ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 13 FÉVRIER 2025
posable aux autres organismes gestionnaires de l’AMO. Pour rappel, dans les dépenses AMO, nous trouvons les médica- ments, les dispositifs médicaux, les hospitalisations pour toutes sortes d’actes, les consulta- tions et visites, les explorations médicales et radiologiques, les analyses biologiques, etc. Les médicaments représentaient 34% de ces dépenses en 2021. Au facteur du vieillissement de la population, s’est ajouté l’ef- fet de la mise en place de la couverture sanitaire universelle (CSU) en 2021. La généralisa- tion de l’assurance maladie qui en a résulté est en mesure de multiplier les besoins en soins et en médicaments par 3,3 fois, exerçant ainsi une énorme pres- sion en termes de dépenses de santé. Le grand défi qui se posera alors est le suivant : comment satisfaire les besoins en soins de toute la popula- tion marocaine, sans couler les caisses de notre assurance maladie ?» L’étude CNOPS-ADII a égale- ment fait abstraction du rôle du non-respect des proto- coles thérapeutiques ou leur absence dans l’aggravation des dépenses AMO, ce qui ouvre la porte à un grand nombre de dérapages thérapeutiques, préjudiciables aussi bien aux patients qu’aux finances de l’AMO. Certains médicaments de 2ème ligne qui doivent être réservés uniquement aux trai- tements de cas les plus graves de cancers, avec métastases ou de cancers avec un haut risque de récidive, sont utilisés en 1ère ligne pour le traitement de cancers moins graves où l’on doit pourtant privilégier d’autres anticancéreux de 1ère ligne, efficaces et beaucoup moins chers. Ceci génère des coûts beaucoup plus importants pour les patients et pour l’AMO. De même, les acharnements théra- peutiques dans des cas de can- cers incurables et sans espoir, au lieu de privilégier des soins palliatifs, sont générateurs de surcoûts aussi lourds qu’inu- tiles. Mettre en place des pro-
tocoles thérapeutiques pour toutes les affections et surtout veiller à leur respect, permettra d’améliorer la qualité et la sécu- rité des soins tout en optimisant le financement de l’AMO. Et comme les mêmes causes pro- duisent les mêmes effets, ce qui a contribué à couler la CNOPS, pourrait très bien menacer l’en- semble de notre système de santé, si rien n’est fait pour améliorer la gouvernance des recettes et des dépenses en matière de santé. F. N. H. : La Haute autorité de santé et l’Agence maro- caine des médicaments et des produits de santé sont désormais en place. Quel rôle peuvent-elles jouer dans la régulation des prix des médicaments et quelles actions pourraient être engagées pour éviter de telles dérives ? A. B. : Tout d’abord, il est important de préciser que
l’impact des médicaments sur les équilibres budgétaires des caisses de l’assurance maladie ne dépend pas seulement de leurs prix, mais aussi de leur bonne utilisation et de leurs sta- tuts de remboursement. A ce titre, la Haute autorité de santé, qui sera la principale source des décisions en matière de santé, va entre autres, compte tenu de ses fonctions et missions, remplacer l’actuelle Agence nationale de l’assurance mala- die (ANAM). La HAS va donc superviser la mise en place de protocoles thérapeutiques et veiller à leur respect. De même, elle va décider quel type de soins ou de médicaments va être remboursé ou pas, sur la
base de leurs véritables valeurs ajoutées thérapeutiques, et ceci en tenant compte de preuves basées sur des évidences scientifiques. La HAS aura aussi le pouvoir de sanctionner tout dérapage thérapeutique. Quant à l’Agence marocaine des médicaments et des produits de santé (AMMPS), qui a remplacé la défunte direc- tion des médicaments et de la pharmacie (DMP), elle aura une autonomie administrative et financière et un pouvoir plus élargi avec des ressources humaines enrichies de pro- fils pointus. En outre, l’agence sera en mesure d’en finir avec les anomalies et dysfonction- nements dans la fixation des prix des médicaments. Le tra- vail conjugué de ces deux ins- titutions permettra à la fois de garantir des soins et des médicaments de qualité pour l’ensemble des patients et d’op- timiser les financements de la santé. ◆
L’étude CNOPS-ADII a également fait abstraction du rôle du non-respect des protocoles thérapeutiques ou leur absence dans l’aggravation des dépenses AMO.
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