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CHAPITRE 1 • Des choix sous influence ?
● Plusieurs biens peuvent être utilisés : les participants du groupe 2 peuvent être dotés d’un autre bien, que les participants du groupe 1 peuvent acheter (une barre de chocolat). Pour chaque groupe, deux listes sont alors proposées : l’une, comme précé demment dans le groupe 1, détermine le prix de vente (minimal) du bien possédé. L’autre déterminera le prix maximum d’achat pour le bien de l’autre groupe. L’in térêt est de montrer que, quel que soit le
bien, et quel que soit le groupe, leurs pos sesseurs préfèrent très majoritairement le conserver (alors même que la source de la possession, l’appartenance au premier ou au second groupe, est aléatoire). Notions abordées Offre et demande | Taux marginal de substitution | Point de référence
Dans un groupe, certains participants reçoivent un stylo comme possession, tandis que dans l’autre groupe, les participants reçoivent une barre chocolatée. Quelle que soit leur possession initiale, tous les participants doivent fixer leur prix minimal de vente pour le bien qu’ils possèdent et leur prix maximum d’achat pour le bien que possède l’autre groupe. Les résultats montrent dans ce cas que le prix minimal de vente demeure largement supérieur au prix maximum d’achat. Un participant se comporte différemment selon qu’il se place en situation de vendre ou en situation d’acheter, alors même que le fait d’être acheteur ou vendeur de barre chocolatée ou de stylo est purement aléatoire. Le changement du point de référence qui se produit en conséquence de l’effet de dotation se retrouve également dans le biais – ou effet – de statu quo . Cet effet se traduit par la tendance à choi- sir l’option présentée par défaut, car elle constitue la décision la plus facile à prendre, et ce, même lorsqu’une meilleure option est mise à disposition. Cet effet a notamment été mis en évidence pour des décisions d’importance majeure, telles que les choix des plans d’épargne retraite aux États- Unis 9 , dans lesquels nombre de personnes conservent l’option par défaut qui leur est proposée, même si elle conduit à long terme à des perspectives de pensions de retraite relativement basses et que de biens meilleures options sont disponibles. L’existence de l’effet de dotation reste un sujet d’intenses controverses. Une synthèse des résul- tats expérimentaux existants identifie plusieurs facteurs qui expliquent l’écart entre les prix mini- maux de vente et les prix maximums d’achat, parmi lesquels l’absence d’incitations monétaires, l’anonymat dans l’échange, la compréhension des instructions ou, plus important pour l’écono- mie comportementale, l’apprentissage 10 . Les résultats montrent en outre que l’écart entre les prix minimaux de vente et les prix maximums d’achat tend à disparaître lorsque ces différents fac- teurs conduisent à une plus forte implication des individus dans la formulation de leur prix. Cette implication peut être obtenue sous la forme d’incitations permettant aux individus d’envisager réellement les conséquences monétaires de leurs décisions ou encore d’une meilleure compré- hension des procédures d’échange, permettant d’éliminer les asymétries entre les dispositions à payer et les dispositions à recevoir. Cependant, il semble que même les participants ayant acquis l’expérience suffisante pour parfaitement comprendre les mécanismes d’échanges continuent à survaloriser les biens qu’ils possèdent par rapport aux biens qu’ils ne possèdent pas, alors que la possession demeure liée au pur hasard. Notons enfin que lorsque les choix sont plus complexes, 9 Le Chapitre 4 détaillera comment il est possible d’influencer les choix d’épargne retraite en modifiant les options par défaut. 10 Cette synthèse a été proposée par Plott & Zeiler (2005). Une vision plus nuancée de ces conclusions est proposée par Fehr et al. (2015).
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