FNH N° 1164

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JEUDI 12 SEPTEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ECONOMIE

Zones oasiennes et de l’arganier

exportateurs. Au niveau de la filière arga- nière, c’est un tout autre schéma, puisque le Maroc assure la quasi-totalité de la production de l’huile d’argan dans le monde, car la plante existe dans une grande majo- rité dans la région de Souss- Massa-Draa. L’activité a connu de nombreuses évolutions per- mettant d’augmenter la pro- ductivité, l’export et la valori- sation des produits. Toutefois, le secteur est impacté par quelques contraintes qui per- turbent son évolution. Une grande quantité de la pro- duction est destinée à l’export, générant en moyenne 300 mil- lions de DH de recettes. Grâce au développement des coo- pératives et des associations, des milliers de personnes, par- ticulièrement des femmes, ont pu améliorer et stabiliser leurs revenus. Mais le potentiel de développement est important et il est très peu investi. «La stratégie destinée au développement des zones oasiennes et de l’arganier pré- sente plusieurs limites. Elle est essentiellement à vocation agri- cole, alors qu’elle doit prendre en considération d’autres aspects, notamment les infras- tructures de base qui sont très faibles dans ces zones. Les dernières crues ont révélé un retard important à combler. L’interférence de nombreux acteurs publics et privés dans le domaine et la faible coordi- nation entre eux réduisent l’ef- ficacité des programmes lan- cés. Que ce soit pour les dattes ou l’huile d’argan, principaux produits générés dans ces régions, la production reste en deçà des objectifs. En cause, la présence d’intermédiaires qui réalisent d’importantes marges bénéficiaires au détriment des petits exploitants. La politique de valorisation et de promotion des produits est à revoir. Il est essentiel de réformer toute la stratégie dédiée» , affirme Mohamed Amrani, professeur universitaire d’économie. ◆

Les limites de la stratégie de développement dédiée

Avec l’ANDZOA, de nombreuses réalisations ont été enregistrées sans pour autant atteindre tous les objectifs. Pour l’huile d’argan, les intermédiaires assurent de larges marges au détriment des exploitants.

Par C. Jaidani

 L’arganier a montré une certaine résilience face à la sécheresse, mais il est menacé par la croissance de l’urbanisation.

L

e Maroc accorde une grande priorité au développement des zones oasiennes et de l’arga- nier. Une stratégie dédiée a été initiée pour impulser une nou- velle dynamique aux activités spécifiques dans ces régions, dont notamment la production des dattes et l’huile d’argan. Il s’agit aussi de lutter contre la vulnérabilité de la popula- tion, dont le taux est élevé comparativement à la moyenne nationale. L’objectif est enfin de préserver l’environnement, car cet espace est fragile et constamment dépendant des aléas climatiques. Pour superviser cette straté-

gie, l’Agence nationale pour le développement des zones oasiennes et de l’arganier (ANDZOA) fut lancée en 2010. De nombreuses réalisations ont été enregistrées entre 2013 et 2022, mais avec le temps, quelques limites sont appa- rues. Depuis sa création, 123.871 emplois ont été créés, rame- nant la pauvreté de 13,7% en 2007 à 6,01% en 2022. Aussi, l’agence a scellé des partenariats avec d’autres acteurs majeurs, ce qui a per- mis de donner une nette avan- cée à de nombreux indicateurs sociaux, comme l’amélioration de l’accès à l’eau potable, à l’électricité et la scolarisation. Avec ses partenaires nationaux et étrangers, elle a pu mobili- ser 3,92 milliards de DH ayant permis de financer différents projets structurants. A l’horizon

2030, il est prévu de lever 7,47 milliards de DH pour financer le contrat-programme destiné à promouvoir et développer la filière phoénicicole. L’objectif est d’atteindre une production de 300.000 tonnes de dattes à travers l’extension de la super- ficie et la réhabilitation de la palmeraie existante. En 2023, l’activité a enregistré une récolte de plus de 115 mille tonnes, en hausse de 6,5% par rapport à la saison précédente. En dépit de la hausse de la pro- duction, le volume disponible arrive à peine à assurer 50% de la consommation. De ce fait, le Royaume est contraint d’importer annuellement en moyenne 103.000 tonnes. Il assure une autosuffisance en dattes de 48% seulement alors que des pays de la région, comme l’Algérie et la Tunisie, figurent parmi les grands

«L’interférence de nombreux acteurs publics et privés dans le domaine et la faible coordination entre eux réduisent l’efficacité des programmes lancés».

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