FNH N° 1133

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SOCIÉTÉ

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 14 DÉCEMBRE 2023

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◆ La corruption continue de sévir dans plusieurs secteurs stratégiques au Maroc, paralysant ainsi leur activité. Ce qui devrait inciter les institutions publiques à opérer un changement de paradigme, en sus de faire valoir une réglementation corsée et une prise de conscience afin de couper court à ce fléau. ◆ Entretien avec Mohcine Berrada, Management partner IRM Consulting, expert en prévention et détection de fraudes internes et essayiste. «Il faut lutter contre l’analphabétisme managérial de certains élus» Corruption

Propos recueillis par M. Boukhari

Finances News Hebdo : Selon le dernier rapport annuel 2022 de l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC), 63% des MRE classent la cor- ruption parmi les trois principaux obstacles pour investir au Maroc. Par ailleurs, 68% des entreprises jugent le problème très préoccu- pant. Que pouvez-vous nous en dire ? Mohcine Berrada : Ces résultats confir- ment, enquête après enquête, la percep- tion qu’ont les acteurs citoyens et organi- sations de la corruption comme principal obstacle au développement économique et social et son effet négatif sur la crois- sance saine du PIB. La corruption fait fuir l’investissement des MRE, réduit l’inves- tissement privé et sape l’investissement public. Chaque année apporte son lot de scan- dales. Phénomène macrosocial, la cor- ruption n’épargne aucun secteur de la vie économique, politique, sociale et institutionnelle. Même l’appareil judi- ciaire en est atteint, des juges chargés de juger, ne respectant pas le serment prêté. L’université censée élever les consciences, également. Le secteur prive n’est pas en reste, puisque la tricherie et l’arnaque sont monnaie courante dans certains secteurs d’activités atypiques, n’hésitant pas à saisir les opportunités, quel que soit le prix a payer.

Nos admi- nistrations devraient être notées sur leur respect des lois et réglemen- tations qui s’imposent à elles et aux fonction- naires qui y travaillent.

F.N.H. : Environ 50% des citoyens, 41% des MRE et 47% des entre- prises considèrent que les poli- tiques publiques de lutte contre la corruption sont inefficaces. Êtes- vous du même avis ? Pourquoi ? M. B. : Par ci et par là, des voix s’élèvent en effet pour dénoncer la léthargie des

gouvernements qui, faute d’action volon- taire, et avec un discours anesthésiant loin du discours royal, ont choisi la fuite en avant et l’affichage de slogans de séduction, étalant le spectacle de l’im- puissance à imaginer le futur; à imaginer le juste. SM le Roi Mohamed VI, que Dieu L’assiste,

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