« Passée la 1 re minute, cela devient agréable grâce à la libération des endorphines.» Gaëtan Beysard Nageur en eau froide
NAGER LUI VA BIEN La nage en eau froide en dessous de 5 degrés est qualifiée d’« ice swimming » et, entre 5 et 10 degrés, de « winter swimming ». Dans les deux cas, quelques précautions s’imposent : ne pas nager seul, y aller progressivement, respecter le rapport entre la température de l’eau et le temps qu'on y passe. On compte un degré par minute. Dans une eau à 5 degrés, on reste ainsi cinq minutes. « Passée la première minute, cela devient agréable grâce à la libé - ration des endorphines », affirme le nageur émérite. L’euphorie produite par la baignade glacée comprend toutefois un « effet Kiss Cool » secondaire moins plaisant. « Lorsque le corps se réchauffe, le sang refroidi revient au cœur et l’on ressent un froid intérieur qui peut durer jusqu’à une heure. En compétition, j’en ai vu pleurer. » C’est dans la Cité du soleil, à Sierre, que ce Valaisan qui vient de fêter ses 69 hivers s’est initié aux plaisirs aquatiques. « Mon père était entraîneur de l’équipe de water-polo. J’ai d’abord pratiqué ce sport avant de me mettre à nager plus sérieusement. » S’il ne renie pas son esprit compétitif, Gaëtan Beysard dit être motivé avant tout par le fait de se sentir bien
S Sa retraite, il l’a entamée en remportant le 200 mètres brasse lors des premiers Championnats de France de nage en eau glacée, à Vichy, en 2019. Dans une eau à 4.5 de- grés, Gaëtan Beysard devance même de plusieurs longueurs de jeunes nageurs. Sa performance est remarquée. « On m’a dit que j’avais des temps pour réaliser de bons résul - tats aux Championnats du monde », glisse entre deux sourires cet inconditionnel de la natation depuis l’âge de 5 ans. En février 2020, il se rend en Slovénie où il ressort d’un lac à 3.5 degrés avec 4 titres de champion du monde dans sa catégorie, toujours dans sa spécialité : la brasse. Depuis, il collectionne les titres, les records et les médailles d’or. Les der - nières obtenues datent du début de l'année.
l'occasion de l'ouverture d’un EMS au Grand- Saconnex et j’ai été engagé. Il y avait des murs et il a fallu mettre en place tout le reste. » Ce qu’il fait. Trente ans durant, Gaëtan Beysard se consacre aux établissements médico- sociaux. Il en dirigera trois au total. Aujourd’hui, il s’investit encore dans ce domaine en étant membre du Conseil de fondation de l’EMS de Plan-les-Ouates. UNE RETRAITE DE « GIVRÉ » L’ancien directeur d’EMS est devenu retraité par étapes. Il a d’abord restreint son taux de travail à 80, puis à 50 %. Il n’en est pas moins resté très actif : courant les expos de peinture, dévorant des albums BD, s’occupant de ses deux petits-fils, discutant avec les copains de son quartier d’en - fance et, bien sûr, s’adonnant à son activité de prédilection : la natation. Quant à la nage en eau froide, il l’a découverte à 50 ans en parti - cipant à la Coupe de Noël à Genève. Il est vite devenu adepte. « Attention, je ne suis pas un accro du froid. La douche, par exemple, je ne l’aime que chaude ! » Il y a deux ans, il a créé le groupe des Givrés de Sion avec un policier genevois à la retraite. Ils sont désormais une quarantaine à « mijoter » à basse température au Domaine des Iles, un espace de loisirs sédu - nois. Le 1 er janvier, sur le modèle de la baignade du Nouvel An aux Bains des Pâquis qu’il a coorganisée pendant une quinzaine d’années, Gaëtan Beysard et ses camarades bien trempés trinqueront à 2024. Au Fendant, naturellement, comme il se doit en terre valaisanne.
dans l’eau. Qu’elle soit froide ou chaude, car en parallèle de ses « barbotages glacés », il ef - fectue une dizaine de kilomètres par semaine en piscine, mais avec pour principal objectif de surveiller sa forme. Quand son épaule grince, il « lève le bras ». Et cela lui réussit. En dépit d’une arthrose du genou repérée il y a vingt ans, « toutes les pièces sont encore d’origine ». Plus surprenant peut-être, il apprécie la natation pour son intérêt social. « C’est comme d’aller à la fanfare. Je rencontre beaucoup de monde avec qui je continue d’échanger sur Facebook ou Instagram. » UNE CARRIÈRE « L’AIR DE RIEN» Comme de nombreux Valaisans, Gaëtan Beysard a quitté le Vieux Pays pour des raisons professionnelles, avant d’y revenir dès que l’oc - casion s’est présentée et de s’y établir pleine - ment à la retraite. Diplômé de l’Ecole hôtelière de Lausanne, il exerce son premier métier du côté de Genève et Crans-Montana, puis une année en Israël, tout près de la frontière avec le Liban. En 1985, le Sierrois d’origine épouse Pascale et se réoriente dans le secteur bancaire. Il entreprend ensuite une formation de techni - cien en marketing. « Je vendais aux clients des programmes qui accomplissaient nos tâches à notre place », résume-t-il avec humour. Il or - ganise aussi des manifestations et prend part au lancement du prix PME. Il assure la pro - motion des Caves Orsat, et lance la gamme Primus Classicus qui existe toujours. En 1988, une relocalisation de son poste à Winterthur le pousse à changer à nouveau d’horizon. « Un peu par hasard, j’ai répondu à une annonce à
▼ Durant ses années genevoises, le nageur pratiquait la natation en eau froide aux Bains des Pâquis. C'est désormais principalement en Valais qu'il s'entraîne.
LA NAGE EN EAU FROIDE, À DÉCOUVRIR EN VIDÉO SUR NOTRE BLOG rentesgenevoises.ch/blog
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èremagazine - décembre 2023
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