FNH N° 1171 (1)

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 31 OCTOBRE 2024

VOYONS VOIR

Sous les averses, un défi structurel

L

Par D. William

es pluies de ces der- nières semaines sus- citent soulagement et espoirs et nous ren- voient une image d'un Maroc revigoré par ces précipitations inespé- rées. Pourtant, ne nous y trompons pas : ce répit ne masque qu'à peine la réalité plus dure

ne nous prémunit pas contre les sécheresses de demain. Le gou- vernement doit donc se résoudre à adopter une politique de l’eau et de l’agriculture aussi durable que réaliste. Car dans un contexte où chaque goutte compte, la résilience du Maroc ne viendra pas des pluies épisodiques, mais d’une vision qui, elle, ne doit pas s’évaporer dès les premiers rayons de soleil. ◆

Il s'agit de repenser le modèle agricole, trop souvent tourné vers des cultures gourmandes en eau et destinées à l'exportation.

pour irriguer ces cultures qui seront mises en terre avec l’espoir d’une bonne récolte ? L’impact économique de cette cam- pagne agricole 2024-2025 pourrait être décisif. Si la récolte céréalière se maintient dans une fourchette moyenne, soit 70 millions de quin- taux, on pourrait voir le PIB agricole augmenter de 11% en 2025, sti- mulant une croissance globale de 4,6%, selon les prévisions du gou- vernement. Ce n’est pas rien dans un pays où l’agriculture représente une part substantielle de l’activité économique et de l’emploi rural. Mais ce chiffre dépend d’une hypo- thèse fragile : que les cieux soient cléments et arrosent nos champs. Au-delà de l’optimisme de surface, il faut cependant admettre que la solution aux défis de l’agriculture marocaine ne viendra pas d'une succession d'averses miraculeuses. La gestion de l’eau doit désormais dépasser la seule question des bar- rages. Il s'agit de repenser le modèle agricole, trop souvent tourné vers des cultures gourmandes en eau et destinées à l'exportation. Autrement dit, s’orienter vers des cultures adaptées aux contraintes hydriques actuelles, au service d’une souve- raineté alimentaire qui ne serait plus tributaire d’averses ou de prières. Ce choix, séduisant sur le papier, se révèle pour autant complexe dans une réalité de stress hydrique chro- nique. Alors, que faire en attendant ? Probablement la même chose qu'à

chaque campagne : croiser les doigts pour avoir de la pluie et beau- coup de récolte. Mais si ces précipi- tations nous rappellent une chose, c'est bien que l'abondance d’un jour

du stress hydrique et de notre ges- tion de l’eau, ainsi que les défis gigantesques que l'agriculture doit relever pour prospérer dans un cli- mat capricieux. Le taux de remplissage des bar- rages s’établit au 30 octobre 2024 à 29,51% à 4.969,6 millions de m3, soit un bond de 23,2% par rapport à l'année dernière. Certes, il s’agit d’un léger mieux, mais c'est loin d'être suffisant. Et en y regardant de plus près, certains barrages, comme celui de Oum Er Rabia, peinent à dépasser 5% de leur capacité. C’est là tout le paradoxe : une embellie météorologique qui cache à peine les limites structurelles d'une poli- tique de l'eau pressée de tous côtés par les aléas climatiques et qui se bat avec des années de séche- resse. Face à cette crise chronique, le gouvernement a lancé une série de mesures pour épauler le monde rural. Subventions sur les semences et les engrais, assurance agricole multirisque climatique, distribution d'orge subventionnée, gestion de l’irrigation…, tout est fait pour don- ner aux agriculteurs une chance de tirer le meilleur de cette campagne agricole. Les engagements sont généreux et pleins de promesses. Mais dans ce tableau, l’eau reste la grande inconnue. Combien de pluie cet hiver ? Combien de réserves

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