A ujourd’hui, la lutte contre les discriminations, notamment à l’embauche, passe aussi par toutes les institutions de forma- tion. Au delà de la formation, elles doivent aussi penser leurs élèves comme des citoyens, respectueux des choix individuels de chacun. Pour cela, des actions sont possibles ; cela relève d’un véritable engagement politique.
la lutte contre les discriminations passe aussi par toutes les institutions de formation
Il est difficile pour certains d’admettre ce qui est ressenti comme une différence. L’homosexualité constitue une caractéristique particulièrement insidieuse pour ceux qui ne supportent pas la différence, parce qu’elle n’est pas “ détectable ” de prime abord.
Elsa est cadre dans une société spécialisée dans le bagage. Elle y exerce des res- ponsabilités importantes. Sans comprendre vraiment pourquoi, son homosexualité est révélée à toute son entreprise. Cette situation conduit Elsa à une situation de ten- sion avec sa hiérarchie. Elle se trouve contrainte de quitter son entreprise.
Dans la plupart des cas, c’est la découverte, ou la supposition, de l’homosexualité d’un collègue qui déclenche l’hostilité alors qu’aucun problème n’était apparu auparavant. Dans les entreprises, l’homophobie commence souvent à la constitution des équipes. Par exemple, certaines sociétés recher- chent des candidats stables qui ne “ devraient ” pas démissionner avant plusieurs années. Une manière qu’utilisent les recruteurs pour augmenter cette probabilité de stabilité est de préférer les candidats qui sont en couple, ou qui ont des enfants. De la même façon, être en couple favorise les relations sociales, argument de recrutement exigé par certaines entreprises.
U n couple homosexuel a a priori la même force de stabilité que tout autre couple. Si le fait d’être en couple rassure le re- cruteur, le fait que ce couple soit homosexuel ou non ne doit pas entrer en jeu. À contrario, être homosexuel ne signifie pas ne pas être en couple ou ne pas avoir d’enfant. Ainsi, l’ho-
Un couple homosexuel a la même force de stabilité que tout autre couple.
mosexualité n’est pas synonyme obligatoirement de mobilité et flexibilité horaire. Certai- nes idées reçues masquent une fausse acceptation de l’homosexualité : ainsi, un gay ou une lesbienne qui n’a pas d’enfant compenserait sur son travail et serait donc plus performant au même coût, ce qui est illusoire. Enfin, l’homosexualité n’a aucun rapport avec l’autorité. Elle n’handicape ni ne facilite une relation hiérarchique. La liberté de s’exprimer I l est important que chacun dans l’entreprise ait la possibilité de s’exprimer sur sa vie privée, sans que cela ne soit ni une obligation, ni un tabou. Il appartient à chacun de décider de ce qu’il doit dire ou taire : c’est affaire de maturité, de circonstances et de préférences personnelles. Deux situations contradictoires sont aussi négatives l’une que l’autre : l’outing¹ forcé, véritable viol ¹ psychique de la vie privée, et l’impossibilité de pouvoir exposer librement sa vie personnelle. La liberté de pouvoir évoquer sans contrainte sa vie privée n’est pas une obligation de dire, mais un droit à dire ou ne pas dire. P our qu’une relation de travail soit pleinement satisfaisante, pour la société et pour le collaborateur, il est nécessaire que l’homosexualité puisse être exprimée sans tabou et librement.
1. outing: (anglicisme) Révélation au public par autrui de sa sexualité.
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L’homophobie au travail : ça existe encore ?
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