DEVELOPPEMENT DURABLE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 4 DÉCEMBRE 2025
durable. De plus, ils insistent sur le fait de moderniser l’irri- gation via le goutte-à-goutte intelligent alimenté par énergie solaire, d’étendre le Programme national des déchets munici- paux, notamment la séparation des déchets organiques et la valorisation du méthane. Dans le même élan, Benyoussef relève que trois chantiers s’im- posent aujourd’hui comme les plus urgents pour permettre au Maroc de consolider cette place de leader climatique. Le premier consiste à accélérer l’exécution et simplifier les procédures, car si le Maroc ne manque ni d’ambition ni de projets, le passage à l’opéra- tionnel demeure encore trop lent. La réduction des délais d’autorisation, la modernisation de la gouvernance du secteur, la clarification des rôles insti- tutionnels ou encore la mise en place d’un système public de suivi des projets deviennent indispensables pour renforcer la crédibilité du pays. Le deuxième chantier porte sur la nécessité de massifier les énergies renouvelables décentralisées. L’avenir de la transition se jouera autant
sur les toits des entreprises, des bâtiments publics et des ménages que dans les méga- centrales. Pour déclencher un véritable «choc solaire» natio- nal, le Maroc devra instaurer des incitations fiscales, des mécanismes de financement adaptés, un guichet unique efficace et une réglementation claire permettant d'accélérer ce virage. Enfin, le troisième chantier vise à rendre l’efficacité énergé- tique obligatoire et réellement contrôlée, un domaine discret mais essentiel. Sans réduction de la demande, même les capa- cités renouvelables les plus performantes resteront insuf- fisantes. Cela implique l’appli- cation effective des normes d’isolation, l’obligation d’audits énergétiques dans l’industrie, la rénovation systématique des bâtiments publics et la dispa- rition progressive des équipe- ments énergivores. Combinés, ces trois leviers per- mettraient au Maroc de trans- former son avance stratégique en véritable avance opération- nelle, consolidant durablement son statut de leader climatique du Sud global. ◆
Énergie :
OCP Green Energy lance la première phase de son programme solaire de 202 MWc
O CP Green Energy, filiale du Groupe OCP, a mis en service la première phase de son pro- gramme solaire, ajoutant 202 MWc au mix énergétique du Groupe. Cette tranche, désormais opération- nelle, couvre trois sites : Benguerir (67 MWc), Foum Tizi (30 MWc) et Oulad Farès (105 MWc), ce dernier devenant la plus grande centrale photovoltaïque en activité au Maroc. Selon Omar Kadir, Directeur géné- ral d’OCP Green Energy, cette avan- cée constitue un levier majeur pour la décarbonation du Groupe, qui vise la neutralité carbone en 2040 et un approvisionnement électrique 100% renouvelable. Il souligne les défis tech- niques relevés, notamment l’intégra- tion directe aux besoins industriels des mines sans perturber leur fonc- tionnement. Pour Hanane Morchid, responsable Développement durable et innovation, cette mise en service représente un «jalon concret» dans la stratégie énergétique du Groupe et illustre l’avantage compétitif du Maroc
en solaire et éolien. Elle rappelle que la durabilité est aussi un choix de compé- titivité, permettant d’assurer des coûts d’énergie très bas. Ces infrastructures couvrent déjà une part importante des besoins des sites miniers, renforçant la sécurité énergétique du Groupe. Pour gérer l’intermittence, un pre- mier projet de stockage a été lancé à Benguerir. Mobilisant 1,8 milliard de dirhams et impliquant l’écosystème industriel national, cette phase s’ins- crit dans la feuille de route d’OCP Green Energy, créée en 2022, qui pré- voit de couvrir 100% des besoins électriques du Groupe dès 2027 grâce à 1,2 GW d’énergies renouvelables et de stockage. ◆
Le Maroc mise sur un modèle intégré Stress hydrique F aire du modèle intégré «eau-éner- gie-alimentation» le socle de sa souveraineté hydrique, c'est ce qu'affirmé mardi à Marrakech le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, en marge du 19 ème Congrès mondial de l’eau.
Un signal fort vient conforter la position du Maroc : la signature avec la Suisse de la première autorisation d’atténuation des émissions dans le cadre de l’Article 6 de l’Accord de Paris. Ce partenariat porte sur le programme Solar Rooftop 500 (SR500), qui prévoit le déploiement de 500 MW de pan- neaux photovoltaïques en toiture dans le secteur commercial et industriel. Les bénéfices annoncés sont considérables. Il prévoit 15.000 emplois directs et indirects, une baisse de 25 à 40% de la facture électrique des entreprises, un renforcement de la compétitivité industrielle, une structuration du mar- ché solaire national, et une prime carbone pouvant couvrir jusqu’à 25% du coût d’installation. Ce projet, aligné sur les hautes orientations royales visant à porter la part des renouvelables à plus de 52% dès 2026, conforte le Maroc dans le Top 6 mondial du CCPI 2025. Il positionne également le Royaume comme troi- sième pays au monde à autoriser une activité sous l’article 6, et premier de la région MENA. Une avancée majeure pour l’émergence d’un marché carbone dynamique. Enfin, il permet au Maroc de tester et structurer son marché du carbone, un outil qui peut attirer des financements internationaux, stimuler l’innova- tion énergétique et renforcer la compétitivité des entreprises exportatrices soumises à des exigences de décarbonation (CBAM, normes européennes, etc.). En somme, l’article 6 et SR500 offrent au Maroc l’opportunité de passer d’une transition «pilotée par l’État» à une transition co-construite avec le secteur privé, plus rapide, plus distribuée et plus résiliente. Un projet révélateur du leadership marocain Le programme SR500
Le Royaume, a-t-il expliqué, adopte désormais une stratégie proactive fondée sur l’innovation, la planification de long terme et une transformation profonde de la production de l’eau. Les plans direc- teurs des bassins hydriques à l’horizon 2050, qui cartographient besoins et vul- nérabilités de chaque bassin, alimentent le Plan national de l’eau, devenu la feuille de route de l’ensemble des acteurs. Baraka a mis en avant une nouvelle archi- tecture hydrique mêlant dessalement, grands barrages, réutilisation des eaux usées, recharge artificielle des nappes et digitalisation des réseaux. L’objectif est clair : «passer d’un pays gestionnaire de la rareté à un pays producteur d’eau», a-t-il insisté, rappelant que 17 stations de dessalement sont déjà opération- nelles et que la capacité devrait atteindre
1,7 milliard de m³ par an en 2030, grâce aux énergies renouvelables. Le ministre a également cité plusieurs initiatives innovantes, dont les panneaux solaires flottants contre l’évaporation, l’ensemencement des nuages et les pre- mières unités produisant de l’eau à partir de l’humidité atmosphérique dans les zones rurales. Les ministres chinois et turc présents ont salué l’approche marocaine et appelé à renforcer la coopération face aux pres- sions hydriques croissantes. Placé sous le haut patronage du Roi Mohammed VI, le Congrès mondial de l’eau se poursuit jusqu’au 5 décembre et sera clôturé par la «Déclaration de Marrakech». ◆
Avec la participation de
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