FNH N° 1164

21

FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 12 SEPTEMBRE 2024

ECONOMIE

travail : un des défis majeurs est l’écart entre les qualifica- tions des jeunes diplômés et les compétences recherchées par les employeurs. Le système éducatif au Maroc continue de former beaucoup d’étudiants dans des filières théoriques, alors que le marché a besoin de compétences pratiques dans des domaines techniques (technologie, ingénierie, métiers spécialisés). Et cette question à elle seule est sujette d’un véri- table débat. On remarque aussi une faible valorisation de la formation pro- fessionnelle malgré les efforts fournis depuis des décennies pour l’encourager. Le Maroc a besoin d’un meilleur alignement entre les programmes de for- mation et les besoins sectoriels spécifiques (industrie, techno- logies, services), afin d'amélio- rer l'employabilité des jeunes. Ce qui se fait aujourd’hui par l’OFPPT ou par le secteur privé de la formation reste clairement insuffisant. Le soutien à l’entrepreneuriat est également à revoir complè- tement. La complexité adminis- trative et fiscale bloque de nom- breux entrepreneurs dans leur élan, en particulier les jeunes qui doivent faire face à des contraintes bureaucratiques rendant difficile la création et la gestion d’une entreprise. Les démarches administratives complexes et les régulations fiscales lourdes découragent souvent les initiatives entrepre- neuriales et font qu’on perd beaucoup d’opportunités dès le départ. Il y a aussi le manque de financement adapté, malgré les fonds d’appui qui ont été créés. Le manque de soutien aux startups et PME, notam- ment en matière d’accès au financement, freine leur déve- loppement et rend la levée de fonds et la création d’emplois extrêmement difficiles. Sans oublier le manque de coordina- tion entre les différents acteurs de ces programmes, l’insuffi- sance du suivi de ces initia-

 La hausse du taux de chômage reflète non seulement un problème conjoncturel lié à un contexte économique difficile, mais également des défis structurels au sein de l'économie marocaine.

tives, les questions d'inclusion des femmes dont le taux d’acti- vité reste encore très faible, la dépendance excessive au sec- teur informel, etc. Si des initiatives et des pro- jets pour lutter contre le chô- mage existent, elles souffrent de lacunes importantes qui exigent un effort concerté. Il est indispensable d’accorder à l’emploi la priorité stratégique qu’il nécessite, faciliter l'entre- preneuriat, cibler des secteurs spécifiques créateurs d’em- plois, encourager l'inclusion sociale et réformer le marché du travail. F.N.H. : Pour l’exercice 2025, l’Exécutif place la création d’emplois au cœur de ses priorités. Dans ce sens, il est prévu de restructurer les pro- grammes d’emploi actifs, de soutenir et accompa- gner les TPME et de favo- riser l’accès des femmes au marché du travail. Ces actions sont-elles suffisantes pour réduire le taux de chômage ? S. T. : L’emploi devient straté- gique en 2025, d’accord.., mais concrètement, comment cela devrait se traduire sur le terrain ? Le gouvernement ne nous dit

pas encore comment il compte le faire. Cela dit, ces mesures que nous attendons pour 2025 sont importantes et vont dans la bonne direction, mais risquent d’être insuffisantes si elles ne s’accompagnent pas par des programmes pertinents, faciles à mettre en place, avec un suivi rigoureux et une évaluation régulière. Cet accompagne- ment doit être inscrit dans une dynamique globale prévoyant un ensemble de réformes struc- turelles plus larges et des poli- tiques ciblées. Celles-ci doivent particulièrement porter sur le développement des secteurs à fort potentiel d’emploi, la promotion de l'inclusion des femmes et le soutien aux TPME. Ce développement devrait aller au-delà du financement et inclure un accompagnement technique, une meilleure for- mation en gestion d’entreprise, des infrastructures adaptées, et surtout, un climat des affaires avec moins de bureaucratie et une justice commerciale plus rapide et efficace. Cela permet-

tra à ces entreprises d’évoluer dans un environnement sain et de sortir de l’informel. Selon vous, quelles mesures le gou- vernement devrait-il F.N.H. : adopter pour créer plus d’emplois ? Et quelle place le secteur privé peut-il jouer dans la réso- lution de cette épineuse question de chômage ? S. T. : Résoudre le problème du chômage doit se faire de manière durable. Il est donc nécessaire de combiner de véri- tables réformes structurelles, une adaptation des politiques de formation et une promo- tion de secteurs porteurs, avec une plus grande implication du secteur privé et des jeunes entrepreneurs, tout en faisant attention aux professionnels des subventions qui diluent les efforts fournis. Le gouverne- ment doit faciliter l’environne- ment pour les entreprises tout en garantissant une meilleure inclusion des jeunes et des femmes. Le secteur privé, dans le cadre de partenariats public- privé, a aussi un rôle crucial à jouer dans la stimulation de la croissance économique et la création d'opportunités d'em- ploi durables. ◆

Les mesures prévues pour 2025 sont importantes mais risquent d’être insuffi- santes si elles ne s’accompagnent pas par de programmes pertinents, avec un suivi rigoureux et une évaluation régulière.

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker