BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO LUNDI 30 SEPTEMBRE 2025
Bourse Les sociétés cotées face au test climatique
Tétouan fonctionne désormais grâce à un parc éolien de 32 MW, une première mondiale dans ce secteur. Cette installation a per- mis d’éviter l’émission de 364.000 tonnes de CO2 en un an. Pour LafargeHolcim, il s’agit d’un levier industriel autant qu’énergétique, permettant de sécuriser l’approvi- sionnement tout en réduisant son empreinte carbone.
Les banques, robinet du climat
La sécheresse gagne du terrain, les ressources hydriques s’amenuisent et la pression réglementaire s’intensifie. Dans ce contexte, les entreprises marocaines cotées n’ont plus le choix que de transformer leurs engagements ESG en actes concrets. Mines, cimenteries, producteurs d’énergie et banques réécrivent leurs modèles. Florilège. Par Y. Seddik
La transition énergétique ne repose pas seulement sur les industriels. Dans cette course à la crédibilité verte, les banques marocaines avancent elles aussi à des vitesses différentes, mais avec le même objectif. Bank of Africa a ouvert la voie début 2025 en soumettant à Bank Al-Maghrib sa «Stratégie climat», une pre- mière nationale alignée sur les standards IFRS S2. Attijariwafa bank, de son côté, met en avant une baisse de 33% de ses émis- sions électriques entre 2018 et 2024 et trace une feuille de route ESG jusqu’en 2030. La Banque Centrale Populaire, pionnière des obligations vertes, capitalise sur cet avantage pour continuer à financer des projets environ- nementaux structurants. Ces banques ne jouent plus un rôle périphérique. Au contraire, elles orientent désormais directement les flux de capitaux et déterminent quelles entreprises accèdent aux financements verts. Au final, les démarches ne sont pas uniformes. Certaines entre- prises cotées investissent réelle- ment dans la transition et affichent des résultats mesurables, tandis que d’autres se contentent d’un reporting minimal pour répondre aux obligations réglementaires. En 2025, la résilience ne se juge plus dans les rapports RSE. Elle se vérifie dans les capaci- tés renouvelables installées, les tonnes de CO2 évitées ou les financements obtenus via les obligations vertes. La crédibilité des entreprises cotées dépend désormais de leur capacité à prouver, chiffres à l’appui, que leurs engagements se traduisent dans les faits. ◆
Les entreprises cotées multiplient les investissements concrets dans la transition climatique pour rester compétitives face aux exigences des marchés.
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epuis 1960, la température moyenne au Maroc a progressé de +1,4°C, un rythme plus rapide que la moyenne mondiale. Les sécheresses se multiplient, la res- source en eau pourrait reculer de 20% d’ici 2050 et les inonda- tions qui frappent chaque année plusieurs régions du Maroc rap- pellent la vulnérabilité des infras- tructures. Face à ces menaces, le Royaume a décidé de viser 52% d’énergies renouvelables dans son mix élec- trique à l’horizon 2030. Le com- plexe solaire Noor à Ouarzazate et le plan hydrogène vert, connu sous le nom de «Offre Maroc» , figurent parmi les projets emblé-
matiques. Pour les sociétés cotées, rester à l’écart de cette dynamique reviendrait à s’exclure des standards de compétitivité. En tête des secteurs cotés concernés, le secteur minier attire particulièrement l’atten- tion. Managem, acteur majeur du domaine, a compris qu’il devait se réinventer. Entre 2021 et 2023, le groupe a mené des audits énergétiques rigoureux et dressé un bilan carbone exhaustif. Ses engagements sont précis, avec -5% de consommation électrique et -15% d’émissions de GES d’ici 2027, ainsi que 75% d’énergies renouvelables intégrées à ses opérations marocaines. L’avenir du groupe repose désormais sur sa capacité à fournir des minerais «bas carbone» à des acheteurs qui conditionnent leurs contrats à la traçabilité environnementale. À l’autre bout du spectre indus-
triel, Taqa Morocco joue sa crédibilité dans la production électrique. L’entreprise prévoit d’ajouter 1.000 MW de capacités renouvelables d’ici 2030, pour un investissement de 1,6 Md USD. Elle vise ainsi une baisse de 25% de son empreinte carbone. Or, le coût de l’énergie reste un far- deau pour l’industrie marocaine. Taqa mise donc sur le renouve- lable non pour soigner sa réputa- tion, mais pour s’imposer comme acteur central de l’approvision- nement du pays, à l’heure où la dépendance aux fossiles fragilise l’économie. Le ciment est également l’un des secteurs les plus émetteurs, et l’exemple de LafargeHolcim Maroc illustre bien la mutation en cours. En 2024, l’entreprise a couvert 90% de ses besoins électriques par des énergies renouvelables. Sa cimenterie de
En 2024, LafargeHolcim a couvert 90% de ses besoins électriques par des énergies renouvelables.
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