FNH N° 1184

BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 13 FÉVRIER 2025

Industrie financière africaine Entre innovation technologique et consolidation institutionnelle

Le Baromètre de l’industrie financière africaine réalisé par l’Africa Financial Summit (AFIS) et Deloitte révèle que l’industrie financière africaine évolue vers un modèle plus digitalisé, agile et inclusif. Toutefois, elle doit encore renforcer sa résilience face aux chocs macroéconomiques et accélérer son intégration régionale pour rivaliser avec les autres places financières émergentes. L'approche marocaine parvient à se distinguer par sa recherche d'équilibre. Ramatoulaye Goudiaby, directrice d’AFIS, et Hicham Belemqadem, Financial Services Industry Leader de Deloitte Morocco, analysent ces tendances stratégiques de l’industrie financière africaine avec un regard particulier sur le Maroc. Entretien.

en évidence une transformation rapide du secteur, portée par la digitalisation, des défis macroé- conomiques et une intégration régionale encore incomplète. L’essor des fintechs et des infrastructures numériques accélère la modernisation des services financiers, notamment grâce à l’open banking, à l’intel- ligence artificielle et à l’adoption croissante du cloud computing. Les paiements instantanés, à travers des initiatives comme PAPSS (Pan-African Payment and Settlement System), favo- risent les transactions transfron- talières, bien que leur adoption demeure limitée. Cette évolu- tion, si elle renforce l’acces- sibilité et l’efficacité des ser- vices financiers, soulève aussi des défis en matière d’inclusion financière et de cybersécurité, encore insuffisamment maîtri- sés.

Parallèlement, l’inflation reste la principale préoccupation des acteurs du secteur (54% des sondés), devant l’instabilité poli- tique et les cybermenaces. Pour y faire face, 88% des banques ont revu leur allocation d’actifs, tandis que les Banques cen- trales, comme la BCEAO et la Banque centrale du Nigeria, ont adopté des politiques moné- taires restrictives. Cependant, le manque de profondeur des marchés financiers africains limite leur capacité à absorber les chocs économiques, freinant ainsi leur attractivité pour les investisseurs internationaux. Si la finance durable suscite un intérêt croissant, seulement 4% des institutions disposent d’un reporting structuré de leur empreinte carbone, révélant un retard dans la structuration des produits financiers verts. De même, l’intégration régio-

nale progresse lentement, avec un AELP (African Exchanges Linkage Project) opérationnel à seulement 7% et un PAPSS utilisé à 20% de son potentiel. La fragmentation réglementaire et l’absence d’infrastructures adaptées freinent encore les flux d’investissement intra-africains. F. N. H. : L’étude montre que les fintechs sont les plus optimistes quant aux perspectives écono- miques à trois ans, tandis que les marchés des capi- taux sont plus prudents. Quels facteurs expliquent cette divergence de per- ception et comment cela pourrait-il impacter l’évo- lution du marché financier africain ? R. G. : Le marché financier afri- cain se caractérise aujourd’hui par une forte divergence de

Propos recueillis par Désy M.

Finances News Hebdo : Le Baromètre de l’indus- trie financière africaine publié récemment fait un état des lieux des muta- tions en cours, des stra- tégies mises en œuvre et des chantiers d’avenir. Quelle est votre analyse des tendances actuelles de l’industrie financière africaine ? Ramatoulaye Goudiaby : L’édition 2024 du Baromètre de l’industrie financière africaine, réalisée par AFIS et Deloitte, met

Le développement de services spécialisés pour faciliter les transactions transfron- talières, particulièrement en lien avec le PAPSS qui émerge comme potentiel «game changer», constitue une opportunité majeure.

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