Préface
Ce livre offre un panorama exhaustif, rigoureux et passionnant du domaine en plein essor qu’est l’économie comportementale. Sa force et sa clarté pédagogiques reposent sur trois piliers. Tout d’abord, un ancrage rigoureux dans l’analyse économique classique. Les concepts essentiels de théorie de la décision et de théorie des jeux sont introduits progressivement, avec un niveau de formalisme mathématique approprié et en dégageant toujours les idées clés. Cette base indispen- sable permettra ensuite au lecteur de comprendre en profondeur la signification des phénomènes empiriques explorés, puis l’élaboration de modèles alternatifs intégrant des composantes « non standard » pouvant en rendre compte. Le deuxième pilier du livre est une intégration fluide entre modèles théoriques et économie expérimentale. Chaque chapitre propose des expériences à faire en classe qui stimuleront l’intérêt des élèves pour approfondir les mécanismes sous-jacents. Les principales études issues de la litté- rature expérimentale sont ensuite discutées en rapport étroit avec la théorie, expliquant comment chacune met en défaut une hypothèse du cadre classique. Ainsi sont tour à tour remises en cause la stabilité et la transitivité des préférences, l’axiome d’indépendance, la cohérence intertemporelle, l’induction à rebours, l’inférence Bayésienne, la connaissance commune de la rationalité, l’égoïsme de l’individu et l’unité de son « moi ». Mais loin d’un catalogue d’anomalies et de biais, chaque chapitre suit une progression logique menant à l’élaboration d’un modèle comportemental enrichi, présenté de façon rigoureuse. Ces modèles sont ensuite confrontés aux données d’autres expé- riences et mis en concurrence, faisant apparaitre les avantages et les faiblesses de chacun. Dans la première partie du livre, consacrée aux décisions individuelles, sont ainsi développés les modèles avec point de référence, les théories des perspectives, du regret, et de l’aversion à l’ambiguïté, les modèles à utilité aléatoire ou attention imparfaite rendant compte d’erreurs de décision, et le modèle d’escompte quasi-hyperbolique. Des liens sont aussi établis avec les sciences cognitives et l’économie du bonheur. Dans la deuxième partie, consacrée aux interactions sociales, on découvre d’abord les aspects stratégiques tels que l’équilibre de réponse quantale, la rationalité de niveau k , les jeux avec apprentissage, et les cascades informationnelles. Puis, élargissant le champ de ce à quoi s’intéressent les agents au-delà de leur bien-être matériel, sont introduits les préférences sociales telles qu’altruisme et réciprocité, les jeux psychologiques, les modèles de conformité et de réputa- tion, l’estime de soi et les croyances motivées. Le troisième pilier de l’ouvrage est le lien fait entre les outils fournis par la théorie et le labo- ratoire d’un côté, le monde réel des marchés et de la politique économique de l’autre. Des enca- drés démontrent ainsi la pertinence sur le terrain des phénomènes et modèles étudiés, mais aussi parfois leurs limites. Au niveau des décisions individuelles figurent ainsi les coûts irréversibles et les effets de contexte affectant les consommateurs, ceux des points de référence dans l’offre de travail, la procrastination dans l’effort, la sur-et-sous assurance contre différents risques, le rôle des options par défaut dans les plans d’épargne-retraite, l’exploitation de la naïveté des agents par les entreprises, et l’aversion à certaines informations qui font peur. Au niveau collectif, les applications incluent la provision volontaire de biens publics, le rôle de la communication dans le travail en
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