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JEUDI 27 OCTOBRE 2022
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santé publique, avec des conséquences défavorables sur la santé entraînant la mort prématurée. Sur un plan épidémiologique, on considère que la maladie rénale chro- nique (MRC) toucherait plus de 3 millions de Marocains, dont beaucoup arrivent chaque année au stade terminal. L’absence d’un registre national rend difficile l’esti- mation des variables. Cependant, selon les quelques données disponibles, l’inci- dence de l’insuffisance rénale chronique (IRC) serait de 4.200 malades par an, dont
40% de diabétiques (nombre de cas apparus pendant une année au sein d'une population) et sa prévalence de 3.400 malades par an (proportion de personnes malades à un moment donné). La prévalence concerne les cas existants, tandis que l’incidence
L’état actuel montre des chiffres de plus en plus alarmants et la mala- die rénale devrait devenir la cin- quième cause la plus courante de mortalité dans le monde d'ici 2040.
concerne les nouveaux cas. Le Maroc dis- pose de 410 centres de dialyse. L’âge moyen de nos patients reste jeune, aux alentours de 50 ans. La greffe, quant à elle, reste loin des aspirations et attentes des patients et du corps médical, alors qu’elle représente à la fois la meilleure et la moins coûteuse des techniques de traitement de la maladie rénale au stade terminal. F.N.H. : Dans quelle mesure la modi- fication de la loi relative au don ou à la transplantation d’organes et de tissus humains pourrait-elle per- mettre de sauver les personnes en attente désespérée de greffe ? Pr A. B. : Le législateur a toujours tenté de mettre en place un cadre protecteur pour la personne humaine et éviter les dérapages. Au Maroc, la transplantation d’organes est gérée par des textes de loi publiés dans le Bulletin officiel (loi n°16-98 relative au don, au prélèvement et à la transplantation). Ces textes mériteraient d’être revus pour être mieux adaptés à la pratique. Notre asso- ciation a demandé, depuis des années, de modifier la loi afin que nous soyons tous des donneurs sauf ceux qui s’inscriraient sur le registre du refus. A l’instar d’autres pays, cette procédure pourrait favoriser le déve- loppement du don d’organes après le décès en permettant au moins une disponibilité d’organes. Au Maroc, beaucoup de conci- toyens souhaitent être donneurs, mais la procédure d’inscription, qui s'opère auprès des tribunaux, constitue une difficulté pour eux. Nous devons commencer par avoir des organes à disposition et franchir en parallèle l’étape d’équipes et de compétences, car aujourd’hui, en faisant une greffe tous les deux ans, on ne peut pas parler de perfor- mances.
F.N.H. : Vous avez effectué récem- ment une conférence-débat pour informer et sensibiliser au don d’or- ganes et de tissus. Pourquoi est-il vital aujourd’hui de tirer la sonnette d’alarme sur ce procédé médical qui sauve pourtant des vies ? Pr A. B. : C’est pour qu’un jour les Marocains puissent espérer être traités par une trans- plantation d’organes pour les sauver. Allons- nous rester sans rien faire ! Quand allons- nous travailler sur des actions de commu- nication et d’information régulière pour être proches du citoyen et l’aider à avoir toutes les informations nécessaires. Notre asso- ciation REINS, la seule qui travaille sur la sensibilisation et l’information par tous les moyens depuis de nombreuses années, a fait des recommandations dans l’espoir de faire évoluer le don et la transplantation d’organes dans notre pays et, du coup, réduire le poids de l’insuffisance rénale. Nous sommes conscients que le déve- loppement de la transplantation d’organes dans le Royaume ne surviendra jamais sans un réel engagement de notre société. Lors de la conférence mettant en exergue la journée mondiale, célébrée chaque année le 17 octobre, le débat a porté sur la situation du don et de la transplantation d’organes au Maroc et la transplantation d’organes dans tous ses aspects, humains, législa- tifs, religieux, sociaux et économiques. La conférence a aussi mis en évidence les élé- ments qui peuvent influencer l’acceptation ou le refus du don tels que les croyances, les convictions et la perception de la mort et les valeurs éthiques qui doivent guider cette thérapeutique.
F.N.H. : Vous êtes pionnière de la discipline néphrologique au Maroc, pédiatrique notamment. Vous avez écrit de nombreux ouvrages scien- tifiques sur la maladie rénale. Qu’est-ce qui vous motive à continuer ce combat de longue haleine ? Pr A. B. : Le don d’organes est un don pour la vie. Un acte de partage et de solidarité qui nécessite la mobilisation de toutes les composantes de la société marocaine, en particulier les profession- nels de la santé et les médias, afin de contribuer à ancrer la culture du don au sein de la société marocaine. Il y a un besoin urgent de développer la transplan- tation d’organes en général, et rénale en particulier. L’association REINS lance un appel urgent au changement de la loi pour sauver des vies. Soyons tous donneurs pour offrir une solution aux nombreux patients qui en ont besoin, sachant que personne n’est à l’abri, nous pouvons tous en avoir besoin ! Je continue ce combat, parce que je vois de nombreux enfants mourir, par insuffisance rénale terminale à défaut d’être greffés. Je suis depuis longtemps dans des organismes internationaux et je suis les expériences des pays développés où les enfants sont prioritaires pour la transplantation à partir de donneurs en état de mort, et priori- taires pour leurs parents qui sont très souvent donneurs vivants, évitant même à l’enfant de passer par la dialyse. Sont-ils plus humains ? Ont-ils une sensibilité plus intense ? Ou simplement, travaillent-ils pour sauver leurs concitoyens ? ◆
L’analyse de toute l’acti- vité de greffe et de tous les acteurs sup- posés inter- venir dans sa progression montre qu’il n’y a pas vrai- ment d’efforts consen- tis pour offrir aux Marocains ce traitement.
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