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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 12 SEPTEMBRE 2024
BOURSE & FINANCES
années au moins, et l’État a besoin de financer le dévelop- pement pluridimensionnel de notre économie tout en créant beaucoup plus d’emplois que présentement. Et ce, grâce à des partenariats publics privés, aux recettes d’IDE (181 milliards de dirhams), en plus de son recours aux marchés financiers et aux prêts concessionnels de certaines grandes instances internationales (FMI, Banque mondiale, BEI, BAD, AFD, US AID…), ainsi qu’en bénéficiant des transferts des MRE en très grande croissance (115,15 mil- liards de dirhams en 2023). Pour ce qui est des investis- sements privés mobilisés au Maroc en 2022 et 2023, ils sont estimés à quelque 200 milliards de dirhams. L’accélération du rythme de ces investissements privés et leur dynamisation est une nécessité absolue pour soulager les caisses de l’État, tout en maintenant notre dette publique à des niveaux accep- tables pour pouvoir continuer à nous financer à l’international à des conditions soutenables à long terme. F.N.H. : Quel est l'impact des mécanismes de finan- cements innovants sur la soutenabilité à long terme des finances publiques ? Kh. D. : Les financements inno- vants, bien qu'efficaces à court terme pour renforcer les recettes de l'État, suscitent des interroga- tions sur leur impact à long terme. Après Bank Al-Maghrib et Fitch Ratings (Agence de notation), la Banque mondiale s'est égale- ment penchée sur leurs enjeux dans un contexte de recours croissant à ces mécanismes. Selon la Banque mondiale, ces transactions représentent des recettes non récurrentes et, lorsqu’on évalue les soldes bud- gétaires structurels, l’améliora- tion apparente du déficit budgé- taire post-pandémie devient plus nuancée. L’institution recom- mande de continuer à suivre de près l’utilisation de cet outil et
son impact, tout en assurant une transparence totale à son sujet. L’impact de ces mécanismes, s’ils sont utilisés à bon escient et accompagnés par des méca- nismes comme Cap Access du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, peuvent per- mettre de rationaliser les dépenses de nos établissements et entreprises publics (EEP) et de réaliser de nombreux inves- tissements à impact social et environnemental, dans les BTP, l’industrie, la R&D dans l’innova- tion, et le secteur des énergies renouvelables (EnR). F.N.H. : Le wali de Bank Al-Maghrib a plaidé récem- ment pour un encadrement strict des opérations ? Quelles sont les préoccu- pations liées à l'utilisation de ces mécanismes ? Kh. D. : On peut regrouper les différents mécanismes de finan- cements innovants en fonction de leurs principes ou de leurs objectifs, tels que leur modulari- té (capacité d’augmenter massi- vement les flux de capitaux), leur complémentarité (participation
du secteur privé), leur addition- nalité (ces fonds viennent s’ajou- ter aux ressources existantes), leur efficacité (ces mécanismes apportent davantage de disci- pline dans leur mise en œuvre), leur efficience (moins de res- sources sont nécessaires pour obtenir les mêmes produits ou/ et résultats), leur viabilité (le pro- gramme devient autonome après avoir bénéficié d’un financement initial), ou leur prévisibilité (l’or- ganisation des versements per- met d’améliorer la planification du programme). Selon Abdellatif Jouahri, gou- verneur de la Banque centrale, ces méthodes de financement suscitent des préoccupations croissantes quant à leur supervi- sion et à leur impact réel à long terme. Dans un souci d’équité et de prudence financière, il faut bien évidemment encadrer ces financements au même titre que l’on encadre les recettes de pri-
vatisations et leurs affectations. Il a également mis en garde contre les risques potentiels liés aux montants de plus en plus élevés de ces financements innovants, ainsi que sur le pos- sible effet d’éviction de ceux- ci, du fait que ces mécanismes de financements innovants sol- licitent des organismes institu- tionnels d’épargne, réduisant ainsi leur participation aux émis- sions de bons du Trésor. En résumé, le wali a identifié 3 raisons qui justifient l’encadre- ment strict de ces dispositifs : l’ampleur croissante des mon- tants impliqués, leur impact sur les finances publiques passant des recettes aux charges cou- rantes, et les possibles préju- dices causés à d’autres opéra- tions traditionnelles de finance- ment, notamment les émissions de bons du Trésor. F.N.H. : Quels mécanismes de suivi et d'évaluation devraient être mis en place pour mesurer l'efficacité des financements inno- vants au Maroc ? Kh. D. : Les mécanismes de
Ce sont les domaines des BTP et l’industrie qui ont le plus bénéficié de ce type de financements innovants.
En 2023, le gouvernement a budgétisé 25 milliards de dirhams pour les financements dits innovants, et pour 2024, il vise une mobilisation de 30 milliards de dirhams.
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