FNH N° 1184

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 13 février 2025 - 8 DH - N° 1184

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Industrie financière africaine

Entre innovation technologique et consolidation institutionnelle

 Hicham Belemqadem, Financial Services Industry Leader de Deloitte Morocco

P. 14 à 16

 Ramatoulaye Goudiaby, directrice d’AFIS

Une réforme structurelle inévitable ASSURANCE HABITATION OBLIGATOIRE

P. 12/13

SRM Casablanca-Settat Vaste programme d’investissement

Médicaments Pourquoi les prix flambent et qui en pâtit ?

Cryptomonnaie L’étonnant paradoxe marocain !

 Entretien avec Youssef Ettazi, DG de la SRM Casablanca-Settat.

P. 19

P. 3

P. 22 à 24

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

SOMMAIRE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 13 FÉVRIER 2025

ACTUALITÉ

26 L'UNIVERS DES TPME

Editorial

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Voyons voir : Cryptomonnaie : L’étonnant paradoxe marocain !

Entretien avec Oussama Salihi : JaiTesté, «La voix des consommateurs au cœur des recomman- dations»

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Ça se passe au Maroc Ça se passe ailleurs

BOURSE & FINANCES

Point Bourse Hebdo : Un temps mort avant un temps fort Placements : Afflux massifs sur les OPCVM actions en janvier Bourse : Les paris 2025 de CFG Bank Ciment : Le secteur bien parti pour rattraper son retard Assurance habitation obligatoire : Une réforme structurelle inévitable Industrie financière africaine : Entre innovation technologique et consolidation institutionnelle Bourse : Feu vert de l'AMMC pour l'OPA obligatoire visant les actions Eqdom

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Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication

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DEVELOPPEMENT DURABLE

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Energies renouvelables : L’intermittence, un cheval à dompter Mobilité durable : Un virage vers un avenir plus vert

Corruption

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L Le prix de l’inaction

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e dernier classement de l’Indice de perception de la corruption (IPC) dévoilé par Transparency International n’a rien d’une surprise. Il révèle encore une fois que le Maroc patauge dans les sables mouvants de la cor- ruption. Un point de perdu, deux places de recul et une situation qui ne fait qu’empirer depuis 2018. En six ans, le Royaume a perdu 26 places pour se retrouver désormais au 99 ème rang mondial.

HIGH-TECH

La corruption, c’est cet impôt invisible que beaucoup de Marocains paient. Sauf que, contrairement aux impôts classiques, celui-ci ne sert ni à construire des écoles, ni à améliorer les infrastructures, mais plutôt à graisser des pattes déjà bien huilées. Pendant que le Danemark et la Finlande paradent en tête du clas- sement avec des scores qui feraient rougir d’envie n’importe quel fonctionnaire marocain honnête, notre pays, lui, se retrouve au sein des nations où la corruption est un sport national. Mais alors, que se passe-t-il réellement ? Pourquoi le Maroc, malgré les grandes déclarations officielles et les commissions anti- corruption à répétition, n’arrive-t-il pas à briser ce cercle vicieux ? Pourquoi les institutions censées traquer les pratiques douteuses n’arrivent-elles pas à combattre efficacement ce fléau ? Pourtant, son coût est faramineux : 50 milliards de dirhams par an, selon l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC). C’est l’équivalent du budget prévu pour la Coupe du monde 2030 que le Maroc organisera avec l’Espagne et le Portugal ! Résumons donc : chaque année, le pays s’offre un Mondial en pure perte, sans matchs et sans stades, juste avec des enveloppes qui disparaissent dans des poches d’indivi- dus véreux. Les petites entreprises, qui forment 96% du tissu éco- nomique marocain, en sont les premières victimes. En plus d’être écartées des marchés publics, elles doivent composer avec des délais de paiement interminables. Au final, des centaines de TPME déposent le bilan chaque année, étouffées par un système qui devrait les soutenir, mais qui, au contraire, les asphyxie lentement. Bien sûr, les gouvernements successifs n’ont pas manqué d’affi- cher leur indignation face à cette gangrène. Rapports, commis- sions, digitalisation des services publics pour réduire les occa- sions de corruption, stratégies nationales…, tout y passe. Mais dans les faits, les résultats sont faméliques. Au grand dam des citoyens, qui subissent chaque jour une corruption insidieuse, mais terriblement efficace. Et il en sera ainsi tant que le combat contre ce fléau se limitera à des slogans et des discours cosmétiques. u

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IA générative : Révolution ou menace pour la production de contenu ? Aux origines du gaming : À quand une vraie industrie ?

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Secteur minier : Amendement de la loi 13-33 pour stimuler l'investissement Casablanca-Settat : «La SRM s’est engagée dans un vaste programme d’investissement» Économie bleue : Dakhla, une success-story non sans défis Entretien avec Abdelmajid Belaiche : Médicaments, Pourquoi les prix flambent et qui en pâtit ? Campagne agricole : Une saison quasi compromise ! 18 19 20 22 25 ECONOMIE

32 SOCIÉTÉ

Corruption : Le Maroc recule dans le classement mondial

• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal

• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

VOYONS VOIR

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 13 FÉVRIER 2025

Cryptomonnaie

L’étonnant paradoxe marocain !

D epuis l’explosion du Bitcoin en 2017, les cryptomonnaies n’ont jamais cessé d’être un sujet de fascination et de controverse. Tantôt adulées comme l’avenir de la finance, tantôt décriées comme un Eldorado de la spécula- tion et du blanchiment, elles n’en restent pas moins une classe d’actifs qui se démocratise à vitesse grand V. Et le Maroc, malgré son positionnement long- temps hésitant, n’échappe pas à cette vague. Selon une récente étude de Hellosafe, le nombre de Marocains détenteurs de cryp- tomonnaies est passé de 3,6 millions en 2019 à plus de 6 millions en 2024, soit une augmentation de 66% en cinq ans. Un chiffre impressionnant, qui place le Royaume parmi les pays africains les plus engagés dans la révolution crypto. Pourtant, paradoxalement, la législation marocaine interdit toujours offi- ciellement ces actifs numériques. En effet, depuis 2017, le Royaume affiche une pos- ture de prudence vis-à-vis des cryptomon- naies. Bank Al-Maghrib n’a cessé de rappeler les risques liés à leur utilisation : volatilité extrême, absence de régulation, risques de blanchiment d’argent et de financement d’ac- tivités illicites… Par D. William

Dans les zones rurales où l’offre bancaire est limitée, ces actifs numériques pourraient en effet représenter une alternative crédible pour faciliter les paiements et l’accès aux services financiers. Autre signe fort : le projet de loi sur les cryp- toactifs actuellement en cours d’adoption. Conçu en collaboration avec la Banque mon- diale et d’autres institutions nationales, ce texte vise à instaurer un cadre réglementaire clair pour ces actifs numériques. L’enjeu pour le Maroc est d’éviter la dérive spéculative, les cryptos étant un terrain de jeu propice aux bulles financières, mais aussi de protéger les utilisateurs des fraudes. Etant donné qu’il ne s’agit plus de savoir si ces actifs numériques vont s’imposer, mais bien comment les intégrer intelligemment dans l’économie nationale. Le défi sera d’autant plus complexe que la technologie évolue rapidement. En effet, de nouvelles tendances émergent, comme les monnaies digitales de banques centrales (MDBC), sur lesquelles Bank Al-Maghrib mène actuellement des études. Ces monnaies numériques officielles pourraient coexister avec les cryptos tradi- tionnelles, offrant ainsi une alternative plus stable et encadrée. Une tendance mondiale Le Maroc n’est pas le seul pays à faire face à cette montée en puissance des cryptos. Selon Hellosafe, l’Allemagne, les Etats-Unis et le Canada ont vu leur taux de détenteurs de cryptomonnaies tripler entre 2019 et 2024 (+225%), suivis des Emirats Arabes Unis (+210%) ou encore de la Suède (+200%). L’Asie n’est pas en reste : l’Inde a gagné plus de 200 millions de nouveaux détenteurs de cryptos en cinq ans, tandis que l’Indonésie et le Pakistan affichent respectivement 56 et 30 millions de nouveaux adeptes. En Afrique, le Nigeria (67% de croissance) et l’Egypte (+137,5%) figurent parmi les locomotives du continent. L’Europe voit également l’adoption des cryptos s’accélérer : le Portugal (+122%), la France (+125%) et la Suisse (+90%) sont en train de devenir des terres d’adoption privi- légiées des cryptos, malgré des approches réglementaires parfois timides. ◆

té bien ancrée au Maroc, encouragée par une meilleure accessibilité aux plateformes d’échange en ligne. Résultat : malgré l’ab- sence de cadre légal, le Maroc est classé 20 ème mondial en matière d’adoption des cryptomonnaies, selon le rapport Geography of Cryptocurrency 2023 de Chainalysis. Alors, que faire ? Continuer à interdire et laisser un marché informel prospérer, ou bien encadrer pour mieux contrôler ? Les signaux envoyés récemment par les autorités marocaines laissent entrevoir une évolution majeure. Lors de l’Africa Financial Summit (AFIS) 2024 à Casablanca, la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah, a reconnu que les cryptomonnaies pourraient jouer un rôle clé dans l’inclusion financière.

Selon une récente étude de Hellosafe, le nombre de Marocains détenteurs de cryptomonnaies est passé de 3,6 millions en 2019 à plus de 6 millions en 2024, soit une augmentation de 66% en cinq ans.

Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes : le trading de cryptomonnaies est une réali-

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

ÇA SE PASSE AU MAROC

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Tourisme

Plus de 400 startups en lice pour moderniser l'offre touristique nationale

U n total de 414 projets touristiques innovants ont été présélectionnés dans le cadre du pro- gramme d’incubation lancé par le ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire et la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT), une initiative clé de la feuille de route 2023-2026 visant à enrichir et moderniser l’offre touristique nationale. Doté d’une enveloppe de 156 millions de dirhams, ce programme, lancé en septembre 2024, ambitionne de dynamiser l’investissement touristique en misant sur des expériences innovantes dans trois segments stratégiques, à savoir la gastro- nomie, la gamification de loisir et le digital.

«Notre ambition va bien au-delà d’un simple pro- gramme d’incubation. Nous souhaitons dynamiser l’investissement touristique, tout en construisant une nouvelle génération d’expériences au profit des voyageurs», a affirmé la ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, Fatim-Zahra Ammor. ■

Croissance

Le FMI prévoit 3,9 % en 2025 L e FMI anticipe une croissance de l'économie marcaine de 3,9% en 2025, contre 3,2% en 2024, en raison du rebond de la produc- tion agricole et du dynamisme du secteur non agricole, porté par une forte demande intérieure. C’est ce qu’a indiqué le chef de mission du FMI au Maroc, Roberto Cardarelli, qui dirigeait une équipe des services du FMI, du 27 janvier au 7 février, au sujet des consultations de 2025 au titre de l'article IV. L'inflation devrait se stabiliser autour de 2% et le déficit courant s'établir à 3 %. Sur le plan budgétaire, le FMI souligne que les réformes fiscales ont élargi l’assiette de l’impôt et permis d’augmenter les recettes, réduisant le déficit budgétaire à 4,1% du PIB en 2024 contre 4,3% prévus. Il recommande d'utiliser d’éventuels excédents pour accélérer la réduction de la dette publique. Concernant la politique monétaire, l'orientation actuelle est jugée appropriée, et le FMI soutient la transition de Bank Al-Maghrib vers un dispositif de ciblage de l’inflation. Il insiste également sur l’importance d’élargir encore l’assiette fiscale, de rationaliser les dépenses publiques, notamment en réduisant les subventions aux entreprises publiques et d’accroître l’utilisation du registre social unifié pour les programmes sociaux. Le FMI encourage le Maroc à poursuivre ses réformes économiques, notamment en soutenant les PME, en renforçant les centres régionaux d’in- vestissement et en révisant le code du travail et les cadres fiscaux et réglementaires pour stimuler le secteur privé. Il salue aussi les avancées du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, qui facilite l’accès au financement pour les PME. ■

Banques

La DTFE dévoile le classement des banques les plus actives en 2024 L a Direction du Trésor et des finances extérieures (DTFE) vient de publier le classement annuel des trois banques Intermédiaires en valeurs du Trésor (IVT) les plus actives sur le marché des bons du Trésor (BDT) au titre de l'année 2024. Ainsi, Attijariwafa bank occupe la première place des banques IVT les plus performantes, suivie de BMCE Capital et la Banque

Centrale Populaire (BCP). Ce classement est établi sur la base de l’évaluation de l’activité de ces banques. Il prend en considération la qualité d’animation des marchés primaire et secondaire des bons du Trésor et de participation aux opérations de gestion active de la dette intérieure, le respect des engagements de cota- tion électronique des bons du Trésor et la qualité du conseil fourni et des informations communiquées par lesdites banques à la Direction du Trésor. ■

Déclarations de patrimoine

Début de l'opération de renouvellement des déclarations obligatoires

L a Cour des comptes informe les assujet- tis à la déclaration obligatoire de patri- moine que l’opération de renouvellement des déclarations, exigible tous les trois ans pour les fonctionnaires et agents de l’État, des collectivités territoriales, des entreprises publiques et autres organismes sous tutelle, a

débuté le 3 février 2025, et se poursuivra tout au long de ce mois. Et ce, conformément aux dispositions de l’article 5 de la loi 54-06 relative à la déclaration obligatoire du patrimoine pour certains élus des conseils communaux, des chambres professionnelles et certaines caté- gories de fonctionnaires ou d’agents publics. ■

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ÇA SE PASSE AILLEURS

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Intelligence artificielle

Acier

Inde

L'UE compte mobiliser 200 milliards d'euros d'investissements L a présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé, mardi, le lancement d'«InvestAI», une initia- tive visant à mobiliser 200 milliards d'euros pour des investissements dans l'intelligence artificielle. Cette initiative, qui comprend un nouveau fonds européen de 20 mil- liards d'euros pour les giga-usines d'IA, est « nécessaire pour permettre le développement ouvert et collabo- ratif des modèles d'IA les plus com- plexes et pour faire de l'Europe un continent de l'IA », a affirmé la cheffe de l’exécutif européen, lors du som- met d'action sur l'intelligence artifi- cielle (IA) à Paris. « Avec nos États membres et nos partenaires, nous mobiliserons des capitaux sans précédent par l'in- termédiaire d'«InvestAI» pour les giga-usines européennes d'IA », a-t- elle indiqué, ajoutant que ce par- tenariat public-privé «unique» per- mettra à tous nos scientifiques et entreprises, et pas seulement aux plus grands, de développer les très grands modèles les plus avancés nécessaires pour faire de l'Europe un continent de l'IA. ■

Le président Trump confirme l’imposition de taxes douanières de 25%

La Banque centrale abaisse son taux directeur pour la première fois en près de 5 ans L a Banque centrale de l'Inde (RBI) a réduit cette semaine son taux directeur, amorçant un assouplis- sement monétaire inédit en près de cinq ans, dans un contexte de ralentisse- ment économique et d'inflation en repli. Le Comité de politique monétaire (MPC) de la RBI a abaissé le taux repo de 25 points de base, le portant à 6,25%, après onze réunions consécutives de statu quo. Cette décision, largement anticipée par les analystes, marque le premier ajustement à la baisse depuis mai 2020. L’inflation à la consommation a récem- ment ralenti, s’établissant à 5,2% sur un an en décembre, son niveau le plus bas en quatre mois, mais demeure au- dessus de l’objectif à moyen terme de la RBI, fixé à 4%. La croissance du produit intérieur brut (PIB) s’est essoufflée, tombant à 5,4% entre juillet et septembre derniers, son niveau le plus bas en sept trimestres, après 8,1% un an plus tôt. ■

L e président américain, Donald Trump, a signé lundi un décret présidentiel imposant des droits de douane généralisées de 25% sur toutes les importations d’acier et d’alu- minium. « C’est une décision importante qui rend l’Amérique à nouveau riche », a déclaré Trump en signant le décret. Trump avait insisté, durant sa campagne électorale, qu’il compte faire usage des tarifs douaniers pour faire avancer son agenda « Rendre à l’Amérique sa grandeur » (Maga), notamment à travers l’encouragement de la

production locale et la création d’emplois dans l’industrie sidé- rurgique. Le président américain a éga- lement déclaré, dimanche, qu’il compte imposer des droits de douane «réciproques» contre tout pays qui taxe les importa- tions américaines. D’après des observateurs cités par la presse, ces tarifs pour- raient toucher les produits de l’Union européenne qui taxe les voitures américaines à hauteur de 10%, tandis que les véhicules européens font l’objet d'une taxe américaine de seule- ment 2,5%. ■

Japon

L e Fonds monétaire internatio- nal (FMI) s'est alarmé du «risque important» de voir le déficit bud- gétaire du Japon se creuser davantage avec les vastes mesures de relance engagées par Tokyo, au risque de réduire ses marges d'action. « Il existe un risque important que le déficit se creuse davantage, compte tenu des exi- gences politiques avec lesquelles doit composer le gouvernement minoritaire » du Premier ministre Shigeru Ishiba, a indiqué l'institution dans son rapport régulier («chapitre IV») sur l'économie nippone. « Il convient d'éviter cela, car la marge de manœuvre budgétaire reste limitée » pour réagir à d'éventuels chocs économiques, s'inquiète également l'organisation basée à Washington. ■ Le FMI s'alarme du «risque important» d'un déficit budgétaire aggravé

Golfe

Le marché de la dette dépasse un trillion de dollars

L e volume du marché de la dette dans les pays du Golfe a dépassé un trillion de dollars fin janvier dernier, soit une croissance annuelle de 10%, a indiqué l'agence de notation financière «Fitch Ratings» dans un rapport publié mardi. Dans ce document, l’agence estime que les pays du Golfe continueront à figurer parmi les principaux émetteurs de dette en dollars des mar- chés émergents en 2025 et 2026, notant que les émissions de dette en provenance du Golfe représentent un quart de l'ensemble de la dette

en dollars des marchés émergents émise l'année dernière, à l'exception de la Chine. Cette dynamique est soutenue par diverses initiatives gouvernementales, visant à développer les marchés de capitaux locaux et à diversifier l'économie, dans un contexte marqué par le besoin de couvrir les déficits et de financer de nou- veaux projets. Par ailleurs, l’Arabie Saoudite détient la part la plus importante des dettes au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG), avec 44,8%, suivie des Émirats Arabes Unis avec 29,9%, et du Qatar avec 12,8%, tandis que la part restante est répartie entre Bahreïn, Oman et Koweït. ■

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BOURSE & FINANCES

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Point Bourse Hebdo Un temps mort avant un temps fort

Evolution de l'indice Masi depuis début 2024

C Puissance, puis relâchement. La dynamique haussière des actions en ce début d'année s’installe par alternances. ette semaine, c’était une pause active avec un marché qui respire, digère et nourrit sa progression avec méthode. Le Masi progresse ainsi de 0,48% sur la semaine en actualisant ses sommets histo- riques à 16.325 points. Si l’indice marque un temps de récupération, c’est pour mieux (re)prendre son élan. Car c’est cette consolidation qui solidifie les acquis et prépare le terrain pour de nouveaux sommets. Si la hausse a ralenti, les volumes, eux, ne se sont pas assoupis : 1,8 milliard de dirhams échangés sur les deux marchés (central et blocs), une vitalité qui s’explique par un retour en force des big- caps. Attijariwafa bank (125 MDH), BCP (116 MDH) et Maroc Telecom (105 MDH) ont capté l’essentiel des flux pour confirmer que la gestion active et l’implémentation sont bien à l’œuvre. Le marché a encore du carburant... Par Y . Seddik

le signal est positif : forte crois- sance des profits et dividendes en hausse. Une dynamique qui devrait donner du grain à moudre aux investisseurs dans les prochaines semaines, au fur et à mesure des annonces.

TOP Performances

FLOP Performances

Maintenant, pour aller plus haut, le marché aura besoin d’impul- sions supplémentaires, et elles ne manquent pas à l’horizon. Les résultats d’entreprises cotées, sur lesquels les anticipations sont par- ticulièrement favorables, viendront compléter un tableau macro déjà bien orienté. Autre soutien de taille: le flux de new cash injecté (entre autres) par l’amnistie fiscale, qui ali- mente les OPCVM. 3,4 milliards de dirhams de collecte sur les fonds actions en janvier avec un encours bonifié à plus de 9 milliards, un chiffre jamais vu, qui devrait encore grossir au fil de l’année. Sur le plan économique, la balance menaces/opportunités penche toujours du bon côté. CAN 2025, Coupe du monde 2030, dynamisme

Ib Maroc Cartier Saada Réalisations Mécaniques

-5,11%

+19,7% +14,62%

Maghreb Oxygène Sonasid Rebab Company

-4,95%

-4,3%

+14,44 %

des exportations, cycle haussier de l’immobilier, consolidation du tou- risme… Les catalyseurs sont là. Et s’ajoute à cela la perspective d’une poursuite de la baisse du taux direc- teur, qui ancre un environnement favorable aux actions.

et les taux longs continuent de bais- ser et renforcent l’attrait de la cote. «Le marché a beaucoup progressé, mais il n’est pas encore cher. Nous sommes toujours dans une zone d’investissement attractive, tant que les bénéfices suivent», ana- lyse Jérôme Boumengel de Africa Financial Investment. Pour lui, la dynamique est saine, soutenue par des flux solides. Les 18.000 points? Un scénario crédible, tant que la mécanique des fondamentaux et du sentiment de marché reste ali- gnée. ◆

Côté fondamentaux, la saison des publications trimestrielles et annuelles démarre timidement avec seulement deux résultats au comp- teur cette semaine, ceux des filiales cotées du Groupe Akwa (Afriquia Gaz et Maghreb Oxygène). Mais

... Et il est encore loin de la surchauffe

Malgré cette progression, le marché reste dans sa moyenne historique en termes de cherté. Autrement dit, on n’a pas encore touché le plafond. Les actions ne sont pas surévaluées

BOURSE & FINANCES

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Placements Afflux massifs sur les OPCVM actions en janvier L Un début d'année tonitruant pour les OPCVM actions, avec un peu plus de 3,4 milliards de dirhams de souscriptions nettes provenant tant des institutionnels que des personnes physiques. Par A. Hlimi es flux OPCVM constituent un indicateur puissant de l'aver- sion au risque des investis- seurs institutionnels, qui représentent plus de 70% des encours sous gestion, mais également, dans une moindre mesure, des investisseurs par- ticuliers, lesquels représentent environ 8% des investisse- ments en OPCVM. Le reste des investissements est réalisé par des entreprises, générale- ment de grandes tailles, qui privilégient dans l'écrasante

de dirhams par des opérateurs du marché. Selon un gérant, les per- sonnes physiques détiennent actuellement environ 15% des encours des OPCVM actions, tandis que les institutionnels en détiennent 80% et les entre- prises non financières 5%. Les encours des OPCVM diver- sifiés ont également progressé de 6,9 milliards de dirhams en janvier, profitant eux aussi des nouveaux paris des ins- titutionnels et des personnes physiques. Les souscriptions nettes en janvier dépasseraient ainsi 3,2 milliards de dirhams. Dans un contexte jugé encore porteur, les arbitrages des ins- titutionnels devraient se pour- suivre en faveur du marché actions, notamment via les OPCVM actions et diversifiés, qui offrent davantage de sou- plesse et de liquidité dans un environnement où la gestion de portefeuille est de plus en plus déléguée aux gestion- naires d'OPCVM. À ce titre, l'actif net global géré par les OPCVM a terminé janvier en hausse de 6,35%, s'approchant pour la première fois de l'histoire du seuil sym- bolique des 700 milliards de dirhams. Ce secteur s'apprête à connaître un nouveau cycle de croissance avec l'arrivée immi- nente de la nouvelle loi régis- sant le secteur dans le circuit législatif. Cette nouvelle loi, bientôt discutée au Parlement, prévoit d’élargir la gamme des produits offerts aux investis- seurs marocains, notamment avec l’introduction des ETF (Exchange Traded Funds), des OPCVM en devises, des OPCVM participatifs et des OPCVM à règles de fonction- nement allégées, réservés aux investisseurs avertis et béné- ficiant de ratios prudentiels bonifiés. Cette loi encourage les gestionnaires à innover, en élargissant l’univers d’investis- sement des OPCVM aux pro- duits dérivés et aux marchés étrangers de manière plus marquée s'ils le souhaitent. ◆

majorité des cas des OPCVM monétaires afin d’optimiser la gestion de leur trésorerie en misant sur une sécurité maxi- male. Par ailleurs, selon plusieurs gérants consultés, le compor- tement récent des investis- seurs traduit un intérêt accru pour le marché actions. Cela se constate tant pour les fonds actions que pour les fonds diversifiés. Cette deuxième catégorie de fonds permet aux investisseurs d'adopter des stratégies plus agiles, com- binant actions et obligations, afin de mieux capter la dyna- mique globale du marché des capitaux, tandis que les flux destinés aux OPCVM actions

témoignent d'un intérêt direct pour cette classe d'actifs. Dès les premiers jours de jan- vier, les encours des OPCVM actions ont connu un net rebond qui s'est poursuivi tout au long du mois pour totali- ser 9 milliards de dirhams sur quatre semaines. Cette pro- gression historique s'explique à la fois par un effet de mar- ché, lié à l'impact de la hausse des actions sur les valorisa- tions des portefeuilles des OPCVM, et par un effet de col- lecte, consécutif à l'arrivée de nouveaux souscripteurs, qu'ils soient personnes physiques ou institutionnels. Les nou- velles souscriptions seraient ainsi estimées à 3,4 milliards

L'actif net global géré par les OPCVM a terminé janvier en hausse de 6,35%.

 La gestion d'actifs s'apprête à connaître un nouveau cycle de croissance avec l'arrivée imminente de la nouvelle loi.

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BOURSE & FINANCES

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Bourse Les paris 2025 de CFG Bank

Attijariwafa bank et Crédit du Maroc (banques), Akdital (santé), Marsa Maroc (infrastructures et logistique), Mutandis (biens de grande consommation), HPS (nouvelles technologies), Aradei Capital (immobilier locatif), TGCC (BTP) et Maroc Telecom (télécom- munications). En plus d’un bon équilibre secto- riel, ce portefeuille comprend (i) des titres à multiple de valorisation élevé (mais justifié avec un poten- tiel de poursuite de la progres- sion des cours à moyen terme), et (ii) des titres dont le cours a progressé de façon raisonnable en 2024, donc significativement moins chers, présentant ainsi un potentiel de rattrapage à court terme et de surperformance sur le moyen terme. 3 titres à surveiller de près Enfin, bien qu'elles ne fassent pas partie du scope de couverture des analystes de CFG Bank, Alliances Développement Immobilier, Taqa Morocco et Jet Contractors repré- senteraient également, selon eux, des valeurs à fort potentiel sur les années à venir. «Nous considérons que ces valeurs devraient profiter des dynamiques favorables dans lesquelles s'inscrivent leurs sec- teurs. En effet, ces trois sociétés sont des acteurs majeurs dans leurs secteurs respectifs, avec un positionnement stratégique et une expertise avérée qui devraient leur permettre de pleinement capter les opportunités qui pourraient se présenter» , indique-t-on. • Alliances Développement Immobilier semble poursuivre la réalisation de performances solides, en adéquation avec les objectifs fixés par son business plan 2022-2025, soit 8 Mds de DH cumulés en chiffre d'affaires et 1 Md de DH de RNPG sur ladite période, consolidant ainsi sa dynamique de croissance. En effet, la stratégie du Groupe s'est principalement concentrée sur le développement de lotissements afin de (i) maximiser les marges, (ii) réduire les délais de dévelop- pement, ce qui devrait de facto générer des liquidités plus rapide- ment, et (iii) réduire l'endettement afin d'assainir sa structure finan-

La masse bénéficiaire devrait s’établir en progression de 18,1% cette année. Voici les prévisions de la cellule recherche de la banque .

Par A. Hlimi

 La masse bénéficiaire ajustée du marché devrait croître de 7,4% et s’établir à 43.484 MDH en 2025.

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a masse bénéficiaire de l’ensemble des sociétés cotées à la Bourse de Casablanca devrait, selon le scénario central de CFG Bank, s’établir en progression de 18,1% en 2025. Retraitée des éléments à caractère exceptionnel atten- dus en 2024, dont principalement l’indemnité versée en 2024 par Maroc Telecom dans le cadre du litige juridique l’opposant à Wana Corporate au titre de dommages et intérêts pour pratiques anticon- currentielles, la masse bénéficiaire ajustée devrait croître de 7,4% et s’établir à 43.484 MDH en 2025. Le PER induit par ces projections de croissance des bénéfices et les niveaux de cours actuels est de 18,6x les bénéfices 2025E. «De prime abord, et en comparaison avec les niveaux de valorisation historiques du marché, un PER de 18,6x ne semble pas être un niveau élevé pour la place bour- sière casablancaise, puisque sur les 10 dernières années, le marché a traité en moyenne à environ 18x les bénéfices. Il n’est toutefois

Quelles actions pour 2025 ? Sur le moyen long terme, les ana- lystes du groupe bancaire préco- nisent de se positionner sur des valeurs qui regroupent les prére- quis suivants : • Positionnement dans des sec- teurs porteurs à fort potentiel de croissance, et une capacité à cap- ter cette croissance; • Un business model avec des flux récurrents, prévisibles et soute- nables; • Des niveaux de valorisation inté- ressants et justifiés par les pers- pectives de croissance futurs. En général, les niveaux de valorisation doivent être proportionnels à la pente de croissance des bénéfices. Pour un investisseur avec un horizon de placement de moyen terme, un portefeuille avec une rentabilité globale (y compris divi- dende) supérieure à la moyenne et présentant un profil de risque inférieur à la moyenne du marché, et une bonne diversification sec- torielle, devrait inclure les valeurs suivantes :

pas suffisant de se baser sur les moyennes historiques pour établir des conclusions sur les niveaux de valorisations actuelles, et de facto sur la trajectoire que devrait emprunter le marché en 2025E», précise-t-on dans la note. Où va le Masi en 2025 ? Ainsi, si le PER venait à tendre vers son niveau théorique de 19,7x, le marché enregistrerait, selon CFG Bank, une hausse de 6,8% en 2025. Toute nouvelle détente des taux souverains viendrait dilater le PER théorique et de facto conso- lider davantage le potentiel de hausse du marché. Dans l’hypo- thèse où les taux viendraient à se contracter, nous devrions assis- ter à une progression du marché boursier plus importante. «Selon nous, le retour de l’inflation à des niveaux normatifs et l’amélioration tendancielle du solde budgétaire plaideraient en faveur d’une stabi- lisation des taux souverains, voire une poursuite de la détente sur les mois à venir» , indique-t-on.

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cière. Mais encore, la société devrait profiter du contexte actuel favorable, marqué par une forte demande struc- turelle dans le sillage de programmes étatiques d'envergure, notamment (i) le programme d'aide directe au loge- ment et (ii) le programme «Villes sans bidonvilles» qui s'étaleront tous deux jusqu'en 2028. Afin de profiter de ces mesures étatiques, le Groupe envisage de se repositionner sur les projets rési- dentiels et travaillerait d'ores et déjà sur le développement de projets «moyen standing» de grande envergure qui répondraient aux conditions d'octroi de ces aides, dans des villes majeures du pays telles que Casablanca (4.000 unités) ou Marrakech (2.000 unités), soit des villes où la demande pour ce genre de produit est la plus élevée. • Taqa Morocco s'inscrit parfaite- ment dans les orientations et plans stratégiques du Royaume en termes de transition énergétique et de sécuri- sation de l'approvisionnement en eau. Ainsi, CFG Bank pense que le Groupe devrait être en mesure d'afficher un niveau de croissance très attrayant grâce à la concrétisation des projets en cours (projets éoliens, centrales photovoltaïques et production d'hydro- gène vert) et l'éventuel positionnement sur de futurs projets, notamment (i) le déploiement de centrales de dessale- ment d'eau de mer et (ii) le développe- ment de centrales électriques à cycle combiné alimentées au gaz naturel, une source d'énergie qui joue un rôle majeur dans le mix énergétique cible du Royaume. • Jet Contractors a réussi à mettre en place une stratégie d'intégration verticale qui lui a permis d'élargir pro- gressivement son scope d'activités et d'expertise. Grâce à cela, le carnet de commandes aurait progressé selon un TCAM de 41% sur la période 2019- 2024E pour s'établir actuellement à 9 Mds de DH. Grâce à ces orientations stratégiques, Jet Contractors figure aujourd'hui parmi les acteurs de réfé- rence du secteur du BTP. Bien que le management anticipe une croissance «modérée» sur les années à venir, CFG Bank pense que la prise de com- mandes pourrait dépasser ses attentes compte tenu de (i) la croissance consi- dérable de l'investissement public (près de 200 Mds de DH en moyenne sur la période 2010-2022 vs. 335 Mds de DH et 340 Mds de DH en 2024E et 2025E respectivement) afin de mettre

de dessalement d'eau de mer au Maroc et en Afrique pour faire face au stress hydrique, le développement de projets d'énergies solaires ainsi que le déve- loppement d'activités liées au traite- ment des déchets. Ainsi, CFG Bank pense que l'évolution du carnet de commandes devrait être suivie de près, car cette dernière sera intimement liée au potentiel de croissance de l'acti- vité du Groupe et, par conséquent, des indicateurs financiers futurs. ◆

Si le PER venait à tendre vers son niveau théorique de 19,7x, le marché enregistrerait, selon CFG Bank, une hausse de 6,8% en 2025.

à niveau l'infrastructure nationale dans différents domaines tels que la santé, le tourisme, le sport, l'irrigation, etc., ( ii) le renforcement des efforts d'in- ternationalisation du Groupe (la part

de l'export représente 44% du carnet de commandes au T1-2024) et (iii) le positionnement de Jet Contractors sur des activités hautement stratégiques, telles que la construction de stations

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l’emploi (22%) et les produits préfabriqués (10%) suivent, tandis que le segment des infrastructures représente 7% des ventes, un chiffre appelé à croître avec l’intensification des grands chantiers. Le secteur bénéficie de plu- sieurs moteurs structurels de croissance à court et moyen terme. D’une part, les grands projets d’infrastructures liés à la Coupe d’Afrique des nations 2025 et à la Coupe du monde 2030 entraînent des investissements massifs dans les stades, les routes et les équipements publics. Dans le même élan, le pro- gramme de reconstruction d’Al Haouz, doté d’un budget de 120 milliards de dirhams sur cinq ans, vient stimuler davantage l’activité. Le ren- forcement des infrastructures hydrauliques est également prévu, avec la construction de 20 barrages et de trois sta- tions de dessalement, tandis que l’immobilier résidentiel est porté par l’accélération des chantiers, soutenue par un programme d’aide directe au logement. Parallèlement, la baisse des prix du petcoke, principal combustible utilisé par les cimentiers, améliore la ren- tabilité des industriels du secteur. La pression inflation- niste sur les coûts de produc- tion s’atténue ainsi et offre une meilleure visibilité sur les marges des acteurs cotés. Quelles perspectives pour les opérateurs cotés ? Selon BMCE Capital Research, LafargeHolcim Maroc affiche une décote par rapport à sa valeur intrinsèque, ce qui en fait une opportunité d’inves- tissement intéressante et figure dans son portefeuille type 2025 avec une pondéra- tion de 8,7%. Parmi les élé- ments soutenant cette vision : • Un positionnement straté- gique, avec une forte implan- tation dans les régions les plus dynamiques du pays (Centre, Nord, Sud et Est).

 Après des années de stagnation, le marché du ciment accélère sa reprise, porté par une demande robuste et des perspectives prometteuses.

Ciment Le secteur bien parti pour rattraper son retard Le marché du ciment au Maroc bénéficie d’une forte reprise portée par la relance immobilière, les grands projets d’infrastructures et la baisse des coûts des intrants. LafargeHolcim Maroc et Ciments du Maroc, bien positionnés pour capter cette croissance, offrent un potentiel d’appréciation intéressant pour les investisseurs en Bourse.

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Par Y. Seddik

e marché du ciment au Maroc entame l’année 2025 sous des auspices favorables. Après une progression de 9,5% des ventes en 2024, le sec- teur confirme sa dynamique haussière avec une hausse de 13,75% en janvier. Porté par des investissements mas- sifs en infrastructures et une reprise de l’immobilier, le sec- teur cimentier affiche des fon- damentaux solides et profite notamment d’une baisse des coûts des intrants et d’une demande soutenue. Les deux principaux acteurs

cotés, LafargeHolcim Maroc et Ciments du Maroc, tirent parti de cette conjoncture favorable et affichent des perspectives prometteuses. Mais au-delà des chiffres, quels sont les véritables moteurs de cette embellie et les perspectives à moyen terme ? Les livraisons de ciment ont atteint 13,69 millions de tonnes en 2024, confirmant une reprise robuste après plusieurs années de stagna- tion. Ce rebond, alimenté par une accélération des projets

immobiliers et d’infrastruc- tures, reste toutefois en deçà du pic historique de 2011, où la consommation attei- gnait 16 millions de tonnes. La consommation moyenne par habitant, qui s’est éta- blie à 372 kg en 2024 (+10% sur un an), demeure inférieure aux 512 kg d’il y a plus d’une décennie. La distribution reste le prin- cipal canal d’écoulement, représentant 58% des ventes, bien qu’en recul par rapport aux deux tiers enregistrés il y a dix ans. Le béton prêt à

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• Une transition vers le «Green Cement», avec une usine à Tétouan fonctionnant entièrement à l’énergie verte et une nouvelle unité de production de combus- tible alternatif (20 KT de CSR par an). • Des perspectives de croissance robustes grâce aux projets d’in- frastructures hydrauliques et de reconstruction post-séisme. Pour les analystes, LafargeHolcim reste toutefois exposé à la vola- tilité des prix des intrants et à sa forte dépendance au marché local, l’export représentant une part marginale de son activité. Son profil reste néanmoins attrac- tif pour les investisseurs recher- chant une valeur défensive et résiliente. Pour sa part, le bureau de recherche Attijari Global Research (AGR) a recommandé l’achat du titre Ciments du Maroc, avec un cours cible de 2.220 DH qui offre un potentiel d'appréciation de 21% par rapport au cours du 12 novembre 2024. Cette recomman- dation repose sur : • Une anticipation d’un taux de croissance annuel moyen de 7% des volumes de vente sur 2024-2026, après une décennie marquée par une contraction de -1,7%. • L’acquisition d’Asment de Témara, qui permet à Cimar de renforcer sa position sur l’axe Rabat-Salé-Kénitra et de capter une demande croissante dans cette région. • Une meilleure structuration financière, avec un endettement porté à 40% du bilan, réduisant le coût moyen pondéré du capital (WACC) de 9,53% à 6,84%. L’optimisation des charges et l’intégration d’Asment devraient permettre un gain d’au moins 2 points de marge d’EBE d’ici 2026. De plus, Cimar bénéficie d’un pipeline de projets d’infrastruc- tures conséquent et d’une gestion du cash flow solide, renforçant son attractivité pour les investis- seurs. Un secteur cyclique, mais un momentum favorable Avec une forte corrélation avec le secteur immobilier, qui représente

Les opérateurs cotés, bien posi- tionnés pour capter cette crois- sance, bénéficient d’un environ- nement plus favorable : une baisse des coûts, des projets structu- rants et un soutien gouvernemen- tal accru. Pour les investisseurs, le timing semble opportun pour se repositionner sur ces valeurs, qui offrent un potentiel d’appréciation intéressant dans un marché en plein redressement. ◆

Le bureau de recherche Attijari Global Research a recommandé l’achat du titre Ciments du Maroc, avec un cours cible de 2.220 DH.

plus de 70% des écoulements, le secteur cimentier entre dans une phase de croissance soute- nue. La dynamique des infrastruc-

tures publiques et la relance du logement devraient maintenir la demande à un niveau élevé dans les prochaines années.

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Assurance habitation obligatoire Une réforme structurelle inévitable Face à la multiplication des séismes et aux risques climatiques, le Maroc réfléchit à rendre l’assurance habitation obligatoire. L’ACAPS mène une étude pour en évaluer la faisabilité.

par an pour une couverture de base. Une protection plus complète, incluant le mobilier ou des garanties supplémentaires, varie entre 1.200 et 4.000 dirhams selon la valeur des biens.

Vers une obligation d’assurance ?

L’ACAPS veut trancher. Son étude, confiée à ARM Consultants, vise à mesurer l’opportunité et la faisabilité d’une assurance habitation obliga- toire. L’enjeu : mieux protéger les ménages sans pour autant créer une contrainte financière insurmontable. Selon nos sources, la mission confiée à ARM Consultants se décompose en plusieurs phases. La première consiste à dresser un diagnostic des risques liés à l’habitation au Maroc, en identifiant les principaux événements susceptibles de causer des dommages (séismes, inonda- tions, incendies, etc.). Cette analyse doit également prendre en compte les caractéristiques des logements (types, qualité de construction) et les habitudes des occupants. La deuxième phase se concentre sur un benchmark international, avec l’étude d’au moins quatre expériences étrangères en matière d’assurance habitation obligatoire. L’objectif est d’identifier les modèles les plus adaptés au contexte maro- cain, en tenant compte des spéci- ficités culturelles, économiques et réglementaires du pays. Enfin, les phases suivantes visent à évaluer la faisabilité de l’obligation d’assurance, proposer des pistes de mise en œuvre, et élaborer une feuille de route détaillée. Parmi les aspects clés à considérer, figurent la tarification des risques, les méca- nismes de contrôle et les adapta- tions réglementaires nécessaires. «Cette obligation d’assurance indui- ra systématiquement une amélio- ration de la couverture contre les événements catastrophiques objet du régime institué par la loi n° 110- 14. En effet, les résidences éligibles actuellement à l’allocation accordée par le Fonds de solidarité contre les événements catastrophiques (FSEC) dans les conditions et les limites définies par ladite loi seront, doré- navant, couverts au titre du volet assurantiel du régime précité», pré- cise l’ACAPS.

Par Y. Seddik

 Tremblements de terre, inondations, incendies… : la faible couverture des ménages relance le débat sur l’instaura- tion d’une obligation.

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e séisme d'Al Haouz, survenu en septembre 2023, a été un électro- choc. Outre le drame humain, il a révélé une faille béante dans la pro- tection des foyers face aux catas- trophes naturelles : seuls 4% des ménages au Maroc disposent d’une assurance habitation. Un chiffre dérisoire qui pose une question de fond : faut-il rendre cette couverture obligatoire alors que les secousses se multiplient, à l’image du trem- blement de terre de magnitude 5,2 enregistré hier au nord du Maroc ? Le pays, situé à la frontière entre les plaques africaine et eurasienne, reste en effet exposé à un risque sismique récurrent. Face à cette vulnérabilité, l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) est passée à l’action. Elle a mandaté le cabinet ARM Consultants pour éva- luer la faisabilité d’une assurance habitation obligatoire. En ligne de mire : une analyse des risques, un examen du cadre réglementaire, un benchmark des meilleures pratiques internationales et, surtout, une éva- luation de l’impact économique et social d’une telle mesure.

Le Maroc a fait des progrès notables en matière d’accès au logement grâce à des programmes publics ambitieux. Mais ces avancées contrastent avec une protection assurantielle quasi inexistante. La majorité des habitations endomma- gées lors du séisme d’Al Haouz n’était pas couverte, laissant des milliers de familles démunies face à des pertes financières considé- rables. Une situation qui relance la nécessité d’une réforme en profon- deur. Aujourd’hui, l’assurance multirisque habitation est surtout souscrite par ceux qui n’ont pas le choix : les emprunteurs immobiliers, contraints par leur banque. Pour les autres, notamment les propriétaires ayant acheté sans crédit, la souscription reste facultative – et largement igno- rée. Pourtant, les risques sont bien là : incendies, inondations, vol… sans parler des catastrophes natu- relles. À chaque sinistre, des foyers sombrent financièrement, faute d’anticipation.

essentiellement pour les logements acquis moyennent un financement bancaire. Cette situation a été, d’ailleurs, mise en exergue lors du séisme de Al Haouz, où la majo- rité des résidences endommagées n’a, en effet, pas pu bénéficier de l’assurance contre les événements catastrophiques (dont fait partie le tremblement de terre) instituée par la loi n° 110-14», explique le régula- teur du secteur. L’offre, pourtant, existe. Le marché marocain compte 13 compagnies d’assurances agréées, dont 4 opé- rant dans le secteur Takaful. Elles proposent des formules multirisques couvrant incendies, dégâts des eaux, bris de glace, vols et respon- sabilité civile. Certaines vont plus loin en développant des produits de micro-assurance pour toucher un public plus large. Mais malgré cette diversité, la demande reste faible. Manque de sensibilisation, perception de l’assu- rance comme une dépense inutile, méfiance envers les assureurs… autant de freins à la souscription. Pourtant, les prix sont loin d’être dissuasifs : entre 300 et 500 dirhams

Un marché qui peine à décoller «Cette assurance est souscrite

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