SOCIÉTÉ
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 13 FÉVRIER 2025
comme la révision du code de la procédure pénale dans lequel il est stipulé que la société civile et les citoyens ne peuvent pas por- ter plainte contre les personnes ayant une responsabilité publique soupçonnées de corruption. Cette initiative a restreint également les attributions du pouvoir judiciaire, car le procureur du Roi ne peut engager une investigation après le dépôt d’une plainte que s'il reçoit l'aval du président du minis- tère public ou suite à un rapport d'une institution publique comme le Conseil de la concurrence, l'Ins- tance nationale de la probité et de lutte contre la corruption (INPLCC) ou les inspections générales des ministères. Il est donc apparent qu'on limite les voies de recours pour lutter contre la corruption» , indique Bernoussi. Les responsables de Transparency Maroc ont indiqué lors de la présentation du rap- port sur l’IPC qu’ils ont invité, à maintes reprises, le gouver- nement à réunir la Commission nationale de lutte contre la cor- ruption en vue de faire une éva- luation de l'état d'avancement de la stratégie dédiée, mais en vain. Ils rappellent que cette commis- sion ne s'est réunie que deux fois en 8 ans, alors qu'il est stipulé juridiquement qu'elle doit le faire deux fois par an. Azzedine Akesbi, membre de Transparency Maroc, a noté dans son intervention que «le régime politique d’un pays a un effet déterminant sur l’IPC. Les pays autoritaires, au nombre de 59 Etats, ont une note moyenne de 29. En revanche, les pays qui ont une démocratie avancée, comme ceux de la Scandinavie, ont un score moyen de 73. Ils sont au total 24 dans le monde. A contrario, 47 pays ont une démo- cratie défectueuse, obtenant un score moyen de 37. La catégorie à régime politique hybride ras- semble 37 Etats, avec une note moyenne de 59». Akesbi a précisé par ailleurs que l’IPC est également liée à la pré- sence d’une société civile forte, libre dans ses actions, ne subis- sant aucune contrainte. ◆
La Commission nationale de lutte contre la corruption ne s’est réunie que deux fois en huit ans.
Avec une note de 37 sur 100, le Royaume recule d’un point par rapport à 2023 et se classe désormais au 99 ème rang mondial de l’Indice de perception de la corruption (IPC). Un classe- ment qui traduit l’absence de progrès significatifs, malgré les engagements gouvernementaux. Transparency Maroc dénonce une situation préoccupante, aggravée par le retrait de certaines réformes essentielles et le manque d’initiatives concrètes pour endiguer ce fléau. Le Maroc recule dans le classement mondial Par C. Jaidani T Corruption
ransparency Maroc a dévoilé le 11 février à Rabat les résultats de l'Indice de perception de la corruption (IPC) au titre de l'année 2024. Le Royaume a obtenu une note de 37 sur un total de 100, soit un recul d'un point comparative- ment à 2023. Ce score le place au 99 ème rang mondial, alors qu'il était à la 97 ème une année auparavant, perdant ainsi 26 places par rap- port à 2018. Il se classe en deçà de la moyenne mondiale de l'IPC qui est de 43. Par région, cet indice a atteint en Europe 64, 44 en Asie Pacifique, 42 en Amérique, 38 dans la région Mena et 33 en Afrique subsaha- rienne. Par pays, le meilleur score
revient au Danemark avec 90. Il est suivi par la Finlande avec 88 points, la Nouvelle Zélande (85) et Singapour (84). Les trois pires scores sont attribués respective- ment au Sud Soudan (8), Somalie (9) et Venezuela (10). Dans le monde arabe, les Emirats Arabes Unis sont en pole position avec 68 points, pointant à la 23 ème place mondiale. Il sont suivis par le Qatar, l'Arabie Saoudite et Oman qui sont respectivement à la 25 ème , 38 ème et 50 ème places mondiales. L'Algérie occupe le 107ème rang, l'Egypte et la Mauritanie exaequo à la 130 ème et l'Irak à la 140è place. «Nous nous attendions au recul de l'IPC au Maroc. La corruption devient endémique; sa progres-
sion a commencé depuis 2018. Le gouvernement s'est engagé à faire de la lutte contre le phéno- mène l'une de ses priorités. Mais malheureusement rien n'a été fait. Même les dispositions anti-cor- ruption prévues par la Constitution n'ont pas été mises en œuvre. Bien au contraire, certaines dispo- sitions ne peuvent que l'encoura- ger, comme le retrait du projet de loi sur l'enrichissement illicite ou celui de l'exploitation du domaine public, et ce contrairement à la convention anti-corruption ratifiée par le Maroc», déplore Ahmed Bernoussi, secrétaire général par intérim de Transparency Maroc. «Il existe également de nom- breux acquis qui ont été écartés,
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