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JEUDI 12 SEPTEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
ECONOMIE
«Les initiatives lancées souffrent de lacunes importantes» Lutte contre le chômage
mettre en place des programmes de stimulation de l'emploi et d'en- couragement à l'entrepreneuriat, plus accessibles, plus performants et plus efficaces. Ceux-ci doivent viser une meilleure intégration des jeunes, et dépasser les contraintes administratives qui continuent de peser sur la création d'emplois. Par ailleurs, le manque d'investis- sements étrangers et du secteur privé, en raison notamment d’un climat des affaires insuffisamment attractif, pourrait aussi être l’une des causes sur lesquelles il va fal- loir se pencher, car il est crucial de favoriser l'investissement privé et de soutenir les petites et moyennes entreprises (PME) pour générer plus d'emplois. En conclusion, cette nouvelle hausse du taux de chômage reflète non seulement un problème conjonc- turel lié à un contexte économique difficile, mais également des défis structurels au sein de l'économie marocaine. Le chef du gouvernement a annoncé que la problématique de l’emploi est l’une des priorités de son gouverne- ment à mi-mandat. Il est temps que des efforts soutenus en matière de réformes économiques, de forma- tion professionnelle, de soutien aux secteurs porteurs et d'amélioration du climat des affaires soient mis en place pour inverser cette tendance et promouvoir la création d'emplois durables. F.N.H. : Au cours de ces der- nières années, un ensemble d’initiatives et de projets ont été déployés pour remédier à cette problématique, mais en vain. A votre avis, y a-t-il des lacunes dans l’approche du gouvernement pour lutter contre le chômage ? S. T. : Certes, des initiatives existent, l’INDH en 2005 puis en 2019, Intilaka en 2020, Tahfiz, Idmaj, Forsa, …. Toute une série de programmes qui ont nécessité un effort budgé- taire important. Mais quels résultats sont enregistrés face aux moyens déployés ? Beaucoup de lacunes sont constatées dans la mise en œuvre de ces projets, mais le plus urgent à traiter est l’inadéquation entre la formation et le marché du
Programmes de soutien à l'entrepreneuriat, nouvelle Charte de l’investissement, nouvelle stratégie pour l'amélioration du climat des affaires… Plusieurs initiatives ont été déployées en vue d’améliorer l’employabilité, mais les résultats se font toujours attendre. Entretien avec l’économiste Said Tahiri.
Propos recueillis par M. Ait Ouaanna
Finances News Hebdo : Le chômage a enregistré au T2-2024 un chiffre de 13,1%. Quelle lecture faites-vous de cette situation ? Said Tahiri : Ces indicateurs marquent clairement une tendance inquiétante à plusieurs égards. D’abord, parce que le Maroc est confronté à un chômage structu- rel, particulièrement chez les jeunes diplômés. La demande d'emploi chez les jeunes est très forte, mais l'adéquation entre la formation et les besoins du marché du travail reste problématique. En outre, le niveau de croissance de l’économie réalisé n’est pas encore suffisant pour absorber tous ces jeunes qui arrivent chaque année sur le mar- ché. L’objectif de 4,5 à 5,5% de croissance est encore loin, ce qui rend difficile la création d’emplois stables, ou pire encore, d’éviter d’en perdre. L’analyse détaillée montre égale- ment une part importante du chô- mage en milieu urbain; une problé- matique importante qu’il va falloir attaquer au plus vite. Aussi, une dis- parité régionale des chiffres du chô- mage vient s’ajouter à l’équation. Le rural est encore particulièrement vulnérable à cause de 6 années de
sécheresse continue. De surcroît, certains secteurs peinent à créer des emplois durables. Il s’agit notamment du tourisme dont la reprise commence à peine à se voir, l’artisanat, l’agriculture, ainsi que certaines branches industrielles
qui doivent faire face à une nouvelle organisation de l’économie mon- diale. Ce taux de chômage peut aussi être vu comme une alerte soulignant l’urgence de réformes économiques et structurelles. Il est nécessaire de
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