FNH N° 1202

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 3 JUILLET 2025

reprise, devrait croître de 6% en 2025 et 2026, après deux années très timides (2,7% en moyenne). Parallèlement, les finances publiques, elles aussi, suivent la cadence. Les recettes ordi- naires bondissent (+17% sur les quatre premiers mois de l’année), reflet d’un meilleur recouvrement fiscal et d’une économie plus active. Les dépenses globales augmen- tent également (+23,6%), mais cette hausse est liée à l’accélération aussi bien des dépenses ordinaires que celles au titre de l’investisse- ment. Le déficit budgétaire, mainte- nu à 3,9% du PIB, reste sous contrôle, et devrait même se réduire à 3,4% en 2026, selon la Banque centrale. Malgré cette embellie écono- mique, l’emploi ne suit pas. Le taux de chômage s’est certes replié très légèrement entre le premier trimestre 2024 et celui de 2025, mais il reste à des niveaux élevés: 13,3% contre 13,7% un an plus tôt. C’est un mieux, mais un mieux qui ne suffit pas à dissimuler la profondeur du malaise. Surtout chez les jeunes : 37,7% des 15-24 ans sont sans activité profession- nelle. Un taux parmi les plus élevés du continent. Le sous- emploi, lui aussi, s’aggrave : il touche désormais 11,8% de la population active (vs 10,3% au T1 2024).

Le gouvernement, conscient du gouffre social que repré- sente ce chômage de masse, a récemment lancé une nou- velle feuille de route pour l’emploi. Objectif : mieux faire correspondre l’offre de for- mation aux besoins concrets des entreprises, soutenir les TPME, promouvoir l’auto- emploi et réformer en profon- deur l’ANAPEC pour en faire un véritable levier d’inser- tion professionnelle. Quinze milliards de dirhams ont été mobilisés à cet effet. C’est beaucoup, mais ce ne sera peut-être pas suffisant. Car le problème est structurel. En définitive, l’économie marocaine donne le senti- ment de changer d’échelle. Plus résiliente, elle s’inscrit dans une trajectoire ascen- dante, portée par l’investis- sement et une demande inté- rieure robuste qui a progres- sé de 8% au T1 2025 vs 4% au T1 2024, contribuant ainsi pour 8,5 points à la crois- sance économique nationale (vs 4,3 points). Seul bémol : le chômage élevé, particulière- ment chez les jeunes. ◆ Le gouvernement, conscient du gouffre social que représente le chômage de masse, a récemment lancé une nouvelle feuille de route pour l’emploi.

 Du côté des secteurs non agricoles, des activités comme le BTP sont dans une très bonne dynamique, portées par les chantiers structurants engagés par le Maroc.

gresse de 4,4% vs 2,8% le même trimestre de l’année précédente, contribuant pour 2,6 points à la croissance contre 1,7 point auparavant. L’investissement s’emballe L’un des moteurs les plus spectaculaires de cette crois- sance reste l’investissement brut (formation brute de capi- tal fixe; variation des stocks et acquisition nette d’objets de valeur) qui a bondi de 17,5% au premier trimestre contre seulement 4,9% un an plus tôt, contribuant à la crois- sance de 4,9 points au lieu de 1,4 point. En valeur, l’in- vestissement brut représente désormais 28,8% du PIB au lieu de 26,6% durant le même trimestre de l’année précé- dente. «Ce qui dégage un besoin de financement de 2%

du PIB» , estime le HCP. Il faut dire que les chantiers ne manquent pas. On investit dans le rail, la route, les ins- tallations sportives, les infras- tructures portuaires, l’énergie, la digitalisation… Cette dynamique est soute- nue par une politique moné- taire guidée par la nécessité de soutenir l’activité écono- mique tout en veillant à la stabilité des prix : le taux directeur a été ainsi maintenu inchangé à 2,25% par Bank Al-Maghrib lors de son dernier Conseil tenu le 24 juin, mainte- nant des conditions de crédit favorables. Les taux débiteurs appliqués aux entreprises ont reculé de 45 points de base depuis le début du cycle d’as- souplissement engagé en juin 2024. Le crédit bancaire au secteur non financier, en nette

Les échanges extérieurs amputent la croissance de 3,8 points

Sur le front du commerce extérieur, les importations de biens et services en volume ont progressé de 9,8% au premier trimestre 2025, contre 7,6% à la même période de l’année précédente. Cette évolution s’est traduite par une contribution négative de 4,7 points à la croissance, en aggravation par rapport aux -3,7 points enregistrés un an plus tôt. Parallèlement, les exportations ont connu un net ralentissement : leur taux de crois- sance est passé de 5,8% au premier trimestre 2024 à seulement 2,2% cette année. Leur contribution à la croissance s’en est ressentie, tombant à 0,9 point contre 2,5 points à la même période de l’année dernière. Au total, les échanges extérieurs de biens et services ont amputé la croissance éco- nomique de 3,8 points au cours du premier trimestre 2025, contre une contribution négative de 1,3 point un an auparavant.

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