Intervention de Bernard ibault - Secrétaire Général de la CGT Le parti de la justice, de la dignité, de la liberté, des droits de lʼHomme est indissociablement lié à lʼaction syndicale de la CGT. Cʼest pourquoi, il y a trois ans, nous décidions la mise en place dʼun collectif de lutte contre lʼhomophobie. Cette décision prolongeait un travail dʼexpression et de sensibilisation déjà mené depuis quelques années mais qui ne se faisait quʼépi- sodiquement par notre soutien et notre présence aux manifestations organisées par les associations et par notre soutien à lʼadoption du Pacs et à la demande dʼune loi qui pénalise la haine homophobe. Cette décision, nous lʼavons prise conscients quʼil y avait, tout à la fois, des salariés en butte à des difficultés sur leur lieu de travail, du fait de leur homosexualité et aussi parce que nous avions besoin de sensibiliser nos organisations, nos militants et les élus syndicaux sur les discriminations dont ces salariés sont trop souvent lʼobjet. Nous ne cachons pas que nous avons à lever des a priori qui existent dans notre organisation à lʼimage de ceux présents dans la société. […] La Cgt, ses militants doivent être plus fermes pour faire reculer les idées rétrogrades et dangereuses, être aux côtés de celles et ceux victimes dʼagressions et de discriminations relatives à leur vie sexuelle. Notre collectif a engagé un travail concret pour que soient levées les idées fausses, les amalgames, les acrimonies qui entourent ce qui demeure parfois tabou. Par la parution dʼarticles dans nos publications, par la formulation de revendications pour que des droits ac- cordés aux conjoints(tes) par lʼentreprise, les comités dʼentreprise, les institutions de protection sociale, […] le soient également aux couples homosexuels. Par lʼinclusion dans nos stages sur les discriminations de cette problématique. […] La création dʼassociations dans les entreprises, qui se sont constituées souvent sur des insuffisances de prise en compte par les organi- sations syndicales, ne saurait exonérer ces dernières de leurs responsabilités. Tout au contraire, lʼorganisation syndicale nʼest-elle pas la mieux placée pour combattre tout ce qui porte atteinte aux droits et à lʼintégrité des salariés? Il ne sʼagit nullement, pour lʼorganisation syndicale, de déléguer ses prérogatives, ni de sʼingérer dans lʼintimité des salariés mais dʼêtre à lʼécoute des problèmes quʼils rencon- trent, dʼêtre active pour lʼégalité et le respect des droits de tous et de toutes par delà les différences. Il nʼy a donc pas concurrence ou rivalités avec les associations mais complémentarité et nécessité dʼéchanger. Les unes pour trouver dans lʼentreprise les interlocuteurs capables de porter les revendications, les autres pour mieux connaître les réalités et le vécu des salariés concernés. Ainsi à la SNCF, la Fédération Cgt des cheminots a travaillé avec lʼassociation GARE une coopération efficace permettant lʼexpres- sion de revendications spécifiques. Plus généralement, notre Confédération entretient des contacts et participe à différentes initiatives conduites par des associations, colloques, rencontres avec SOS-Homophobie, lʼInter-LGBT, débats organisés en province par des associations locales. Les dispositions existantes pourraient être encore améliorées. Ainsi pour les PME où les organisations syndicales sont peu présentes. Il serait légitime que les prérogatives des conseillers du salarié soient étendues afin quʼils puissent intervenir sur ces questions ou enco- re que le droit de substitution devant les tribunaux, accordé aux syndicats, soit plus large. Pour la Cgt, si lʼapplication de la législation peut passer par des procédures, nous ne saurions la résumer à cette possibilité. Sans doute, convient-il de ne pas sʼen priver car la personne discriminée ou harcelée nʼa pas le temps dʼattendre que lʼaction collective ait porté ses fruits mais nous croyons que lʼintervention des Institutions Représentatives du Personnel (IRP) dans lʼentreprise, dès quʼun problème se pose, peut mettre un terme à des agissements contraires au droit. Encore faut-il, bien sûr, que ces instances existent dans lʼentre- prise, que les victimes les saisissent et que les élus et les militants syndicaux soient attentifs et soucieux à leur écoute, quʼils créent les conditions dʼun accueil confiant, rassurant et efficace. Le rôle des CHSCT, du médecin du travail, dès lors quʼil y a atteinte à la santé, y compris psychique des salariés, sont également des possibilités dʼintervention pour imposer aux employeurs le respect de la vie privée des salariés et pour leur rappeler, comme lʼindique le code du travail, leurs responsabilités en matière de protection de la santé et de prévention des risques.
Lʼhomophobie et la lesbophobie sont des formes de racisme qui appellent, comme le sexisme ou lʼantisémitisme, vigilance et riposte. Chaque fois quʼelles sʼexpriment dans et hors de lʼentreprise, elles doivent être dénoncées et combattues avec la plus grande fermeté.
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L’homophobie au travail : ça existe encore ?
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