FNH N° 1096

11

BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 16 FÉVRIER 2023

www.fnh.ma

Bourse

◆ Le PE du marché retombe à 16,6x contre une moyenne normative depuis 2008 de 19,6x. ◆ Les secteurs bancaires et des mines sont indiqués dans le contexte actuel. Les actions perdent en attractivité D epuis le début d’année, les stra- tèges des grandes banques d'affaires reconnaissent que les révisions de la croissance des profits en 2023. Par Y. Seddik

période 2022-2023 s’élèvent à 6,9% en moyenne annuelle, nous assistons à une forte cor- rection des multiples de valori- sation du marché. Ainsi, le P/E 2023 retombe à 16,6x contre une moyenne normative depuis 2008 de 19,6x. Ce constat atteste que la récente baisse du marché actions reposerait davantage sur un relèvement des taux d’actualisation appli- qués par les investisseurs plu- tôt que sur une prévision de contraction des profits futurs des sociétés cotées. «Nous croyons que le mar- ché actions est en phase de marquer une rupture avec ses niveaux de valorisation his- toriques, à savoir un multiple des bénéfices autour des 20,0x au cours des 15 dernières années» , explique-t-on dans la note. Jaidi fait remarquer que durant les phases où le rende- ment des BDT-10 ans ressort à moins de 3%, le P/E du mar- ché s’est établi à plus de 20x. Par ailleurs, les périodes où le rendement des BDT-10 ans est supérieur à 4% sont générale- ment caractérisées par des P/E entre 15,7x et 17,2x. Le temps du «stock- picking» est de retour «Nous croyons que la récente correction du marché actions est justi- fiée en grande partie par la tendance haussière des taux au Maroc. Une situation qui a déclenché une correction des niveaux de valorisation des titres cotés. Par ailleurs, la fai- blesse de la croissance bénéfi- ciaire des secteurs non-finan- ciers durant la période 2022-

2023 ne semble pas encore être intégrée au niveau des cours» , concluent les straté- gistes du bureau de recherche. Les répercussions de l’infla- tion et du ralentissement de la demande ne devraient se faire sentir réellement qu’à partir du T4-22. «Dans ce contexte, nous privilégions les secteurs Banques & Mines. Ces derniers présentent une meilleure visi- bilité en termes de croissance, bénéficient d’une certaine résilience face à l’inflation et affichent des niveaux de valori- sation en dessous de notre P/E fondamental cible». Ces deux secteurs pourraient faire l’objet d’une implémen- tation progressive, et ce dans le cadre d’une stratégie de placement sur un horizon MT. Concernant les autres secteurs de la cote, ils préconisent la prudence dans l’attente que le marché intègre les annonces des résultats 2022 et les révi- sions de la croissance des pro- fits en 2023. Pour AGR, le profil de crois- sance des bénéfices de la cote durant la période prévi- sionnelle 2022-2023 cacherait des disparités sectorielles : «les secteurs Banques & Mines justifient l’essentiel de la croissance bénéficiaire de la cote» . D’une part, les banques continuent de bénéficier de la normalisation de leur coût du risque en raison d’un effort de provisionnement important au début de la crise Covid. D’autre part, les minières pro- fitent du contexte inflationniste à travers l’appréciation des cours des métaux et un Dollar fort par rapport au Dirham. ◆

Mais, avant, le directeur de la stratégie du bureau de recherche, Taha Jaidi, s’inter- roge sur un changement de paradigme en 2023 sur le mar- ché actions. Pour lui, la nor- malisation accélérée des taux dans un contexte inflationniste est le principal facteur à l’ori- gine de la récente correction du marché boursier. «Après une longue période de taux bas (2014-2021) favorable aux actions, nous avons assisté en 2022 à un retournement haus- sier de la courbe obligataire. Une situation qui a quasiment neutralisé les spreads de ren- dement entre les actions et les BDT-10 ans… Une situation qui réduit davantage l’attrac- tivité des rendements de divi- dende offerts par les actions», analyse-t-il. Rupture avec les valorisa- tions historiques Alors que les prévisions de croissance des bénéfices agrégés de la cote durant la

le «stock picking» est l’ap- proche à privilégier en 2023. Cela suppose de pouvoir répondre à plusieurs questions: les entreprises choisies sont- elles affectées durablement par les évènements macroé- conomiques ? Peuvent-elles y répondre en ajustant leurs modèles d’affaires ? Peuvent- elles protéger leurs marges ? Peuvent-elles répondre effica- cement à leurs concurrents ?... etc. Les stratégistes de Attijari Global Research déroulent, eux aussi, dans une nouvelle lettre d’investissement inti- tulée «AGR House View» , un argumentaire en faveur du stock-picking recommandant les banques et les mines, et préconisant la prudence pour les autres secteurs dans l’at- tente que le marché intègre les annonces des résultats 2022 et

Les réper- cussions de l’inflation et du ralentis- sement de la demande ne devraient réellement se faire sentir qu’à partir du T4-22.

Le niveau de ren- dement des actions devient moins attractif à mesure que celui des BDT augmente.

Made with FlippingBook flipbook maker