FNH N° 1171

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 31 octobre 2024 - 8 DH - N° 1171

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Transferts de fonds

Un marché en plein boom porté par la diaspora et le digital P. 12 à 16

MAROC-FRANCE

Amitié revisitée, ambitions redessinées

P. 2/4/18 à 22

Bourse

Industrie pharmaceutique Les limites de la baisse des prix des médicaments P. 24 à 26

Projet de loi sur la grève Zoom sur une réforme qui divise

L'effet octobre, un mythe à déconstruire ?

P. 32

P. 6

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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JEUDI 31 OCTOBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

SOMMAIRE

Editorial

Voyons voir : Sous les averses, un défi structurel Ça se passe au Maroc 3 4 3 ACTUALITÉ Point Bourse Hebdo : Calme plat sur les actions Bourse : L'effet octobre, un mythe à déconstruire ? Gestion d’actifs : Vers une performance record en 2024 pour les OPCVM Etablissements et entreprises publics : Entre défis et ambitions, cap sur 2027 Salon de l'épargne : Une deuxième édition plus riche et plus populaire Stratégie nationale d’inclusion financière : Le bilan 5 ans après 5 6 7 8 9 10 5 BOURSE & FINANCES

17 ECONOMIE

Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication

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Campagne agricole : Un démarrage sous de bons auspices Maroc-France : Une amitié revisitée, des ambitions redessinées Maroc - France : Main dans la main pour une coopéra- tion économique durable Macron au Parlement : «Pour la France, le présent et l'avenir du Sahara s'inscrivent dans le cadre de la sou- veraineté marocaine» PLF 2025 : L’heure est à la restauration du pouvoir d’achat des ménages Entretien avec Abdelmajid Belaïche : Industrie phar- maceutique, «L’indexation des prix permettra de protéger notre pays contre le danger de pénuries de médicaments» Défaillances d’entreprises : Comment la conjoncture asphyxie les petites structures Formation par alternance : Une réponse à la crise de l’emploi ?

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Une alliance d’exception Maroc - France

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e 30 octobre 2024, Emmanuel Macron a bouclé sa visite d’État au Maroc, marquant trois jours intenses de rencontres diplomatiques et d'échanges axés sur la coopération renouvelée entre Rabat et Paris. Après une période de fortes tensions, les deux pays semblent avoir définitivement enterré la hache de guerre, décidés à revigorer leurs liens historiques et à explorer des perspectives communes sur des sujets variés tels que l’économie, l’éducation, la culture… et le dossier sen- sible du Sahara marocain. Cette visite d'Etat vient parachever un processus amorcé dès juil- let dernier, lorsque la France a formellement déclaré son soutien à la souveraineté marocaine sur le Sahara. Ce geste fort de l’Elysée a constitué un tournant stratégique pour le Royaume, appuyé en amont par une série de visites ministérielles, symboles d’une volonté mutuelle de tourner la page des différends passés. Cet engagement a permis d’apaiser les esprits et de replacer les relations franco- marocaines sous le signe de la confiance et de la collaboration stratégique. Au-delà des sourires échangés et des poignées de main symbo- liques, les multiples accords signés lors de cette visite témoignent d’une ambition commune de faire franchir un nouveau cap aux rela- tions bilatérales et de réaffirmer et consolider une complicité déjà bien établie. C’est sous ce prisme qu’il faut apprécier la signature par les deux dirigeants, le Roi Mohammed VI et Emmanuel Macron, de la déclaration relative au «Partenariat renforcé d’exception». Pour autant, si cette visite va indubitablement apporter un souffle nouveau à la coopération bilatérale, elle n’a pas pour autant bouscu- lé les grands équilibres. La «grande complicité» entre Rabat et Paris demeure en effet ancrée dans une tradition de partenariats prudents et de rapprochements symboliques. Cette visite, en somme, a servi à réaffirmer un partenariat qui, bien que solide, aurait tout à gagner à être dynamisé pour affronter les défis contemporains. Elle s’inscrit dans la pure tradition des relations franco-marocaines, où les décisions politiques et diplomatiques sont rarement spectacu- laires, mais toujours empreintes de cette retenue subtile qui caracté- rise en général les rapports entre Rabat et Paris. En cela, l’on retiendra surtout de cette visite les promesses discrètes et les engagements tacitement réitérés, qui, s’ils n’ont pas fait sensa- tion, ont cependant renforcé le climat de réconciliation et de respect mutuel. Car, malgré les vents contraires de l’histoire et les pressions politiques souvent contradictoires, elle aura au moins permis de scel- ler, pour un temps, un pacte de stabilité. Et ce, au service d'un avenir qui, espérons-le, ne se contentera pas de répétitions, mais saura écrire un véritable renouveau dans les relations franco-marocaines. u

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L'UNIVERS DES TPME

Entretien avec Abdellah Zeroual : Zenika Maroc, «Nous devons constamment innover»

Transferts d'argent : Ces acteurs qui manipulent des milliards Transferts des MRE : Un pilier de l’économie maro- caine Transferts d’argent : Les banques marocaines en Europe dérangent 12 14 16 12 FOCUS TRANSFERTS DE FONDS

DEVELOPPEMENT DURABLE

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Energies renouvelables : Une enveloppe consé- quente pour 2025

Projet de loi sur la grève : Zoom sur une réforme qui divise PLF 2025 : Les professionnels de la santé redoutent de perdre leurs acquis

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HIGH-TECH

Project Jarvis : L’IA de Google qui s’occupe de tout

• Directeur des rédactions & Développement : David William

• Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai

• Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine

• Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 31 OCTOBRE 2024

VOYONS VOIR

Sous les averses, un défi structurel

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Par D. William

es pluies de ces der- nières semaines sus- citent soulagement et espoirs et nous ren- voient une image d'un Maroc revigoré par ces précipitations inespé- rées. Pourtant, ne nous y trompons pas : ce répit ne masque qu'à peine la réalité plus dure

ne nous prémunit pas contre les sécheresses de demain. Le gou- vernement doit donc se résoudre à adopter une politique de l’eau et de l’agriculture aussi durable que réaliste. Car dans un contexte où chaque goutte compte, la résilience du Maroc ne viendra pas des pluies épisodiques, mais d’une vision qui, elle, ne doit pas s’évaporer dès les premiers rayons de soleil. ◆

Il s'agit de repenser le modèle agricole, trop souvent tourné vers des cultures gourmandes en eau et destinées à l'exportation.

pour irriguer ces cultures qui seront mises en terre avec l’espoir d’une bonne récolte ? L’impact économique de cette cam- pagne agricole 2024-2025 pourrait être décisif. Si la récolte céréalière se maintient dans une fourchette moyenne, soit 70 millions de quin- taux, on pourrait voir le PIB agricole augmenter de 11% en 2025, sti- mulant une croissance globale de 4,6%, selon les prévisions du gou- vernement. Ce n’est pas rien dans un pays où l’agriculture représente une part substantielle de l’activité économique et de l’emploi rural. Mais ce chiffre dépend d’une hypo- thèse fragile : que les cieux soient cléments et arrosent nos champs. Au-delà de l’optimisme de surface, il faut cependant admettre que la solution aux défis de l’agriculture marocaine ne viendra pas d'une succession d'averses miraculeuses. La gestion de l’eau doit désormais dépasser la seule question des bar- rages. Il s'agit de repenser le modèle agricole, trop souvent tourné vers des cultures gourmandes en eau et destinées à l'exportation. Autrement dit, s’orienter vers des cultures adaptées aux contraintes hydriques actuelles, au service d’une souve- raineté alimentaire qui ne serait plus tributaire d’averses ou de prières. Ce choix, séduisant sur le papier, se révèle pour autant complexe dans une réalité de stress hydrique chro- nique. Alors, que faire en attendant ? Probablement la même chose qu'à

chaque campagne : croiser les doigts pour avoir de la pluie et beau- coup de récolte. Mais si ces précipi- tations nous rappellent une chose, c'est bien que l'abondance d’un jour

du stress hydrique et de notre ges- tion de l’eau, ainsi que les défis gigantesques que l'agriculture doit relever pour prospérer dans un cli- mat capricieux. Le taux de remplissage des bar- rages s’établit au 30 octobre 2024 à 29,51% à 4.969,6 millions de m3, soit un bond de 23,2% par rapport à l'année dernière. Certes, il s’agit d’un léger mieux, mais c'est loin d'être suffisant. Et en y regardant de plus près, certains barrages, comme celui de Oum Er Rabia, peinent à dépasser 5% de leur capacité. C’est là tout le paradoxe : une embellie météorologique qui cache à peine les limites structurelles d'une poli- tique de l'eau pressée de tous côtés par les aléas climatiques et qui se bat avec des années de séche- resse. Face à cette crise chronique, le gouvernement a lancé une série de mesures pour épauler le monde rural. Subventions sur les semences et les engrais, assurance agricole multirisque climatique, distribution d'orge subventionnée, gestion de l’irrigation…, tout est fait pour don- ner aux agriculteurs une chance de tirer le meilleur de cette campagne agricole. Les engagements sont généreux et pleins de promesses. Mais dans ce tableau, l’eau reste la grande inconnue. Combien de pluie cet hiver ? Combien de réserves

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ÇA SE PASSE AU MAROC

M GH Energy et Petrom ont signé un accord stratégique pour produire 500.000 tonnes de carburants décar- bonés par an via le projet Janassim, avec un investissement de 51 milliards de dirhams. Ce partenariat, officialisé lors de la Rencontre entre- preneuriale Maroc-France, vise à décarboner les transports maritime et aérien en produisant des carburants synthétiques renouvelables au Maroc. Installé dans la région de Dakhla, Janassim utilisera les ressources naturelles locales (vent

MGH Energy - Petrom

51 Mds de DH pour produire 500.000 tonnes de carburants décarbonés par an

et soleil) pour éviter l’émission de 724.000 tonnes de CO2 par an. La première phase du projet devrait être opérationnelle en 2030, lorsque le port de Dakhla Atlantique sera fonctionnel, et favorisera le déve- loppement industriel, la formation et l’économie locale, consolidant le Maroc comme leader de la transition énergétique. ■

Sahara marocain La France va accroître sa présence consulaire L a France entend accroître sa présence consulaire et culturelle au Sahara marocain, en vue de la création d'une alliance française, a annoncé, mardi à Rabat, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. C’était lors d’un point de presse à l’issue de ses entretiens avec le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita. Le chef de la diplomatie française a réitéré, à cette occasion, la volonté de son pays de développer le partenariat maroco-français sur l'ensemble du territoire du Royaume, y compris au Sahara maro- cain, rappelant les propos de Macron qui a réitéré dans un discours, prononcé mardi lors d’une séance conjointe des deux chambres du Parlement, que le présent et l'avenir du Sahara s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine. «Nous avons joint les actes à la parole et j’ai le plaisir de vous annoncer que la carte du Maroc a été actualisée et mise en ligne sur le site du ministère (français) de l'Europe et des Affaires étrangères», s’est réjoui Barrot. Les entreprises françaises accompagneront le développement de ces territoires au travers d’investissements, d’initiatives durables et solidaires au bénéfice des populations locales, a-t-il renchéri, faisant savoir que l'ambassadeur de France au Maroc se rendra dès la semaine prochaine dans les Provinces du Sud. Le ministre français a tenu à affirmer que son pays sera aux côtés du Maroc «pour favoriser une solution politique, juste et durable, dont le plan d'autonomie de 2007 constitue la seule base». ■

Veolia-Maroc

Accord historique pour construire la plus grande station de dessalement en Afrique

L e groupe de gestion de l'eau et des déchets Veolia a annoncé, mardi, avoir signé un protocole d'accord pour la construction et l'exploitation d'une usine de dessalement d'eau de mer au Maroc, qui sera la plus grande installation de ce type en Afrique. Cette usine, d'une capacité de 822.000 mètres cube d'eau potable par jour, sera située près de Rabat et couvrira les besoins en eau de près de 9,3 millions d'habitants. Elle fera l'objet d'un partenariat public-privé d'une durée de 35 ans.

Veolia n'a pas fourni de calendrier pour la mise en service de l'usine. Le protocole d'accord a été signé à l'occasion de la visite d'Etat du Président français Emmanuel Macron au Maroc. Rappelons que le Maroc subit sa pire sécheresse depuis 40 ans, avec des précipitations en baisse continue et des réservoirs à des niveaux historiquement bas. ■

Nouvelles opportunités de coopération industrielle

Rencontre entrepreneuriale :

L es opportunités de coopération industrielle entre le Maroc et la France ont été au centre des discussions, mardi à Rabat, lors de la rencontre entrepreneuriale Maroc-France dédiée aux secteurs stratégiques d’avenir. Les participants ont mis en évidence l’importance de renforcer les partenariats bilatéraux dans des domaines à forte valeur ajoutée, tels que l’industrie 4.0, les énergies renouvelables, la transformation digitale et l’agriculture. Par ailleurs, ils ont souligné que ces collaborations permettraient d’accélérer l’innovation, d’améliorer la productivité agricole et de dynamiser les chaînes de valeur locales, tout en créant de nouvelles opportunités d’exportation pour les

entreprises marocaines et françaises. Mohamed Bachiri, président du Groupe Maroc Industries, a souligné le rôle du Royaume comme leader africain de la production automobile. Quant à Mohamed Horani, PDG de HPS, il a mis en avant la stabilité du Maroc, cruciale pour la collaboration sur des projets de haute technologie. Laurent Germain, DG d’Egis, a évoqué l'éco-conception dans les projets d'infrastructures. Une vingtaine de contrats ont été signés entre les entreprises marocaines et fran- çaises. Cet événement, co-organisé par la CGEM et le MEDEF, est intervenu en marge de la visite d’État du Président Emmanuel Macron. ■

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BOURSE & FINANCES

Point Bourse Hebdo Calme plat sur les actions

Evolution de l'indice Masi depuis début octobre 2023

S Le Masi continue son chemin, sans précipitation, toujours en quête de nouvelles raisons de s’emballer. Récapitulatif de la semaine. i la Bourse de Casablanca avait un baromètre cette semaine, il serait resté bloqué sur «neutre». Avec un gain modeste de 0,72%, le Masi clôture à 14.181,53 points, dans une atmosphère calme, voire apa- thique. Les volumes échangés se sont chiffrés à 905 MDH, un chiffre dans la lignée des semaines précédentes. En gros, c'est une semaine sans relief qui s'est déroulée, reflétant bien l'attentisme des investisseurs, en quête d'un nouveau cataly- seur pour redonner de l'élan au marché. Par Y . Seddik

à trouver de véritables relais haussiers pour relancer la dyna- mique, surtout après avoir plei- nement profité du «newsflow» positif des derniers mois. Le chiffre d’inflation de sep- tembre, à +0,8%, est passé sans faire de bruit. Autrefois redou- té, ce paramètre est désormais considéré comme une vieille histoire. Aujourd'hui, les craintes ont diminué, et les investisseurs ne semblent plus prêter autant d'attention à ces données, confortés par l’idée que l’infla- tion est maîtrisée. Côté publi- cations, la saison des résultats trimestriels vient à peine de commencer avec les copies de Maroc Telecom et Ennakl. Mais là encore, rien qui déclenche de mouvements significatifs. Le phénomène Jet Contractors Si quelque chose a réellement retenu l’attention cette semaine, c’est bien (encore une fois) le phénomène Jet Contractors. La valeur a de nouveau éclip-

TOP Performances

FLOP Performances

Promopharm S.A. SBM Balima

-5,85%

+14,98% +12,98%

Jet Contractors M2M Group CDM

-5,65%

-5,07%

+9,05 %

sé tout le reste, drainant à elle seule 120 MDH, soit une part de plus de 13% des volumes échangés. Avec un gain de 25% sur la semaine et une progres- sion fulgurante de 471% en YTD, l'action continue de surprendre et de monopoliser l'intérêt des investisseurs. Clairement, Jet Contractors est l’un des dossiers à suivre, dans un marché qui, lui, reste sagement en retrait. En l'absence de nouveaux relais

haussiers, le marché semble destiné à évoluer de manière latérale dans les prochaines semaines. Ainsi, les investis- seurs préfèrent attendre les prochaines publications trimes- trielles qui pourraient, ou non, donner un peu plus de clarté sur la direction à prendre. En atten- dant, le Masi continue son che- min, sans précipitation, toujours en quête de nouvelles raisons de s’emballer. ◆

De son côté, la volatilité est tombée à l'un de ses plus bas niveaux depuis plusieurs mois, signe que les opérateurs pré- fèrent rester en retrait. Plutôt que de prendre des risques, ils se contentent de saisir quelques opportunités ponctuelles, tout en guettant un éventuel retour- nement. Mais malgré ces mou- vements isolés, le marché peine

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BOURSE & FINANCES

de biais cognitifs et de souvenirs marquants, plutôt que d’une réa- lité économique tangible. Psychologie et biais cognitifs L'idée d’un «effet octobre» s’ap- puie avant tout sur des biais psy- chologiques. Les investisseurs, influencés par des événements marquants, ont développé une sorte de mémoire collective, un réflexe de prudence, voire de panique, à l'approche de ce mois. On parle ici d’un biais d’ancrage, où les souvenirs de krachs pas- sés poussent à interpréter les moindres fluctuations comme des signes précurseurs de crises, amplifiant ainsi les réactions négatives. Cette tendance est renforcée par ce que l’on appelle le «biais de confirmation» : les investis- seurs retiennent ce qui conforte leurs peurs. Et ainsi, une baisse modeste en octobre peut être perçue comme la première note d’une symphonie de dégringo- lades, même si les fondamentaux restent solides. Cette année, les performances d’octobre sur le Masi s’inscrivent aussi dans un contexte particu- lier : tensions géopolitiques au Moyen-Orient, incertitudes sur les politiques monétaires, et surtout après que le marché a pleinement profité du «newsflow» positif des derniers mois. Mais, comme tou- jours, les marchés absorbent ces nouvelles de manière plus ou moins rationnelle, et les baisses observées peuvent être le reflet de ces pressions passagères plu- tôt que d'une fatalité historique. Bref, les données historiques de la Bourse de Casablanca montrent qu’octobre n’a rien d’une condamnation inévitable. Les investisseurs, souvent gui- dés par des souvenirs de crises lointaines, tendent à voir en ce mois un moment à redouter, alors que les performances des vingt dernières années prouvent le contraire. Plutôt que d’y voir un mauvais présage, les acteurs du marché pourraient y déceler des opportunités, des périodes de repositionnement et de solidifica- tion des bases. ◆

 Le mois d’octobre n'est pas systématiquement synonyme de baisse pour la Bourse de Casablanca.

N Après un été où les performances des actions ont été solides, l’automne serait-il un mauvais présage pour les marchés financiers ? À la Bourse de Casablanca, octobre mérite un second regard, au-delà des mythes et des peurs. Tentative de réponse. L'effet octobre, un mythe à déconstruire ? Par Y. Seddik Bourse

ous sommes à trois séances de la clôture hebdomadaire, et le marché affiche une baisse de près de 1%. Malgré ce repli rela- tivement modéré, il pourrait, s’il se concrétise, représenter la plus forte baisse mensuelle de 2024 pour le Masi. Ce phénomène sus- cite la question, souvent posée mais rarement vérifiée : existe-t-il réellement un «effet octobre» au Maroc, une sorte de «malédiction financière» ancrée dans ce mois d’automne ? Les grandes crises boursières, comme le «Jeudi noir» de 1929 ou le «Lundi noir» de 1987, ont contribué à fixer dans l’incons- cient collectif l’idée d’un mois d’octobre redoutable. Mais qu’en est-il de Casablanca ? Une ana-

lyse des performances du Masi en octobre, sur la période 2003- 2023, montre une réalité plus nuancée. Sur ces 20 dernières années, la Bourse de Casablanca a connu 14 mois d'octobre haus- siers contre 7 baissiers, ce qui dément l’idée d’une malédiction. En effet, les performances d’oc- tobre montrent des années de forte progression, et contre- disent l’idée que ce mois soit systématiquement associé à des revers boursiers. Cependant, des baisses notables apparaissent, mais elles restent ponctuelles et souvent liées à des facteurs macroéconomiques globaux ou à des résultats trimestriels déce- vants. Que disent les chiffres ? Les chiffres parlent d’eux- mêmes. Sur les vingt dernières années (2003-2023), le Masi a affiché des performances posi- tives durant 14 mois d’octobre,

contre 7 baissiers. Et sur les quatorze dernières années, le rendement moyen du Masi en octobre est de 3,7%, avec une volatilité relativement élevée de 2,3%. Toutefois, ce niveau de volatilité reste similaire à celui observé d'autres mois, où des corrections saisonnières peuvent se produire. Ces données montrent que le mois d’octobre n'est pas systé- matiquement synonyme de baisse pour la Bourse de Casablanca. Statistiquement, le Masi a enre- gistré des performances positives plus souvent qu’on pourrait le penser, en dépit de la réputation d'octobre sur d'autres marchés internationaux. Contrairement à l’idée d'un mois «maudit» héritée des krachs historiques sur les places boursières américaines, octobre ne s’avère pas le mois le plus risqué pour Casablanca. La perception négative d’octobre pourrait donc bien être le résultat

Sur ces 20 dernières années, la Bourse de Casablanca a connu 14 mois d'octobre haussiers contre 7 baissiers, ce qui dément l’idée d’une malédiction.

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BOURSE & FINANCES

Gestion d’actifs

turent désormais 24% des actifs sous gestion dans le monde, un chiffre qui a doublé depuis 2015. Ce glissement s'explique par une quête de réduction des coûts et une demande accrue pour des options d’investissement simples, flexibles et moins coû- teuses que les solutions actives traditionnelles. Dans ce contexte, les gestionnaires d’actifs doivent non seulement s’adapter, mais anticiper aussi les nouvelles attentes des investisseurs, qui privilégient des solutions durables, transparentes et mieux alignées avec les tendances ESG (environnementales, sociales et de gouvernance). Cette réo- rientation vers des investisse- ments responsables devient un axe stratégique incontournable, notamment pour attirer la nou- velle génération d’investisseurs plus attentifs aux enjeux environ- nementaux. En parallèle, les fonds moné- taires mondiaux connaissent une période de forte collecte (Idem pour le Maroc), qui reflète une certaine inquiétude des investis- seurs face à un environnement macroéconomique complexe. La semaine du 9 octobre a ainsi vu un afflux massif de 24,55 mil- liards de dollars vers ces fonds, après une période de désenga- gement la semaine précédente, marquée par des sorties de près de 22,78 milliards de dollars. Ce basculement vers les fonds monétaires, perçus comme des placements de précaution, tra- duit une réaction des marchés face aux signaux incertains de la Réserve fédérale sur les futurs ajustements de taux, auxquels s’ajoute l’instabilité géopolitique, exacerbée par les tensions au Moyen-Orient. Ces choix d’investissement illustrent une tendance plus large d’adoption de stratégies défensives, dans l'attente d'une éventuelle volatilité accrue. Ce phénomène n’est pas nouveau: historiquement, les fonds moné- taires ont souvent servi de refuge lors des périodes de turbulence, et cette récente collecte massive s'inscrit dans cette continuité. ◆

D Soutenu par un effet de collecte positif ainsi qu'une revalorisation des portefeuilles dans toutes les catégories, l’encours sous gestion des OPCVM continue de voler de record en record. Vers une performance record en 2024 pour les OPCVM Par Y. Seddik

Il faut dire que la résilience de ce secteur n’est plus à démontrer: il a su surmonter les remous de la pandémie et, plus récemment, des vagues de rachat en 2022 qui ont dépassé les 70 milliards de dirhams, conséquence d’une hausse des taux incitant certains investisseurs à réorienter leurs placements. Aujourd’hui, l’hori- zon s’éclaircit pour les gestion- naires de fonds. Une nouvelle réglementation, en phase de finalisation, devrait permettre aux sociétés de gestion d’enrichir leur gamme de produits, avec des innovations telles que les ETF et les fonds en devises, ainsi que des fonds dits «à règles de fonctionnement allégées». Cette diversification pourrait permettre aux gestionnaires de fonds d’atti- rer de nouveaux investisseurs, tout en renforçant l’offre domes- tique face aux exigences crois- santes de diversification patri- moniale.

epuis le début de l'année 2024, l'industrie des OPCVM au Maroc affiche une croissance sans pré- cédent, en établissant un record de 648 milliards de DH d’encours au 18 octobre, avec une progres- sion de 11 milliards de dirhams en une seule semaine. Ce cap symbolique résulte d'une solide confiance des investisseurs, atti- rés par la stabilité des OPCVM dans un climat économique en redressement. Dans le détail, ce sont principa- lement les OPCVM monétaires qui, en garantissant liquidité et sécurité, séduisent le plus d’in- vestisseurs cette année. Mais la dynamique ne se limite pas à cette seule catégorie : en 2024, les encours d’OPCVM actions se distinguent également, avec une performance marquée de +21,15% depuis janvier, soute- nue par un regain d’intérêt pour les placements en actions sur fond de valorisation boursière.

Gestion d’actifs mondiale Sur le plan mondial, la gestion d’actifs pourrait bien connaître un renouveau en 2024, après une période difficile marquée par deux années consécutives de baisse en 2022 et 2023. Cette ten- dance baissière, particulièrement prononcée en Europe de l’Ouest où les bénéfices des sociétés de gestion ont chuté de 33% par rapport aux niveaux de 2021, semble aujourd’hui toucher à sa fin. Selon McKinsey, les flux nets devraient atteindre 4,5 milliards d’euros d’ici décembre, un signal de redémarrage dépassant les niveaux pré-crise ukrainienne et témoignant d’un retour d’intérêt des investisseurs institutionnels comme des particuliers. McKinsey met en avant une mutation significative du secteur, avec une prédominance crois- sante des investissements pas- sifs. En effet, les ETF, véritables stars des produits passifs, cap-

 Le marché des OPCVM marocain affiche une vigueur remarquable en 2024, avec des encours qui culminent à plus de 648 milliards de DH au 18 octobre.

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BOURSE & FINANCES

soutenu d’investissement dans des secteurs clés comme les infrastructures et l’énergie. Une trajectoire qui, en plus de moder- niser le tissu économique du pays, s’inscrit dans les grandes ambitions du Maroc pour une croissance durable.

Maîtrise des coûts et rentabilité en hausse

Néanmoins, ces investissements massifs ne se feront pas sans une vigilance accrue sur les coûts. Les charges d’exploita- tion devraient atteindre 203 Mds de DH en 2027. Mais l'ANGSPE compte bien rectifier le tir, en mettant en place des mesures d'efficacité qui devraient, selon les prévisions, conduire à une nette amélioration des résultats nets. De 17,9 Mds de DH en 2025, ces derniers devraient grimper à 45,5 Mds de DH en 2027. La valeur ajoutée, quant à elle, devrait atteindre 148,1 Mds de DH d’ici 2027, avec une moyenne annuelle de 133,1 Mds de DH. Cette progression est soutenue par une gestion plus rigoureuse des charges de personnel, sta- bilisées à 35,3 Mds de DH en moyenne annuelle. Avec des projections aussi pro- metteuses, l’ANGSPE se posi- tionne clairement comme un acteur central dans la stratégie économique nationale. En tant qu’organe de pilotage des EEP, elle accompagne la transforma- tion des entreprises publiques pour qu'elles répondent aux besoins du pays, tout en étant compétitives à l’international. ◆

 Abdellatif Zaghnoun, Directeur général de l'Agence nationale de gestion stratégique des participations de l'Etat.

Etablissements et entreprises publics

Entre 2025 et 2027, les EEP devraient enregistrer une progression marquée, avec un chiffre d’affaires moyen avoisinant les 295 Mds de DH. Ils devraient verser 19 milliards de dirhams de dividendes en 2025 au budget général. Entre défis et ambitions, cap sur 2027

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Par Y. Seddik

Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’État (ANGSPE), depuis son entrée en fonction en 2021, s’impose comme un pilier dans la gestion des entreprises publiques du Maroc. Chargée d'optimiser les participations de l'État, l'agence vise à maximiser la rentabilité des actifs publics tout en soutenant les grands pro- jets nationaux. Aujourd'hui, alors que l’année 2023 a montré des résultats contrastés, l'horizon 2027 se dessine avec des pers- pectives plus positives et une gestion résolument tournée vers la modernisation. 2023 n’a pas été une année faste pour les établissements et entreprises publics (EEP) sous la houlette de l'ANGSPE. Avec un chiffre d’affaires cumulé de 223,6 milliards de dirhams, ces entités ont tenu le cap malgré un contexte parfois difficile.

L’énergie, les infrastructures et le transport ont dominé, repré- sentant plus de 80% de cette performance, selon le rapport sur les établissements et entre- prises publics accompagnant le PLF 2025. Mais voilà, les charges d’exploitation, qui s’élèvent à 164,7 Mds de DH (en hausse de 30%), ont mis à mal les résultats nets. Un déficit de 16,5 Mds DH a été enregistré, posant un défi pour les années à venir : com- ment maîtriser les coûts sans pour autant sacrifier les investis- sements ? Par ailleurs, les projections pour cette année 2024 sont plus opti- mistes. Le chiffre d'affaires atten- du est de 239,9 Mds de DH, une progression qui s’accompagne de nouveaux défis : poursuivre les investissements tout en ser- rant la vis sur les dépenses. Mais c'est surtout à partir de 2025 que l'ANGSPE espère donner une

nouvelle impulsion. Les chiffres le prouvent : entre 2025 et 2027, les EEP devraient enregistrer une progression mar- quée, avec un chiffre d’affaires moyen avoisinant les 294,9 Mds de DH. En 2027, les actifs des entreprises publiques devraient atteindre un montant de 1.643,3 Mds de DH, signe d’un effort

Le projet de Loi de Finances 2025 prévoit le versement, par les établissements et entreprises publics (EEP), de plus de 19,5 milliards de dirhams de produits au Budget général de l'Etat (BGE), hors produits de cessions d'actifs et de privatisation, selon le rapport sur les EEP accompagnant ce projet. Ces prévisions enregistrent une hausse de 26% comparative- ment à celles de la Loi de Finances de l'année 2024, hors pro- duits de cession d'actifs et de privatisation. Les prévisions initiales au titre des produits à provenir des EEP, hors produits de cession d'actifs et de privatisation, sont de 15,48 Mds de DH en 2024. Transferts des EEP en faveur de l'Etat

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BOURSE & FINANCES

Salon de l'épargne

notre souveraineté financière et dépendre marginalement des financements extérieurs. Nos investisseurs institutionnels ne peuvent pas porter tous les finan- cements. Il faut drainer l'épargne populaire. Et pour se faire, les outils sont clairs. Augmenter le nombre d’introductions en Bourse, élargir le champ d’ap- plication du plan d’épargne en actions et rapprocher sa fiscalité de celle de l’assurance Vie, sont les premiers éléments capables, à court terme, de mobiliser des fonds sur le marché boursier. Ceci, couplé à l’augmentation des introductions en Bourse des PME, peut considérablement populariser le marché boursier. Le segment des OPCVM a, lui aussi, des arguments à faire valoir. Offrant diversification et accessibilité, il peut être un magnifique outil de drainage de l’épargne et de sa redistribution efficiente au service de l’éco- nomie et des chantiers struc- turants. Cet instrument gagne- rait en démocratisation grâce à l’éducation financière et la simplification de sa distribution auprès du public. Le nouveau-né de l’épargne long terme, les contrats en uni- tés de compte en assurance Vie, connait aussi un succès fulgu- rant et peut, auprès d’un public patrimonial, réduire l’épargne de rente, notamment immobi- lière, au profit du financement de l’économie. Ce Salon est l’occasion de décor- tiquer, en l’espace de 4 jours, l’ensemble de ces questions pour convaincre, un tant soit peu, les personnes physiques, à épargner à long terme. Au cours de ces journées, plusieurs pro- duits et instruments financiers seront présentés, examinés et comparés à travers plusieurs conférences et rencontres. A travers ce Salon, l’objectif des organisateurs est de permettre aux investisseurs et au grand public de mieux cerner les pro- duits de placement disponibles sur le marché marocain et les clés pour mieux fructifier leur patrimoine financier. ◆

rganisé par Finances News Hebdo, le Salon de l’épargne 2024 se tiendra du 20 au 23 novembre à Anfa Park, Casablanca. Cet événement pionnier au Maroc rassemble experts en finance, institutions financières et grand public autour d’un même objec- tif : partager des connaissances, explorer de nouvelles opportu- nités et répondre aux besoins croissants en matière d’épargne. Pour cette deuxième édition, le thème central sera l'épargne populaire. L'idée est de conti- nuer à œuvrer pour une plus grande pénétration des produits d'épargne et d'investissement auprès du grand public, avec le O Le Salon de l'épargne revient pour une deuxième édition avec plusieurs nouveautés. Tour d'horizon. Une deuxième édition plus riche et plus populaire Par A. Hlimi

soutien de partenaires et d'ex- posants engagés et qui portent ces mêmes valeurs. Pendant quatre jours, les visi- teurs auront l'occasion de décou- vrir les dernières tendances en termes de placements. Qu'ils soient des investisseurs confir- més ou simplement curieux d’apprendre à mieux gérer leurs finances, le Salon propose des solutions adaptées à tous les profils d'épargnant. Des théma- tiques variées seront à l’honneur, notamment les OPCVM et la Bourse, l’épargne assurantielle ainsi que les aspects fiscaux liés aux placements. Mais de grandes nouveautés sont aussi attendues cette année, avec notamment l'ouverture du Salon à la thématique de la finance participative ou encore la parti- cipation de sociétés cotées dont les équipes dirigeantes vien-

dront à la rencontre du public pour présenter leurs activités et perspectives. Pas moins de 25 exposants sont attendus de tous bords pendant les 4 journées de l'évènement.

L’épargne au service de l’économie

Avec un taux d’épargne repré- sentant en moyenne 30% du PIB, le Maroc dispose de l’un des meilleurs ratios de la région. Mais cela reste insuffisant pour financer l’ambitieux programme d’investissement du Royaume sur les 10 prochaines années. Reconstruire et consolider les acquis après le séisme, achever le chantier relatif à la généralisa- tion de la protection sociale et préparer le Mondial 2030 sont quelques-uns des chantiers les plus visibles. Et pour les finan- cer, il est important de préserver

Pendant quatre jours, les visiteurs auront l'occasion de découvrir les dernières tendances en termes de placements.

 A travers ce Salon, l’objectif des organisateurs est de permettre aux investisseurs et au grand public de mieux cerner les produits de placement dispo- nibles sur le marché marocain.

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JEUDI 31 OCTOBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

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Stratégie nationale d’inclusion financière Le bilan 5 ans après

neuriat, a été un levier impor- tant avec 6,8 milliards de dirhams distribués à plus de 13.000 bénéficiaires en 2023. Toutefois, malgré ces progrès, des obstacles subsistent, tels que le manque de garanties et la complexité des procédures administratives, selon le rap- port de BAM. Que dit l'indice d'inclusion financière Pour suivre l'évolution de l'in- clusion, Bank Al-Maghrib a développé un indice d'inclusion financière (IIF) basé sur l'accès, l'usage et la qualité des ser- vices financiers. En 2023, cet indice a atteint un score de 61 sur 100, marquant une amélio- ration de 5 points par rapport à 2022. Cette progression est en partie due à l'expansion des infrastructures de paiement et à l'adoption croissante de solu- tions numériques. Malgré ces avancées, l'in- dice révèle encore des dis- parités, notamment en termes de genre. Les femmes, bien qu'elles représentent une part croissante des nouveaux uti- lisateurs des services finan- ciers, restent moins présentes que les hommes. La prochaine phase de la SNIF devra inté- grer des mesures plus ciblées pour améliorer l'autonomisa- tion économique des femmes, surtout en milieu rural. En définitive, la deuxième phase de la SNIF, prévue pour 2024-2027, mettra l’accent sur ces problématiques, avec des actions ciblées pour renfor- cer l'infrastructure numérique, réduire les frais de transaction et continuer la sensibilisation à l'éducation financière. Bank Al-Maghrib, en collaboration avec divers acteurs de l’éco- système, notamment les fin- techs, s’efforce de créer un environnement plus inclusif, en facilitant l'innovation et en sim- plifiant les démarches admi- nistratives pour encourager le développement de solutions adaptées aux besoins des Marocains. ◆

D Le dernier rapport annuel de Bank Al-Maghrib sur les infrastructures financières offre une ana- lyse complète des avancées et des défis de la Stratégie nationale d’inclusion financière. Détails. Par Y. Seddik

epuis le lancement de la Stratégie nationale d’inclusion financière (SNIF) en 2019, des efforts conséquents ont été réalisés pour élargir l’accès aux services financiers, notam- ment par le biais de solutions numériques innovantes. En 2023, le taux de bancarisa- tion a atteint 50%, soit envi- ron 18 millions de comptes bancaires, marquant une aug- mentation de 7,6% par rapport à 2022. Ce chiffre illustre les efforts fournis pour accroître l'accès aux services financiers, notamment via des solutions numériques. Mais l’accès reste inégal, avec une concentra- tion élevée en milieu urbain (70%) contre seulement 30% en milieu rural.

Les cartes bancaires conti- nuent d'être un moteur essen- tiel de cette expansion. Le nombre de cartes en circu- lation a augmenté de 8,7% pour atteindre 18,4 millions, et les transactions par carte ont bondi de 94,7% pour totaliser 389,9 milliards de dirhams en 2023. Le nombre de terminaux de paiement électronique (TPE) a aussi dépassé les 58.000 uni- tés, facilitant l'accès aux paie- ments électroniques. Malgré l'amélioration de l'accès, l'usage des services financiers reste limité. Bien que 50% des adultes disposent d'un compte bancaire, seuls 15% l'utilisent régulièrement pour des transactions cou- rantes. Les portefeuilles élec- troniques mobiles (M-Wallets) montrent toutefois un potentiel croissant pour combler cette lacune. En 2023, le nombre de M-Wallets actifs a atteint 3,5

millions, enregistrant une croissance de 32% par rap- port à 2022. Le volume des transactions via ces porte- feuilles a totalisé 21 milliards de dirhams, soit une hausse de 64%. Ces chiffres montrent une adoption croissante, mais la plupart des utilisateurs se trouvent en milieu urbain, laissant les zones rurales en retrait, freinées par des obs- tacles technologiques et une faible sensibilisation. De leur côté, les TPME, qui jouent un rôle central dans l'économie marocaine, voient leur accès au financement amélioré. En 2023, 29,5 mil- liards de dirhams ont été accordés en crédits aux TPME, soit une hausse de 11,2% par rapport à 2022. Ces finance- ments ont soutenu près de 70.000 entreprises, dont 60% étaient des micro-entreprises. Le programme «Intelaka», qui vise à encourager l'entrepre-

En 2023, l'indice de l'inclusion financière a atteint un score de 61 sur 100, en amélioration par rapport à l'année 2022.

 Avec la mise en œuvre de la SNIF 2024- 2027, le Maroc peut espérer se rapprocher de son objectif d'une inclusion financière généralisée et durable.

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JEUDI 31 OCTOBRE 2024

FOCUS

TRANSFERTS DE FONDS

tiens familiaux aux petites transac- tions commerciales. En outre, les opérateurs cherchent à simplifier les processus grâce aux applica- tions mobiles et aux plateformes digitales, offrant ainsi des ser- vices plus rapides et accessibles. Actuellement, 30% des transferts domestiques sont réalisés par des moyens numériques, une propor- tion en hausse par rapport aux 25% de l'année précédente, illus- trant un intérêt croissant pour les solutions digitales. Parallèlement, les transferts de fonds des Marocains résidant à l'étranger (MRE) représentent une ressource cruciale tant pour les ménages que pour l'économie nationale du Maroc. Les chiffres des dernières années témoignent d'une forte croissance malgré la succession de crises, atteignant 68 milliards de dirhams en 2020, 82 milliards en 2021 (+20,5%), 93 milliards en 2022 (+13,4%) et près de 100 milliards en 2023 (+7%), malgré les crises rencontrées. Ces flux financiers alimentent non seulement la consommation des ménages, mais soutiennent aussi des projets d’investissements stratégiques, notamment dans l’immobilier et l’entrepreneuriat. Afin de répondre aux besoins de la diaspora, des acteurs comme Wafacash multiplient les partena- riats, notamment avec des géants tels que Western Union. En offrant des services sécurisés à des coûts compétitifs, Wafacash renforce ainsi son statut de référence dans ce domaine. ◆

 Les transferts d'argent sont un levier essentiel pour l'inclusion financière au Maroc.

Le secteur des transferts d'argent au Maroc connaît une croissance exponentielle, portée par la diaspora et la digitalisation. La compétition fait rage entre les principaux acteurs locaux du marché, notamment Wafacash, Cash Plus et Damane Cash. Ces acteurs qui manipulent des milliards Par Y. Seddik Transferts d'argent

L

e secteur des transferts d'argent au Maroc connaît une dynamique sans précédent, nourrie par l'essor des envois de fonds de la dias- pora et une digitalisation rapide des transactions domestiques. Ce marché stratégique joue un rôle clé dans l'économie nationale, générant des flux financiers signi- ficatifs chaque année. En 2023, les transferts de fonds des Marocains résidant à l'étranger (MRE) ont franchi le cap des 100 milliards de dirhams, représentant environ 7% du PIB, selon les données de Bank Al-Maghrib. Cette manne consti- tue non seulement un soutien vital pour les familles marocaines, mais elle témoigne également des transformations profondes qui façonnent ce secteur en pleine évolution. Dans ce contexte, la bataille fait rage entre les principaux opéra- teurs locaux de transferts d’argent. Des acteurs comme Wafacash,

Cash Plus et Damane Cash dominent le marché. Wafacash, qui mène la course avec 35% de parts de marché, est suivi de près par Cash Plus (25%) et Damane Cash (15%). À eux trois, ils gèrent plus de 65 millions de transac- tions, pour une valeur globale esti- mée à 80 milliards de dirhams. Si les banques traditionnelles restent des acteurs présents, l’arrivée de fintechs innovantes et agiles commence à redéfinir le paysage, et crée une concurrence inédite en matière de services financiers accessibles et fiables. Les transferts domestiques : une demande croissante et un levier stratégique Outre les envois internationaux, les transferts d'argent nationaux prennent une importance gran- dissante. Estimés à environ 30 milliards de dirhams en 2023, les transferts domestiques enre-

gistrent une croissance annuelle de 4%, portés par une demande locale soutenue et la digitalisation croissante des services. Ces tran- sactions, essentielles pour de nom- breux ménages dans des zones rurales et urbaines, répondent à des besoins variés allant des sou-

Le secteur bénéficie d’un autre atout stratégique : la distribution des aides sociales directes, dont une part importante transite par des établissements de paiement comme Wafacash, Cash Plus et Damane Cash. En 2023, plus de 1.004.400 familles ont ainsi profité de 524 millions de dirhams d’aide, soit un mon- tant moyen de 520 dirhams par famille. Ces versements repré- sentent une opportunité d’élargir la visibilité et la notoriété de ces opérateurs auprès de nouveaux clients, renforçant ainsi leur rôle dans le système financier national. Toutefois, l’enjeu reste de convertir cette clientèle temporaire en utilisateurs réguliers de leurs solutions digitales, essentielles à l’inclusion financière au Maroc. Les aides sociales directes, un appui important pour les opérateurs

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