D . Le rôle des syndicats et des représentants des salariés
Une prise en compte récente L es syndicats français n’ont pris en compte que très récemment la question de la lutte contre l’homophobie au travail, de l’aide aux victimes d’homophobie et de la prise en compte de l’orien- tation sexuelle dans l’égalité professionnelle. Le premier syndicat à avoir officiellement pris en compte ces questions a été la CGT , depuis 1999, suivie du SNES en 2001. À l’heure actuelle, les principaux syndicats ( FO, CFE-CGC, G10 Solidaires, FSU, CFTC ) travaillent sur ces questions, à minima en ayant nommé un référent. Si la réaction des syndicats aux problèmes d’homophobie au travail peut sembler tardive, il faut rappeler qu’elle a eu lieu au même moment que celle du législateur et de l’action significative des principales associations. À l’heure actuelle, seules la CGT et le CGT SNES incluent explicitement la lutte contre l’homophobie SNES dans leurs statuts. À défaut d’être proactifs, il existe une relative convergence entre les pensées de tous les syndicats sur l’homophobie et les moyens de la contrer. L’égalité au travail O n peut résumer les travaux et la philosophie des syndicats concernant l’homophobie de la façon suivante. Le but à atteindre est le respect de l’égalité entre les personnes et toute forme de dis- crimination doit être combattue, notamment l’homophobie. Bien que complémentaires et convergents avec ceux des associations gays, les principes et les méthodes des syndicats ont quelques particularités pour des raisons historiques. En effet, si les militants gays pour l’égalité professionnelle ont fondé leur discours sur leur nécessaire reconnaissance aux niveaux juridique et social, les syndicats apportent leur expérience dans la lutte contre deux formes de discrimination que sont le racisme et l’inégalité imposée aux femmes. Ces derniers ont une approche globale des questions de genre et d’orientation sexuelle. C ette volonté de protéger l’égalité dans la vie professionnelle a-t-elle un réel impact ? Pour l’instant, sauf pour la CGT , il semble que la prise en compte de l’homophobie concerne davantage les directions nationales des syndicats que l’ensemble de leurs adhérents. Ce changement de mentalité, récent pour les syndicats, devra s’accompagner d’un effort de communica- tion vers leurs bases, que l’Autre Cercle appelle de ses vœux. Il semble en effet que tous les représentants et délégués du personnel ne soient pas parfaitement informés sur ces questions, sans compter l’attitude équivoque que certains délégués et syndicalistes entretiennent avec la hiérarchie lorsqu’ils sont contactés par un salarié pour cause d’homophobie. À ce titre, le cas d’une salariée licenciée pour comportement homophobe vis à vis d’un collègue est à notre connaissance un cas unique et exemplaire d’une hiérarchie qui n’a pas été saisie par les délégués de l’entreprise mais a agi en son âme et conscience. Le dossier est en cours de jugement au Conseil des prud’hommes de Paris. L’affirmation claire sur les lieux de travail (notamment par le biais des affichages) de la prise en compte de l’homophobie comme discrimination incitera probablement les victimes à se tourner en toute confiance vers leurs représentants syndicaux.
37
L’homophobie au travail : ça existe encore ?
Made with FlippingBook. PDF to flipbook with ease