ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 4 DÉCEMBRE 2025
blée générale nationale du syn- dicat ce dimanche 7 décembre à Bouznika. À l’ordre du jour : la décision, ou non, de lancer une grande marche nationale vers Rabat. «Tout dépendra du contenu des discussions et du sentiment général, mais la coupe est pleine» , prévient le leader syndical. En 2015, puis en 2018, des mouvements similaires avaient paralysé Casablanca pendant plusieurs jours. Côté autorités, le silence reste de mise. Le ministère de l’In- térieur avait pourtant rappelé il y a quelques mois que le transport de personnes via des applications de particu- liers demeurait hors-la-loi tant qu’aucun décret d’application ne viendrait compléter la loi 16-13, toujours en attente. Uber, lui, assure respecter la réglementation en ne travail- lant qu’avec des transporteurs agréés. Reste que cette dis- tinction demeure floue pour beaucoup de professionnels, qui estiment que la plateforme profite d’un vide juridique que d’autres applications exploitent depuis longtemps. A noter qu’Uber a migré une centaine de chauffeurs issus de Careem vers sa plateforme pour ce lancement initial, avec un objectif de croissance pro- gressive via des partenariats avec des flottes touristiques. Le ministère du Transport pré- pare, quant à lui, une étude pour réguler les VTC, visant à intégrer 10.000 nouveaux véhi- cules d’ici 2030, en vue des flux attendus de 26 millions de touristes annuels à l’horizon 2030. À moins de trois semaines du coup d’envoi de la CAN, le timing est tendu. Le Maroc veut montrer au monde une image moderne, fluide, accueil- lante. Mais sur le terrain, la bataille pour le bitume est plus rude que jamais. Entre l’aspi- ration des citadins à une mobi- lité simple et la colère légitime d’une profession qui se sent abandonnée, l’équation s’an- nonce complexe. ◆
Les syndicats des taxis menacent de recourir à une marche nationale vers Rabat.
Uber relance ses activités au Maroc Les taxis en état d’alerte maximale L Uber est de retour au Maroc après sept ans d’absence. Les taxis, déjà fragilisés par la concurrence sauvage des applications, crient à la provocation et menacent d’une marche nationale sur Rabat. Le bras de fer reprend de plus belle. Par R Mouhsine ’
application Uber a réactivé ses services le 27 novembre à Casablanca et Marrakech, sept ans après avoir plié bagage face aux manifestations des taxis. Cette fois, la plate- forme américaine promet de jouer selon les règles : pas de chauffeurs particuliers, uni- quement des véhicules déten- teurs d’agrément de transport touristique ou de grand taxi, et une offre limitée à UberX et UberXL. Un retour calibré, présenté comme un «accom- pagnement» aux grands événe- ments à venir, de la CAN 2025 à la Coupe du monde 2030. Pour les clients, c’est une
bonne nouvelle : réservation en quelques clics, prix connus à l’avance, paiement par carte et suivi GPS. Pour les milliers de chauffeurs de petits et grands taxis, c’est la goutte d’eau qui fait déborder un vase déjà bien rempli. «Un non-événement» Mohamed El Herrak, secrétaire général national du syndicat des chauffeurs de taxis, affiliés à la Fédération démocratique du travail (FDT), ne mâche pas ses mots : «l’arrivée d’Uber est un non-événement pour nous. D’autres applications fonctionnent déjà depuis des années en toute illégalité et en contradiction totale avec la loi marocaine. Ce qui nous met en colère, c’est que les profes- sionnels ne s’en sortent plus. Nous subissons une concur- rence déloyale insupportable».
Le syndicaliste pointe du doigt un système à deux vitesses : d’un côté, les chauffeurs de taxi, tenus de reverser 40 à 50% de leurs recettes quotidiennes aux détenteurs d’agréments, de respecter des tarifs régle- mentés et des zones précises; de l’autre, des plateformes qui, selon lui, opèrent dans l’ombre ou dans une zone grise, sans les mêmes contraintes. «Nous demandons à l’État d’in- tervenir immédiatement. Et si l’État autorise réellement ce modèle, alors qu’il nous per- mette, à nous aussi, de travail- ler comme les VTC : sans rever- ser la moitié de notre recette à un tiers et avec la liberté de circuler partout», poursuit Mohamed El Herrak. Marche vers Rabat Le ton est monté d’un cran avec l’annonce d’une assem-
Ce qui nous met en colère, c’est que les professionnels ne s’en sortent plus. Nous subissons une concurrence déloyale insupportable.
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