FNH N° 1171

26

JEUDI 31 OCTOBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ECONOMIE

du prix fabricant hors taxes. Or, ce prix est à la base du calcul du prix de vente (PPV) et, de ce fait, ce dernier se trouve majoré et ce sont les patients et les organismes gestionnaires de l’AMO qui paient cette majoration. Le fait qu’un operateur décide de diminuer son prix pose une problématique majeure. Du coup, les opérateurs arrivant sur le marché avec de nou- veaux produits se trouvent dans l’obligation de s’ali- gner sur le prix qui a baissé. Ceci est le cas notamment de certains qui disposent par exemple d’un princeps et de son générique. Les opéra- teurs pourront ainsi baisser considérablement les prix de leurs génériques sur les- quels ils gagnent peu pour mettre en difficulté les nou- veaux génériques et protéger ainsi leur princeps contre la concurrence des génériques. Cela constitue ainsi une bar- rière à l’entrée du marché. Pour rappel, ce décret n’a pas été examiné par le Conseil de la concurrence avant sa publi- cation, et ce à cause d’un vice de forme. En effet, ce décret constitue une violation de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence. Le décret de fixation doit être réexaminé, corrigé et adapté au nouveau contexte mondial caractérisé par la multiplication des pénu- ries sur les médicaments et de la nécessité de tenir compte de certaines qui sont locales ou internationales. Il doit, entre autres, introduire la pos- sibilité d’indexer les PFHT sur les prix des intrants, et notam- ment des matières premières pharmaceutiques mais aussi des coûts logistiques. Ces deux dernières ayant connu une envolée des prix suite à la pandémie de la Covid-19 et de la guerre russo-ukrai- nienne. Cette indexation des prix permettra alors de proté- ger notre pays contre le dan- ger de pénuries de médica- ments. ◆

 Les médicaments cardiovasculaires ont représenté 61% de la liste des PPV à la baisse.

prix sur l’accès des patients aux médicaments, c’est une réalité, mais il faudrait toute- fois la relativiser si l’on consi- dère la structure des prix des médicaments au Maroc et des niveaux des prix. En effet, si l’on considère les médica- ments de la 4 ème tranche qui dépassent les 2.101 dirhams, nous trouvons qu’une bonne partie de ces médicaments coûte plusieurs milliers, voire plusieurs dizaines de milliers de dirhams. Ils restent donc hors de portée de la majorité des Marocains, même avec des baisses à des taux impor- tants. La solution pour un meil- leur accès aux médicaments pour les patients se trouve plutôt dans une couverture effective par une assurance

maladie, doublée par un sys- tème de tiers payant et un taux de remboursement de 100% dans les affections de longue durée (ALD), et surtout dans les affections lourdes et coû- teuses (ALC). Cette démarche va permettre aux patients les plus démunis d’éviter d’avan- cer des sommes importantes qu’ils n’ont pas en attendant un remboursement d’une par- tie des montants avancés. Les ALD et les ALC repré- sentent un véritable défi pour les patients au Maroc. F.N.H. : Que pensez-vous du système de fixation des prix des médica- ments au Maroc ? A. B. : Bien que le nouveau système de fixation des prix des médicaments fabriqués localement ou importés introduit par le décret épo- nyme n°2-13-852 du 14 Safar 1435 (18 décembre 2013) et mis en application dès juin 2014 ait constitué une avan- cée majeure par rapport à l’ancien système en termes

de transparence, il présente malheureusement un certain nombre de failles et de dis- positions problématiques. Les pays choisis pour le Benchmark des prix (France, Belgique, Espagne, Portugal, Turquie, Arabie Saoudite), à l’exception du Portugal, ont des systèmes de santé bien plus robustes que celui du Maroc; leurs marchés phar- maceutiques sont beaucoup plus importants que le nôtre. La difficulté est que notre marché pharmaceutique étant étroit, ne permet de réaliser des économies d’échelle liées à des volumes importants que pour une poignée de produits. Or, ces économies d’échelle permettent de baisser les prix des médicaments sans mettre en danger leur rentabilité. La liste des pays du benchmark doit logiquement être adaptée à notre pays. Ce décret a introduit une marge de 10% accordée sur les produits importés aux importateurs locaux par le biais d’une majoration de 10%

La baisse des prix est censée profiter aux patients et aux caisses des orga- nismes gestionnaires de l’assurance maladie, mais elle est largement contrebalancée par les prix excessifs des nouveaux médicaments innovants.

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker