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MARDI 30 AVRIL 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
SANTÉ
Immunologie «La biotechnologie à notre ère semble incontournable»
F.N.H. : Vous êtes professeur d’immunologie et de biologie moléculaire, et vous dirigez un laboratoire de recherche à la Faculté de médecine et de phar- macie de Casablanca. Pouvez- vous nous parler du travail que vous effectuez avec votre équipe et des pathologies que vous ciblez dans vos recherches de pointe ? Pr A. B. : L’immunologie est un vaste domaine de recherche, et je dois l’avouer assez passionnant. Notre structure de recherche se compose aussi bien d’enseignants-chercheurs, que d’étudiants doctorants et de post- doctorants. Notre travail vise à com- prendre et mettre en lumière l’inte- raction entre les cellules immunitaires et les cellules cancéreuses. Si l’on regarde dans un sens plus large, les cellules normales, après avoir subi de profonds remaniements génétiques et mutationnels, acquièrent un phéno- type de «non-soi» et devraient être logiquement éliminées de manière efficace par les cellules immunitaires, notamment par les lymphocytes T CD8+ cytotoxiques de notre orga- nisme. Malheureusement, cela n’est pas toujours le cas. Nous intervenons pour ainsi dire, afin de dévoiler les potentiels mécanismes sous-jacents de cette incapacité des cellules T à détruire les cellules cancéreuses. Nous nous penchons plus exactement sur le cancer du sein, le gliome (qui est un type de cancer du cerveau), le cancer colorectal et le cancer des poumons. Il est question pour nous de mettre en évidence des molécules appelées «points de contrôle immuni- taires» se trouvant sur les cellules can- céreuses et utilisées par ces dernières
L'immunologie étudie et explore les différentes compo- santes du système immuni- taire. L’un des défis actuels est de pouvoir anticiper chez le patient une réponse efficace au traitement par immuno- thérapie en se basant sur un ensemble de facteurs. Entretien avec Abdallah Badou, Professeur d’im- munologie et de biologie moléculaire à la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca, directeur du laboratoire d'immuno-géné- tique et pathologies humaines et secrétaire général de la «Federation of african immunological societies».
Propos recueillis par Ibtissam Z.
Finances News Hebdo : La Journée internationale de l'im- munologie, qui se tient le 29 avril, met en lumière les mala- dies liées aux différentes com- posantes du système immuni- taire et les avancées réalisées dans ce domaine. Quel état des lieux en faites-vous ? Pr Abdallah Badou : Eh bien vous savez, j’aime à dire que l’on se situe dans une période cruciale de notre époque. Ces années post-covid ont permis au grand public d’être plus ou moins familier avec le rôle du sys-
tème immunitaire. Je pense que cela facilite l’énorme défi de sensibilisation et de vulgarisation face à la panoplie de pathologies liées au dysfonction- nement de ce système, ou bien vers une hyperactivation non appropriée (ex. maladies auto-immunes) ou vers une faible activation (cas des défi- cits immunitaires primitifs). Il est clair aujourd’hui que ce système s’avère également défaillant dans le cas de plusieurs types de cancers. Ainsi, les dernières recherches translationnelles et cliniques explorent l’utilisation thé- rapeutique du système immunitaire
dans plusieurs pathologies. Cette approche est nommée «immunothé- rapie». Cette dernière englobe, entre autres, l'utilisation d’anticorps (inhibi- teurs ou activateurs), de vaccins, de nanovaccins basés sur la technolo- gie des nanomatériaux, de thérapies cellulaires T, notamment à récepteur antigénique chimérique «CAR T cells», et de cellules souches pluripotentes induites «iPSCs» favorisant l'immuno- tolérance pouvant être utilisées dans les maladies auto-immunes. En parti- culier, l’ère de l’immunothérapie anti- cancer n’est qu’à ses tout débuts.
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