis quelques années avec l’association Unité*. Elle vérifie nos projets tout en nous permettant de recevoir un soutien annuel de 500 000 francs suisses (465 000 euros) de la part de la DDC (organe de la Confédération Suisse pour la coopé- ration au développement), un montant déterminant. Mais ce soutien a été brusquement remis en cause l’année der- nière : toutes les organisations d’Unité devaient nouvelle- ment être certifiées par Zewo*. Le problème était que Zewo n’était pas d’accord avec la formulation de l’accent spirituel dans l’article définissant notre but. « Nous ne changerons en aucun cas l’article relatif au but. », telle fut la première réaction de notre comité. Nous n’avions encore aucune idée de la démarche émotionnelle et pourtant profitable dans laquelle nous allions nous engager… Nous étions convaincus que notre travail était professionnel et que nous méritions le label de qualité Zewo. C’était aussi l’avis de cet organisme, mais il fallait adapter l’article relatif au but pour mettre en évidence l’utilité générale. Cet article affir- me que le but de SAM global est la transmission de la Bonne Nouvelle. Nous étions sous pression : serions-nous infidèles à Dieu et à nous-mêmes en adaptant l’article à cause de l’argent ? D’une part, il s’agissait d‘une grande somme, qui nous permet- trait de continuer à servir les plus pauvres dans nos pays d’enga- gement. D’autre part, les possibilités de Dieu sont quand-même plus grandes et Il peut nous procurer les moyens nécessaires sans label de qualité ! Nous avons pris suffisamment de temps en comité et beaucoup discuté pour arriver à une décision, cherchant intensément la volonté de Dieu dans cette affaire. Fi- nalement, nous étions tous en paix avec l’idée ne pas modifier l’article relatif au but. Quelle est notre motivation ? Cette démarche s’est avérée être une source de grande béné- diction pour nous. Dieu s’en est servi pour que nous soyons con- frontés à beaucoup de questions élémentaires et fondamenta- les : qui sommes-nous vraiment en tant que SAM global ? Quel est notre but ? Où nous situons-nous dans le grand écart entre « la pure coopération au développement » et « la pure annon- ce de l’Evangile » ? Devons-nous procéder à un changement d’orientation ? Questions difficiles qui appellent des réponses. Le libellé de l’article relatif au but n’était plus au cœur de la dis- cussion, mais notre motivation, notre conviction profonde. Il y a finalement eu une prise de conscience commune : pour nous, la coopération durable et professionnelle au développement ET l’annonce de l’Evangile sont inséparables ! Nous voulons continuer et continuerons effectivement à poursuivre ces deux

Un sourire radieux Un exemple de notre projet ActionVIVRE Sud : Sira, mère de trois enfants, travaille quelques heures par semaine avec nous. Son fils aîné, Mamadou, a 15 ans. Il parle peu le français et dit à peine bonjour tant il est timide. Un jour, il est victime d’un grave accident de moto. Son menton est cassé et il a une triple fracture du tibia. La famille décide de l’amener dans la capita- le afin d’essayer de trouver un traitement adéquat. Les coûts de l’opération sont plus élevés que le salaire annuel de sa mère. La famille nous prie de les aider et nous par- ticipons à la prise en charge des frais de l’opération. Quelques semaines plus tard, Mamadou peut retourner à la maison. De- puis lors, chaque fois que nous le croisons, un sourire radieux éclaire son visage et il nous salue chaleureusement. Ouvrir les cœurs « Et le roi leur répondra : Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait cela à l’un de ces plus petits demes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Matthieu 25.40) C’est notre désir que par nos projets et l’aide concrète que nous apportons dans diverses situations, les cœurs des hommes s’ouvrent à l’amour de Dieu. Nous aime- rions que l’Esprit de Dieu nous guide pour transmettre la Bonne Nouvelle et aider ceux que Dieu met sur notre route.

Transmission de la Bonne Nouvelle et aide pratique : pour le travail de SAM global, les deux ont lamême importance. Mais qu’en dit exactement la Bible ? La comprenons-nous correctement ? Dans la Bible, nous lisons que Dieu a un plan de Salut pour l’humanité : « Lui qui désire que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (1 Timothée 2.4). Et Il nous confie la mission d’apporter Sa Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. » (Matthieu 28.19). Dieu s’intéresse vraiment à nous Simultanément, Dieu aime savoir ce que nous les hommes vivons au quotidien. Il aimerait faire partie de notre vie. Nous le voyons également dans les Evangiles, nous y trouvons diverses situations qui touchent le cœur de Jésus et l’émeuvent : • A la vue des foules, il fut rempli de compassion pour elles, car elles étaient blessées et abattues, comme des brebis qui n’ont pas de berger. (Matthieu 9.36) • Quand Jésus sortit de la barque, il vit une grande foule et fut rempli de compassion pour elle, et il guérit les malades. (Matthieu 14.14) • En voyant la femme, le Seigneur fut rempli de compassion pour elle et lui dit : « Ne pleure pas ! » (Luc 7.13) Par Jésus, nous voyons le cœur ému de notre Père céleste face à la maladie, à la solitude ou au désespoir. De plus, nous pouvons lire dans plusieurs passages de la Bible que Dieu se préoccupe particulièrement de ceux qui sont moins privilégiés. Cela va de pair Dans Esaïe 58.6-7, il est écrit : « Voici le genre de jeûne que je préconise : détacher les chaînes dues à la méchanceté, dénouer les liens de l’esclavage, renvoyer libres ceux qu’on maltraite. Mettez fin aux contraintes de toute sorte ! Partage ton pain avec celui qui a faim et fais entrer chez toi les pauvres sans foyer ! Quand tu vois un homme nu, couvre-le ! Ne cherche pas à éviter celui qui est fait de la même chair que toi ! » En tant que peuple de Dieu, nous sommes appelés à Le représenter sur terre, à transmettre Son message d’amour en paroles et en actes. Si nous lisons toute la Bible, nous constatons que la transmission de la Bonne Nouvelle et l’engagement social sont tous deux importants aux yeux de Dieu. Ils vont de pair. On ne peut pas seulement parler de l’amour de Dieu, il doit également se manifester par des actes.

Sandro et Amélie Maurer, ActionVIVRE Sud, Guinée

Michael Rohner, membre du comité

* Unité est l’organisation faîtière de la DDC (Direction du Développe- ment et de la Coopération) pour la coopération personnelle au déve- loppement. * La Zewo est un organe suisse de certification pour les organisations à but non lucratif. Elle garantit confiance et transparence en ce qui con- cerne les dons. Une organisation répondant aux 21 normes fixées par Zewo peut obtenir le label.

06

L’amour du prochain ouvre

les portes et les cœurs

Soutien pratique et transmission de l’amour de Dieu : les deux sont inséparables dans notre travail. Quatre collaborateurs racontent comment ils vivent et mettent cela en œuvre dans leur quotidien.

« Nous désirons vivre l’amour du prochain. » Avant même notre premier départ pour le Cameroun, il était clair que nous ne voulions pas seulement aider de façon compétente et pratique dans le pays d’engagement avec nos capacités professionnelles, mais que nous désirions servir les autres avec la passion que Jésus a mise dans notre cœur. Dans l’ouvra- ge « Das Buch der Mitte » (uniquement en allemand et en anglais), V. Mangalwadi explique entre autres que le combat contre la pauvreté peut seulement fonctionner de manière profonde et durable quand la vision du monde et le point de vue sont transformés, et des principes et valeurs bibliques tels que l’amour et la compassion sont intériorisés. Dans beaucoup d’autres religions règne le fatalisme, et des concepts tels que l’amour du prochain ou donner et recevoir de l’aide ne sont pas ou très peu présents. Dans notre culture occidentale aussi, des notions comme les droits de l’homme et la dignité humaine sont entrés en général seulement par la formation chrétienne. Le fait que Jésus soit devenu homme nous rend capables de devenir enfants de Dieu. Dieu s’est abaissé Lui-même pour nous élever. Nous suivons cet exemple : nous désirons vivre l’amour du prochain qui se donne lui-même inconditionnellement pour les autres. Maintenant nous sommes engagés au Sri Lanka et nous avons pris à cœur le verset du psaume 127.1 : « Si une maison n’est pas construite par l’Eternel, ceux qui la construisent travaillent inutilement. » Pour nous, cela signifie que nous offrons une chance à des jeunes Sri Lankais d’apprendre un métier et de fournir du travail de haute qualité. En même temps, nous désirons éveiller en eux la passion de travailler pour la gloire de Dieu. C’est Lui qui les a créés et les a qualifiés par des dons. Nous désirons être un exem- ple pour eux et leur transmettre, en plus de l’enseignement professionnel, une éthique orientée selon la Bible, et leur donner la possibilité de grandir dans leur personnalité. Nous aimerions qu’ils prennent soin de l’environnement et des gens autour d’eux et cultivent des relations respectueuses entre eux. Enfin, nous désirons les laisser aller vers un avenir qui leur donne des possibilités de revenu, de l’autonomie et une saine estime de soi.

« Avec la Bible sous le bras, nous ne vous aurions pas ouvert la porte. » Il y a 33 ans, nous avons fait nos valises et nous sommes partis au Brésil, motivés par les versets de Matt- hieu 28.19-20 : « … faites de toutes les nations des disciples. Enseignez-leur à mettre en pratique tout ce que je vous ai prescrit. » Nous essayons d’appliquer ce beau défi dans notre travail. Pour cela, nous mettons toujours d’abord l’accent sur des activités très concrètes : l’agriculture, par exemple, est très exi- geante chez nous dans le nord-est du Brésil très sec. Martin avait depuis toujours le désir de montrer aux agriculteurs des méthodes de culture nouvelles et meilleures. C’est ainsi qu’il a démarré un projet sur un terrain réputé pour son mauvais sol. Lorsque les paysans des villages de campagne ont vu que le terrain sec se transformait tout à coup en un bon sol fructueux, ils ont été étonnés. Nous avons eu toujours plus de demandes, et des jardins potagers et cultures durables ont vu le jour avec notre soutien. Beaucoup ont été encouragés à ensiler et composter, et le brûlage de précieuse matière verte a diminué. Là où l’eau manquait pour l’irrigation, nous avons pu aider à la construction de puits. Nous avons alors été invités dans différents villages. Susanne rassemblait chaque fois les femmes de la localité et leur enseignait par exemple la couture, le bricolage, la cuisine ou la pâtisserie. Partout où nous allions, nous rencontrions des gens ayant peu de revenus et une scolarisation insuffisante, et nous avons démarré des classes d’appui pour les enfants. Dans toutes nos activités, une chose était très importante pour nous : être une lumière pour Jésus et présenter Dieu comme le Créateur et le Sauveur qui nous aime. Une prière avant le repas, un verset biblique en guise de consolation, une parole encourageante, une simple accolade et d’autres petits gestes ont transformé les gens. Ils ont commencé à s’ouvrir et à réfléchir à Dieu. Il y a deux ans, nous avons accueilli une fille de 11 ans dans notre famille, ce qui a également fait une très grande impres- sion sur la population. Petit à petit, nous voyons comment les gens changent, apprennent à aimer Jésus et commencent à Le suivre. « Si vous étiez venus comme tous les autres chrétiens, avec la Bible sous le bras, nous ne vous aurions pas ouvert nos portes », nous a dit Arnaldo, un ancien alcoolique qui a suivi un cours chez nous. Il est maintenant un chrétien convaincu et un témoin puissant dans son village parce qu’il ne touche plus la moindre goutte d’alcool. Nous voulons donc être un livre vivant pour Jésus encore ces prochaines an- nées, aimer les gens et glorifier Dieu par nos actes et nos vies, car notre vie est un culte pratique pour Lui.

Rahel Ringger, CCS, Sri Lanka

Laisser des traces de guérison Une voix que je ne connais pas demande à entrer dans notre cour. J’imagine qu’un patient cherche de l’aide pour des brûlures. C’est très courant chez nous : les enfants se brûlent par exemple lors de la cuisson sur feu de bois, quelquefois les blessures sont très graves et étendues. Je dis à la femme avec l’enfant en pleurs d’entrer et lui offre une chaise. Après les salutations d’usage, je me rensei- gne sur le déroulement de l’accident. J’écoute, j’examine les plaies et j’essaie d’estimer le degré de brûlure. Chaque fois que je vois ainsi souffrir une personne, cela me fait pitié. Je désire aider le patient et sa famille et faire mon possible pour que tout se rétablisse bien. Cette aide pratique est pour moi une manière de vivre et de transmettre l’amour du prochain. C’est dur de nettoyer les plaies sans anesthésie locale. J’explique ce que je fais pour gagner la con- fiance. Quand les enfants pleurent et crient de douleur ou de peur, j’ai moi aussi de la peine. Mais je sais que c’est nécessaire afin que cela guérisse bien. Lorsque je constate que la guérison ne se déroule pas bien, je demande aux proches si je peux prier pour l’enfant. La plupart du temps, ils sont ouverts à la prière, car il est usuel de se bénir les uns les autres. Avec le temps et le traitement adéquat, les plaies se referment lentement ; cependant la nouvelle peau est claire. Les gens tentent souvent par n’importe quel moyen de la faire redevenir foncée. Je lave chaque fois leurs interventions et j’explique que Dieu nous a créés de façon géniale : nous devons attendre patiemment et nous verrons alors comment la peau redeviendra foncée sans notre aide. Ces traitements permettent d’établir des relations. Je suis sûre que cela laisse des traces dans la vie des personnes concernées et leurs familles.

Susanne et Martin Baumann, ProSERTÃO, Brésil

Comme leurs propres enfants Notre souhait est de transmettre l’amour de Dieu aux enfants du Tchad et leur offrir l’accès à une éducation de bonne qualité afin de leur donner de meilleures chances pour l’avenir. Voilà pourquoi nous avons mis en place une école chrétienne. Proverbes 22.6 dit : « Eduque l’enfant d’après la voie qu’il doit suivre ! Même quand il sera vieux, il ne s’en écartera pas. » Dans notre école Mustakhbal wa Radja’, la Parole de Dieu est enseignée aux enfants afin de leur transmettre l’amour de Dieu et les valeurs chrétiennes. Les visites aux parents offrent aussi la possibilité de faire connaître cela. Nous avons vraiment le désir d’apporter de l’aide aux enfants venant de familles démunies et aux orphe- lins. Dans les classes, nous sommes les témoins de l’amour de Dieu et nous prions pour les enfants malades ou pour des besoins spécifiques. Dans la culture locale, certains ne reçoivent pas d’affection de la part de leurs parents. Au sein de notre école, les enfants sont vraiment valorisés par les ensei- gnants, qui les traitent comme leurs propres enfants. C’est merveilleux !

Florent Nang-Tour, responsable du projet ProRADJA’, Tchad

Michelle Vögeli, ActionVIVRE Nord, Guinée

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Voilà pour quoi mon cœur brûle Beat Roggensinger, conseiller interculturel, Suisse/Portugal/Brésil Après plus de 30 ans d’engagement au Brésil, je construis maintenant des ponts en- tre les associations de communautés brésiliennes et portugaises, les organisations et personnes intéressées, et j’accompagne des Brésiliens et Brésiliennes qui se prépa- rent à un engagement en Europe. Je suis ravi que les Latinos veuillent poursuivre la mission de transmettre l’amour de Dieu. J’aimerais les encourager, les soutenir et leur faire part de mes expériences, afin qu’ils puissent partager l’amour de Dieu en Europe à leur manière, enthousiaste et naturelle. Helen M., Oasis, Tchad Mon cœur brûle pour les gens, en particulier pour les musulmans. Dans mon travail de sage-femme et dans mes relations avec les habitants d’ici, je vis toujours des mo- ments où Dieu agit de façon si évidente que je me dis : « Waouh, c’est comme dans les Actes des apôtres ! » Cela m’encourage à persévérer, même si d’un point de vue humain les circonstances extérieures sont difficiles. Martha Gafafer, ProESPOIR, Guinée Dieu a mis sur mon cœur un amour particulier pour les personnes vivant avec un handicap à cause de la lèpre. J’ai appris à connaître beaucoup d’entre eux dans leur foyer après de longues heures de voyage jusque dans leurs villages. La joie sur leur visage quand ils reçoivent de la visite et sont pris au sérieux m’a toujours enthousias- mée, et continue à m’émouvoir. Je n’oublierai jamais les noms de beaucoup d’entre eux. Varun, Lighthouse Battambang, Cambodge Mon cœur brûle pour ma famille et mes amis. Je désire qu’ils puissent apprendre à connaître Jésus-Christ. J’aimerais que les Cambodgiennes et les Cambodgiens et tous les être humains expérimentent et transmettent l’amour de Jésus. Anand R., HFCI, Inde Depuis que j’ai commencé à diriger une église il y a de nombreuses années, une question revient sans cesse : « Comment faire pour que l’Eglise corresponde à ce que Dieu imagine ? » Chaque matin, en me réveillant, ce désir m’enthousiasme et je me demande : « Que puis-je faire aujourd’hui pour Jésus, pour que l’Eglise lui ressemble de plus en plus ? » J’en suis convaincu, il nous faut davantage de personnes passion- nées qui partagent l’amour de Dieu avec les autres et j’aimerais contribuer à éveiller Chez « Cooperative Outreach of India », nous mettons tout en œuvre pour diminuer les souffrances des hommes comme Jésus l’a fait lorsqu’Il les rencontrait. Nous nous engageons en outre avec passion pour partager la Bonne Nouvelle de Jésus avec amour aux personnes qui ne la connaissent pas encore. Beatrice Gugelmann, ProUDYAMI, Népal ce désir et à les former. Ramesh L., COI, Inde Mon cœur brûle pour les habitants du Népal, en particulier pour les femmes. Nous ai- merions les encourager et les soutenir pour découvrir et mettre en valeur le potentiel que notre Créateur leur a donné. Voir comment elles prennent davantage confiance en elles durant la formation d’entrepreneuses et mettent en pratique les idées de façon concrète, me remplit de joie !

Cornelia Hollenstein, Mãos que Criam, Brésil Mon cœur brûle pour les gens qui n’ont aucune chance de mener une vie digne sans aide, et pour Dieu, qui me donne la paix et un sens à ma vie dans toutes les situations. J’aime- rais aider les enfants et les femmes à comprendre que leur vie n’est pas sans valeur ou inutile, même si les circonstances le laissent à penser. Une assistante sociale d’un orpheli- nat d’Etat m’a remerciée une fois et m’a dit : « Votre engagement pour les enfants, l’amour, la patience et les valeurs bibliques que vous transmettez amènent un changement positif même chez les plus petits. » Cela encourage et aide à persévérer. Aristarque Djingri Lankoandé, CEFM, Burkina Faso Ma passion est de m’engager dans l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, en particulier à ceux qui n’en ont pas encore entendu parler. En tant que coach des collabo- rateurs dans le ministère transculturel au CEFM, mon rôle est d’accompagner et encoura- ger mes frères et sœurs. J’éprouve une grande satisfaction et joie, chaque fois que je suis aux côtés d’un couple sur le terrain, pour encourager, donner des conseils et apporter consolation dans les difficultés ! Daniel de Souza, ProRIBEIRINHO, Brésil Dès ma jeunesse, Dieu m’a préparé de diverses manières à accomplir un jour quelque chose d’important. J’ai par exemple suivi une formation technique dans l’agriculture et j’ai très vite remarqué que je voulais utiliser mes connaissances pour venir en aide aux habi- tants de ma région. Je peux maintenant me servir de tout cela dans mon travail parmi les habitants des fleuves. Pasteur Diniz Ezequiel, TWR, Angola Depuis 2003, je m’engage dans les programmes de la radio TWR. Ce service est très important, car il permet d’atteindre des personnes qui ne peuvent pas se rendre dans une église. Chaque mois, je reçois entre cinquante et soixante réactions d’auditrices et d’auditeurs qui réclament une aide spirituelle. Samuel Tom, ProVIDA, Brésil Voir comment des personnes dont la vie est brisée et qui n’ont apparemment plus d’es- poir sont sauvées et totalement transformées est la plus grande joie dans mon travail. Il vaut la peine de vivre pour cela et de diffuser le message de l’amour de Dieu qui change Ma passion est de partager la vie des autres, de les écouter, de prendre part à leurs joies et peines. Par cela, j’ai le désir qu’ils en apprennent davantage sur l’amour de Dieu, sur l’espérance et la joie que Jésus me donne et qu’ils puissent eux aussi découvrir ce grand trésor. Tamba Etienne Telliano, médias chrétiens, Guinée Je suis comédien et producteur vidéo. J’aimerais contribuer à la formation et au dévelop- pement du peuple guinéen, par mon travail artistique basé sur une éthique chrétienne. Découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles personnes, de nouvelles cultures et par- tager nos valeurs respectives, formant une seule unité, reste pour moi la meilleure chose au monde. Je ressens cela comme une vocation ; c’est ce qu’il y a de mieux pour moi, surtout si ce travail aide à découvrir l’amour de Jésus. des vies. C’est pour cela que bat mon cœur ! Anne-Marie Aellig, Bakan Assalam, Tchad

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Restés par passion

Parfois, la passion est plus forte que le bon sens. Elle pousse les gens à prendre des décisions qui n’ont pas l’air sensées. Voici deux exemples de collaborateurs passionnés et courageux qui ont décidé, contre toutes les voix qui voulaient les ramener à la raison, de rester alors que des crises se- couaient le pays dans lequel ils travaillaient.

Renate et Emanuel Wieland ProTIM 2-2-2 Kissidougou, Guinée

leurs revenus à cause du confinement et d’au- tre part, les prix des aliments ont beaucoup augmenté car l’acheminement des marchan- dises n’était plus possible. Nous avons beau- coup investi dans l’agriculture et avons aussi encouragé d’autres personnes à être particu- lièrement impliquées pour produire elles-mê- mes leur nourriture et s’assurer un revenu. Nous avons soutenu la culture du maïs et attribué des petits crédits pour promouvoir celle des légumes et du riz. Dans l’intervalle, la première récolte de maïs a pu être faite. Nous resterons ici Grâce à Dieu, la Moyenne Guinée où nous habitons a été bien épargnée par le virus jus- qu’ici, et nous sommes contents d’avoir pu participer à cela par nos mesures de sensibili- sation. Nous ne pouvons toutefois pas encore savoir combien l’économie va souffrir de la si- tuation. Les experts pensent que des millions de gens vont tomber dans la pauvreté. De toute manière, la pandémie reste un très gros défi pour le système de santé fragile. Un triste exemple : un jeune couple est arrivé à l’hôpital car la femme allait accoucher. Or, ce matin-là justement, un homme avait été testé positif au corona. Tout s’est bloqué car le personnel a paniqué. Lorsque la femme a finalement été soignée vers 13h, les médecins ont vu qu’une césarienne était nécessaire. Il était toute- fois trop tard : le bébé était déjà mort. Il reste beaucoup à faire et pour nous une chose est claire : nous voulons rester ici pour partager la vie et transmettre l’espoir.

Le début de la crise du corona a été très agité à Kis- sidougou. Les événements se sont précipités. Nous nous sommes rapidement lancés dans un travail d’éducation et de sensibilisation. Nous avons com- mencé à informer nos collaborateurs, puis l’école bi- blique à Télékoro et les apprentis mécaniciens. Nous nous sommes ensuite réunis avec les personnes-clés de l’église pour leur montrer l’importance d’une uti- lisation judicieuse des aliments disponibles et de la culture de maïs, de riz et d’autres plantes. Et finale- ment, tous les pasteurs de la préfecture ont été invi- tés à Kissidougou afin que nous leur partagions éga- lement ces informations. Rester ou partir ? La question suivante s’est ensuite posée : rester ici ou retourner en Suisse ? Pour nous, il a tout de suite été clair que nous resterions. Nous serions utiles ici en Guinée et nous ne faisions pas directement partie d’un groupe à risque. Nous sommes ici à la maison. Beaucoup de choses pourraient nous arriver ici en Guinée sans que nous ayons la possibilité d’obtenir l’aide ou les soins que nous recevrions en Suisse, et cela même sans le coronavirus. C’est une chose avec laquelle nous vivons de toute manière, dans un pays comme la Guinée. Cela fait-il partie de l’appel, de la confiance en Dieu ou est-ce de l’insouciance ? En tous les cas, cela n’était pas une question pour nous, car nous avons vu l’urgence de rester et d’aider jus- tement dans une telle situation. Ces derniers mois, nous avons souvent entendu : « Merci d’être restés ici, de nous aider de manière très pratique, de partager notre vie et de prier pour nous ! » Problèmes complexes En plus du danger du virus lui-même, nous nous sommes trouvés confrontés à deux gros problèmes : d’une part beaucoup de personnes ont perdu tous

Comment je vois aujourd’hui ma décision d’alors ? Je me réjouis beaucoup de ce que Dieu m’ait appelée en Angola il y a presque 50 ans. Il m’a donné une passion pour ce peuple et avant tout pour les personnes invalides. Cette passion a pesé alors dans la balance. Je voulais être prête à accom- pagner la population et partager ses souffrances et ses joies, même lorsque cela devenait difficile et douloureux. Je n’ai jamais regretté ma décision d’alors. L’église locale a trouvé et trouve encore très significatif le fait que je sois restée à Kalukembe. Pourtant je sais que Dieu peut conduire d’autres personnes, ou même moi à un autre moment de ma vie, à prendre des décisions différentes. La passion reste Maintenant encore, alors que je vis une retraite active, je veux continuer à m’en- gager avec passion en Angola et pour ce pays, avant tout pour soutenir les gens qui se trouvent sur le côté sombre de la vie. Cette passion doit être communicati- ve et se transmettre à nos collaborateurs. Sans passion, la vie me semble fade. Res- ter passionné dans le service pour Jésus, c’est ce qu’il y a de plus beau dans la vie terrestre !

Elisabeth Gafner Angola

Régulièrement, mes pensées reviennent à une expérience déterminante de ma vie : en 1993 j’étais au lit avec l’hépatite A lorsque tous les collaborateurs interculturels ont reçu l’ordre de quitter immédiatement l’Angola en raison de la guerre. Les routes n’étaient plus utilisa- bles à cause des raids et des vols d’évacuation ont donc été organisés. Un grand conflit s’est déroulé dans mon cœur. Est-ce que ma vie avait plus de valeur que celle de mes collabo- rateurs angolais ? Dieu nous a-t-il promis de nous garder de tout danger dans notre service pour Lui ? Devions-nous fuir ces dangers ? J’ai répondu un « non » clair à ces questions. C’est pour cette raison que je me suis décidée à res- ter en Angola, malgré les consignes de SAM global. Mamère a commenté ainsi la situation : « Je savais qu’Elisabeth resterait ! » Mon église d’envoi m’a suivie dans ma décision et a con- tinué de me soutenir dans la prière et finan- cièrement. Une décision qui a des conséquences Exactement une année plus tard, j’ai dû fuir de Kalukembe avec la direction de l’église, le per- sonnel médical et la population. Deux mois et demi plus tard et après de nombreux détours, je suis arrivée en Suisse juste avant Noël. Ce temps en Europe s’est révélé un défi person- nel, presque plus difficile que de rester dans les confusions de la guerre et que la fuite elle- même, avec toutes ses incertitudes.

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Qu’ai-je fait au Cambodge ? J’ai vendu des œufs ! Comment j’en suis arrivé là ? Dieu m’y a conduit pas à pas. Déjà enfant, j’étais fasciné quand des collaborateurs rendaient compte de leur travail à l’étranger dans notre église, si bien qu’il a été très tôt évident que je souhaitais un jour servir Dieu dans un autre pays. Adolescent, je me suis engagé dans le groupe de jeunes et j’y ai découvert une passion pour encourager les au- tres. J’ai achevé l’école de commerce et ai cherché intensément le plan de Dieu pour ma vie. Je me suis rendu en Asie dans ce but, rencontrant plusieurs collaborateurs interculturels et parlant avec toutes sortes de personnes. Un Indien m’a dit de rentrer chez moi pour continuer ma formation ! Dieu m’a effectivement ouvert une porte pour des études en économie d’entreprise. Je ne m’y sentais absolument pas à ma place, plutôt comme un extra-ter- restre. Dieu m’a néanmoins soutenu, confirmant ce chemin et me donnant une passion pour les affaires. Qu’attends-tu de moi, ô Dieu ? Quelques années plus tard, je me suis rendu avec ma femme au Cambodge pour un engagement parmi les enfants des rues. Le travail nous plaisait bien, mais le désir grandissait en moi d’ai- der par les affaires. Je ne cessais de demander : « Qu’attends-tu de moi, ô Dieu ? » Un jour, une porte s’est ouverte et nous avons déménagé dans une autre ville et commencé les recherches. De quel genre de business a-t-on besoin, comment pouvons créer des places de travail et aider les gens ? Normalement, en fon- dant une entreprise, on fait l’inverse : on sait faire ou on connaît quelque chose et on le concrétise. Pour nous, c’était comme une page blanche, nous savions simplement que rien n’est impossi- ble à Dieu. Au fil du temps l’idée est née d’élever des poules, de produire des œufs pour les hôtels et les restaurants et de créer ainsi des places de travail. C’était le démarrage de notre projet « eggscellent ». Nous sommes des récipients fissurés Je ne suis pas prédicateur, mais patron et chrétien. Cela imprègne mon travail, ma façon d’être avec mes collaborateurs. Nous nous en occupons comme d’une famille. Nous le ressentons particu- lièrement en cette période de coronavirus : tous les restaurants et les hôtels ont fermé brusquement, nous ne pouvons plus ven- dre qu’une petite partie de nos œufs. Nous avons été solidaires et continué ensemble. Mes collaborateurs me tiennent à cœur et ils doivent s’en rendre compte. C’est à cause d’eux et pour eux que je suis là. Quand je leur raconte quelque chose, Dieu joue toujours un rôle. En tant que chrétien, je ne peux pas séparer l’aide prati- que de la transmission de l’Evangile de Dieu, qui fait habiter Son message en nous qui sommes des récipients fragiles, et je souhai- te que Sa lumière brille au travers de nos fissures. Nous laissons à nos collaborateurs une place pour parler de Dieu et poser des questions ; nous prions parfois ensemble. Il m’importe qu’ils gar- dent leur liberté dans ce domaine, mais ils savent que Dieu est le plus important pour moi. Le chemin compte plus que le résultat Dieu parcourt un chemin avec nous. Il m’a préparé à mon travail au Cambodge pas à pas et je Lui ai donné ce que j’ai : mes pas- sions, ce que je sais, mes talents. Il s’est servi de tous ces éléments. Mais le chemin est plus important que des résultats couronnés de super-succès. Dieu utilise chaque pas et je ne peux pas, ne dois pas devenir dépendant du résultat, mais uniquement de Dieu.

B orbor kreung une recette de Somaly Bernhardt Lighthouse Battambang, Cambodge

En fait, je ne dirais pas que la cuisine est ma pas- sion. Cela fait partie de la vie quotidienne, j’ai grandi avec. Cependant, il y a un plat que j’aime particulièrement cuisiner. C’est une spécialité cambodgienne très appréciée par notre famille et par les invités étrangers : le borbor kreung (prononcer : « bobo cruèng »), soupe-porridge de riz. Je suis heureuse de vous donner cette savoureuse recette. Cela éveillera peut-être en vous une passion pour la nourriture cambod- gienne ?

Une ferme avicole au Cambodge : les voies de Dieu pour moi Le pas suivant : SAM global ! Le pas suivant pour moi, c’est mon travail comme res- ponsable auprès de SAM global. Ce qui me plaît dans cette organisation, c’est que l’atteinte des objectifs n’est pas au centre, mais la personne et le chemin que Dieu parcourt avec nous. Je suis certain que Dieu m’y a prépa- ré pas à pas et je me réjouis de voir comment Il utilisera dans ce nouveau travail les diverses expériences que j’ai faites !

Ingrédients pour 4 personnes

3.2 l 160 g 400 g 120 g

d’eau de riz, par exemple du riz au jasmin

de poulet avec les os de germes de haricots de nouilles de riz d’herbes, par exemple coriandre d’oignons de printemps (corresp. à environ 1 botte) limettes gousses d’ail ... poivre et piment en poudre ou pâte de piment à volonté

David Keller a vécu pendant 13 ans au Cambodge avec sa famille et travaille maintenant chez SAM global comme responsable pour l’Asie.

80 g 20 g 40 g

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Nous sommes en 2010 au Cambodge. Je viens de mettre mon jeune fils dans son lit propre ; un ventilateur ronron- ne dans sa chambre pour rendre la chaleur supportable. Je sors les ordures et j’aperçois une femme qui fouille les sacs poubelle. Un petit bébé du même âge que mon fils est couché dans une corbeille sur son vieux vélo ; l’enfant est sale, habillé de haillons. Je m’adresse à la maman. Au lieu de se mettre le soir à table au restaurant ou à la maison comme notre famille, elle fouille les poubelles à la recher- che de quelque chose à manger. Au lieu de dormir comme nous dans une maison climatisée, elle se couche chaque soir avec un couteau sous la couverture, de peur que quel- qu’un ne lui fasse du mal, à elle ou à son fils. Et cela directe- ment devant la porte de ma maison ! Je l’embauche comme collaboratrice à eggscellent. Elle est devenue entre-temps une collaboratrice fidèle et sa situation financière s’est net- tement améliorée. Son fils, emmailloté autrefois dans des haillons et couché sur le vélo, fréquente une bonne école. Je suis très heureux que cela aille mieux pour elle et qu’elle n’ait plus besoin de fouiller les ordures ! Je crois que cette aide pratique vient toujours en premier, mais ce n’est pas tout. Je souhaite de tout cœur que les personnes appren- nent aussi à connaître Dieu et expérimentent Son amour.

Préparation à la table : Mettez d’abord les nouilles de riz et les ger- mes de haricots dans l’assiette à soupe vide, puis versez la soupe chaude par-dessus et affinez-la avec d’autres ingrédients provenant des petits bols. Une tranche de citron vert est importante pour affiner le goût. Maintenant, tout est mélangé et assaisonné si nécessaire. Bon appétit ! Mais attendez, d’abord la prière ! Notre fils cadet souhaite généralement chan- ter avant le repas. Enfin : bon appétit du Cambodge !

1. Mettez de l’eau dans une grande casserole. 2. Coupez le poulet en 2 à 4 morceaux. 3. Lorsque l’eau bout, ajoutez le poulet et faites-le cuire pendant 30 minutes. 4. Après 30 minutes, ajoutez le riz et faites cuire pendant 20 minutes supplémentaires. 5. Hachez finement l’ail et faites-le revenir dans une poêle jusqu’à ce qu’il brunisse. Ensuite, mettez-le dans un petit bol. Coupez les limettes en tranches. 6. Mettez les limettes, les herbes, les oignons nouveaux, les pousses de haricots et les nouilles de riz dans des petits bols. 7. Après 20 minutes, écumez le poulet et laissez-le refroidir. 8. Retirez les os de la viande à la main et remettez les petits morceaux dans la soupe. Assaisonnez la soupe avec du sel ou du bouillon.

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