LIVRE BLANC

4 La lutte contre les discriminations : un impératif démocratique

A . Clarifier les définitions

Homophobie, lesbophobie, transphobie, discriminations C es termes désignent toute manifestation, avouée ou non, de discrimination, d’exclusion ou de violence à l’encontre d’individus, de groupes ou de pratiques, homosexuels ou transgenres. L’homophobie, qui pourrait être mise en parallèle avec d’autres formes d’exclusion, peut être définie comme l’hostilité globale, psychologique et sociale, à l’égard de celles et ceux supposés désirer des individus de leur propre sexe ou avoir des pratiques sexuelles avec eux. Forme spécifique du sexisme, l’homophobie rejette également tous ceux qui ne se conforment pas aux rôles sociaux prédéterminés par leur sexe biologique. Un acte homophobe consiste à refuser dans les actes quotidiens, un droit, un bien, un service à une personne, homme ou femme, en raison de son homosexualité avérée ou supposée. Un acte homophobe peut être ainsi une agression physique, écrite ou verbale, la tenue de propos diffamatoires à l’égard de personnes, hommes ou femmes, au seul motif d’une homosexualité vraie ou supposée. L’homophobie est présente dans les insultes, les plaisanteries, les représentations caricaturales et le langage courant. L’injure peut constituer une “ agression verbale qui marque la conscience ” (Didier Eribon)¹, et entraîner des traumatismes ou un malaise psychologique durable.

Relève aussi de l’homophobie, l’incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination. En dehors des réactions virulentes envers les gays et les lesbiennes, l’homophobie quotidienne revêt aussi la forme d’une violence de type symbolique, plus diffuse. L e terme “ homophobie ” apparaît en anglais pour la première fois en 1971. Si le mot est récent, le phénomène est ancien, et il résulte de la production culturelle de nos sociétés. Quant au terme “ lesbophobie ” et “ transphobie ”, ils n’apparaissent guère dans les dictionnaires. Pourtant ces termes se font bel et bien l’écho d’une réalité concrète, d’une réalité qui se détache - tout en la prolongeant- de l’homophobie. Elle révèle un certain comportement, une forme spécifique d’agression à l’égard des lesbiennes et des transgenres. L’homophobie revêt des dimensions affectives, de rejet “ phobique ” des homosexuels, et des dimensions sociales : dans ce dernier registre, nul ne rejette les homosexuels mais on s’accommode très bien du fait qu’ils ne jouissent pas des mêmes droits que les hétérosexuels.

Selon un sondage Sofrès pour Adia Interim, un actif sur cinq estime avoir été victime de dis- crimination liée à son apparence dans le cadre de son travail. 82% ju- gent que l’apparence per- sonnelle et la façon de se présenter jouent un rôle de plus en plus im- portant. Parmi les sondés qui disent avoir été vic- times de discriminations, 31% pensent que celles- ci ont porté sur leur “ look ”, 28% sur leur apparence physique géné- rale, 17% sur leur façon de parler, leur accent, 11% citent la couleur de la peau, 10% un handicap ou une caractéristique physique rare et 4% une allure efféminée ou trop masculine.

1. ERIBON Didier, Réflexions sur la question gay , Fayard, Paris, 1999, page 29.

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LE LIVRE BLANC de l’ Autre Cercle

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