BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 13 FÉVRIER 2025
perception quant à ses pers- pectives économiques. D’un côté, les fintechs affichent un optimisme record (9,25/10), portées par la transforma- tion numérique, tandis que de l’autre, les marchés des capi- taux adoptent une posture plus prudente (6,67/10), freinés par des contraintes structurelles. Cette opposition traduit deux dynamiques distinctes. Les fin- techs bénéficient d’un marché en pleine expansion, alimenté par une population jeune et sous-bancarisée, une régle- mentation plus souple et un intérêt soutenu des investis- seurs malgré une chute des levées de fonds de 47% en 2023. À l’inverse, les marchés des capitaux font face à des défis persistants, notamment un manque de profondeur des Bourses, une attractivité en déclin (42% des investis- seurs jugent l’Afrique moins attractive qu’il y a trois ans) et une interconnexion régionale encore limitée, avec un AELP opérationnel à seulement 7%. Trois tendances clés pour- raient redéfinir le paysage financier africain dans les pro- chaines années. Les fintechs continueront à démocratiser l’accès aux services financiers, notamment pour les PME et les particuliers. Les marchés financiers devront innover, en développant de nouveaux ins- truments d’investissement et en renforçant la connectivité des Bourses africaines. Enfin, les régulateurs devront équi- librer innovation et stabilité, notamment face aux risques liés aux crypto-actifs et aux fintechs non bancarisées. Si l’Afrique veut capitaliser sur la dynamique portée par les fintechs tout en consolidant ses marchés financiers, elle devra accélérer l’harmonisation réglementaire, développer des infrastructures plus intégrées et diversifier ses outils d’inves- tissement. L’avenir du marché financier africain se jouera ainsi à l’intersection entre innovation technologique et consolidation institutionnelle.
Bank Al-Maghrib a développé une stratégie qui vise à concilier innovation et stabilité, à travers une transformation maîtrisée du cadre réglementaire.
F. N. H. : Plus de la moi- tié des sondés consi- dèrent l’inflation comme leur principale préoccu- pation, devant l’instabilité politique et la cybersécu- rité. Pensez-vous que les banques et institutions financières africaines dis- posent des outils néces- saires pour faire face à ce défi, notamment en termes de régulation et de stratégies monétaires ? R. G. : L’inflation demeure le principal défi des institutions financières africaines, 54% des acteurs interrogés la plaçant en tête de leurs préoccupations, devant l’instabilité politique et la cybersécurité. Pour atténuer son impact, 88% des banques ont ajusté leur allocation d’ac- tifs, 78% ont augmenté leurs tarifs bancaires et 76% ont durci leurs critères de crédit, limitant ainsi l’accès au finan- cement pour les entreprises et les ménages. Cependant, le manque d’instruments de cou- verture, tels que la titrisation et les contrats à terme, réduit leur capacité à se prémunir contre la volatilité monétaire. Plusieurs Banques centrales, dont celles du Nigeria et du Ghana, ont relevé leurs taux directeurs pour contenir la flam- bée des prix, mais ces mesures
ont aussi freiné l’investissement et accru la pression sur les PME. De plus, les divergences entre politiques monétaires natio- nales compliquent l’intégration régionale, limitant les flux de capitaux et rendant le marché africain moins prévisible pour les investisseurs. Malgré un renforcement de la supervision financière, des défis structurels persistent : un cadre réglementaire peu adapté aux crises inflationnistes, des marchés financiers peu pro- fonds et une coopération régio- nale encore insuffisante. Pour assurer une meilleure stabilité financière, l’Afrique doit déve- lopper des instruments de cou- verture des risques, harmoniser ses politiques monétaires et accélérer l’adoption des infras- tructures de paiement numé- riques comme le PAPSS. Si les banques africaines ont démon- tré une forte capacité d’adap- tation, elles doivent encore
consolider leurs outils de stabi- lisation financière afin de mieux gérer les crises inflationnistes et soutenir durablement l’éco- nomie F. N. H. : Selon l’enquête réalisé, 66% des acteurs estiment que le cadre réglementaire actuel n’est pas adapté à l’innovation. Quelles réformes pour- raient favoriser un meil- leur équilibre entre enca- drement et dynamisme du secteur, en particulier dans un pays comme le Maroc qui cherche à se positionner comme hub financier africain ? Hicham Belemqadem : Ce constat est particulièrement marqué dans les secteurs de la microfinance et des fintechs/ services digitaux. L’étude révèle trois axes prioritaires de réforme : • La modernisation du dia- logue entre régulateurs et inno- vateurs: alors que 50% des acteurs déplorent un dialogue public-privé insuffisant, la mise en place de guichets uniques et de points de contact dédiés aux fintechs apparaît comme une première réponse. • Le renforcement de la coordi- nation entre les régulateurs : cri- tiquée par 59% des répondants, cette coordination pourrait être
Si l’Afrique veut capitaliser sur la dynamique portée par les fintechs tout en renforçant la robustesse de ses marchés financiers, elle devra accélérer l’harmonisation des régu- lations, le développement d’infrastructures financières plus intégrées et la diversifica- tion des outils d’investissement.
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