FNH N_ 1218

MÉDIAS

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 4 DÉCEMBRE 2025

ignorer les transformations qui bousculent le secteur ? Bensaid l’a bien souligné : les défis ne sont plus seulement ceux de la presse papier. Ils s’appellent désormais podcasts, création numérique ou encore contenus hybrides. Toutes ces nouvelles formes médiatiques redessinent les contours du métier, et la réforme doit en tenir compte. Recherche de consensus Sur les bancs de la Chambre des conseillers, les discussions se sont crispées autour du mode de vote: individuel pour les journalistes, par liste pour les éditeurs. Les groupes d’opposition y voient une asymétrie injustifiée. Les débats ne sont pas tranchés, mais ce qui est remarquable, c’est la volonté affichée de travailler le texte pour «parvenir à des consensus garan- tissant la protection des journa- listes et renforçant leur autorégu- lation». Et en cela, les groupes ont salué l’ouverture du ministre aux amendements proposés ainsi que sa «volonté de prendre en compte les conclusions des consultations menées avec les professionnels et la commission provisoire». In fine, il faut reconnaître que le projet de loi 26.25 marque la fin du clair-obscur. Le Conseil gagne en clarté, en structure et en préro- gatives, avec une ossature lui per- mettant d’être capable d’assurer son autonomie réelle. Car, dans le fond, la réforme laisse le CNP souverain dans ses déci- sions, mais dans un cadre juri- dique stable. L’Etat redevient un arbitre et non un acteur direct. Dans un contexte où la confiance du public dans les médias s’érode et où les fake news se propagent à la vitesse grand V, ce nouveau cadre est une condition de survie pour une profession encore en quête de repères. Le Maroc ne peut pas prétendre défendre sa souveraineté infor- mationnelle, développer son influence régionale et renforcer la qualité démocratique sans un CNP efficient. Certes, cette réforme ne sauvera pas la presse marocaine. Mais elle lui donne enfin des outils pour se sauver elle-même. Ce qui, convenons-en, est déjà beaucoup. ◆

 Avec cette réforme, le CNP reste souverain dans ses décisions, mais dans un cadre juridique stable.

Réforme du CNP La fin du clair-obscur

Q En intégrant la majorité des recommandations du CESE et du CNDH, le projet de loi n°26.25 relatif à la réorganisation du Conseil national de la presse (CNP) ambitionne de clarifier son rôle, renforcer sa représentativité et adapter la régulation aux nouvelles réalités du paysage médiatique. Par D. W.

ue veut-on faire de la régula- tion de la presse au Maroc ? Quelle place souhaite-t-on don- ner à une profession qui cherche encore son nouvel équilibre dans un environnement caractérisé par les mutations technologiques, la bataille pour sa crédibilité et la pression économique ? Ce sont à ces interrogations que tente juste- ment de répondre le projet de loi 26.25, porté par le ministre de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid. Ce texte arrive comme un chan- tier de rénovation majeur attendu depuis longtemps visant à gom- mer les angles morts, les impré- cisions et les zones d’ombre qui laissaient la profession se débrouiller dans un vide juridique inconfortable. Lundi 2 décembre, à la Chambre des conseillers, lors d'une réu- nion de la Commission de l'en- seignement, de la culture et de la communication, le ministre l’a

rappelé sans ambages : 80% des observations du Conseil écono- mique, social et environnemental (CESE) et du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) ont été prises en compte dans les amen- dements apportés au projet de loi. Loin d’être un détail technique, ce chiffre illustre la volonté de bâtir un texte issu d’un véritable dia- logue institutionnel. Ce n’est donc pas un simple toilettage, mais une réécriture tenant compte des avis de deux institutions constitu- tionnelles dont personne ne peut contester la légitimité en matière de gouvernance et de droits fon- damentaux. Bensaid a également insisté sur un point que la profession évoque depuis des années : la nécessité de renforcer la représentativité. Le fait d’intégrer des représen- tants de syndicats au sein du Conseil n’est pas anodin. C’est une réponse directe à ceux qui, jusqu’ici, dénonçaient un CNP par-

fois trop éloigné du terrain, trop institutionnel et trop «hors sol» pour être réellement le porte-éten- dard des journalistes marocains. A cela, s’ajoute une avancée majeure : la consolidation du mécanisme de recours interne. Avant de s’en remettre à la justice, les litiges seront traités au sein même du Conseil, avec un cadre clair, balisé et encadré par des règles. Ce n’est pas un privilège accordé à la profession, mais un moyen de restaurer la confiance dans l’autorégulation. Sur un autre registre, le ministre a rappelé une évidence que cer- tains feignent d’oublier, à savoir qu’il n’existe pas, dans le monde, un modèle unique de conseil de presse. Tous sont le fruit d’his- toires politiques, de cultures médiatiques et d’équilibres insti- tutionnels différents. Et dans un Maroc engagé dans une modernisation accélérée du champ médiatique, comment

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