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FINANCES NEWS HEBDO / MARDI 30 AVRIL 2024
POLITIQUE
Après 1,3% en 2022, la crois- sance économique devrait se situer autour de 2,9% en 2023; des chiffres très modestes, bien loin des ambitions affichées par le nouveau modèle de dévelop- pement. Problème : cette crois- sance est drivée essentiellement par l’agriculture, qui reste lar- gement dépendante des aléas climatiques. Or, les épisodes de sécheresse sont de plus en plus fréquents et sévères, ren- dant l’agriculture vulnérable aux caprices du temps, alors que le PIB non-agricole, pourtant encouragé par une politique de diversification économique, peine à se raffermir. Conséquemment, cette crois- sance molle rend la création de nouveaux postes de travail très difficile. Entre 2021 et 2022, l’écono- mie nationale a perdu au total 24.000 postes d’emploi. Le taux de chômage au niveau natio- nal s’est ainsi amélioré, pas- sant de 12,3% à 11,8% d’une année à l’autre. Une réelle per- formance ? Pas vraiment. Plutôt un effet rattrapage après l’héca- tombe subie par le Royaume entre 2020 et 2021 où l’écono- mie nationale avait perdu des dizaines de milliers d’emplois. Entre 2022 et 2023, le taux de chômage s’est aggravé, passant de 11,8% à 13%, avec 157.000 postes d’emploi perdus. Mais que nous avait promis le patron du Rassemblement national des indépendants (RNI) et actuel chef du gou- vernement ? La création d’un million de postes d’emploi net sur le quinquennat, soit 200.000 emplois par an. Deux ans et demi après sa prise de fonction, il est manifeste que cet objectif est loin d'être atteint. L'écart entre les promesses politiques et la réalité écono- mique est saisissant et jette une
lumière crue sur les défis pro- fonds auxquels est confronté le pays. Le chômage persistant reste l'un des problèmes les plus urgents au Maroc, avec des conséquences sociales et économiques dévastatrices. Et malgré les initiatives telles que les programmes Awrach et Forsa, les efforts du gouver- nement semblent être bien en deçà de ce qui est nécessaire pour inverser durablement la tendance. L'incapacité à créer des emplois de manière signi- ficative témoigne d'une crise structurelle profonde, alimentée par une multitude de facteurs tant internes qu'externes. Ce chômage structurel découle en partie d'un déséquilibre entre l'offre et la demande sur le marché du travail. Les com- pétences disponibles ne corres- pondent pas aux besoins réels de l'économie, laissant de nom- breux individus marginalisés et exclus du marché de l'em- ploi. Comme nous le confiait récemment l’économiste Rachid Achachi, cette réalité nécessite une réforme de l'éducation et de la formation professionnelle, qui ne produira cependant des résultats tangibles que sur le long terme. Cependant, certains défis immé- diats ne peuvent être négligés, comme la nécessité de soula- ger les PME, soumises à une fiscalité oppressante et aux rigidités du marché du travail qui entravent leur croissance et leur capacité à recruter. D’où l’urgence de flexibiliser le mar- ché du travail pour encourager les entreprises à embaucher en réduisant le risque associé à l'emploi à long terme. Résumons donc le bilan du gou- vernement à mi-mandat : pour- suite de l’exécution des chan- tiers sociaux initiés… par le Roi, une croissance de 1,3% en 2022 et 2,9% en 2023, un taux de chômage de 13% en 2023 qui affecte particulièrement la jeu- nesse marocaine. Voilà les réa- lisations qui «dépassent toutes les prévisions et attentes» . Moins de triomphalisme voyons ! ◆
LLe taux de chômage au niveau national est à 13%, alors que le patron du RNI et actuel chef du gouvernement avait promis la création d’un million de postes d’emploi net sur le quinquennat, soit 200.000 emplois par an.
C’est dire que le gouvernement Akhannouch n’est pas l’archi- tecte de la révolution sociale que connaît le Maroc. Il s’est plutôt attelé à concrétiser la vision royale, en sachant par ailleurs qu’il a poursuivi le travail entamé par le précédent gou- vernement sur la généralisation de la protection sociale. Le gou- vernement El Otmani lui a éga- lement balisé le terrain en ce qui concerne l’aide sociale directe, grâce au travail effectué pour la mise en place du Registre social unifié qui permet le ciblage des populations éligibles. Surtout, il y a un point essentiel qu’il faut mettre en surbrillance : tous ces programmes sociaux impulsés par le Roi et exécu- tés par le gouvernement sont condamnés à être des réus- sites car, au plus haut sommet de l’Etat, on ne tolère aucun
laxisme ni aucune lenteur dans la concrétisation des chantiers royaux. Croissance et chômage Soyons factuels. L’évolution des agrégats économiques est le prisme sous lequel il faut appré- cier le bilan de Akhannouch depuis octobre 2021, date à laquelle il a pris les clés du Royaume. Si l’inflation s’achemine globa- lement vers son niveau normatif, à la faveur, on en convient, des différentes mesures gouverne- mentales prises pour contenir la hausse des prix, mais égale- ment de la politique monétaire initiée par la Banque centrale, certains indicateurs présentent des profils moins reluisants. Nous en avons choisi deux : la croissance et le taux de chô- mage.
Tous les chantiers sociaux structurants déployés au Maroc ces dernières années sont des initiatives royales visionnaires, le Souverain ayant inscrit son règne dans une dynamique de transformation.
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