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ECONOMIE
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JEUDI 16 JUIN 2022
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Hausse du Smig dans le privé
◆ L’annonce de la hausse du Smig dans le secteur privé a été bien accueillie par une partie de l’opinion publique. ◆ En revanche, l’avis de certains économistes laisse planer quelques doutes quant à l’impact de la valorisation du salaire minimum sur le pouvoir d’achat des salariés. Au-delà de l’effet d’annonce P lusieurs Etats développés et émergents érigent la préservation du pouvoir d’achat en tionnistes, à l’instar de celles exacerbées par la guerre en Ukraine. la flambée des prix tant au niveau national qu’internatio- nal. Par M. Diao
naît qu’au regard de l’impact économique de la crise de la Covid-19 et de la hausse des prix des intrants causée par la guerre en Ukraine, la reva- lorisation du salaire minimum dans le secteur privé revient à demander un effort sup- plémentaire aux TPME, pre- mières victimes collatérales de la pandémie. «La hausse du Smig dans le secteur privé devrait être pensée de façon plus globale, en lien avec la pression fiscale supportée par les TPME et la compétiti- vité de nos entreprises», sug- gère l’économiste. Ce dernier minimise également l’effet de la hausse du smig dans le privé sur le pouvoir d’achat de la population cible ainsi que l’impact positif sur la consom- mation des ménages, com- posante-clef de la demande intérieure. Notons que si certains obser- vateurs alertent sur les risques de la progression de l’informel suite à la hausse du salaire minimum dans le privé et la hausse des omissions des déclarations de salariés à la CNSS, Akesbi adopte une posture plus pondérée. Tout en soulignant l’effet marginal du nouveau dispositif, il rap- pelle que la problématique de l’informel qui perdure depuis des années et la question des salariés non déclarés à la CNSS sont beaucoup plus complexes et commandent à l’Etat d’apporter des solutions à la hauteur de leurs consé- quences néfastes sur les plans économique et social. ◆
Pour rappel, au Maroc, le gou- vernement a signé le 30 avril 2022 (à la veille de la fête du travail du 1er mai) un accord social avec les principaux syn- dicats du pays et la CGEM autour du dispositif-phare portant sur l’augmentation du salaire minimum dans le privé et le public. Concrètement, l’accord prévoit, entre autres, une revalorisation du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) de 10% sur deux ans dans les secteurs de l’industrie, du commerce et des services, sachant que pour l’heure, le salaire mini- mum est fixé à 2.638 dirhams net. Le timing de la conclusion de l’accord tripartite n’est pas fortuit, puisque celui-ci est intervenu à quelques heures de la fête des travailleurs et dans un contexte marqué par
Impact limité Interpellé sur l’impact de cette mesure sur le tissu écono- mique, l’économiste Azeddine Akesbi relativise, sous cer- tains angles, la portée du nou- veau dispositif. « Il faut tout d’abord garder à l’esprit que la population salariée, suscep- tible de bénéficier de cette mesure, demeure limitée par rapport à la population active occupée» , analyse-t-il. Et d’ajouter : «En faisant le calcul de l’augmentation sur la fiche de paie des smigards dans le privé, l’on s’aperçoit que le montant est infime, surtout dans le contexte inflationniste que connaît notre pays suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie». Par ailleurs, notons que ce sont près de 50.000 fonction- naires qui devraient bénéficier de la valorisation du salaire minimum qui sera porté à 3.500 DH dans le public. Au-delà de ce rap- pel, Akesbi alerte sur le caractère structurel de la hausse des prix, qui devrait encore s’accentuer à l’avenir. Il appelle l’Etat à prendre des mesures, à l’aune des risques éco- nomiques et sociaux générés par la flambée des prix des hydrocarbures, dont le sec- teur prête toujours le flanc aux critiques en termes de gouver- nance. Notre interlocuteur recon-
priorité nationale. Faudrait-il le rappeler, la demande est une composante essentielle de la machine économique. A titre illustratif, en France, le Code du travail prévoit une revalorisation automatique du Smic (salaire minimum de croissance) en cours d'année lorsque l'indice des prix à la consommation (IPC) connaît une augmentation de plus de 2% par rapport à l'indice pris en compte lors de l'établisse- ment du dernier montant du Smic. Ce dispositif de l’Hexa- gone concourt à la préserva- tion du pouvoir d’achat des citoyens, susceptible d’être rogné par des poussées infla-
La revalorisa- tion du salaire minimum dans le secteur privé revient à demander un effort sup- plémentaire aux TPME, premières victimes col- latérales de la pandémie.
L’accord social tripartite a pour dispositif-phare l’augmentation du salaire minimum dans le privé et le public.
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