FNH N° 1096

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 16 FÉVRIER 2023

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par le renforcement de l'offre et des stocks de produits de base et la sécurisation de l’approvisionnement des mar- chés, surtout à l’approche du mois de Ramadan. Si, à ce niveau, les différentes par- ties concernées (Agriculture, Pêche maritime, Industrie et Commerce, Transition énergé- tique, ONICL, ONP…) assurent que le marché national devrait être approvisionné de manière suffisante et normale en dif- férents produits de consom- mation, ce sont cependant les prix pratiqués en ce moment qui provoquent la montée de la colère sociale. Viandes, œufs, tomates, oignons… le renché- rissement des prix touche tous les produits. «La sécheresse a impacté l’agriculture natio- nale, surtout les filières qui ont un besoin important en eau, comme celle des fruits et légumes. Cela a eu des conséquences négatives sur la production. La hausse des charges à cause de la guerre en Ukraine et de l’inflation a aussi compliqué la situation. De même, la vague de froid qui sévit depuis quelque temps dans le Royaume a retardé la croissance des cultures et les récoltes» , nous précise-t-on auprès de l’Association des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (APEFEL). Dans la même veine, Abdelali Ramou, président de l’Asso- ciation nationale des vendeurs de viandes rouges au Maroc, précise que «la sécheresse a fortement impacté le cheptel, qu’il soit ovin, bovin ou caprin. Et avec la hausse des coûts de production, notamment l’ali- ment de bétail, et l’appauvris- sement des parcours naturels, de nombreux éleveurs ont soit délaissé l’activité, soit réduit leurs troupeaux pour faire face aux charges. De plus, la pandémie a impacté le pro- gramme de reproduction à cause des difficultés à recon- duire adéquatement les opéra- tions d’insémination artificielle.

Du coup, l’offre de viandes rouges a diminué, ce qui, par conséquent, a fait augmenter les prix». Toutefois, la flambée des prix n’est pas uniquement liée à la sécheresse, la crise post- Covid, la guerre en Ukraine ou encore à la vague de froid, mais également à une dynamique spéculative entretenue par une très longue chaine d’intermé- diaires dans les canaux de commercialisation, que le gou- vernement ne peut empêcher de sévir. «Il y a un problème d’offre, et les intermédiaires profitent de l’occasion pour gonfler les prix», déplore l’APE- FEL. Un phénomène pointé du doigt par la BM, qui estime que «l’écart important entre les prix à la production et les prix de détail ne se justifie pas toujours par la valeur ajoutée créée dans la chaîne d’appro- visionnement». C’est pourquoi les autorités ont décidé, durant les prochains jours et semaines, de renforcer les mesures de coordination et de contrôle et de régulation des marchés déjà engagées. L’objectif étant, entre autres, de veiller à la transparence et la régularité des pratiques com- merciales, lutter activement contre toutes les manœuvres spéculatives susceptibles d’augmenter les prix de manière injustifiée, mais aussi de sanctionner les auteurs des infractions. Le gouverne- ment promet ainsi de prendre «toutes les mesures pour faire baisser les prix». C’est dans ce cadre qu’il a été décidé de geler provisoirement les expor- tations d’oignons, de pommes de terre et de tomates. «Nous avons eu des discussions avec le gouvernement à ce sujet et on lui a décrit la situation. La priorité est désormais donnée au marché local afin d’aug- menter l’offre. Une attention particulière est accordée aux produits à forte consomma- tion, notamment les oignons, les pommes de terre et les

tomates. Le gouvernement a pris une série de décisions pour stabiliser le marché, mais c’est au niveau des intermé- diaires qu’il faut muscler les contrôles», confirme notre source à l’APEFEL. L’Exécutif assure que, à la faveur des différentes actions déployées, «les prix de la viande et des légumes devraient connaitre une baisse au cours des prochains jours ou semaines». Ce que nous confirme notre interlocuteur. «Avec la hausse des tem- pératures et l’activation des récoltes, les prix des fruits et légumes devraient s’orienter à la baisse. Il faut s’attendre à une accalmie d’ici le mois de Ramadan» , affirme-t-il. Même son de cloche chez Ramou, qui estime que «la déci- sion du gouvernement d’auto-

riser l’importation de 200.000 têtes de bovins devrait booster l’offre de viandes rouges. Dès l’arrivage d’une première car- gaison au port de Casablanca, nous avons constaté un début de détente sur les prix, les- quels devraient s’inscrire dans une tendance baissière. Ces importations permettront de stabiliser le marché, le temps d’assurer la reconstitution du cheptel national». Loin des effets d’annonce, les citoyens veulent en tout cas du concret. Autrement dit, ne pas se ruiner en faisant leurs courses, surtout durant le mois de Ramadan où la consomma- tion tend à augmenter. Bourse trouée et ventre vide : associa- tion parfaite pour une colère sociale encore plus bruyante. Ce que le gouvernement doit absolument éviter. ◆

Les mesures adoptées par le Royaume pour atténuer les répercus- sions de la hausse des prix auront nécessité la mobilisation de dépenses publiques sup- plémentaires, correspondant à presque 2% du PIB.

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