FNH N_ 1218

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 4 décembre 2025 - 8 DH - N° 1218

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Réforme du CNP La fin annoncée du clair-obscur

Services externalisés Le Maroc veut plus de part de marchés

P. 22 à 25

P.29

P. 7 à 19

Justice commerciale

«L’objectif des sanctions pénales est avant tout dissuasif» Peines alternatives

 Entretien avec Salma El Hassani Sbai, professeur universitaire à la FSJES de Rabat Le parquet sort de sa frilosité et rétablit l’équilibre

 Entretien avec Nabil Haddaji, avocat au barreau de Casablanca.

P.26 à 28

P.34

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

SOMMAIRE

3

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 4 DÉCEMBRE 2025

Voyons voir : Putsch en Guinée-Bissau : L’éternelle querelle entre casernes et palais 4 ACTUALITÉ 6 Point Bourse Hebdo : Novembre casse le rythme BOURSE & FINANCES

ECONOMIE

Editorial

20

Uber relance ses activités au Maroc : Les taxis en état d’alerte maximale Loi sur les coopératives : Vers un modèle plus simple et plus résilient Services externalisés : Le Maroc veut plus de part de marchés Entretien avec Youssef Chraibi : Offshoring, «La nouvelle offre vise à repositionner le Maroc non plus sur le coût, mais sur la valeur» Entretien avec Pr Selma El Hassani Sbai : Justice commerciale, «Quand le parquet sort de sa frilo- sité, l’équilibre entre entreprises, créanciers et marché se rétablit»

21

22

24

SPÉCIAL SALON DE L'ÉPARGNE

Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication

26

7

Du compte sur carnet à l’OPCVM : La stratégie d’épargne globale du Crédit Agricole du Maroc Cash Plus : Une fintech de proximité débarque en Bourse Disty Technologies : Une valeur de croissance qui s’aligne sur la vague IA, gaming et cybersécurité CFG Bank : En pleine croissance, la banque cible un doublement de taille d’ici 4 à 5 ans African Financial Investment : L’allocation d’actifs comme boussole Saham Bank : La banque promeut l’épargne respon- sable et créatrice de valeur Aradei Capital : Une foncière tournée vers la crois- sance Mutandis : Un profil grande conso avec plusieurs relais de croissance dès 2026 Red Med Capital : Immobilier et Private equity mis en avant Green Fintech : Lecture technique d’un marché marocain en pleine mutation Assurance-vie : Un outil central de gestion et de transmission du patrimoine Serval Asset Management : Cap sur une surpondé- ration des actions en 2026 Placements participatifs : Umnia Bank se posi- tionne au cœur de la future industrie des OPCVM De l’irrigation à la chaîne de valeur complète : CMGP Group confirme son changement d’échelle Al Barid Bank : L’épargne comme levier social et pilier de souveraineté financière Bourse de Casablanca : Comment accéder au mar- ché et profiter des IPO ? CIMR : La retraite complémentaire comme actif stratégique de long terme Placement : BMCI ancre l’assurance-vie au cœur de la stratégie d’épargne CIH Capital Management : De la «bonne idée» à la vraie conviction d’investissement Le Salon en images

8

9

Russie - Europe

10

V Poutine bande les muscles

10

ladimir Poutine n’a pas seulement parlé aux journalistes lorsqu’il a affirmé, mardi, que la Russie était «prête dès maintenant» si l’Europe «souhaitait la guerre». Le président russe s’adressait à tout un continent, au moment précis où Washington tentait de rapprocher les positions russes et ukrai- niennes autour d’un plan de paix encore fragile. A Moscou, la mise en scène était millimétrée : d’un côté Poutine, campé dans son rôle de chef inflexible; de l’autre, les émissaires américains venus présenter

11

11

Entretien avec Khaoula Touijer : Growmax, «Devenir un acteur panafricain de référence du e-commerce est notre objectif» 32 DEVELOPPEMENT DURABLE 30 L'UNIVERS DES TPME 29 Réforme du CNP : La fin du clair-obscur MÉDIAS Classement climat : Leadership mondial affirmé et défis persistants

12

12

un projet remanié après consultations avec Kiev et plusieurs capitales européennes. Cinq heures d’entretien au Kremlin pour conclure qu’ «aucune solution de compromis» n’avait encore émergé concernant les territoires occupés. Des propos de Poutine, il ressort une pression directe sur les Européens qu’il accuse de freiner les efforts américains, mais aussi un moyen de contester la légitimité de l’Union européenne dans ces négociations. En repositionnant Washington comme seul interlocuteur valable, il cherche à margina- liser les Européens, présentés comme incapables d’élaborer un véritable programme de paix et trop alignés sur Kiev pour jouer utilement les médiateurs. Le contraste est d’autant plus fort avec les déclarations du chef de l’OTAN, Mark Rutte, qui se dit convaincu que l’action américaine finira par restaurer la paix sur le continent. La posture agressive de Moscou vise aussi à diviser le camp occidental. Le plan américain initial en 28 points, perçu comme très favorable à la Russie par plusieurs chancelleries, a d’abord été travaillé sans les alliés européens. Depuis, il a été amendé sous pression de Kiev et de l’UE, ce qui ne plaît guère à Moscou. En soulignant publiquement ces divergences, Poutine cherche à isoler l’Europe et à montrer que Washington serait prêt à avancer, mais que les Européens s’y opposeraient. Une manière de saper la cohésion du bloc transatlantique et de peser sur les négocia- tions avec les Américains. L’Europe n’a pourtant rien d’un acteur périphérique. Pour Emmanuel Macron, qui recevait lundi 2 décembre Volodymyr Zelensky à Paris, l’enjeu demeure d’obtenir une «paix juste et durable» . Pas une pause, pas un compromis bancal destiné à offrir à Moscou une nouvelle fenêtre d’opportunités, mais un cessez- le-feu assorti de garanties véritables. Le président ukrainien, fragilisé politiquement après la démission de son chef de cabinet sur fond de scandale de corruption, insiste lui aussi sur ce point : les pourparlers actuels ne doivent pas devenir une opération russe visant à alléger les sanctions. La séquence diplomatique est d’autant plus délicate que la Russie a réalisé ces der- nières semaines ses avancées territoriales les plus importantes depuis un an, multi- pliant frappes de drones et offensives sur plusieurs axes du front. Cette dynamique militaire complique la tâche américaine, qui cherche à produire un texte acceptable par Kiev sans renoncer aux réalités du terrain. Elle pèse aussi sur les Européens, qui savent que chaque kilomètre perdu réduit la marge de négociation. Et pourtant, malgré les pressions, l’Europe dispose d’atouts : sa capacité à soutenir financièrement et militairement l’Ukraine, son poids économique dans le régime de sanctions et l’expérience accumulée depuis trois ans dans la gestion du conflit. C’est pour contourner cette force collective que Moscou hausse le ton. Une Europe intimidée serait tentée d’accepter un accord imparfait. Une Europe désunie offrirait à la Russie la possibilité de négocier en bilatéral. Une Europe cohérente, au contraire, pourrait imposer ses lignes rouges. L’avertissement lancé par Poutine n’est donc pas une annonce de guerre, mais une tentative de remodeler le rapport de force. Tout l’enjeu consiste à savoir si l’Occident va céder au climat de peur que Moscou tente d’instaurer ou s’il parvient à transformer cette tension en stratégie cohérente. u

13

13

14

14

15

15

34 SOCIÉTÉ

16

Entretien avec Nabil Haddaji : Peines alternatives, «L’objectif des sanctions pénales est avant tout dis- suasif et non répressif»

16

17

35 HIGH-TECH

17

5G au Maroc : Premiers impacts, premières habi- tudes qui changent

18

• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal

• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage 5.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

VOYONS VOIR

4

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 4 DÉCEMBRE 2025

Putsch en Guinée-Bissau

L’éternelle querelle entre casernes et palais

Par D. William E n Guinée-Bissau, la démocratie ne gouverne que par intérim. L’armée a débranché le président avant qu’il ne perde l’élection, dans ce que d’aucuns qualifient d’opération de maintenance politique. En Guinée-Bissau, la démocratie a la vie courte, mais les putschs, eux, ont la peau dure. A Bissau, les urnes n’ont même pas eu le temps de respirer que les militaires avaient déjà sorti les treillis et verrouillé les bâtiments stratégiques. Mercredi 26 novembre, en une heure, l’armée a décidé qu’elle pouvait mieux compter les voix que la commission électorale. On appelle ça, dans ce coin d’Afrique, un chapitre classique de l’histoire politique nationale.

Mais cette tragédie bissau-guinéenne n’est pas qu’un drame local. Elle pose une question plus large et plus dérangeante : pourquoi dans tant de pays africains les armées restent-elles les gardiennes jalouses du pouvoir politique ? Pourquoi les généraux pensent-ils être les seuls à savoir ce qui est bon pour la nation, même quand la nation n’a rien demandé ? Parce que le pouvoir en Afrique donne droit à des privilèges indus (impunité, clientélisme, caisses noires…). Parce que l’appétit des élites pour le fauteuil présidentiel dépasse rarement leur intérêt pour le bien-être du peuple. A Bissau comme ailleurs (Bamako, Niamey, Ouagadougou, Conakry), les citoyens sont les grands absents des décisions des hommes en tenue. Ils regardent, subissent et s’adaptent. Ils savent que les putschs nourrissent les putschs. Ils savent que les coups d’Etat ne sont pas un accident, mais un système. Un mode de gouver- nance. Une façon de régler les dettes politiques, de fermer les bouches trop bavardes et, surtout, de piétiner la démocratie. Ce qu’il y a de tragiquement ironique, c’est d’ailleurs le fait que les armées disent toujours vouloir sauver la démocratie… en y mettant fin, à chaque fois, souvent à coups de fusil. Elles évitent les crises en les créant. Parce que dans les pays où les présidents sont remplacés par des présidents, il y a de la démocratie. Dans les pays où les présidents sont remplacés par des généraux, il y a du provisoire éternel, donc de l’instabilité politique permanente. Bref, l’Afrique a besoin de dirigeants capables de perdre sans incendier le pays. Elle n’a pas besoin de nouveaux sauveurs en treillis. Encore moins de dirigeants qui prétendent incarner la souveraineté, l’ordre et le respect de l’Etat et des institutions, mais règnent souvent comme si le peuple était une variable gênante. Ces dirigeants qui s’oublient dans des querelles partisanes. Ces dirigeants qui oublient d’être au service de la collectivité. Ces dirigeants qui oublient qu’ils sont juste des locataires de fauteuils qu’il faudra, un jour ou l’autre, rendre au peuple. Volontairement. Ou, comme dans d’autres pays, par la force. Et ça, ce n’est pas une affaire militaire. C’est une affaire de maturité politique. Et surtout d’hon- nêteté envers les citoyens, les grands oubliés de cette éternelle querelle entre casernes et palais. ◆

Combine grotesque ? Mais ce coup-là n’a pas seulement le parfum de la cocaïne. Il pue la «combine», comme l’a affirmé sans détour le Premier ministre séné- galais, Ousmane Sonko. Goodluck Jonathan, ancien président nigé- rian, préfère l’expression «coup d’Etat céré- moniel», car c’est un pouvoir fragilisé qui aurait orchestré sa propre chute pour éviter une défaite électorale annoncée. En effet, la présidentielle du 23 novembre avait une dynamique claire. L’outsider Fernando Dias était donné en tête. L'équipe Embaló le savait. Le scénario du chaos aurait donc été activé. A Bissau, quand les urnes parlent trop fort, ce sont toujours les généraux qui coupent le son. Aujourd’hui, une junte s’installe, suspend les institutions, nomme un Premier ministre et un président de transition, tous des proches… de l’ancien président. Dans d’autres pays, on parlerait de continuité du pouvoir. En Guinée- Bissau, on parle de continuité du désordre organisé.

Evidemment, les militaires ont parlé d’une opéra- tion noble : sauver la démocratie contre les «tra- fiquants» et les «menaces contre l’ordre public». Sauf que dans ce pays, tout le monde sait que la cocaïne a plus de pouvoir que la Constitution et qu’elle est une invitée permanente des réunions du haut commandement. Cela fait des années que le pays sert de hub aux trafiquants latino- américains et que les armes sortent chaque fois qu’une élection menace de déséquilibrer cer- tains arrangements silencieux. Cette fois, la nuance était presque théâtrale : des militaires proches d’Umaro Sissoco Embaló ont évincé… Umaro Sissoco Embaló. Et l’ont exfiltré d’abord vers Dakar, puis vers Brazzaville, où il retrouve son vieil ami et «papa», Denis Sassou Nguesso.

Dans les pays où les présidents sont remplacés par des généraux, il y a du provisoire éternel, donc de l’instabilité politique permanente.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

BOURSE & FINANCES

6

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 4 DÉCEMBRE 2025

Point Bourse Hebdo Novembre casse le rythme

N La Bourse de Casablanca a signé son mois le plus difficile de l’année. Le marché a reculé, parfois nettement, mais sans remettre en cause les niveaux qui structurent encore la tendance de fond. ovembre aura joué les trouble- fêtes. Après un été porté par l’optimisme et une rentrée encore dynamique, le marché actions a nettement perdu de son souffle. Le Masi termine le mois en retrait de 5,26% (la plus forte baisse mensuelle de l’année) et efface une partie significative des gains accumulés depuis janvier. La baisse est généralisée : le Masi 20 abandonne 5,37%, le Masi ESG cède 5,15%, et les Mid & Small caps reculent plus nette- ment encore, avec une baisse de 6,45%. socle reste solide. À mesure qu’on avançait dans le mois, le marché a progressi- vement montré les signes d’un mouvement arrivé en bout de course avec moins d’amplitude, moins d’élan, davantage de prises de bénéfices. Un palier logique après plusieurs mois d’ascension. Par Y . Seddik

Evolution de l'indice Masi depuis début décembre 2024

TOP Performances

FLOP Performances

Zellidja BMCI AGMA

-11,62%

+16,22% +10,28%

Vicenne Involys Akdital

-7,14%

Les raisons du reflux sont mul- tiples. Une partie des investis- seurs a préféré sécuriser ses bénéfices. Certains OPCVM ont allégé leurs positions. La liqui- dité a été partiellement absorbée par les opérations publiques en OPCI, ce qui a pesé sur les flux. Et l’actualité n’a pas vraiment offert de nouveaux catalyseurs aux acheteurs. Un point reste essentiel dans la lecture du mois, celui des résultats du troisième trimestre. Les sociétés cotées affichent une croissance du chiffre d’affaires supérieure à 5%, en ligne avec les attentes, preuve que la microéconomie demeure solide même si le sentiment, lui, s’est nettement détérioré.

-5,99%

+8,87%

Quant aux échanges à plus de 5 milliards de dirhams, ils se sont concentrés sur quelques locomotives : TGCC (22,45% des volumes), Attijariwafa bank (11,07%) et Marsa Maroc (9,38%). La capitalisation termine à 982,4 Mds de DH, sous le seuil des mille milliards franchis plus tôt dans l’année. Sur le plan sectoriel, les reculs les plus marqués touchent Sylviculture & Papier (-12,21%), Holdings (-9,43%) et Chimie (-8,62%). Un seul compartiment termine dans le vert : Sociétés de financement & activités finan-

cières (+0,76 %), ce qui résume assez bien l’état d’esprit du mois où la prudence l’a large- ment emporté sur l’appétit pour le risque. Novembre aura donc corrigé les excès. La correction est là, elle est digérée, et les supports ont tenu. Les fondamentaux, eux, n’ont pas bougé. La suite dépen- dra désormais des prochains moteurs, qu’ils viennent des publications, du climat macroé- conomique ou des IPO attendues début décembre. À eux de dire si le marché repart… ou prolonge sa parenthèse. ◆

Ce mouvement prolonge en effet trois semaines de repli qui ont grignoté la dynamique haussière sans la remettre en cause. Pour les professionnels, rien d’anor- mal dans ce qui s’est passé. La correction était attendue, logique même, après un parcours excep- tionnel. Tant que les supports tiennent, rien n’indique une rup- ture de cycle. D’ailleurs, malgré ce passage à vide, la perfor- mance annuelle tourne encore autour de 24%, preuve que le

JEUDI 4 DÉCEMBRE 2025 7 SPÉCIAL SALON DE L'ÉPARGNE

FINANCES NEWS HEBDO

La troisième édition du Salon de l’épargne s’est tenue du 26 au 29 novembre à Anfa Park. Cet événement à succès, qui a offert au grand public un espace d’échanges et de pédagogie autour de la gestion patrimoniale, a été rythmé par une vingtaine de conférences qui ont permis des interactions instructives entre les acteurs de l’écosystème financier et les visiteurs. Compte rendu. La stratégie d’épargne globale du Crédit Agricole du Maroc Du compte sur carnet à l’OPCVM

VISIONNEZ CETTE VIDEO

remier pilier : les produits ban- caires de base. Le «super carnet vert» reste l’épargne de précaution, liquide, plafonnée à 400.000 DH, pour faire face aux aléas du quo- tidien. Pour les clients capables d’immobiliser leur argent sur un horizon défini, le dépôt à terme et le bon de caisse offrent une rému- nération connue à l’avance, au prix d’une moindre disponibilité. Ici, on ne parle pas de pari boursier, mais de sécurisation et de visibi- lité, explique Lamyae Bouanani, directrice du pôle Développement du marché des particuliers & pro- C Les équipes du groupe Crédit Agricole du Maroc ont déroulé une véritable cartographie de l’épargne des ménages, du compte sur carnet à la gestion d’ac- tifs, en passant par la Bourse. Une approche à 360 degrés. ’

nouvelle plateforme de Bourse en ligne sans frais d’abonnement, la gestion sous mandat pour les gros patrimoines et le PEA pour capter l’épargne de long terme avec avan- tage fiscal. Dernier levier, l’OPCVM via Marogest. Ahmed Ettayb, respon- sable Sales OPCVM, insiste sur la combinaison diversification/liqui- dité/gestion professionnelle : des fonds accessibles dès quelques centaines de dirhams, logés dans un cadre réglementaire renforcé, avec des performances annuali- sées attractives sur 20 ans, notam- ment sur l’action. Message cen- tral du groupe : il ne s’agit pas d’opposer compte sur carnet, DAT, OPCVM et Bourse, mais de construire, au fil des étapes de la vie, une architecture d’épargne cohérente, diversifiée et assumée dans sa prise de risque. ◆

fessionnels. Deuxième étage : la bancassu- rance, où l’épargne se projette dans le temps long. Avec CAM Patrimonial, le client valorise son patrimoine via une épargne de capitalisation haut de gamme. Avec CAM Retraite, il se consti- tue un complément de pension, sur des décennies, en bénéficiant d’une fiscalité allégée au-delà de huit ans. Même logique : des pro- duits longs, fiscalement incitatifs,

ajustés aux accidents de la vie (avances, rachats, suspension temporaire des versements). Sur le versant Bourse, Noufle Aouragh, responsable analyse et recherche (M.S.IN), rappelle que le contexte reste porteur avec un Masi qui a plus que doublé en dix ans, une contribution des particu- liers passée à 28% des volumes, des IPO qui drainent jusqu’à plu- sieurs dizaines de milliers de sous- cripteurs. M.S.IN mise sur une

www.fnh.ma

8

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 4 DÉCEMBRE 2025

SPÉCIAL SALON DE L'ÉPARGNE

Cash Plus

Une fintech de proximité débarque en Bourse

VISIONNEZ CETTE VIDEO

Fraîchement introduite en Bourse et portée par 81.000 souscripteurs, Cash Plus arrive sur le marché coté sans changer de cap : s’appuyer sur un réseau physique massif, une technologie développée en interne et un positionnement de «supermarché des services» pour accélérer l’inclusion financière et capter le potentiel du paiement mobile. Son PDG, Nabil Amar, a détaillé au Salon de l’épargne une trajectoire de croissance qui reste très offensive.

C

ash Plus a rejoint la Bourse de Casablanca au moment où son nom est déjà connu de quasiment tous les ménages marocains. Mais derrière l’image d’un simple opérateur de transfert d’argent, le groupe revendique un profil de fintech à part entière, bâtie sur un réseau d’agences franchisées, une forte capacité d’exécution technologique et un rôle de plus en plus central dans les flux financiers du quotidien. L’entreprise rappelle d’abord son histoire : une petite structure familiale créée en 2004, transformée en profondeur à partir de 2015 avec l’entrée d’un fonds d’investissement et une refonte complète du management, des process et des systèmes. Cash Plus se définit désormais comme «une fintech de services financiers», opérant via une plate- forme technologique capable de gérer un réseau dense, de multiples connectivités partenaires et un catalogue d’environ 150 services dans chaque point de vente. Le cœur du modèle repose sur le réseau. Cash Plus compte environ 5.000 points de vente, dont plus des deux tiers en franchise, soit quelque 3.500 entrepreneurs qui inves- tissent dans les locaux, le fonds de roule- ment et la marque. Le franchisé est consi- déré comme un «premier client» : il accède à la plateforme Cash Plus et est rémunéré en variable, jusqu’à 70-90% de la commission selon les services. L’enjeu est de maximiser la rentabilité du point de vente en diversifiant les services et en générant du flux. Cette logique explique la multiplication des activités : transferts domestiques et inter-

nationaux, comptes de paiement, change (avec 225 agences agréées), services non financiers, messagerie express et, surtout, traitement de flux pour le compte de tiers. Cash Plus est devenu un opérateur clé pour l’État : inscription et versement dans le cadre de la généralisation de la protection sociale, distribution d’aides sociales et d’indemnités, gestion de programmes publics. Sur les 3,6 millions de familles bénéficiaires d’aides sociales directes, environ 1,5 million sont payées via Cash Plus, soit près de 45% des flux. Le corporate est l’autre pilier discret du modèle. Assureurs, sociétés de construc- tion, entreprises d’intérim ou du monde agricole utilisent la plateforme pour verser des indemnités, des remboursements ou des salaires à des populations souvent peu bancarisées. Cash Plus se positionne ainsi comme un intermédiaire de paiement de masse, capable de couvrir des zones où le réseau bancaire recule, notamment en rural. Cet ancrage périphérique crée aussi une contrainte logistique et financière - ges- tion du cash, distances, accès aux agences bancaires - que la société compte traiter en partie avec les fonds levés en Bourse. Sur les 750 MDH de l’opération, 400 MDH sont consacrés à une augmentation de capi- tal. Les fonds propres atteignent environ 600 MDH, après une précédente levée de 600 MDH, dont 200 MDH d’augmentation de capital. L’objectif est double : densifier encore la présence dans les zones rurales, en subventionnant si besoin certains points

de vente pour les maintenir dans des loca- lités isolées, et investir dans la technologie. Cash Plus traite environ 400 millions d’opéra- tions par an, avec des pics spectaculaires: le 1 er novembre, par exemple, 2 millions d’opé- rations ont été enregistrées sur les wallets en une seule journée, avec près de 600.000 clients venus retirer immédiatement les mon- tants reçus. C’est précisément là que se joue le prochain virage stratégique : le paiement mobile et la monétisation de cette base. L’entreprise compte environ 2 millions de clients qui reçoivent tous les mois plus de 500 dirhams sur leurs comptes avant de tout retirer en cash. Le projet est de les convertir pro- gressivement en utilisateurs de moyens de paiement électroniques - wallet et carte - et d’équiper en parallèle les commerçants avec des solutions d’acceptation. Pour lever le frein psychologique et fiscal du commerce de proximité (traçabilité, factura- tion, ICE), Cash Plus envisage d’instaurer un moratoire sur les frais, côté marchand : pas de commission, pas de facturation, donc pas de rupture brutale avec les pratiques actuelles. L’idée est de laisser le temps au commerçant de constater un gain de clien- tèle et de confort, avant d’introduire plus tard une tarification et une formalisation mieux acceptées. C’est une stratégie d’amorçage ambitieuse, mais soutenue par la taille du réseau et une base de clientèle déjà massive. Sur le digital, le groupe affiche une cible claire à l’horizon 2030 : faire passer la contri- bution des canaux numériques, aujourd’hui

Cash Plus se positionne ainsi comme un intermédiaire de paiement de masse, capable de couvrir des zones où le réseau bancaire recule, notamment en rural.

www.fnh.ma

9

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 4 DÉCEMBRE 2025

Disty Technologies

de l’ordre de 15% du chiffre d’af- faires (environ 250-300 MDH sur 1,8 Md de produits de commis- sions), à près de 50%. L’objectif est donc de rééquilibrer pro- gressivement le modèle entre le réseau physique et les wallets, sans renoncer au rôle central des agences pour l’acquisition et le cross-selling. Financièrement, Cash Plus prévoit de clôturer 2025 autour de 1,8 Md de DH de produits de com- missions et 240 MDH de résultat net, soit une croissance d’environ 18-19% sur l’activité et 20-25% sur le bénéfice par rapport à 2024. Le management insiste sur un point qui parlera aux épargnants: l’activité est peu consommatrice de capital. L’endettement est très limité, les besoins portent surtout sur le fonds de roulement intra journalier pour absorber les déca- lages entre paiements aux clients et règlements par les partenaires. Dans ce contexte, la levée de capital sert à financer la crois- sance sans remettre en cause la politique de dividende. Historiquement, Cash Plus a dis- tribué 100% de son résultat à ses actionnaires, et Nabil Amar répète ne voir «aucune raison» de changer ce schéma, les nou- veaux fonds devant précisément éviter d’arbitrer entre expansion et distribution. Pour les 81.000 nouveaux actionnaires, le mes- sage est donc double : le groupe se positionne sur des relais de croissance puissants - inclusion financière, paiements de masse, mobile payment, services aux cor- porates, messagerie, éventuels produits d’épargne en partenariat -, tout en affichant une volonté de continuité sur la rémunération du capital. Pour la Bourse de Casablanca, Cash Plus illustre une autre facette de la dynamique IPO actuelle : celle d’acteurs hybrides, à mi- chemin entre la finance, la tech et la logistique, qui construisent leur croissance sur le terrain, au contact direct de populations peu ou pas bancarisées. Un terrain où se jouera une bonne partie de la vraie inclusion financière des pro- chaines années. ◆

Importateur et distributeur IT de référence au Maroc, Disty Technologies aborde 2026 avec une visibilité renforcée. Son PDG, Younes El Himdy, a détaillé au Salon de l’épargne une trajectoire portée par le renouvellement des parcs informatiques, l’essor des PC «IA-ready», le développement du gaming, les premières infras- tructures d’intelligence artificielle et, bientôt, la cybersécurité. Une valeur de croissance qui s’aligne sur la vague IA, gaming et cybersécurité

VISIONNEZ CETTE VIDEO

encore : l’infrastructure d’intelli- gence artificielle. Disty a conclu un partenariat avec PNY et Nvidia et vient de boucler un premier projet IA dans le secteur de l’édu- cation. D’autres dossiers sont en cours dans l’éducation, la santé et l’énergie, avec des tickets uni- taires qui se chiffrent en dizaines de millions de dirhams. L’enjeu n’est plus théorique : il s’agit d’équiper le marché en super- serveurs et plateformes capables de traiter des masses de don- nées et d’alimenter des cas d’usage concrets. Sur ce terrain, la société entend se positionner comme le relais naturel entre les grands constructeurs mondiaux et les utilisateurs marocains. À ces relais déjà engagés s’ajoutent des chantiers en pré- paration. Disty travaille à l’inté- gration d’une offre de cyber- sécurité, logique extension de son positionnement IT, dans un contexte où la protection des systèmes d’information devient centrale pour les entreprises. Sur le volet géographique, la priorité reste le Maroc, mais le manage- ment n’exclut pas une expan- sion en Afrique via une opéra- tion de croissance externe, jugée plus efficace qu’un déploiement «From Scratch», à condition de trouver la bonne cible. La capacité à lever des fonds et la crédibilité acquise auprès des constructeurs offrent une marge de manœuvre si une opportunité se matérialise. Sur le plan boursier, le discours est également assumé: le titre est désormais liquide, mieux connu des investisseurs, et s’échange au-dessus de son prix d’IPO. Le management met en avant un PER inférieur à la moyenne du marché et un ren- dement de dividende supérieur à celui de nombreuses valeurs comparables. ◆

D

isty Technologies reste fidèle à son positionnement de base : un Pure player IT dont la crois- sance suit et amplifie celle de la consommation d’informatique au Maroc. Tant que le pays achète plus d’ordinateurs, de serveurs et de solutions tech- nologiques, le distributeur a un terrain de jeu naturel. Pour 2026, Younes El Himdy se dit «encore plus confiant que l’an dernier», porté par une dynamique sec- torielle qu’il qualifie de lisible, stable et soutenue par les grands constructeurs mondiaux. Premier relais de croissance : le renouvellement des parcs PC. Les machines achetées massi- vement pendant le Covid arrivent en fin de cycle, Windows 10 devient obsolète, et les fabri- cants poussent désormais des générations de processeurs et de PC compatibles avec l’intelli- gence artificielle. Disty constate déjà, dans ses ventes, la montée

en puissance de ces ordinateurs «AI-ready», avec des stocks qui tournent rapidement et des réas- sorts à la hausse. Cette vague de remplacement devrait s’étaler sur plusieurs années et constitue un socle de croissance assez prédictible. Deuxième moteur : le gaming. Le marché marocain progresse fortement et Disty a pris soin de muscler son portefeuille. La signature récente de la marque MSI, l’un des leaders mondiaux du segment, vient s’ajouter à des références déjà présentes (Logitech, HyperX, etc.). Pour MSI seul, le potentiel annuel est estimé à au moins une centaine de millions de dirhams de chiffre d’affaires, compte tenu de la lar- geur de la gamme (composants, écrans, PC gaming). De quoi faire du gaming un véritable pilier de croissance, et pas seulement une niche. Troisième axe, plus structurant

www.fnh.ma

10

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 4 DÉCEMBRE 2025

SPÉCIAL SALON DE L'ÉPARGNE

CFG Bank

En pleine croissance, la banque cible un doublement de taille d’ici 4 à 5 ans

VISIONNEZ CETTE VIDEO

Devenue banque universelle il y a une dizaine d’années et récemment intro- duite en Bourse, CFG Bank revendique encore un profil de forte croissance.

L

e Directeur général de CFG Bank, Younes Benjelloun, a réaffirmé au Salon de l’épargne un cap clair pour la banque. Celui de doubler le résultat net à l’horizon 2028-2029, sans appel au marché, en capitali- sant sur un modèle hybride crédits / commissions et une distribution très digitalisée. Née en 1992 comme pure banque d’affaires, sur la base d’un capi- tal quasi symbolique, CFG a bâti son histoire dans l’intermédiation, l’asset management et le conseil en opérations financières, bien avant la mise en place du cadre légal actuel du marché. La trans- formation en banque universelle, lancée en 2015, a fait entrer le groupe dans une autre dimension: celle d’un établissement de détail

en forte croissance, aujourd’hui coté à la Bourse de Casablanca et affichant des taux de progres- sion nettement supérieurs à ceux du secteur sur l’ensemble de ses indicateurs (PNB, encours de cré- dits, résultat d’exploitation, résultat net). Cette dynamique est appelée à se prolonger sur les quatre à cinq prochaines années, même si

les pourcentages de croissance se normaliseront mécaniquement à mesure que la base bilan gros- sit. CFG Bank ne change pas de modèle, mais élargit progressive- ment le champ des activités et des clientèles adressées. La banque n’est pas encore présente sur tous les segments (banque au quoti- dien des entreprises au sens large,

TPME, certaines niches de détail), mais travaille à compléter son offre, sans dévoiler pour l’instant le détail des prochains lancements. Sur le plan financier, le message est clair : le business plan 2024- 2028/29 ne nécessite pas d’aug- mentation de capital. Partant d’un résultat net de l’ordre de 262 MDH en 2024, la banque vise environ 500 MDH à l’horizon 2028-2029, avec des fonds propres qui pas- seraient d’environ 1,8 à 3 Mds de dirhams par simple mise en réserve d’une partie des bénéfices. Les ratios prudentiels resteraient conformes aux exigences de Bank Al-Maghrib, dans un contexte où le coût du risque demeure maîtrisé grâce à un positionnement prudent sur les métiers les plus risqués. CFG Bank se distingue égale- ment par deux spécificités struc- turantes. D’abord, un modèle de distribution très digitalisé : 97% des opérations courantes sont réa- lisées via l’application et les GAB, les agences étant réservées aux moments importants (financement immobilier, épargne long terme, conseil patrimonial). La banque assume un réseau physique volon- tairement restreint, appelé à s’étof- fer à la marge (quelques agences supplémentaires dans des villes

African Financial Investment L’allocation d’actifs comme boussole

VISIONNEZ CETTE VIDEO

A

u Salon de l’épargne, Tarik Amiar et Jérôme Boumengel, associés-gérants du cabinet African Financial Investment, ont rappelé que le plus impor- tant n’est pas de «trouver le bon titre», mais de bien répartir son épargne entre actions et obligations. Dans un contexte où le MASI a touché près de +37% avant de corriger d’environ 10%, les interve- nants posent la question clé : comment construire un porte- feuille à la fois résilient et performant ? AFI, active en gestion sous mandat, recherche et formation, résume la performance de long terme en trois leviers : rendement des actifs, réinves- tissement des revenus et effet de capitalisation. Les deux fondateurs détaillent ensuite les profils prudents, équilibré et dynamique, selon la tolérance au risque et l’horizon d’investissement. À partir d’indicateurs maison de force relative entre actions et obligations souveraines, ils montrent que l’allocation stratégique explique l’essentiel de la performance sur 5 à 15 ans, quand le stock picking ne fait

qu’affiner le résultat. Tactiquement, la consolidation actuelle est jugée «saine». Les deux gérants restent positifs sur les actions marocaines, tout en appelant les particuliers à définir un profil clair, à accepter la volatilité… et à consacrer plus de temps à leur allocation qu’aux rumeurs de marché. ◆

www.fnh.ma

11

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 4 DÉCEMBRE 2025

Saham Bank

clés), mais avec l’objectif de rester «light» par rapport aux standards du marché. Ensuite, le poids élevé des commissions dans le PNB - environ la moitié - lié à l’héritage de banque d’affaires : gestion d’actifs traditionnelle et immobilière, salle des marchés et change. Ce mix revenus d’intérêts / commissions soutient un ROE (rentabilité des fonds propres) parmi les plus éle- vés de la place. Au-delà de son propre cas, Younes Benjelloun s’est montré résolu- ment optimiste sur le cycle actuel d’introductions en Bourse. Pour lui, la véritable réussite des IPO se mesure dans la durée : croissance des entreprises, création d’em- plois, montée en puissance de nouveaux champions sectoriels. Dans un environnement de taux bas, il rappelle le lien entre valori- sations boursières et absence d’al- ternative obligataire rémunératrice, tout en insistant sur l’importance d’alimenter le marché en nouvelles émissions (IPO et augmentations de capital) pour absorber l’appétit des investisseurs. Pour les épargnants, CFG Bank apparaît ainsi comme un dossier bancaire encore en phase de forte croissance, combinant croissance rentable, discipline de capital, forte intensité digitale et exposition directe à la nouvelle dynamique boursière marocaine. ◆

Dans sa conférence au Salon de l’épargne, Saham Bank a choisi de développer la thématique «investir aujourd’hui dans le Maroc de demain». La banque promeut l’épargne responsable et créatrice de valeur

VISIONNEZ CETTE VIDEO

de chacun. Tahar Zerrari, Directeur géné- ral de Saham Capital Gestion, a détaillé le rôle des OPCVM dans cet environnement. Ces fonds communs qui permettent, à partir de quelques centaines de dirhams, d’accéder à des porte- feuilles diversifiés et gérés pro- fessionnellement, sous la super- vision de l’AMMC. Monétaires, obligataires, diversifiés ou actions : chaque catégorie offre un couple rendement/risque dif- férent. Le message de ces profes- sionnels est que le Maroc offre aujourd’hui un environnement porteur, avec des marchés finan- ciers mieux structurés et des produits plus accessibles. Aux épargnants de passer d’une logique de «compte dormant» à une logique d’investisseur, en s’appuyant sur des profession- nels et en acceptant un minimum de volatilité pour préserver - et faire croître - leur pouvoir d’achat dans la durée, tout en soutenant le développement de l’économie réelle. ◆

P

our Majdouline Fakih, respon- sable de la Recherche marchés, le Maroc entre dans un cycle de croissance plus élevé, porté par l’industrie automobile et aéronau- tique, le tourisme, les infrastruc- tures, l’énergie verte et les pré- paratifs de la Coupe du monde 2030. L’objectif est de passer d’une croissance de 3-3,5% à 5-6%. Dans ce contexte, lais- ser son argent dormir sur un compte revient à accepter son appauvrissement sous l’effet de

l’inflation. L’économiste rappelle un point simple : 1.000 DH épargnés sans rendement perdent de la valeur, alors que placés dans des ins- truments financiers, ils profitent de l’effet de composition. Sur 20 ans, la différence entre un rende- ment annuel de 2%, 5% ou 8% change radicalement le capital final. D’où la nécessité de trans- former l’épargne en investisse- ment, via des supports adaptés au profil de risque et à l’horizon

Aradei Capital

Une foncière tournée vers la croissance Introduite en Bourse en pleine pandémie, Aradei Capital s’affirme comme une foncière marocaine de référence, combinant revenus locatifs récurrents et relais de croissance.

VISIONNEZ CETTE VIDEO

D

epuis son introduction en 2020, réa- lisée avec succès malgré le Covid, Aradei Capital a su défendre un modèle clair. Celui d’une foncière qui acquiert, développe et gère des actifs immobiliers pour générer des loyers durables. Nasser Benjelloun, son Directeur général, rappelle que le portefeuille atteint actuel- lement près de 8 Mds de dirhams d’actifs, dont 60 à 70% de retail, 20% en santé et le reste en indus-

trie, bureaux et agences bancaires. Avec un taux d’occupation de 97% et un recouvrement supérieur à 95%, la foncière revendique des fondamentaux solides, soutenus par plus de 200 collaborateurs et plus de 500 actifs gérés. La crois- sance passe à la fois par un pipe- line d’investissements sécurisés de plus d’un milliard de dirhams et par de nouveaux relais : retail media (agence Elevate), monétisation des

espaces communs, développement des loisirs et déploiement du solaire sur parkings et toitures à même de réduire les coûts opérationnels de manière significative. Le tout avec une dette maîtrisée (LTV < 40%), inférieure aux standards internatio- naux. Positionnée comme valeur de

rendement mais encore en phase de revalorisation, Aradei Capital entend profiter de la montée en puissance du commerce moderne et des besoins immobiliers liés à l’industrialisation, au tourisme et au Mondial 2030 pour continuer à générer de la croissance. ◆

www.fnh.ma

12

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 4 DÉCEMBRE 2025

SPÉCIAL SALON DE L'ÉPARGNE

Mutandis

Un profil grande conso avec plusieurs relais de croissance dès 2026

VISIONNEZ CETTE VIDEO

Entre montée en puissance de l’eau, extension de ses marques d’hygiène et nouveaux produits en agroalimentaire, Mutandis aborde 2026 avec un pipeline de croissance bien identifié, tout en maintenant sa discipline industrielle et sa culture de partage de valeur avec les actionnaires.

M

utandis reste fidèle à son posi- tionnement. Un groupe industriel marocain centré sur les produits de grande consommation (déter- gents, hygiène et agroalimen- taire…), avec une base industrielle de 11 usines et un important volet export, notamment vers les États- Unis. Mais c’est surtout la tra- jectoire des prochaines années qui retient l’attention. Adil Douiri, son PDG, confirme un horizon 2026 jugé «plutôt bon», porté par la dynamique de la consomma- tion des ménages et la montée en gamme progressive de plusieurs activités. Premier relais de croissance : l’eau. Le groupe prévoit d’augmen- ter fortement ses capacités sur la marque Ain Ifrane et de lancer une eau de table, sur un marché où la demande reste soutenue. Cette nouvelle offre doit permettre à Mutandis de capter un volume significatif supplémentaire sur un segment prix accessible, avec un potentiel d’accélération rapide une fois les capacités pleinement déployées. Deuxième levier : l’hygiène per- sonnelle. Après le lancement du shampoing Vitaia, Mutandis pré- pare l’extension de la marque avec un savon et un gel douche Vitaia. L’objectif est de transformer une marque émergente en plateforme complète d’hygiène, sur un marché où les habitudes de consommation montent en qualité, mais restent très sensibles au pouvoir d’achat. En parallèle, l’activité «propreté de la maison» conserve un statut de pilier, Mutandis faisant partie du trio de leaders du marché aux côtés d’un grand groupe interna- tional et d’un autre acteur maro- cain. Sur l’agroalimentaire, le groupe

active plusieurs ressorts. Aux États- Unis, Mutandis reste un acteur de référence de la conserve de pois- sons, avec un avantage compétitif en matière de droits de douane face à certains concurrents asia- tiques, ce qui lui laisse de la marge pour ajuster ses prix sans perdre en compétitivité. S’ajoute un nou- veau gisement : une usine récente à Dakhla dédiée à la valorisation du «poisson inutile» en poudre de protéines concentrées (hydro- lysat), destinée notamment à la nutrition sportive et à l’alimentation pour animaux. Cette activité est

appelée à contribuer de manière croissante au chiffre d’affaires et à la rentabilité à partir de 2026. Enfin, Mutandis prépare le déploie- ment de nouvelles boissons à base de jus, positionnées comme des «sodas sans gaz» à prix acces- sible. Un segment intermédiaire entre les softs classiques et le pur jus. Combinés à l’expansion de

l’eau, à l’extension de Vitaia et au démarrage de l’usine d’hydrolysat, ces projets confortent le maintien de la guidance à moyen terme évoquée par le management. Pour les investisseurs, le message est lisible : un profil grande conso défensif, mais doté de relais de croissance concrets et déjà enga- gés pour 2026. ◆

Immobilier et Private equity mis en avant Red Med Capital

VISIONNEZ CETTE VIDEO

a conférence animée par Red Med Capital a donné le ton : l’épargne des particuliers peut désormais accéder à des classes d’actifs longtemps réservées aux professionnels. Khalil El Yamani, vice-président, a rappelé que le groupe évolue dans plusieurs - cor- porate finance, gestion d’actifs, brokerage, Lors d’une conférence très suivie, Red Med Capital a expliqué comment l’immobilier collectif et le Private equi- ty deviennent des solutions d’épargne attractives pour les particuliers, grâce à des rendements élevés et une exposi- tion directe à l’économie réelle. L immobilier et private equity -, avec des performances importantes, avant de situer le débat : offrir aux épar- gnants des solutions alternatives, plus rémunératrices que les placements classiques. Sur l’immobilier, Tawfik Soulami, DG de Red Med Real Estate, a détaillé l’intérêt de l’immobilier collectif, qui peut offrir des rendements nets de 6 à 9% et peut atteindre 14 à 20% sur les projets de développement. SPV, clubs deals et OPCI constituent les trois cadres

d’investissement, avec des tickets d’entrée abor- dables. Stabilité des loyers, mutualisation du risque et gestion professionnelle figurent parmi les principaux leviers mis en avant. Le Private equity a ensuite été présenté par Mohamed Nasset, Directeur général de Red Med Private Equity, comme un «accès direct aux PME marocaines à fort potentiel». Rendement moyen intéressant, effets positifs sur la gouvernance et l’emploi, impact réel sur l’économie : cette classe d’actifs séduit, même si elle reste peu adoptée par les particuliers. Avec la perspective de fonds grand public autorisant l’investis- sement direct, Red Med anticipe une démocratisation rapide. La séance s’est conclue sur des échanges nourris, confirmant l’intérêt croissant du public pour ces solutions d’épargne plus dynamiques. ◆

www.fnh.ma

Page 1 Page 2 Page 3 Page 4 Page 5 Page 6 Page 7 Page 8 Page 9 Page 10 Page 11 Page 12 Page 13 Page 14 Page 15 Page 16 Page 17 Page 18 Page 19 Page 20 Page 21 Page 22 Page 23 Page 24 Page 25 Page 26 Page 27 Page 28 Page 29 Page 30 Page 31 Page 32 Page 33 Page 34 Page 35 Page 36

fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker