FNH N° 1164

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 12 septembre 2024 - 8 DH - N° 1164

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Le Royaume poursuit son élan vers une croissance durable Programme pays II Maroc-OCDE

Bourse de Casablanca

Le Masi peut-il inscrire de nouveaux sommets historiques ?

P. 18

P. 7

Les loups d’Instagram INFLUENCEURS DE TRADING

● De nombreux investisseurs inexpérimentés perdent de l'argent en suivant les conseils de faux experts sur les réseaux sociaux.

P. 8 à 12

Financements innovants Pourquoi il faut les encadrer

Gestion d’actifs Qui investit dans quoi dans les OPCVM ?

Maroc-Algérie Blanc seing à l’impasse diplomatique

 Entretien avec Khalid Doumou, économiste et expert financier.

P. 28/29

P. 14 à 16

P. 13

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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JEUDI 12 SEPTEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

SOMMAIRE

Editorial

3 3 ACTUALITÉ

24 24 L'UNIVERS DES TPME

Entretien avec Nabil Jadri : IECD Maroc, «Nous aspirons à créer un environnement plus favorable aux TPE et aux micro-entrepreneurs» Programme «R&D Maroc 60 startups» : Lancement d’un premier appel à projets

Fatima Ouriaghli Directeur Général responsable de la Publication

Voyons voir : Emigration irrégulière : Vagues assassines Ça se passe au Maroc

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L Messagère de la mort

ENTREPRISES

AXA Services Maroc : 20 ans de croissance soutenue

es récentes inondations dans le sud du Maroc se sont soldées par des drames. Des pluies torrentielles, quali- fiées d'exceptionnelles par leur intensité, ont provoqué des crues rapides et impitoyables qui ont balayé tout sur leur passage. Les villes de Tata, Errachidia, Tiznit, Tinghir et Taroudant ont été particulièrement touchées, avec un bilan humain et matériel très lourd : au moins 18 morts, des disparus et des dégâts infrastructurels majeurs,

6 6 BOURSE & FINANCES

POLITIQUE

Maroc-Algérie : Blanc seing à l’impasse diplomatique

incluant des maisons effondrées et des routes emportées. Ironie du sort : le Maroc est confronté depuis plusieurs années à un sévère déficit hydrique. La baisse des précipitations, exacerbée par des périodes de chaleur intense, a vidé les barrages et asséché les cours d'eau, met- tant en péril la sécurité alimentaire. Les sécheresses récurrentes, de plus en plus longues et sévères, ont aggravé drastiquement le déficit hydrique, ce qui pèse lourd sur l'agriculture, essentielle à l'économie nationale, et sur la disponibilité de l'eau potable pour les populations, actuellement rationnée dans presque toutes les régions du Royaume. De fait, la pression sur les ressources hydriques est devenue une pré- occupante constante pour le gouvernement, qui multiplie les initiatives (accélération de la construction des barrages, dessalement de l’eau de mer, recyclage des eaux usées…) face à la rareté de l'eau. Mais aujourd’hui, lorsque le ciel devient enfin clément et que les pluies tant attendues arrivent, elles transforment le paysage en scènes de désolation. Et endeuillent de nombreuses familles. Ces événements dramatiques survenus au sud du Royaume soulignent le dilemme auquel le Maroc est confronté : un besoin désespéré de précipitations pour résorber un tant soit peu le déficit hydrique et soutenir l'agriculture, principal driver de la croissance, juxtaposé à la menace destructrice des inondations soudaines. Autrement dit, les inondations, aussi destructrices soient-elles, révèlent les failles d'un système qui oscille entre l'urgence de capter chaque goutte de pluie et la nécessité de contrôler ses effets potentiellement dévastateurs. Cette dualité met en relief les défis de gestion des risques naturels qui se dressent devant le Maroc, dans un contexte de changement climatique qui renforce la fréquence et l'intensité des événements extrêmes. Ce phénomène n'est pas unique au Royaume. Partout dans le monde, les nations font face à des défis similaires, exa- cerbés par le changement climatique. Au Tchad, les pluies diluviennes et inondations ont fait 341 morts et 1,5 million de sinistrés depuis le mois de juillet, d’après un rapport onusien. Au Niger, les pluies torrentielles ont fait au moins 273 morts et 70.000 sinistrés depuis juin, selon les autorités. Le Vietnam compte aussi ses morts après le passage du typhon Yagi : 82 victimes et 64 personnes disparues. Bref, le Maroc, à l’instar des autres pays, a besoin de la pluie pour revigo- rer ses terres assoiffées et abreuver ses barrages asséchés, mais pas si cette dernière doit se muer en messagère de la mort. u

Point Bourse Hebdo : Le Masi tangue, mais le navire tient bon Bourse de Casablanca : Le Masi peut-il inscrire de nouveaux sommets historiques ? Influenceurs de trading : Les loups d’Instagram Gestion d’actifs : Qui investit dans quoi dans les OPCVM ? Entretien avec Khalid Doumou : Financements inno- vants, «Il faut les encadrer au même titre que l’on encadre les recettes de privatisation» Projet de Loi de Finances 2025 : Le manque de visi- bilité risque de biaiser les différentes hypothèses

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DEVELOPPEMENT DURABLE

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Dessalement de l’eau de mer : L’écosystème marin est-il en danger ?

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18 18 ECONOMIE

32 32 CULTURE

Programme pays II Maroc-OCDE : Le Royaume pour- suit son élan vers une croissance durable Coopération sino-africaine : Le Maroc, une porte vers l’Afrique Entretien avec Said Tahiri : Lutte contre le chô- mage, «Les initiatives lancées souffrent de lacunes importantes» Zones oasiennes et de l’arganier : Les limites de la stratégie de développement dédiée Entretien avec Bouazza Kherrati : Consumérisme, «Il est important de créer un organisme de répres- sion des fraudes»

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«Jrada Mal7a», de Driss Roukhe : Un film sur les manipulations mentales Cinéma/Triple A : «Le film aborde des réalités que beaucoup de Marocains connaissent, mais dont on parle peu»

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HIGH-TECH

Deepfakes et désinformation : Les dérives de l’IA générative

• Directeur des rédactions & Développement : David William

• Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai

• Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine

• Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 12 SEPTEMBRE 2024

VOYONS VOIR

Emigration irrégulière

Vagues assassines

l’Espagne par la périlleuse traversée de la mer Méditerranée, souligne un rapport de l’ONG espagnole Caminando Fronteras. Ces embarcations de fortune sillonnent les eaux tumultueuses de la Méditerranée et de l’Atlantique, portant les aspirations de tous ceux qui ne voient aucun avenir dans leur pays d'origine et qui sont poussés par une force invisible faite de désespoir… et d'espoir. Le récit de la migration est aussi vieux que l'humanité elle-même, mais chaque histoire a un visage unique et reste le témoin silencieux de tragédies personnelles et collectives qui se jouent aux frontières de l’Europe et de l’Afrique. Au Maroc, au Sénégal, en Tunisie, en Algérie… comme dans de nombreuses parties de l'Afrique, l'exode vers l'Europe est devenu un phénomène régulier qui tend à s’inscrire dans une certaine normalité. Une normalité déconcertante que l'on commence presque à accepter avec une résignation morbide. En Afrique se trouvent des familles déchirées entre retenir leurs fils et filles et les laisser partir à la poursuite d'un mirage de prospérité à travers des eaux périlleuses. oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT

Car ce qui pousse une personne à tout abandonner n'est pas un caprice. Ce qui pousse ces désespérés à croire que la mer impitoyable est plus clémente que la terre qu'ils laissent derrière, est un pari sur la vie elle-même. De fait, ici et là, les arguties pour légitimer le fait de mettre sa vie en péril sont multiples et complexes. Certains fuient la disette éco- nomique, où la monnaie du travail acharné rapporte des dividendes trop maigres pour subvenir aux besoins de la famille. D'autres veulent s’extirper des troubles politiques, où les voix dissidentes sont étouffées par la main lourde de la gouvernance autoritaire. Les bateaux continuent ainsi de partir, chaque voyage symbolisant néanmoins une critique silencieuse de l'approche de l’Occident face à la soi-disant «crise migratoire». Car, là-bas, de l’autre côté des frontières, la réponse de la communauté internationale est souvent aussi prévisible que les marées : cris d'indignation, promesses diplomatiques et empathie cos- métique. L'ironie est frappante; les rivages des nations riches ne sont pas bordés de bras accueillants, mais de fils barbelés et de politiques qui disent «restez dehors» , même si leurs économies murmurent discrètement «nous avons besoin de vous». Mais revenons aux rivages locaux. En Afrique. Ici se trouvent des familles déchirées entre retenir leurs fils et filles et les laisser partir à la poursuite d'un mirage de prospérité à travers des eaux périlleuses. Sachant que chaque migration réussie est un soulagement, mais chaque disparition ou mort dans les eaux profondes est une tragédie qui laisse des plaies profondes dans le tissu communau- taire. Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Dans un monde idéal, la migration ne serait pas le voyage risqué qu'elle est devenue actuellement. Elle serait un choix éclairé et non une fuite désespérée. Les récits d’au- jourd’hui sur la migration seraient alors tein- tés non pas de désespoir, mais de curiosité et d'aspiration. Mais ce monde reste, malheureusement, un idéal lointain. En attendant, les eaux de la Méditerranée et de l’Atlantique continueront de porter ces embarcations fragiles, chacune chargée de vies humaines qui aspirent à un demain meilleur. Un demain qui, peut-être, elles ne verront jamais. ◆

J e vais partager avec vous quelques chiffres. • Maroc : Au total, 45.015 tentatives d’émi- gration irrégulière, impliquant différentes nationalités, ont été avortées depuis le début de l'année 2024, selon le ministère de l'Inté- rieur. De même, les services de sécurité ont démantelé 177 réseaux criminels s’activant dans le trafic de migrants, alors que 10.589 migrants ont été secourus en mer. • Sénégal : Vendredi 6 septembre, 276 migrants ont été interceptés au large de Mbour et à l’embouchure du fleuve Sénégal. Toujours au large de Mbour, une pirogue transportant des migrants a chaviré dimanche dernier. Au moins 26 personnes ont péri noyées. Selon plusieurs témoignages, l’em- barcation transportait pas moins de 200 can- didats à l’émigration, dont des femmes et des mineurs. Lundi 9 septembre au soir, la Marine sénégalaise a annoncé avoir intercepté deux embarcations transportant 421 migrants clan- destins. Par D. William

• Entre janvier et mai 2024, plus de 5.500 migrants sont morts en tentant de rejoindre

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JEUDI 12 SEPTEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ÇA SE PASSE AU MAROC

L es anticipations de 73% des grossistes affichent une stabilité du volume global des ventes pour le 3 ème trimestre 2024 et une hausse pour 18% d'entre eux, selon le haut-commissariat au Plan (HCP). Cette évolution serait principalement attri- buable à la hausse prévue des ventes dans le «Commerce de gros de produits alimentaires, de boissons et de tabacs», le «Commerce de gros de biens domestiques» et les «Autres commerces de gros spécialisés», précise le HCP dans une note d'information sur les enquêtes trimestrielles de conjoncture dans les secteurs des services marchands non financiers (SMNF) et du commerce de gros. Elle est aussi due à la baisse prévue des

Commerce

73% des grossistes prévoient une stabilité des ventes au T3-2024

Groupe BCP

«Aucune condamnation ou confiscation n’a été prononcée contre la Banque» L e 10 septembre 2024, un média électronique a relayé une information selon laquelle le Groupe BCP aurait été condamné à une amende de 130 millions d'euros pour blanchiment d'argent et se serait vu retirer son passeport européen en Belgique, Espagne et aux Pays-Bas. Nous avons contacté le groupe pour clarifier cette situation, et il nous a été précisé qu'à ce stade, aucune condamnation ni confiscation n’a été prononcée à l’encontre de la BCP ou de Chaabi Bank. La durée du pro- cessus judiciaire reste, quant à elle, indéterminée. Rappelons que cette affaire concerne une procédure judiciaire en cours visant la succursale belge de Chaabi Bank depuis 2020. Le Groupe BCP a assuré qu'il coo- père pleinement avec les autorités afin de clarifier cette situation et de défendre l'intégrité de ses institutions. Par ailleurs, Chaabi Bank, en tant qu’établissement financier agréé par le régulateur français, est toujours en activité dans le cadre du passeport européen, contrairement à ce qui a été affirmé dans l'article mentionné. Le Groupe BCP précise également que les régulateurs marocains et européens sont informés et suivent de près le déroulement de cette procédure. Dans ces conditions, le Groupe BCP s'engage à communiquer toute évo- lution de cette affaire, conformément à la réglementation en vigueur. ■

ventes dans le «Commerce de gros d'équipements de l'information et de la communication» et le « Commerce de gros de produits agricoles bruts et d'animaux vivants». Concernant les commandes prévues pour le T3-2024, elles seraient d'un niveau normal selon 79% des chefs d'entreprises. L'emploi connaîtrait une stabilité des effectifs selon 82% des grossistes. ■

SONAC : Société Anonyme au capital 100.000.000,00 Dhs spécialisée dans le financement d’achats à crédit.

Les associés de la société Nordafricaine de crédit SONAC S.A, au capital de 100 000 000 DH, réunis en Assemblée générale ordinaire tenue le 30/08/2024, et après la lecture du rapport du conseil d’administration et le rapport du commissariat aux comptes, ont décidé d’approuver les comptes du premier semestre 2024 (Arrêté du 30/06/2024) Communiqué

Assurances

L es primes émises par les entreprises d'assurances et de réassurance ont atteint plus de 15,14 milliards de dirhams au deuxième trimestre de l'année 2024, en hausse de 8,5% par rapport à la même période un an auparavant, selon l'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS). Ces primes se répartissent sur les branches «Vie» (+12,8% à 8,21 Mds de DH) et «Non Vie» (+3,9% à 6,93 Mds de DH). Dans la branche «Vie», les segments «Décès» et «Épargne-supports Dirhams» ont marqué des hausses respectives de 4% à 825,5 MDH et 15% à 7,1 Mds de DH, alors que le segment «Épargne-supports Unités de Compte» s'est replié de 7,5% à 287,4 MDH. Pour ce qui est de la branche «Non Vie», l'Autorité fait également état d'un recul des acceptations de 43,5% à 190,9 MDH. Les primes dans le segment «Automobile» ont, quant à elles, dépassé 3,46 MMDH (+6,7%), tandis que celles de «Incendie» ont augmenté de 21,9% à 497,4 MDH. En cumul de l'année 2024, les primes émises se sont accrues de 4,4% à près de 32,4 Mds de DH, dont 13,7 Mds de DH pour la branche «Vie» et 18,7 pour celle «Non Vie». ■ Hausse des primes émises de 8,5% au T2-2024

29, Bd Mohammed V (V.N) Fès - Maroc Tél. 05 35 62 13 90 / 05 35 62 63 22 / 05 35 62 64 12 - Fax : 05 35 65 19 22 R.C. FES 15357 - I.F. : 4500273 - C.N.S.S. 1015115 - Patente : 13600958 ICE: 001545565000018 Agence Tanger : Complexe - Chahba C 4 ème Etage N° 211 Rue Ibn Tachfine - Tanger - Maroc Tél. 05 39 32 37 86 - Fax : 05 39 32 10 13 Site web : www.sonac.ma / E-mail : contact@sonac.ma

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C ommunication F inancière

SONAC : Société Anonyme au capital 100.000.000,00 DH spécialisée dans le financement d’achats à crédit. - Imposition : • L’IS : La société est soumise à l’impôt sur les sociétés au taux de 38,50% • TVA : Les agios facturés par la société sont soumis à la TVA au taux de 10% selon le régime de l’encaissement. - Principes et Méthodes comptables : • Les états de synthèse de la situation au 30/06/2024 ont été établis conformément aux dispositions du PCEC. • Les immobilisations figurent au bilan à leur valeur d’acquisition diminuée des amortissements cumulés sur la durée de vie estimée des actifs concernés selon la méthode linéaire. • La durée de vie estimée des immobilisations est la suivante : - 10 ans pour les Agencements et Installation, Mobilier et Matériel de bureau, Matériel et outillages. - 5 ans pour le Matériel de Transport. - 5 ans pour les lociciels et matériels informatiques. - 25 ans pour les constructions.

SITUATION AU 30/06/2024

BILAN PASSIF

BILAN ACTIF

en milliers de dirhams

en milliers de dirhams

COMPTE DE PRODUITS ET CHARGES

ETAT DES SOLDES DE GESTION

en milliers de dirhams

en milliers de dirhams

CAPACITÉ D’AUTOFINANCEMENT

en milliers de dirhams

HORS BILAN

en milliers de dirhams

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BOURSE & FINANCES

Point Bourse Hebdo Le Masi tangue, mais le navire tient bon

Evolution de l'indice Masi depuis début 2024

D Le marché actions enregistre une nouvelle semaine de légère baisse, mais la tendance de fond reste intacte. Récapitulatif. epuis quelques semaines déjà, le Masi continue de jouer les funam- bules autour des 14.000 points, cette ligne de crête où l'euphorie flirte avec l'angoisse des investis- seurs. Alors que certains rêvent déjà de pulvériser les records de 2008, d'autres préfèrent garder un œil prudent sur la décision de Bank Al-Maghrib, le 24 septembre cou- rant. Une nouvelle baisse du taux directeur pourrait bien être le coup de fouet que le marché attend pour franchir un nouveau cap. Mais en attendant, c’est le calme (avant la tempête?). d'autres. En tête des «déceptions», le secteur des télécommunica- tions, avec un plongeon de près de 4%, suivi des holdings et de l’ingé- nierie qui, eux aussi, ont connu une semaine difficile. À croire que même les plus solides piliers du marché peuvent vaciller sous les coups de boutoir de la volatilité estivale (faute de profondeur). Par Y . Seddik

TOP Performances

FLOP Performances

Mais tout n’est pas morose ! Du côté de l’immobilier, c’est la fête encore avec une hausse notable de plus de 10%. Quant aux sec- teurs de la chimie et des boissons, ils ont su tirer leur épingle du jeu avec des progressions respec- tives plutôt modestes de 2,03% et 1,77%.

Maroc Leasing IB Maroc Boissons du Maroc

-7,86%

+30% +14,80%

Zellidja Mutandis Jet Contractors

-7,34%

-5,45%

+12,28 %

En substance, cette semaine, la Bourse de Casablanca a encore achevé son parcours sur une note légèrement négative, avec un recul timide de 0,16% à 13.911,35 points. Une perte quasi anecdo- tique, mais le Masi montre qu'il a encore des ressources et que la tendance haussière de fond n’est pas prête de s’essouffler. Les gagnants et les perdants de la semaine Dans ce parcours hebdomadaire, certains ont trébuché plus que

fois comme une des valeurs stars de cette année. Toutefois, cette dynamique saura-t-elle perdurer ou assisterons-nous à un retour- nement de tendance dans les pro- chains mois ? Et que dire des perspectives ? Pour le moment, les analystes semblent optimistes pour la seconde partie de l’année. «Je suis convaincu que toutes les conditions sont réunies pour pulvériser le record de 2008», s’enthousiasme Abderrazzak Elmaghraoui, DG de Serval Asset Management. Selon lui, un gain

d’environ 7% suffirait à battre ce sommet historique, et d’ici fin 2024, la mission pourrait bien être accomplie. Reste à espérer qu’aucune mau- vaise surprise ne viendra jouer les trouble-fêtes. Car si la macroéco- nomie reste favorable avec une inflation sous contrôle et des taux obligataires en baisse, les marchés boursiers ont cette fâcheuse ten- dance à être capricieux. Mais pour l’instant, les signaux sont au vert. Alors, champagne ou jus de fruits? À suivre… ◆

Addoha en vedette, mais jusqu'à quand ?

Du côté des volumes, le marché central a bien tourné, avec des échanges de plus de 1,42 milliard de dirhams. Les transactions ont été dominées par quelques valeurs vedettes : Addoha, Alliances et Attijariwafa bank. L’immobilière, qui a drainé 21% des volumes échangés, s’impose une nouvelle

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 12 SEPTEMBRE 2024

BOURSE & FINANCES

importante». Il ajoute que, de manière générale, le marché s'attend à un redres- sement des marges en 2024, une dynamique qui devrait se conso- lider en 2025, offrant ainsi de la visibilité aux opérateurs sur cer- tains secteurs à fort potentiel. Selon Abderrazzak Elmaghraoui, il s'agit notamment de l'immo- bilier, du BTP, des banques, de la santé, ainsi que de certaines valeurs du secteur agroalimentaire où l'appétit devrait se renforcer à l'approche des publications de résultat. ◆ Une lecture technique qui corrobore la poursuite haussière Pour Boumengel, Associé gérant du cabinet de recherche indépendant «African Financial Investment», la revue des prévisions des analystes à la hausse quant aux résultats des entreprises est encourageante. «Depuis 2023, les prévisions de bénéfices pour les entreprises cotées sur le Masi, notamment les 20 valeurs les plus liquides (MAI 20), avaient été orientées à la baisse. Cependant, au cours des deux ou trois derniers mois, ces prévisions sont reparties à la hausse. Cela indique un retournement positif dans les prévisions de bénéfices pour les entreprises marocaines», note- t-il. Cela dit, les prévisions de croissance des résultats sont de +3,2% pour un indice qui a déjà pris autour de 15%, ce qui invite à une légère consolidation à court terme avant de pour- suivre la hausse, avertit notre expert. Et d’indiquer que le ratio cours/bénéfices du Masi se situe à 20 fois les bénéfices prévision- nels sur 12 mois, un niveau plus modéré comparé au pic de 26 fois atteint en début 2022. Cela suggère que malgré la reprise, les investisseurs paient moins cher qu'auparavant pour les bénéfices futurs des entreprises, laissant encore de la marge pour une hausse. Jérôme

 Au Maroc, l'indice Masi n'a pas revu ses sommets historiques depuis mars 2008.

Bourse de Casablanca

Après bientôt deux années de hausse continue, le marché boursier marocain reste porteur, notamment pour les actions, soutenu par des données macroéconomiques favorables et de solides fondamentaux des entreprises, qui devraient encore s'améliorer. Le Masi peut-il inscrire de nouveaux sommets historiques ? Par A. Hlimi S

i le «all-time high» est un sujet récurrent sur les marchés bour- siers américains – le S&P 500 ayant battu record sur record depuis 2012, et les places euro- péennes depuis 2021 –, au Maroc, l'indice Masi n'a pas revu ses sommets historiques depuis mars 2008. Toutefois, le sujet revient avec insistance, et les profes- sionnels anticipent que ce record sera battu dans les prochaines semaines ou mois. «Je suis convaincu que toutes les conditions sont réunies pour pulvériser le record de 2008. Si aucun imprévu majeur ne sur- vient, je pense que nous pour- rions dépasser ce sommet d’ici la fin de 2024, ou au plus tard en mars 2025. Nous sommes déjà à 14.000 points, et il nous suffit de gagner environ 7% pour atteindre ce record» , explique Abderrazzak

Elmaghraoui, Directeur général et directeur de gestion de Serval Asset Management. Pour ce gérant, très enthousiaste dans ses sorties sur boursenews. ma depuis 2 ans, les catalyseurs sont nombreux et la poursuite de la hausse du marché est pleinement justifiée : « cette reprise est large- ment fondée. Nous évoluons dans un contexte globalement favorable pour le marché, et je souligne tou- jours deux facteurs essentiels : la baisse des taux d'intérêt sur le marché obligataire et la capacité bénéficiaire des entreprises. En janvier 2023, nous avons atteint un pic des taux d'intérêt obligataires, ce qui a coïncidé avec un creux sur le marché actions. Depuis, la situation s'est progressivement améliorée sur le marché des taux, notamment en raison de la baisse de l'inflation, qui était le principal

problème à l'époque. Aujourd'hui, nous avons une inflation maîtri- sée, avec une moyenne d'environ 1% sur les sept premiers mois de 2024, un chiffre inférieur aux prévi- sions de la Banque centrale». La macro est également soute- nue par un environnement inter- national marqué par une tendance globale à la baisse des taux, des prix des matières premières bas et, plus localement, une bonne tenue des finances publiques, des réserves de change et des déficits. Sur le plan des fondamentaux, notre expert se montre tout aussi confiant : «les entreprises ont vu leur chiffre d'affaires progresser de plus de 4% au premier semestre. Corrigée des résultats des socié- tés dont le chiffre d'affaires est lié aux matières premières mais sans impact sur leurs marges, cette évolution serait encore plus

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BOURSE & FINANCES

Influenceurs de trading

Les loups d’Instagram

bien plus différente. En nous immergeant dans cet univers, nous avons découvert que ce rêve est souvent un leurre, et masque des pertes financières considérables, des pratiques trompeuses, et une manipula- tion psychologique délibérée. À travers cette enquête, nous levons le voile sur les rouages de cette industrie lucrative et explorons comment elle piège une nouvelle génération d'in- vestisseurs en herbe. erronés et en promouvant des plateformes de trading partenaires. Face à ce phénomène en pleine expansion, des experts appellent à une régulation plus stricte et à une meilleure éducation financière pour protéger les investisseurs novices des dangers du trading en ligne. Par Y. Seddik A De nombreux investisseurs inexpérimentés perdent de l'argent en suivant les conseils de faux experts sur les réseaux sociaux. Ces influenceurs monétisent leur audience en vendant des formations coûteuses, des signaux de trading souvent

près notre enquête sur l'ad- diction aux paris en ligne qui a révélé la montée inquiétante de la dépendance numérique, nous avons profité de la pause estivale afin de plonger dans un autre phénomène alarmant qui prend de l'ampleur : les influen- ceurs de trading sur Instagram. Ce réseau social, autrefois un simple album de photos de vacances et de moments de vie, s’est transformé en un véri- table terrain de chasse pour une nouvelle génération de «pseudos-gourous» financiers. Ces promoteurs de trading, souvent sans aucune formation solide en finance et à grand renfort de publicités, n’hésitent pas à vendre le rêve de l’argent facile et d’une liberté financière à portée de clic. Pourtant, derrière ces pro- messes se cache une réalité

de 25 à 40 ans, souvent sans formation formelle en finance ou en économie. Leur légiti- mité repose davantage sur une image construite que sur une réelle expertise. Certains ont commencé leur carrière en tant que blogueurs ou coaches de vie avant de s'aventurer dans le domaine financier, attirés par les promesses de gains rapides et par l'aura de succès qu'ils projettent. En termes de motivation, beau- coup sont animés par le désir de gagner de l'argent rapide- ment, mais d'autres croient sin- cèrement qu'ils offrent une véri- table opportunité à leurs abon- nés. Selon le sociologue et spé- cialiste des addictions Fatima Ouardi, «beaucoup d'entre eux sont conscients des risques, mais l'opportunité de gagner rapidement de l'argent facile

est trop alléchante pour être ignorée» . Le manque de régu- lation et de formation financière approfondie parmi ces influen- ceurs aggrave la situation, et transforme des plateformes sociales en terrains à hauts risques pour les investisseurs sans expérience. Le rêve vendu : une vie de luxe à portée de main Quand on s'intéresse aux publi- cations de ces influenceurs, on remarque qu'elles sont soigneu- sement construites pour inspi- rer et captiver. Elles montrent des gains financiers impres- sionnants réalisés en quelques minutes, des voyages luxueux, des voitures et des objets de luxe. Ce récit simplifié d'une réussite accessible à tous ali- mente le rêve d'une vie sans contraintes. Pourtant, la pro-

Qui sont vraiment les influenceurs de trading ? Pour mieux comprendre ce phé- nomène, il est essentiel d'ap- profondir l'analyse des profils de ces influenceurs. Qui sont- ils réellement ? Une grande majorité d’entre eux - nous en avons dénombré une centaine au Maroc- sont des jeunes âgés

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 12 SEPTEMBRE 2024

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les expressions fréquem- ment utilisées, on retrouve des titres aguicheurs tels que : La méthode X en 5 étapes pour devenir millionnaire; Le secret des Hedge funds révélé; L’indicateur caché des traders pros enfin révélé !; Multipliez vos gains par 10 avec cet outil inédit; Le robot de trading qui automatise vos opérations… Ils redirigent les personnes intéressées vers un groupe Telegram. Là aussi, les specta- teurs subissent une avalanche de publications décrivant un train de vie luxueux, des plus- values de «400 % en 24 heures» et des offres spéciales valables une seule journée. L’objectif est de pousser à accéder à un troi- sième groupe. Mais pour inté- grer ce dernier, il va falloir pla- cer son argent, obligatoirement chez un courtier choisi par l’in- fluenceur, le plus souvent dans des pays à la réglementation la plus souple. Nous avons tenté d’inter- viewer plusieurs influenceurs pour obtenir leur point de vue, mais la majorité a préféré ne pas répondre. Toutefois, l’un d’entre eux, sous couvert d’anonymat, a accepté de partager son expérience. «Je ne prétends pas avoir toutes les réponses, mais je propose des outils et des méthodes qui m'ont personnellement aidé à progresser dans le trading. Mon objectif est d'offrir une oppor- tunité d'apprentissage à ceux qui souhaitent améliorer leurs connaissances et mieux com- prendre les marchés financiers. Bien sûr, il y a des risques dans le trading, et je suis transpa- rent sur le fait que chacun doit être prêt à les assumer, car le succès n’est jamais garanti», confie-t-il. Cette déclaration reflète le positionnement ambi- gu de ces marchands de rêve, qui se dédouanent de toute responsabilité face aux pertes encourues par leurs abonnés, en se présentant simplement comme des facilitateurs d'ap-

 Ces influenceurs gagnent de l'argent en vendant des formations coûteuses, des signaux de trading risqués, et en touchant des commissions via des liens affiliés.

cès. «Ils savent comment jouer avec les émotions et les désirs de leurs abonnés, en utilisant des témoignages de réussite, des preuves sociales et des offres exclusives» , explique notre sociologue, pour qui «c’est une technique redouta- blement efficace dans plusieurs domaines d’ailleurs».

 De jeunes influenceurs, souvent sans formation financière, vendent le rêve d'une richesse rapide à travers des publications captivantes.

Les tactiques de manipulation

Pour maintenir leur image de succès, certains n'hésitent pas à manipuler la réalité. Ils utilisent des captures d'écran truquées, des comptes de démonstration présentés comme réels et des objets de luxe empruntés pour leurs photos. Un ancien colla- borateur d'un influenceur nous a révélé que « tout un marché existe pour cela. Ils louent des voitures de luxe juste pour les photos et montent des vidéos pour ne montrer que les trades gagnants». Plus encore, pour attirer et séduire un public souvent peu formé aux subtilités des mar- chés financiers, ils ne manquent pas de créativité dans leurs slogans accrocheurs. Parmi

messe d'une richesse rapide et sans effort est loin d'être la norme. Selon une étude de l'Autorité des marchés finan- ciers (AMF), environ 90% des traders particuliers finissent par perdre de l'argent. Malgré ces statistiques, les influenceurs continuent de promouvoir leurs «méthodes secrètes» comme des clés vers l'indépendance financière et négligent (parfois consciemment) de mentionner les risques élevés associés au trading de produits comme le Forex, les cryptomonnaies ou d’autres produits dérivés. L’autre élément qui a retenu notre attention lors de cette enquête, est que ces promo- teurs ne se contentent pas de vendre des méthodes de tra- ding; ils construisent des com- munautés de fidèles en utilisant des techniques de marketing

sophistiquées, avec notam- ment des canaux sur Telegram ou WhatsApp. Ces stratégies incluent des sessions de ques- tions-réponses en direct, des groupes exclusifs sur des pla- teformes de messagerie et des webinaires, tous conçus pour renforcer la confiance et l’enga- gement. En créant un sentiment de communauté, ils font croire à leurs abonnés qu'ils font par- tie d'un groupe d'élite, parta- geant des stratégies financières infaillibles (autocopy, autogold, algoplus, autotrader) que les autres ignorent. Les techniques de persuasion utilisées par ces influenceurs exploitent souvent des biais cognitifs, tels que le biais de confirmation et l'effet de halo, où les abonnés attribuent une expertise à l'influenceur en rai- son de son apparence de suc-

Le trading peut devenir une addiction, causant des pertes financières importantes et une détresse psychologique chez les jeunes investisseurs.

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prentissage, sans assumer plei- nement les conséquences de leurs recommandations. Les techniques pour géné- rer des revenus Ces faux traders ne se contentent pas de partager leur expérience sur les marchés financiers; ils utilisent diverses stratégies pour monétiser leur audience et augmenter leurs profits. Parmi ces techniques, on retrouve la vente de signaux de trading, où ils proposent, moyennant finance, des pré- visions souvent irréalistes, basées sur des performances exagérées ou falsifiées. Ces signaux sont souvent asso- ciés à des risques élevés qui peuvent entraîner des pertes importantes pour les abonnés. Ensuite, ils promeuvent des plateformes de trading avec lesquelles ils sont en parte- nariat (RoboForex, XM Arabia, IC Markets, Exness, FxPro, Binance...). Chaque inscription via leur lien affilié leur rapporte une commission, ce qui crée un conflit d’intérêts : leurs recom- mandations sont souvent biai- sées au profit des plateformes les plus rémunératrices pour eux, et non les plus avanta- geuses pour les investisseurs. Pour les premiers dépôts, jusqu'à 1.850 $ en fonction du pays, de la plateforme et de la taille du dépôt effectué par le filleul. Pour les prospects, jusqu'à 45 $ pour chaque ins- cription, toujours en fonction du pays et de la plateforme (Web, iOS, Android). Pour les clics, ils gagnent jusqu'à 0,15 $ par clic en fonction de la région et de la source de trafic. Une autre source de revenus est la vente de formations. Ces cours, souvent de qua- lité médiocre, sont accompa- gnés d'une stratégie d'upsell, encourageant les abonnés à acheter des produits supplé- mentaires comme des ebooks ou des coachings. Quelle que soit la meilleure plateforme de

 Certains influenceurs truquent des captures d'écran et empruntent des objets de luxe pour maintenir une image de succès.

investissement initial de 20.000 DH en un temps record. «Mais une fois que j’ai commencé à appliquer ses stratégies, tout s’est compliqué. Mes premiers trades ont été des échecs, et en quelques semaines, j’avais perdu une grande partie de mon investissement». Reda a tenté de contacter l’influenceur pour comprendre ses erreurs, mais au lieu de réponses concrètes, celui-ci lui a recom- mandé de passer à une nouvelle méthode: le copy trading (voir encadré). «À ce moment-là, j’ai compris que quelque chose ne tournait pas rond, alors j’ai tout arrêté. Mais il était déjà trop tard, j'avais perdu beaucoup» . Fin 2023, Noura, alors assistante administrative à Casablanca, a été dirigée vers une plateforme de trading basée à Dubai. Elle aussi a vu une partie de ses économies s’évaporer en investissant plus de 20.000 DH dans les cryptomonnaies, alors qu’elle pensait réaliser un bénéfice rapide. «Il disait que c’était le moment parfait pour acheter du Bitcoin et de l’Ethe- reum, que les gains allaient être fulgurants. Je me souviens de cette vidéo où il montrait

trading, une formation com- plète pourra vous coûter en moyenne 2.500 $. Parfois plus, parfois moins. Par ailleurs, certains d’entre eux participent à de véritables escroqueries de type Ponzi, et promettent des rendements élevés rapidement, mais en réalité, ils utilisent l'argent des nouveaux investisseurs pour payer les anciens, créant une bulle qui finit inévitablement par éclater. Enfin, le marke- ting d'affiliation leur permet de promouvoir des produits finan- ciers tels que les cryptomon- naies ou les options binaires en échange de commissions, tout en minimisant les risques associés à ces produits. Selon Karim Bougroun, ancien trader et fondateur d’une école de trading à Londres, qui a observé de près ces pratiques, «ces types de malversations utilisant surtout le marché des devises ont commencé en 2010, avec l’essor des plateformes en ligne qui permettent d’être liées avec des courtiers basés n’importe où et à tout moment. Aujourd’hui, ce modèle écono- mique est très rentable pour les influenceurs; il repose sur une

exploitation délibérée de la naï- veté des jeunes investisseurs. La plupart des signaux qu’ils vendent sont purement spécu- latifs et ne reposent sur aucune analyse sérieuse du marché. En réalité, ils misent sur l’illusion de la facilité pour attirer des abonnés désespérés de réussir rapidement».

Les témoignages de désillusion

Les récits de jeunes inves- tisseurs désabusés se multi- plient. Reda, 24 ans, étudiant en commerce, a été séduit par un influenceur dont il suivait les conseils depuis des mois sur Instagram . «Il avait l’air tel- lement crédible, il montrait des captures d’écrans avec des gains énormes et un style de vie que n’importe qui rêverait d’avoir», se souvient-il. Il a fini par acheter une formation à 3.000 DH, puis une autre (plus poussée) à 5.000 DH, persua- dé qu’il pouvait doubler son

Des experts appellent à une réglementa- tion plus stricte au Maroc, inspirée des mesures prises en France et aux États-Unis.

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vestir près de 80.000 dirhams dans le Forex, poussée par des publications montrant des réus- sites éclatantes. «Au début, je pensais que j’étais sur la bonne voie. J’avais fait confiance à ces signaux de trading qu’il envoyait chaque jour dans le groupe WhatsApp et les trades étaient gagnants» , affirme-t-elle. Mais au bout de quelques mois, elle a vu la situation se dégrader : «J’ai perdu une grande partie de mon capital. C’était diffi- cile à encaisser, mais je n’ai pas tout perdu puisque je ne me suis concentrée que sur les devises sans utiliser le levier. Maintenant, je dois travailler plus pour rembourser ce que j’ai perdu. J’avais mis beau- coup d’efforts et d’espoir dans cet investissement» .

Les dangers cachés Force est de rappeler que le trading en ligne comporte de nombreux risques souvent occultés par les influenceurs. La volatilité des marchés peut entraîner des pertes soudaines et importantes. Par exemple, un événement imprévu comme une crise sanitaire peut provoquer des mouvements de panique et entraîner un effondrement des cours. L'effet de levier, souvent vanté par les faux experts comme une méthode pour multiplier les gains, peut être particulière- ment dangereux. Il permet aux traders d'emprunter de l'argent pour augmenter leur exposition, mais en cas de pertes, celles-ci peuvent dépasser le capital initial investi. Selon Bougroun, «l'effet

ses propres résultats (ndlr : un influenceur sur Telegram), et ça m’a donné confiance» , raconte- t-elle. Mais deux semaines plus tard, la valeur de ses investis- sements avait chuté de moitié, le marché était bien trop vola- til. «J’étais sous le choc. Tout s’est effondré, et il n’a jamais mentionné les risques liés aux cryptos. J’ai réalisé que je ne connaissais rien à ce monde. J’ai quasiment tout perdu» , se désole-t-elle. Encouragée par une amie, Samira, mère de deux enfants, avait rêvé d’une indépendance financière après avoir suivi les promesses d’une autre influen- ceuse qui recommandait ce faux trader. Elle avait accumulé des économies pendant plu- sieurs années et décidé d’in-

de levier est l'une des princi- pales raisons pour lesquelles tant de jeunes traders perdent leur argent. Ils ne comprennent pas que les gains potentiels sont accompagnés de risques équi- valents, voire supérieurs». Les pertes financières ne sont pas les seuls risques du trading en ligne. L'impact psychologique peut être profond et durable. Le trading peut devenir une addic- tion, poussant les individus à prendre des risques inconsidé- rés pour récupérer leurs pertes. Les insomnies, les angoisses et même la dépression sont des conséquences fréquentes parmi ceux qui ont subi des échecs répétés. Notre spécialiste des addic- tions, Dr. Ouardi, souligne que «les jeunes sont particulière-

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génération de jeunes investis- seurs mieux informés et plus prudents.

Quelle responsabilité pour les plateformes et les médias ?

À ce stade, une autre question se pose : quelle est la responsa- bilité des plateformes sociales comme Instagram ou TikTok dans la propagation de ces pra- tiques ? Instagram et d'autres réseaux sociaux facilitent la dif- fusion de contenu trompeur sans appliquer de contrôles stricts sur la véracité des informations partagées. Devrions-nous les tenir plus responsables ? De plus, comment les médias tra- ditionnels marocains traitent-ils ce sujet ? Une couverture plus approfondie et critique pourrait sensibiliser le public aux dan- gers associés à ces pratiques. Par ailleurs, il est tout autant nécessaire que les autori- tés de régulation renforcent les contrôles et les sanctions contre ces pratiques fraudu- leuses. Ces influenceurs, sou- vent non agréés en tant que Conseillers en investissement financier (objet d’un statut décroché auprès du régulateur), n'ont aucune légitimité pour dis- penser des conseils en matière de placement ou de trading. L'AMMC doit intensifier ses efforts pour sensibiliser le public aux dangers de ces pratiques et sanctionner fermement ceux qui exercent sans agrément. Au final, il serait intéressant de voir comment à l'avenir ces charlatans de la finance s'adaptent-ils à des régle- mentations plus strictes ? Déplaceront-ils le curseur vers d'autres secteurs d'investis- sement ou adopteront-ils des pratiques plus transparentes ? Une chose est sûre : dans un monde numérique dominé par les apparences, il n'existe pas de raccourci vers la richesse, et ceux qui promettent le contraire sont souvent les seuls à en tirer profit. ◆

 Environ 90% des traders particuliers finissent par perdre de l'argent, malgré les promesses de méthodes «infaillibles» promues par ces influenceurs.

motion de produits financiers en ligne, et oblige les influen- ceurs à divulguer clairement les risques associés et à indiquer si leurs gains sont basés sur des comptes de démonstra- tion ou réels. Aux États-Unis, la Securities and Exchange Commission (SEC) surveille de près les activités en ligne, avec des amendes substantielles pour les contrevenants. Le Maroc pourrait tirer des leçons des approches mises en place dans d'autres pays en renforçant les règles et en imposant des sanctions plus strictes contre les pratiques trompeuses. Bougroun, notre

ancien trader, précise : «une réglementation plus rigoureuse est indispensable pour protéger les jeunes et les investisseurs inexpérimentés des pratiques frauduleuses qui prospèrent sur les réseaux sociaux. Il est urgent de mettre en place des mesures concrètes pour encadrer cette activité et limiter les dérives». Pour contrer l'influence négative de ces «faux gourous» finan- ciers, il est important de pro- mouvoir une éducation finan- cière solide. Des initiatives existent déjà, telles que des pro- grammes d’éducation financière dans certaines écoles et univer- sités marocaines ou l’école de Bourse, le championnat de la Bourse, mais elles restent insuf- fisantes. L'intégration de cours obligatoires sur la gestion finan- cière et budgétaire personnelles et les risques d'investissement pourraient armer les jeunes contre les pièges de l'investis- sement en ligne. En outre, des plateformes en ligne crédibles offrent des ressources gratuites pour apprendre les bases de l'in- vestissement. Encourager de telles initiatives et promouvoir des pratiques responsables pourraient aider à créer une

ment vulnérables à l'attrait du trading en ligne car ils sont souvent en quête de réussite rapide. Lorsque les pertes s'ac- cumulent, cela peut mener à un cercle vicieux d'investissements risqués et de détresse psycho- logique ».

Les leçons à tirer des autres pays

Face à l'explosion de ce phéno- mène, plusieurs pays ont déjà pris des mesures pour encadrer l'activité des influenceurs finan- ciers. En France, par exemple, l'Autorité des marchés finan- ciers (AMF) impose depuis 2022 des règles strictes sur la pro-

Le copy trading, concept relativement nouveau dans l’univers de la finance numérique, permet à un investisseur de répliquer automatiquement les opé- rations effectuées par un trader plus expérimenté. L’idée est simple : pourquoi passer des années à maîtriser l’art du trading alors qu’on peut simplement copier un expert ? Toutefois, derrière cette apparente simplicité, se cache une réalité plus complexe et souvent moins reluisante. «Le copy trading donne l'illusion de la facilité», explique notre ancien trader. « Mais il faut comprendre que même les traders les plus performants peuvent commettre des erreurs, et le copy trading ne vous épargne pas des pertes potentielles», ajoute-t-il. En effet, ces plateformes sont souvent peu transparentes sur les risques associés et se contentent de mettre en avant les performances passées, sans garantie de résultats futurs. Le copy trading, un miroir aux alouettes ?

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