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CHAPITRE 1 • Histoire et évolution de la mode
C’est donc à partir du moment où le vêtement perd son caractère pure- ment fonctionnel qu’on parle de mode à des fins plus séductrices (se faire beau ou belle), voire ostentatoires (se montrer et/ou montrer sa richesse). Dans la Rome antique , « l’habit fait le moine », autrement dit il permet de reconnaître l’importance des personnes dans la société.
et de lin, qui couvraient plusieurs couches de tuniques. Il est difficile de parler de mode pour la « toge », car son port obéit à des règles strictes. La façon de la porter (près du corps ou de façon plus ample) a toutefois varié selon les époques. Puis la toge a été réservée aux hommes, les femmes portant des tuniques de couleurs variées (chamarrée, safranée, rouge de feu, rose, etc.), des chemisettes, des bandeaux, différents types de broderies, des robes à manches, des chaussures de toutes formes. C’est vraiment au XIV e siècle que la mode émerge. Sophie Kurkdjian explique dans son ouvrage Géopolitique de la mode que « le mot “mode”, au sens de “manière collective de vivre, de penser propre à un pays, à une époque”, fait son apparition en 1390 et il faut attendre 1480 pour qu’il se mette à signifier “manière de s’habiller” 5 ».
Au XVII e siècle , la mode s’invite à la cour et commence à s’industrialiser. À l’instar des arts, de l’architecture, de la musique, la mode est admirée et imitée par l’Europe entière. Louis XIV et son ministre Colbert voyaient dans la mode notamment un terreau fertile, un atout de et pour la France. Dès que le chemin de fer ou le bateau le permet, les dames de la haute société font le voyage à Paris pour y acheter vêtements et accessoires. On y trouve notamment des costumes. Clinquants, ces derniers sont composés de métaux rares, précieux, somptueux. La mode est alors un faire-valoir : elle est le miroir de la condition sociale . Le XVII e siècle se caractérise également par le passage du stade artisa- nal de la mode au stade industriel . Grâce à la machine à vapeur, la première usine textile voit le jour en 1788 en Angleterre. La mode se développe ainsi durant le XVIII e siècle . À cette époque, tout un écosystème se met en place autour de la mode. On trouve des marchandes de mode qui ne sont pas des couturières, mais qui vendent tout ce qui peut embellir une tenue (ruban, plumes, agrafes, etc.) afin d’être élégants. Une des marchandes de mode la plus connue est Rose Bertin que la reine de France, Marie-Antoinette, a élevée au rang de « ministre des Modes ». Cette jeune créatrice ouvre sa maison de mode à l’enseigne « Au Grand Mogol » à Paris. Marie-Antoinette revisite, avec l’aide de Rose Bertin, le grand habit de cour. Ce faisant, elle lance des tendances. Aujourd’hui, on la désignerait comme une influenceuse. On voit également à cette époque la naissance des premiers magazines de mode , notamment des gazettes parfois illustrées présentant les tendances parisiennes. La Galerie des modes et costumes français (voir figure 1.2) est publiée dès 1778. Cette presse jouera un rôle fondamental dans la libéralisation des vêtements et plus tard, l’émancipation de la femme. Durant le XIX e siècle , le poids de la capitale parisienne en matière de mode se renforce. Paris est la « capitale de la mode ». L’électricité crée l’industrialisation. Cette dernière per- met la confection – dit de façon plus contemporaine, le prêt-à-porter ou pièces non réali- sées sur mesure –, qui impulse la naissance et le développement des grands magasins. Le vêtement, confectionné hier par la mère de famille, est exposé dans les vitrines des grandes villes (par exemple, Le Bon Marché, surnommé « Au Bonheur des Dames » par Émile Zola), puis rapidement en province. La mode de masse ou mode populaire est en mouvement.
5 Kurkdjian S. (2021).
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