Mais il ne suffit pas qu’il y ait une dégradation des conditions de travail pour que des actes soient qualifiés de harcèlement moral. Cette limite est importante dans la mesure où le harcèlement ne doit pas être confondu avec l’exercice normal du pouvoir disciplinaire de l’employeur résultant de son pouvoir de direction.
Il faut que la victime prenne conscience qu’elle rentre dans une dynamique inexorable
C’est bien souvent sous couvert de ce pouvoir de direction et des prérogatives qui en découlent quant à l’organisation du travail que l’employeur va élaborer une stratégie de harcèlement subtil que le salarié aura bien dû mal à établir et à contester, en raison de la pression inhérente au pouvoir de direction et du lien de subordination
Le harceleur est parfaitement conscient de ces données qui lui facilitent la tâche dans la mesure où la victime ne s’estimera pas suffisamment forte pour affronter le regard de la société et dévoiler une partie de sa vie privée devant une juridiction citoyenne, après avoir subi les humiliations salariales. Parce que la dénonciation d’actes d’homophobie, de lesbophobie ou de transphobie, est encore parti- culièrement mal aisée à l’époque actuelle, il est nécessaire d’opérer sur soi un travail de longue haleine et d’intégrer souvent la problématique de l’homophobie dans le cours d’une psychothérapie au long cours. Par ailleurs, toute procédure, qu’elle soit civile ou pénale, risque de mettre en évidence la vie privée de la victime. Les répercussions médiatiques qui en découlent peuvent influencer un futur employeur. hiérarchique inhérent au contrat de travail le liant à son employeur. L a victime d’actes homophobes se trouve souvent confrontée à une détresse psychologique où elle doute de tout, pense qu’elle fait preuve de paranoïa en imaginant que son employeur s’acharne sur elle. Bien qu’ayant accepté sa “ différence ”, le fait d’être confronté à des actes mettant en cause son orientation et sa préférence sexuelle peut paralyser la victime dans toutes démarches susceptibles de faire valoir ses droits, surtout si son entourage n’est pas au courant de sa vie privée.
le rôle des représentants du personnel et du médecin du travail s’avère primordial.
C’est donc au prix d’un travail conséquent visant à lever une à une les barrières tant légales, sociales que psychologiques, que la victime d’actes homophobes commencera à nommer et à désigner les actes dont elle a été victime comme étant constitutifs de harcèlement. Dans cette étape préliminaire, le rôle des représentants du personnel et du médecin du travail s’avère primordial.
Les étapes précontentieuses
I - La recherche d’une forme de légitimité sociale L a première dénonciation des faits auprès des proches constitue pour la victime l’étape primordiale dans laquelle elle prendra ou non confiance dans sa réelle volonté d’entreprendre une démarche judiciaire. Les réactions de ce premier cercle rapproché seront mitigées selon le degré de libéralité et l’orientation sexuelle de chacun. Le communautarisme aidant, le cercle “ gay-friendly ” aura tendance à soutenir une démarche judiciaire sans se soucier des répercussions psychosociales pour la victime.
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LE LIVRE BLANC de l’ Autre Cercle
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