FNH N° 1202

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 3 JUILLET 2025

rielle de l'eau (CIE) est également inactive. Cela signifie que malgré les hautes orientations royales qui ont fait de l'eau une priorité natio- nale absolue, le système manque cruellement d'un «pilote unifié» pour coordonner l'action publique. Cette fragmentation institutionnelle entraîne des chevauchements de compétences et une dilution de la responsabilité entre la multitude d'acteurs (ministères, agences, offices, collectivités). Par exemple, la police de l'eau manque de moyens pour contrôler les plus de 200.000 forages souvent informels. Ce qui entraine un coût d'opportu- nité croissant. En effet, l’eau utili- sée pour l'exportation agricole est autant d'eau indisponible pour l'in- dustrialisation, l'habitat urbain ou l'adaptation climatique. De plus, un risque macro-financier est percep- tible. L'Union européenne, principal débouché des exportations agri- coles marocaines, prépare un éti- quetage «empreinte eau» qui pour- rait renchérir les produits à forte intensité hydrique. Le manque d'eau pour l'agricul- ture pluviale ou les oasis présaha- riennes pourrait creuser la fracture entre agriculture d'export et agri- culture vivrière. Et le pays risque de perdre jusqu'à 6,5% de son PIB en raison de cette raréfaction. « La ‘révolution verte’ agricole, bien que réussie économiquement à court terme, risque de se solder par une ‘révolution sèche’, compromettant non seulement l'agriculture, mais l'ensemble du projet de dévelop- pement du Maroc», lit-on dans le rapport. Face à cette impasse, le dessa- lement s’impose comme l’un des seuls leviers d’adaptation rapide. Le Maroc compte déjà 17 stations, avec une production annuelle de 320 millions de m³. Quatre nou- velles usines sont en chantier, et le cap est fixé à 1,7 milliard de m³ à l’horizon 2030. Casablanca, Agadir et Dakhla sont en tête de file de cette stratégie. Toutefois, ce virage est jugé «tardif» par les experts de l’IMIS. Le Maroc doit désormais garantir un cadre rigoureux aux partenariats public-privé, dévelop- per des unités alimentées par les énergies renouvelables, et éviter les déséquilibres territoriaux.

d’un observatoire hydrique. Ensuite, il s’agit de plafonner les prélève- ments agricoles par bassin en liant les aides publiques à la valeur ajou- tée par mètre cube, et de générali- ser l’empreinte-eau comme critère d’investissement pour tout projet industriel, touristique ou agricole. Par ailleurs, il préconise de diviser par deux les pertes sur les réseaux et d’ancrer la sobriété hydrique dans l’éducation nationale. ◆

Le rapport propose la refonte des instances de gouvernance en créant un Conseil national de l’eau et du climat doté d’un observatoire hydrique.

Le rapport ne se contente pas d'un diagnostic. Il propose dix recom- mandations stratégiques pour une gestion durable de l'eau au Maroc.

Parmi les plus urgentes et structu- rantes, la refonte des instances de gouvernance en créant un Conseil national de l’eau et du climat doté

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