ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 4 DÉCEMBRE 2025
parler de conditions plutôt que de difficultés : « l’objectif est ambitieux, mais réaliste à condition de respecter deux règles simples : la mise en œuvre rapide des mesures et un dispositif de soutien effi- cace. Pas de promesse sans décaissement» , précise-t-il. De plus, il affirme que le vivier de talent existe, mais son activation dépendra de la capacité à former, reconvertir et accompagner les talents au bon rythme. «Le vrai risque, c’est l’immobilisme. Ce qui tuerait la dynamique, ce seraient les lenteurs ou une confiance entachée par des engagements non tenus» , note-t-il. Et dans cette optique de réduire les lenteurs et flui- difier les démarches, l’offre mise sur la digitalisation inté- grale des procédures. Une plateforme digitale unique sera mise à disposition pour centraliser le dépôt et le suivi des dossiers, simplifiant ainsi le parcours administratif des entreprises. Un comité de pilotage présidé par le chef du gouvernement ainsi qu’un comité technique de l’off- shoring seront chargés de la gouvernance stratégique et opérationnelle de ladite pla- teforme. Des atouts qui confortent Depuis deux décennies, le Maroc capitalise sur un triptyque gagnant : stabi- lité macroéconomique, main- d’œuvre multilingue, position géographique stratégique. À cela s’ajoutent des infras- tructures techno-industrielles en amélioration constante : fibre optique, parcs dédiés (Casanearshore, Technopolis, Fès Shore…), hubs cloud, campus de formation. De plus, la proximité avec l’Europe, garantissant un même fuseau horaire que la France, ainsi que les interactions facilitées avec l’Espagne continuent de séduire les multinationales en quête de solutions «near- shore» fiables. Aujourd’hui,
Plus de 50% des exportations marocaines de services numériques sont destinées au marché européen.
président de Outsourcia. La nouvelle stratégie répond partiellement à cet enjeu, en misant sur la formation inten- sive et les partenariats entre universités, OFPPT, opéra- teurs privés et multinatio- nales. Elle entend également déployer l’offshoring dans de nouveaux territoires : Agadir, Oujda, Tétouan, Al Hoceïma, Laâyoune ou encore Dakhla. Le but étant de désengorger les grandes villes et créer de nouveaux pôles d’employabi- lité en régions.
plus de 50% des exporta- tions marocaines de services numériques sont destinées au marché européen, prin- cipalement français. «Nos forces sont là et elles sont fiables», insiste le président de la FMES. Toutefois, cette base solide est désormais mise à l’épreuve par l’automatisation crois- sante des tâches simples via l’IA générative et les chatbots avancés, et la compétition exacerbée de pays comme la Tunisie, l’Égypte, le Sénégal ou encore l’Europe de l’Est, qui multiplient les incitations pour attirer les mêmes inves- tisseurs. Ainsi, pour res- ter dans le peloton de tête des destinations nearshore, le Maroc doit résoudre en urgence trois défis majeurs, selon Chraibi. Primo, le déficit de compé- tences, notamment en «Soft Skills» et dans les métiers IT très spécialisés. Secundo, la faible attractivité des régions hors Casablanca-Rabat-Fès, encore sous-exploitées mal- gré leur potentiel. Et tertio, l’historique d’inefficience des anciens dispositifs qui a par- fois découragé les investisi- seurs. «C’est une compétition à très haut niveau. On ne peut pas y aller à moitié», affirme le
sont toutes les tâches inutiles sans valeur ajoutée humaine», explique-t-il. Les opérateurs rechercheront de nouveaux profils, préci- sément des coachs de bots, des designers de parcours clients automatisés ou des formateurs d’IA conversation- nelle. «L’IA ne va pas remplacer nos talents. Ce sont nos talents qui utiliseront l’IA qui rem- placeront ceux qui pensent pouvoir lui résister» , conclut le président de Outsourcia. L’enjeu pour le Maroc dépasse la simple création d’emplois. Il s’agit de réussir sa montée en gamme, d’atti- rer les métiers technologiques à forte valeur ajoutée et de consolider un écosystème capable de rivaliser avec les hubs mondiaux du numé- rique. Avec cette nouvelle offre, le pays semble avoir trouvé le bon équilibre entre compétitivité, incitations stra- tégiques et vision industrielle. Encore faut-il, comme le sou- ligne Youssef Chraibi, que la machine administrative suive le rythme. Car dans ce sec- teur où l’IA redéfinit déjà les chaînes de valeur, la vitesse d’exécution est devenue la première condition de com- pétitivité. ◆
L’IA : menace ou opportunité ?
Le débat sur l’impact de l’in- telligence artificielle sur l’em- ploi est central dans l’offsho- ring. Les métiers de support, du CRM à certaines fonctions BPO, sont parmi les plus exposés à l’automatisation. Mais pour Chraibi, il serait dangereux de raisonner en termes de destruction nette. «L’IA ne va pas supprimer les métiers. Elle va les transfor- mer. Ce qui sera remplacé, ce
Il s’agit de réussir la montée en gamme, d’attirer les métiers technologiques à forte valeur ajoutée et de consolider un écosystème capable de rivaliser avec les hubs mondiaux du numérique.
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