BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 13 FÉVRIER 2025
tion équilibrée, où l'innovation financière se développe dans un cadre sécurisé et inclusif. F. N. H. : Le Baromètre met en avant l'importance des initiatives d'intégra- tion financière comme le PAPSS, la ZLECAf et l'AELP, mais leur pro- gression est inégale. Quel rôle le Maroc peut- il jouer dans cette dyna- mique, et quelles opportu- nités pourraient émerger pour la place financière de Casablanca dans ce contexte ? H. B. : Le Baromètre 2024 dresse un constat nuancé de l'intégration financière africaine. Si le PAPSS montre des signes encourageants avec 20% d'opé- rationnalité élevée, la ZLECAf et l'AELP progressent plus lente- ment, avec respectivement 8% et 7% d'opérationnalité élevée. Dans ce contexte d'évolution graduelle, le Maroc, à travers notamment Casablanca Finance City (CFC), est idéalement posi- tionné pour jouer un rôle d'accé- lérateur. Premier centre finan- cier du continent, CFC s'impose déjà comme un hub stratégique, hébergeant des entreprises opé- rant dans une cinquantaine de pays en Afrique. Cette position unique permet d'envisager plu- sieurs leviers d'action face aux défis identifiés par le Baromètre, notamment l'impact limité perçu de la ZLECAf et de l'AELP par respectivement 48% et 65% des répondants. Pour Casablanca Finance City, ces initiatives, malgré leur pro- gression inégale, ouvrent des perspectives concrètes. Le développement de services spé- cialisés pour faciliter les transac- tions transfrontalières, particu- lièrement en lien avec le PAPSS qui émerge comme potentiel «game changer», constitue une opportunité majeure. La création de produits financiers adaptés au commerce intra-africain et le soutien aux fintechs innovantes peuvent également contribuer à accélérer l'intégration financière continentale. ◆
Pour assurer une meilleure stabilité financière, l’Afrique doit, entre autres, accélérer l’adoption des infrastructures de paiement numériques comme le PAPSS.
améliorée par la création d'ins- tances de concertation trans- versales et le développement de plateformes technologiques communes. • L'adaptation aux spécificités sectorielles : l'étude révèle des disparités importantes plaidant pour une approche réglemen- taire plus proportionnée et adaptée aux différents business models. L'approche marocaine se dis- tingue par sa recherche d'équi- libre. Bank Al-Maghrib (BAM) a développé une stratégie qui vise à concilier innovation et stabilité, à travers une trans- formation maîtrisée du cadre réglementaire. Cette vision se matérialise à travers un disposi- tif complet d'accompagnement de l'innovation financière. La création d'un «One Stop Shop» et d'un guichet unique pour les fintechs simplifie leur parcours réglementaire. L'innovation and Digital lab de BAM et sa sand- box réglementaire permettent d'expérimenter de nouveaux modèles dans un cadre sécuri- sé. Ces initiatives dessinent pro- gressivement un «modèle maro- cain» qui cherche à transformer
les contraintes réglementaires en catalyseurs d'innovation. Les perspectives 2025 s'an- noncent prometteuses avec le lancement du Morocco Fintech Center. Cette évolution dessine un modèle marocain d'innova- tion financière qui vient notam- ment répondre aux insuffisances identifiées par le Baromètre. F. N. H. : L'inclusion finan- cière reste une priorité, mais le faible niveau d'éducation financière des populations et le manque de solutions digitales freinent son développe- ment. Quelles initiatives concrètes pourraient être mises en place, notam- ment au Maroc, pour accé- lérer cette inclusion tout en garantissant la sécurité des transactions et des consommateurs ? H. B. : Pour accélérer les pro- grès tout en garantissant la sécurité des transactions et des consommateurs, une approche à la fois innovante et protectrice est nécessaire. Le Maroc agit sur plusieurs leviers complémentaires pour promouvoir une inclusion finan- cière durable et sécurisée. L'éducation financière consti- tue le premier pilier de cette transformation. La Fondation marocaine pour l'éducation
financière (FMEF) joue un rôle central en développant des programmes adaptés aux dif- férents segments de la popu- lation : jeunes, femmes, entre- preneurs, populations rurales. Cette démarche pédagogique doit s'accompagner d'une inté- gration dans les programmes scolaires, formant ainsi une génération plus avertie finan- cièrement. La digitalisation représente le second axe stratégique. Le développement de solutions digitales accessibles, couplé à la simplification des procé- dures d’entrée en relation, est de nature à accélérer l'inclusion financière. La digitalisation des paiements gouvernementaux via des portefeuilles mobiles constitue également un puis- sant levier de transformation des usages. Cette modernisation ne peut se faire au détriment de la sécu- rité. Un cadre de protection des consommateurs est essentiel, comprenant des règles sur la transparence tarifaire, la lutte contre le surendettement et le traitement des litiges. La sensi- bilisation aux enjeux de cyber- sécurité doit accompagner ce développement digital. Des initiatives comme la Stratégie nationale d'inclusion financière illustrent cette volon- té d'orchestrer une transforma-
Dans ce contexte d'évolution graduelle, le Maroc, à travers notamment Casablanca Finance City, est idéalement positionné pour jouer un rôle d'accélérateur.
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